JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
RÉPONSE
au Journal d'Ypres et
son copain d'Ostende.
INTERIEUR.
Les circonscriptions électorales.
55e ANNÉE.
15 Octobre 1895.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Voir au verso.
maBOaOQQ—
La rentrée.
Le Moniteur convoque les Chambres pour
Mardi prochain 2 heures.
Après un mots et demi de vacances, nos ho
norables et nos pères conscrits vont donc ren
trer dans l'arène parlementaire, vieux style.
Onésiphore, Pantalon la force herculéenne,
Perd-la-Boule, dit le Torquemada moderne,
Poche-à-Ftel, le père du vote plural, le direc
teur, l'inspirateur et le président delà Ligue
clsricaledéinocralique, M.Coquelin 11, le violo
neux et autres personnages du même acabit,
de nouveau charmeront le pays par leurs tours
élégants, leurs habiletés politiques déliquescen
tes et leurs querelles.
Car, ne l'oublions pas et frottons-nous les
mains l'avance, la discussion de la loi électo
rale inscrite en tète de l'ordre du jour, provo
quera l'examen de la représentation propor
tionnelle qui mettra aux prises MM. Beernaert
et Woeste.
La lutte, terrible, reprendra entre les deux
athlètes, et l'un des deux devra mordre la pous
sière. M. Woeste a plus de nerfs et de haine,
mais comme ii est moins adroit, moins retors
que Fontanarose, celui-ci a des chances de
lemporter.
Quoi qu'il en soit, sur le théâtre clérical du
Palais de la Nation, la pièce qu'on va jouer ne
manquera pas d'intérêt.
Elle dénouera les péripéties de la loi électo
rale où la majorité cherchera reprendre d'une
main ce qu'elle a donné de l'autre.
11 s'agira de surveiller étroitement ses coutu-
mières manœuvres, afin de l'empêcher de faire
œuvre de parti et de diminuer 1 importance de
la réforme acceptée par tous.
Bref, la prochaine session s'annonce comme
devant être très mouvementée, fertile en sur
prises, notamment propos de la loi commu
nale, tout un système créer, echafauder,
s'il doit avoir pour base, comme on l'affirme,
la représentation des intérêts.
Cette année encore on ne s'ennuiera pas
la Chambre, surtout pendant le combat héroïco
comique que se livreront MM. Beernaert et
Woeste, ces ennemis irréconciliables.
De vives inquiétudes régnent dans notre
monde officiel, par suite de la conférence moné
taire réunie Paris.
Que les propositions de l'Italie soient accep
tées par les délégués, ça ne fait plus l'ombre
d'un doute, mais en Bera-t-il de même des Par
lements
Si la Chambre française, par exemple, repous
sait la convention signée par les délégués, d'au
tant plus qu'elle lui sera présentée par un
cabinet qui branle dans le manche, suivant une
expression prosaïque mais pittoresque, qu'ad
viendrait-il
L'Italie, évidemment ulcérée, exaspérée, dési
reuse d'être dégagée de tous liens avec la France,
dénoncerait l'Union latine, déchirerait le pacte
d'alliance monétaire, qui donne nos pièces
cinq francs une valeur fictive, et nous plonge
rait, par ricochet, dans le plus abominable
pétrin.
Nous serions les premières victimes du conflit
franco-italien, obligés, de par la fameuse clause
que l'on sait, de reprendre les pièces cinq francs
l'effigie de nos rois qui peuplent les caves de
la Banque de France et de les retirer de la circu
lation au prix d'un léger sacrifice de cent cent
vingt-cinq millionsgrâce M. Beernaert, l'im
mortel
Il y a de quoi avoir la chair de poule
On conçoit que dans ces conditions, notre gou
vernement attendra avec awt^rj" d'impatience
que le cabinet italien, les débats la Chambre
française et que M. Beernaert sera aussi heureux
que M. Giolitti en apprenant que les députés
voisins ont approuvé leurs délégués la confé
rence.
C'est. Mardi 17 Octobre, jour de la rentrée
parlementaire...
La Chambre consacrera sa première séance
la nomination de son bureau, magnifique occa
sion pour les fiers Sicambres de la majorité
d'exécuter M. de Lantsbeere, suivant leurs
menaces.
On Bait que le président de la Chambre, lors
du débat sur la réorganisation du Sénat, a fait
preuve d'une certaine indépendance en votant
parfois avec la gauche. A la suite de cet acte
assez crâne qui avait pris le caractère d'un crime
aux yeux de quelques droitiers farouches, ils
jurèrent de l'immoler sur la table en acajou du
bureau et d'élire quelque pontife sa place.
Le seigneur Van Wambeke et l'aigle Tack, les
deux vice-présidents, ne sont-ils pas la hauteur
de la situation et le pontife est-il trop difficile
découvrir Toujours est-il que la majorité ne
parle plus d'exécuter M. de Lantsbeere. Si elle
ne change pas d'avis d'ici Mardi prochain,
l'ancien bureau sera réélu en blocet nous
aurons encore le plaisir de voir le président mal
mener M. Coremans et rappeler l'ordre M.
Eeman, l'interrupteur par excellence.
M. Charles Woeste étudie, paraît-il, en ce
moment, la question des districts électoraux. Il
se rend compte des énormes progrès qu'a faits,
dans ces derniers temps, la cause ae la représen
tation proportionnelle. Le député d'Alost cher
che dans la divisiou de nos grands districts un
dérivatif ce mouvement et un moyen de parer
aux vices trop manifestes du système plurino-
minal majoritaire que nous subisspns.
Cette voie dans laquelle M. Woeste essayera
peut-être d'entraîner une partie de la Chambre
eBt dangereuse. Les problèmes de géographie
électorale sont délicats et ardus. Et les plans que
pourrait produire cet égard le député d'Alost
paraîtront d'avance suspects bien des gens.
M. Woeste devra bien reconnaître qu'il est im
possible de diviser les districts d'Anvers et de
Gand, sans faire la part trop belle la gauche,
sans mécontenter profondément les députés si
ombrageux de ces circonscriptions. Gare M.
Coremans
Est-il bien prudent et bien habile aussi de sé
parer de plus en plus les citadins et les ruraux
et de n'asseoir la majorité de droite que sur des
districts purement campagnards et protection
nistes M. Herman De Baets a excellemment
rappelé cet égard, l'intérêt qu'a la droite ac
corder une influence aux bourgeois catholiques
des grands centres. La politique économique des
futurs ministères catholiques dépendra beaucoup
de la solution adoptée en ce qui concerne les dis
tricts électoraux, le système majoritaire ou la
représentation proportionnelle.
La division une fois commencée ne pourrait
d'ailleurs s'arrêter aux seuls districts de Bruxel
les, de Gand, d'Anvers il faudrait l'appliquer
tout au moins aux circonscriptions de Liège, de
Cùarieroi, de Mons. Le plus souvent ces parta
ges là ne profiteraient point aux catholiques.
Mais ils intéresseraient vivement les deux grou
pes du libéralisme conservateur et du radicalis
me socialiste. Et il nous paraîtrait néfaste de
provoquer la formation de petits centres électo
raux où le socialisme pourrait régner en maître,
où ses meneurs et ses fauteurs de désordres pour
raient jouer leur rôle la Basly, sans conteste
possible.
M. Woeste réfléchira tout cela et il se rap
pellera avoir écrit dans ses Vingt ans de polé
mique, t. II, p. 4: C'est un des périls manifestes
n de notre Belgique constitutionnelle que ces
grands collèges qui menacent d'écraser le pays
sous le talon de la majorité, parfois très faible,
n qu'ils renferment, et je ne contesterai pas que
la représentation proportionnelle ne donne une
solution cette difficulté redoutable
Bien parlé, voilà un discours profitable
La division des districts n'écarterait pas d'ail
leurs cette question épineuse dont les fameux
pourparlers anversois ont montré toute l'impor
tance M. Woeste a-t-il intérêt lui, conservateur
fidèle, forcer les conservateurs libéraux pac
tiser avec le socialisme collectiviste Le système
majoritaire, même uninominal, aboutit cela,
ces compromissions, ces coalitions dont M.
Woeste a plus d'une fois tiré contre nos amis des
eflets oratoires de noble indignation factice ou
feinte.
Quant au vote uninominal pur, il est impossi
ble dans notre petit pays, population trop res
serrée, trop compacte, trop croissante, avec 1
député par 40,000 habitants. Personne ne semble
plus songer cette mesure qui entraînerait des
complications par trop considérables et des con
testations sans fin. Tous les dix ans d'ailleurs, ce
plan laborieux serait remanier, et M. Woeste a
reconnu lui-même la Chambre que ce serait
ouvrir trop souvent la porte l'arbitraire politi
que et aux coups de parti.
M. Vanderkindere était partisan du vote unino
minal on le dit acquis aujourd'hui la repré
sentation proportionnelle, seule solution loyale
honnête et digne des difficultés de l'heure pré
sente. (J. d. B.)
l\° 85. Dimanche,
LE PROGRÈS
tires acquibit eondo.
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le rêvant de la Belgique et de l'Etranger I'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
ei I; rs% de l'Enseignement, Bruxelles.
Ypres, le 14 Octobre 1893.