Chronique locale.
Un scandale.
Retournez-vous
Aujourd'hui toijt est changé, les hypocrites
l'emportent, \es espions sont aimés et les déla
teurs triomphent.
La vertu règne par ordre et tous ceux qui
s'écartent des règlements qu'elle commine, sont
brisés.
De par la terreur qu'il fait régner, le R. P. a
donc créé une vertu artificielle comme celle qui
régnait au temps de l'Inquisition. Rien de plus
lamentable.
Autant il faut aimer la vertu, autant il faut
regretter cette hypocrisie que l'on impose tout
un département.
C'est une honte pour la Belgique elle com
mence peser lourdement ici, et il ne faudrait
qu'un nouvel incident tragique comme celui
que l'on déplore pour provoquer la chute du
ministre, très impopulaire la Cour et même
dans certains hôtels ministériels.
■maauoMwi»
Rapprochement.
Un fonctionnaire supérieur, M. Folie, direc
teur de l'Observatoire, se rend coupable d'irré
gularités graves dans son service un document
officiel parle de u sommes détournées.
Après enquête, ce fonctionnaire est blâmé par
le ministre compétent, mais il est maintenu dans
ses fonctions. Bien plus, on le décharge d'une
partie importante do ses fonctions, puisqu'on lui
retire la gestion financière de l'établissement
qu'il continue diriger.
D'autre part, un autre fonctionnaire chef de
division, M. Splingart, contre qui n'existe aucun
grief administratif, est dégradé par le chef de son
département parce qu'il a eu l'outrecuidance de
plaider en divorce et de se remarier cela a dé
plu au R P Boom.
Non seulement on le dégrade devant ses sub
ordonnés, mais on réduit de moitié son traitement
après l'avoir déshonoré, on lui fait la vie impossi
ble, si bien que l'infortuné, pris de décourage
ment, se réfugie dans la mort.
Le premier fonctionnaire, le coupable est un
clérical acharné le second est un simple libéral.
Réfléchissez et méditez sur ce double exemple
de la justice fanatique.
Sous ce titre, le Journal di près de Mercredi
dernier annonce ses lecteurs que Lundi, 18
Septembre, vers 9 heures du soir, hauteur
du Ca.fi Royalrue Saint Jacques, quelques
anciens pompiers, revenant de la gare en un cor
tège aux lumières, ont hué et insulté un prêtre
et qu'un agent de police qui accompagnait les
manifestants est resté l'épée au fourreau (sic) et
les mains en poches.
A cette assertion, qui elle seule constitue le
scandale, nous opposons le démenti le plus for
mel. Le Journal cT Ypres en a menti ou un mysti
ficateur a encouragé sa mauvaise foi. Nous
mettons le Journal au défi de prouver ce qu'il
avance si complaisamment.
Depuis que la Société des Anciens Pompiers a
vu le jour, il n'y a pas d'inBultes, de calomnies,
d'infamies qu'elle n a eu subir de la part du
pieux organe des sacristains toutes leB expres
sions poissardes y ont passé. Les cléricaux ont
tout fait pour la rendre impopulaire, et de jour
en jour elle devient plus prospère encore Les
Yproissont lasses de voir les turpitudes insérées
dans le Journal, dans ce torchon épiscopal dont
un des rédacteurs vient, il y a quelques jours
peine, d'être flétri, comme calomniateur, par
un arrêt de la Uour d'appel.
N'est-ce pas ce même Journal d'Ypres qui accu
sait les libéraux d'avoir enlevé ou scié des pièces
de boi» du kiosque de la Grand'Place pour oc
casionner des accidents, voire même des morts
d'hommes, parmi les membres de la Fanfare
catholique N'avons-nous pas vu, honte
le premier magistrat de la ville, le bourgmestre
Surmont, Henritje Iweins et René Begerem se
faire, en séance publique du Conseil communal,
les échos indignés de cette accusation Et rien
n'était vrai Aucune dégradation n'avait été
faite au kiosque N'est-ce pas là un scandale
Une enquête judiciaire a été faite pourrions-
nous Bavoir quoi elle a abouti
Le truc des buveurs d'eau bénite est connu,
il est usé A chaque Bortie de l'Harmonie des
Anciens Pompiers, des jeunes gardes catholiques
sont envoyés pour susciter des désordres.
N'avons-nous pas vu dernièrement, quand notre
musique revenait de Thourout, des jeunes gar
des catholiques se mêler au cortège et, arrivés
devant la demeure de M. Fraeys, rue au Beurre,
siffler, huer et crier tue-tête pour faire croire
une manifestation anticléricale de la part des
Anciens Pompiers? N'avons-nous pas vu aussi
ces mêmes voyous la solde de la caisse diocé
saine, déguerpir subito presto devant l'attitude
indignée des Anciens Pompiers qui allaient leur
apprendre ne plus se mêler d honnêtes gens
Mais que ces pêcheurs en eau trouble prennent
garde Nous les connaissons, et fussent-ils même
les domestiques de marchands de fer, de bois
ou d'étoupe la dévotion de nos maîtresils au
ront leur compteGare aussi aux exci
tateurs, ils ne nous resteront pas toujours incon
nus
Tout ce qui n'est pas systématiquement placé
sous la coupe du clergé, régulier ou séculier, en
matière d'enseignement, n'a pas l'heur de plaire
aux scribes du Journal
Lisez le dernier numéro du Journal des petits
frères, c'est contre le nouveau Collège que
s'exerce la rage impitoyable du pieux Journal.
Songez donc on formera les enfants la vie
galante des salons et on leur enseignera du
latin de cuisine.
Comment faire expier un pareil méfait aux
nouveaux professeurs autrement qu'en leB inju
riant, qu'en les calomniant
Ah si au lieu d'appartenir cette nouvelle
institution laïque, ils sortaient de quelqu'officine
de petits frères, fut-ce de Renaix si au lieu de
recevoir des leçons de maîtres moraux et dignes,
ils avaient été l'école de quelque porc enfro-
qué, qu'il s'appelle Mainbode ou Médision,
alors tout serait bien et le Journal Ypres n'y
trouverait rien redire, au contraire
Mais oser être honnête et soucieux de sa di
gnité sans autorisation épiscopale quel méfait,
quelle scélératesse
Malgré ces imprécations intéressées de la
sainte feuille nous avons assez de confiance dans
le bon sens et la prudence de nos amis, pour res
ter convaincu que, s'ils doivent montrer quelque
horreur pour certains éducateurs de la jeunesse,
ils réserveront ces sentiments pour ceux qui les
méritent et, spécialement, pour ces enfroqués
que la justice a justement frappés parce qu'ils
avaient, sans remords, souillé les enfants con
fiés leurs soins
i "ICfD
être pas très délicat, mais, ma foi... ça m'est bien
permis (II se glisse derrière eux et se cache dans
le feuillage.)
Pierre de Sangène Blandine de Nanterre. Sais-
tu que tu es superbe ce soir
Parbleu oui, je le sais On me l'a assez dit
C'est drôle Il me semble que ta physionomie
n'est pas la même aujourd'hui... On dirait que tu as
quelque chose qui te change... Qu'est-ce donc
Tu ne vois pas Rien. Ce sont mes bandeaux
plats...
Tiens... oui... Pourquoi diable es-tu coiffée
comme ça
Est-ce que ça ne me va pas
Tout t« va... mais je t'aime mieux comme l'or
dinaire, en chien fou...
Moi aussi mais c'est cause du duc U paraît
qu'il aime les bandeaux la vierge, le duc
Ah ca c'est donc sérieux, cette plaisanterie-
là
Tout ce qu'il y a de plus sérieux
Qui est-ce qui vous a fourré cette idée saugre
nue en tête
Le père de Montjabot est venu raconter ma
tante que la vieille duchesse voulait absolument marier
son petit-fils une belle fille, bien portante, qui put
avoir de beaux enfants... Il avait pensé moi tout de
suite...
Voyez-vous, ces jésuites...
Et malgré la condition des enfants, qui, d'ail
leurs, n'engage rien, j'ai trouvé que c'était fort
bien... Il n'est pas laid, il est très riche.
Oh pas tant qu'on le croit
Je sais bien qu'il a ratiboisé pas mal d'argent
aux courses et... d'ailleurs. Mais la vieille cosque dur
pour le marier. Le père de Montjabot croit qu'elle
donne cent mille francs de rente, ce qui, joint au
quatre-vingt mille qui restent et au titre de duc, re
présente un parti sortable pour moi...
Fichtre Je crois bien. Tu as quarante mille
francs de dot C'est chic la grand'mère de donner
ça C'est une bonne grand'mère
Dame elle aime mieux s'exécuter de bonne
grâce que de voir son descendant souhaiter sa mort
Di3 donc, ne sois pas en retard demain pour aller aux
Poteaux... et amène ton ami Paul... il est drôle... Je
le gobe tout-à-fait, moi... Tu peux lui dire ça de ma
part...
Pas la peine va il s'en est bien aperçu.
Ah Et quel effet ça lui fait-il
Pas désagréable... sois en sûre. Dis donc Est-
ce qu'il est amusant, le duc
Oh non!... Il m'a questionnée adroitement sur
mes goûts, mes habitudes... Je la lui ai faite la jeune
fille bien élevée, qui ne patine pas, ne nage pas... ne
flirte pas...
Toi, qui nages comme un requin
Qui ne monte pas cheval, excepté la campa
gne.
Et si nous tombons dessus un de ces matins
Pas de danger Il ne monte jamais Paris...
Il m'écoutait d'un air enchanté... Mais où il s'est di
laté. c'est quand je lui ai dit que j'adorais les enfants.
Tu lui as dit ça, toi qui les as en horreur
Qu'est-ce que ça fait Si je deviens la femme de
ce Monsieur embêtant, ce que je désire vivement, du
reste, tu viendras me voir souvent, hein J'aurai be
soin de distractions...
Pourquoi désires-tu l'épouser, si tu as ces idées-
là
Parce que c'est trop beau pour le rater... Du
chesse de X... Mon oncle dit qu'il avait un ancêtre
RonceveauxC'est très chic d'avoir eu un ancêtre
Ronceveaux... Ça vous a un galbe Tu ne trouves
pas... dis
Si pour ceux qui savent ce que c'est... Mais
enfin, ça ne me déciderait pas.
Et puis d'ailleurs, mon oncle et ma tante sont
pressés de se débarrasser de moi... Je gêne ma tante,
moi Parce que, quand nous avons passé deux heures
chez les Jésuites, je suis prise de bâillements... Ça
l'empêche d"y rester toute la journée... Quant mon
oncle, il est gêné aussi, depuis le jour où j'ai découvert
que ses voyages chez les princes se passent rue Léonie.
Ah bah
Parfaitement et Leurs Altesses, c'est une pe
tite boulotte, d'un cocasse... Elle rit. Je ne lui en ai
rien dit, mais il sait que je l'ai vu sortir de la maison,
et maintenant il n'ose plus me faire faire sa malle, ni
choisir ses plus beaux effets devant moi, ni nous racon
ter table les paroles que les princes daignent lui
adresser. Enfin,c'est un tel point que ma tante craint
que les princes ne soient en froid avec mon oncle.
Ah l'oncle fait de ces farces-là
Oui, et les princes sont un excellent prétexte
choisir. Il n écrit pas cause de là police nous n'écri
vons pas toujours cause de la police Veux-tu que
nous repartions Tu sais, je te permets, quand on
nous poussera, de m'embrasser derrière l'oreille... la
petite place... Mais fais ça adroitement, au moins...
Que ça n'ait pas l'air
Ils s'éloignent en valsant et Jacques sort de sa ca
chette. Ses idées sur Mademoiselle de Nanterre sont
considérablement modifiées