Les manifestations
populaires^ Ypres.
INTÉRIEUR.
La revision.
Bien des fois déjà depuis la fameuse nuit du
lr Février 1891, il nous a été donné d'assister
en notre chère ville de vastes et dignes mani
festations populaires. C'est ainsi que pas une
sortie de notre excellente Harmonie des Anciens
Pompiers ne se fait, sans que spontanément des
milliers de personnes viennent se grouper aux
abords de la gare, n'importe quelle heure du
jour ou de la nuit, pour attendre le retour de
nos braves musiciens. L'excursion de Lille en a
été une nouvelle et vivante démonstration
Deux musiques faisaient en même temps leur
rentrée en ville l'une l'harmonie communale,
accompagnée de l'échevin de l'instruction enne
mie l'autre l'harmonie des Anciens Pompiers,
accompagnée de trois cents membres honoraires.
Plus de trois mille personnes attendaient l'ar
rivée du train.
Il y avait là des bourgeois et des ouvriers, des
femmes et des enfants L'attitude de la foule
devait être décisive Le parti qu'elle prit fut
concluant.
L'harmonie communale sortit la première
suivi du corps des pompiers et de son état-
major. Il s'agissait de faire de l'épate Les plu
mets avaient été doublés il y en avait sur et
sous les casques Des coups de feu furent tirés.
Enhn pour enfler le cortège les hommes avaient
reçu ordre de marcher en zigzags. Le comman
dant faisait des appels désespérés. Tout fut
tenté, mais, hélas rien ne réussit.
La foule, ennemie sans doute de tout ce qui
sent le comédien ou la comédie restait inébran
lable, couvrant de ses huées les appels de ces
malheureux Le corps des pompiers nouveaux,
cet enfant prodigue de notre très cléricale admi
nistration défila seul, ayant derrière lui comme
adorateurs, l'échevin et une dizaine de jeunes
gardes catholiques, tous de corvée.
Ici tout change et de cette foule déjà ou
blieuse de son dédain s'élève une vaste clameur
d'enthousiasme là vue de nos Anciens Pom
piers défilant correctement au milieu d'elle
chargés de fleurs et munis d'une superbe cou
ronne.
Elle réservait notre Harmonie libérale le
même accueil bienveillant que cette dernière
avait reçu Lille de la part de ses compatriotes,
qui, dans une touchante et sympathique mani
festation, iui avaient remis une splendide cou
ronne, gage de leur constante fraternité.
Depuis la gare jusqu'à la dislocation du cor
tège la joie et l'entrain furent indescriptibles.
De l'avis de tous ceux qui en furent témoins,
jamais démonstration ne fut plus digne, ni plus
imposante.
Seul, 1 Journal <TYpres n'est point satisfait.
Avec sa loyauté ordinaire et sans doute pour ne
pas contrecarrer les habitudes de ses lecteurs,
qui ont pris pour règle de croire le contraire de
ce qu'il chante, il leur sert dans son n° de Mer
credi dernier un élégant compte-rendu du re
tour des musiques, dont voici un extrait
Une très heureuse circonstance que beau-
coup redoutaient et dont nous, au contraire,
nous nous félicitons vivement s'est présentée
Dimanche dernier et a permis notre popu-
lation défaire un jugement comparatif entre
la musique des pompiers et ce ramassis de
n révoltés de l'Ancien Corps de Pompiers qui se
sont intitulés Anciens Pompiers «.Dimanche,
en eflet, le3 deux musiques étaient sorties de
la ville l'Harmonie communale se rendant
l'après-midi au festival de Wervicq, les
Anciens Pompiers étant partis, le matin,
pour Lille, où ils comptaient donner un con-
cert au Jardin Vauban.
Puis, Ypres, tandisque le cortège de Pom-
piers et d'amis qui suivait l'Harmonie commu-
nale traverse la ville dignement et correcte-
ment, ne comptant d'ailleurs que des gens
convenables le cortège de l'Harmonie
libérale se distingue par sa composition tout fait
genre Strijkers et par les gambades et les
cris souverainement inconvenants d'une foule
de manifestants et surtout de manifes-
tantes
L'estimable rédaction, guidée sans doute par
l'amour qu'elle porte son prochain ou peut-
être encore victime de son éducation tout a fait
catholique, éprouve en cette circonstance com
me en toutes autres, du reste, le besoin de dé
verser sur la majeure partie de ses concitoyens
une nouvelle série d'injures et de grossièretés.
C'est là la tactique qu'elle suit depuis bien
longtemps et qui constitue en toute matière le
fort de son argumentation.
Cependant dans les circonstances qui nous
occupent nous comprenons facilement que notre
confrère n'«ait pas le cœur la joie.
Nous concevons aisément qu'il soit rongé par
la rage et le dépit. Il sent aussi bien que nous
que les choses se brouillent et qu'un souffle
puissant de réaction a envahi la population
l'proise.
Peut-être est-ce le réveil de ce vieil esprit
flamand auquel M. Surmont faisait allusion dans
le discours qu'il prononçait au Cercle catholique
avant les élections.
Le fait est qu'il y a dans notre population
un revirement complet et qu'au point de vue
libéral l'avenir peut être envisagé avec la plus
entière confiance pour parler le langage du
Journalnous dirons que le jour est proche où se
lèvera l'aurore de la délivrance.
Dans toutes les classes de notre population
l'on en a ASSEZ et l'on tient le montrer.
Le parti catholique s'est imposé l'Hôtel de
Ville par la fraude et la corruption. Il a eu beau
jeu sous un régime qui était accessible aux tri
potages électoraux. Désormais la démocratie
aura son mot dire. Les strijkers voteront et ils
auront facilement raison d'un parti qui n'a
d'autre arme que son argent
Cléricaux, rendez-vous
compte (le la situation que
vous vous êtes créée L'heu
re de la revanche n'est plus
si éloignée
Puisant votre droit dans
les nioyeju; illégaux qui vous
ont amenés l'Hôtel de Ville
vous avez pu lions imposer
votre règne despotique, vous
avez: pu détruire ee que nous
avions de plus cher, ce (pii
faisait la gloire de notre ville:
nos écoles, mais soyez: per
suadés qu'il est une chose
que vous ne détruirez:,! a mais,
c'est ce vieil esprit d'indé
pendance, qui a des racines
si profondes dans toutes les
classes de la population
Yproise.
Concours général
de l'Enseignement moyen
du 1er degré.
4e des humanités modernes.
Nous ferons remarquer que dans cette bran
che, il n'a été décerné ni prix, ni accessit et que
par conséquent M. Van Elslande occupe la lre
place sur 285 concurrents.
C'est avec une véritable satisfaction que, dans
les circonstances actuelles, nous enregistrons ce
beau résultat qui fait honneur notre vieil éta
blissement d'instruction moyenne, si cher tout
cœur vraiment Yprois, et que nous adressons au
jeune lauréat toutes nos meilleures félicitations.
Un industriel, M. J. B. Delporte, chassait,
Mercredi après-midi, aux environs de Wervicq,
en compagnie de deux amis, MM. Louis Carpen-
tier et Jules Leborgne,
M. Carpentier précédaitles chasseurs. Il tenait
son fusil la main, le canon dirigé vers M. Del
porte, lorsqu'il lui fallut sauter un fossé. Par
suite de la secousse le coup partit et vint attein
dre M. Delporte, qui reçut une partie de la dé
charge dans le bas-ventre. Ses deux amis s'em
pressèrent aussitôt de donner des soins au blessé,
qu'ils transportèrent dans la ferme la plus pro
che. On assure que les médecins ont déclaré l'état
de M. Delporte désespéré.
Ils sont enfin terminés ces fastidieux débats
sur la revision qui ont montré au pays un gou
vernement et une Chambre si peu la hauteur
de leur mission.
M. A. Visart a proposé et la Chambre a voté
après une séance fort terne, une nouvelle rédac
tion de l'article 56 de la Constitution.
Les sénateurs élire par les conseils provin
ciaux sont dispensés de toute condition de cens.
C'est une application très restreinte du vote
deux degrés.
Pour être éligible au Sénat, il faut payer 1200
fr. d'impôts directs.
Et il y aura au moins un éligible par 5000
habitants.
Voilà un mois que nos honorables proposent,
discutent, ergotent, votent et se couvrent de
ridicule pour décider si les éligibles au Sénat
devront payer 1500, 1400 ou 1200 fr. d'imposi
tions directes. Ils ont marchandé commè au
marché de l'empereur, et au fond c'est jus vert
et verjus. En dépit des discussions, des amen
dements et des votes, on continuera être inscrit
sur la liste des éligibles au Sénat, dans le Hai-
naut, une des plus riches provinces du pays, en
payant 800 fr. environ d'impositions directes.
La comédie est terminée il ne viendra per
sonne dans le pays l'idée d'applaudir les acteurs.
La revision fort maladroitement entreprise,
a été plus maladroitement conduite encore et a
abouti un résultat bâtard qui ne satisfait per
sonne.
Le pays fatigué l'accepte avec indifférence.
Même dans les milieux où l'on suit d'ordinaire
la marche des événements politiques, on s'était
absolument désintéressé de la revision constitu
tionnelle.
Y faire allusion ou en parler, c'était provo
quer des sourires railleurs et faire hausser les
épaules.
Il reste un petit épilogue qui se passera au
Sénat, sans doute Lundi.
Puis viendra la sanction royale et ensuite il
faudra bien s'accommoder de cette loi nouvelle
votée et promulguée au milieu de l'indifférence
générale.
Que produira-t-elle personne n'oserait faire
de prévisions cet égard.
Les cléricaux nous fabriqueront en Octobre
une petite loi électorale leur profit sur des
indications fournies surtout par les bureaux
électoraux des associations conservatrices de
Gand et d'Anvers.
La majorité simple leur suffit cet effet.
Les listes électorales seront ensuite dressées
avec rapidité et au milieu d'une très grande
confusion.
Les prochaines élections législatives ne pour
ront avoir lieu en Juin 1894.
Elles seront ajournées vraisemblablement la
fin de l'année, le travail administratif prélimi
naire ne pouvant être achevé auparavant.
Les électeurs seront nombreux, les votes plus
nombreux encore.
A Ypres cinq mille électeurs environ émet
tront, si les premiers calculs sont exacts, neuf
mille votes environ.
composition françai8e.
Mention honorable: M.RaoulVAN ELSLANDE,
du Collège communal d'Ypres.
Terrible accident de chasse.