Pauvres gens
Hommage mérité.
Nécrologie.
Nous, vous, tout un chacun se serait empressé
de rétablir la vérité. Mais le Journal d'Ypres ne
se gène pas pour si peuSon n° de Samedi
dernier ne fait même pas mention de ces deux
lettres. M. l'éditeur était pourtant la maison.
Peut-être n'y a-t-il que le papier timbré qui
fasse de l'effet sur lui
Réjouissez-vous, pauvres gens Le Conseil
communal a décidé d'alfecter une somme de
2853-90 améliorer le pavage de la rue S1 Jac
ques, la rue de M. Colaert et des richissimes
MM. Struye. Ces derniers réclamaient parce
qu'ils y brisaient les ressorts de leurs voitures.
On mettra de beaux pavés neufs oblongscom
me 1 a demandé M. Colaert, afin que les voitures
de MM. Struye puissent rouler bien doucement
sans que leurs maîtres soient incommodés par
les cahots.
Ne ferait-on pas mieux de repaver d'abord les
Setites rues habitées par une population très
ense Ces petites rues sont dans un état
lamentable il y a des bosses et des fosses par
tout les eaux ménagères et pluviales croupis
sent dans les rigoles mal tracées. Il y a là un
danger permanent pour l'hygiène, et un état
de choses répugnant pour les pauvres gens.
Les pauvres gens On s'en fiche On repavera
plus tard leurs petites rues avec les rebuts, les
déchets et les têtes de moineau dont MM. Co
laert et Struye ne veulent plus.
Ce sera tout aussi lamentable qu'auparavant,
mais nos maîtres auront l'air d'avoir fait quel
que chose pour les pauvres gens.
Ah les pauvres gens
A la suite de l'article que le Journal d'Ypres
a consacré la glorification ou la réhabilita
tion d'un ami qui a senti le besoin de faire par
ler de lui, nous recevons la lettre que voici
Monsieur le Directeur,
Puisque M. C. de l'Académie d'Anvers, en
croire le Journal d'Ypres, tient témoigner sa
reconnaissance M. Ceriez pour l'enseignement
hors ligne qu'il en a reçu et qu'il le proclame en
même temps un directeur d'une compétence
rare, je tiens, moi, L., de l'Académi%de Bruxel
les, joindre ma voix celle de C. et déclarer
que jamais de ma vie je n'ai vu un professeur
aussi zélé, aussi soucieux des progrès de ses
élèves, ni un directeur aussi capable ni doué
d'autant d'autorité que le même M. Ceriez.
Je le dis parce que je sais que cela était
contesté. Maintenant on sera édifié.
Agréez, etc.
En voici une autre, de Stockholm, celle-ci
Monsieur l'Editeur,
Je suis bien charmé de voir qu'enfin on rend
justice M. Th. Ceriez, l'éminent directeur et
professeur de l'Académie d'Ypres, qui a formé
tant et de si bons élèves, parmi lesquels je me
plais me compter. Le talent admirable que je
possède et qui tait l'envie des artistes de Suède,
je le dois lui et rien qu'à lui et je ne cesse de
le chanter sur tous les toits. Aussi depuis l'arti
cle modestement et discrètement louangeux con
sacré cet incomparable homme qui a su
imprimer l'enseignement du dessin, de la pein
ture et de l'histoire de l'art, une impulsion qui
est une véritable révolution dans les Académies,
n'est-il plus ici d'autre question que celle de
savoir si l'Académie d'Ypres ne serait pas dis-
Sosée faire cadeau l'Académie de Stockholm
e son directeur
Si cela pouvait se faire, la ville d'Y'pres au
rait rendu la Suède un service dont tous les
peuples du Nord lui seraient tout jamais re
connaissants, car ici l'art n'est pas ce qu'il y a
de plus copurchic, et si ce n était de moi, an
cien élève de l'éminent professeur et de l'in
comparable directeur, qui montre ce que c'est
qu'un bonhomme colorié et brossé autant le
centimètre carré, nos braves Stockholmouths
seraient encore ignorer ce que c'est que le
peinturlurage, co qui serait le plus grand des
malheurs.
Enfin, comme c'est un excellent libéral et
au besoin autre chose, cela ferait justement
l'affaire.
Agréez, etc.
Nous en avons encore une troisième de Ber
lin, une autre de Paris, toutes dans le même
sens et que nous ne reproduirons pas pour ne
pas nous répéter.
L'essentiel est qu'il est maintenant clair com
me le jour que l'Académie d'Ypres a un direc
teur, ou pour mieux dire, un demi-directeur
que l'Europe nous menace de nous enlever.
Il faut espérer que l'Europe y sera pour ses
illusions.
Nous avons reçu trop tard, Samedi passé, l'ar
ticle suivant que nous nous fesons un triste
devoir d'insérer aujourd'hui.
Hier, Jeudi (26 Octobre) ont eu lieu Bruges,
au milieu d'une grande affluence de personnes
de tout rang, les funérailles religieuses de M.
Léon Vroome.
M. Yroome, qui a succombé, comme on sait,
après six semâmes de véritable martyre, un
accident de bicyclette, n'était point un inconnu
pour les Yprois. Il avait épousé ici, il y a un an
peine, une charmante jeune femme appartenant
une des meilleures familles de notre bourgeoi
sie. 11 n'avait pas trente ans révolus et avait
apporté, son heureuse union, la plus robuste
des Bantés. Aussi n'imagine-t-on pas une mort
plus inattendue, plus cruelle que sa mort.
Nombreux ont été les témoignages de sympa
thie et de regrets arrivés de toutes parts. Le
cercueil était littéralement couvert de couron
nes et de gerbes de fleurs portant les plus affec
tueuses inscriptions.
Les derniers honneurs ont été rendus par
l'Ecole des Mousses d'Ostende et la compagnie
des Chasseurs-Eclaireurs de Bruges dont le dé
funt fesait partie.
Des officiers de marine, ses anciens camarades,
tenaient les coins du poêle, et les paroles de
suprême adieu ont été prononcées par M. Ensor.
Voici le discours de l'honorable Capitaine-
Commandant de la susdite compagnie
Mes chers camarades,
Avant que de quitter le champ qui doit
assurer le repos éternel notre infortuné frère-
d'armes, je dois accomplir la douloureuse mis
sion de prononcer quelques paroles d'adieu et de
déplorer avec vous la perte irréparable de celui
qui fut le plus dévoué des amis, le plus tendre,
le plus affectueux des époux, le plus aimable
des camarades.
Léon Vroome ne faisait partie de la Compa
gnie des Chasseurs-Eclaireurs que depuis fort
peu de temps, mais sa nature sympathique, son
caractère droit et franc, sa physionomie loyale,
ouverte, son regard doux et profond comme
l'horizon de la mer qu'il interrogeait autrefois,
lui rallièrent bientôt de solides et durables
affections.
C'était une organisation richement favori
sée le voir, c'était se sentir attiré vers lui
en lui parlant, on se sentait entraîné l'aimer.
Le sort, qui l'avait doué de qualités si pré
cieuses et si brillantes, lui réservait une fin
cruelle et impitoyable.
Après avoir échappé aux dangers des Océans,
il eBt venu se briser misérablement sur cette
terre, où il espérait trouver le calme et le bon
heur que procurent les joies de la famille.
Ni les nobles efforts de la science, ni les ad
mirables soins d'une châtelaine dont le nom sera
béni dans la famille du cher défunt, n'ont pu
amener la guérison que nous souhaitions avec
tant d'ardeur la mort a achevé son œuvre le
voile est tombé sur ce drame fatal voile mys
térieux et impénétrable, qui, hélas, ne se relè
vera plus pour nous.
Au nom de tes frères-d'arme3,Léon Vroome,
je t'adresse un dernier et suprême adieu.
Et nous, nous adressons notre tour, la
famille éplorée, nos plus vifs compliments de
profonde condoléance.
Jeudi dr, ont eu lieu, en l'église do Beveren
Waas, les absoutes de M. Lapiere, notre regretté
concitoyen, ancien élève au Collège commu
nal d'Ypres, lieutenant au 3* régiment de lan
ciers cérémonie imposante, laquelle tous les
officiers, sous-officiers, brigadiers et cavaliers
assistaient. Le commandant baron J. van Zuylen
van Nyevelt a prononcé un discours qui a pro
fondément remué l'assistance.
A 2 heures le train amenait Bruges les dé
pouilles mortelles du défunt, qui disparaissaient
sous un amas de fleurs et de couronnes.
Le 3e régiment de lanciers, des députations de
tous les régiments de cavalerie du pays, des
officiers du 4e régiment de ligne conduits par le
colonel Gauchin, d'autres autorités civiles et
militaires, une délégation de l'Ecole d'Equita-
tion d'YTpres, des parents, de nombreux amis
s'étaient rendus la gare. C'est au milieu du
recueillement de cette assistance que le colonel
Montegnie a pris la parole.
Ce chef de corps énumère les pertes doulou
reuses que le régiment a faites par la mort de
MM. Jenart, Stoffel, Ferange, Diderich, et dé
plore la mort du lieutenant Lapiere.
La triste nouvelle, dit-il, a été reçue avec un
profond serrement de cœur. Si la fatalité n'a
pas permis au lieutenant Lapiere de parcourir
une longue carrière, il a pu du moins servir son
pays avec amour et dévouement.
Après avoir retracé les états de service du dé
funt et ses titres l'affection de ses collègues,
de ses camarades, il parle de l'époux, du père
qui meurt laissant un enfant qui vient de voir le
jour.
Ce dernier adieu a produit une vive impres
sion.
Puis M. le lieutenant Rifflet parle de l'ami
qui, il y a quelques mois, quittait pour Beveren,
où il espérait voir se raffermir sa santé et re
prendre bientôt place dans les rangs. Ce départ
était déjà pour ses camarades un événement pé
nible. Tous leurs vœux le suivirent dans sa
nouvelle résidence, où, hélas, il a été ravi
l'affection de ceux qui l'aimaient.
Les qualités du cœur, qui distinguaient La
piere, sont énumérées d'une manière touchante
dans ces paroles d'adieu.
Au sortir de la gare, une salve d'honneur est
tirée par un peloton du 4e régiment de ligne. Le
cortège se forme. Un détachement du 3e lanciers
cheval et la musique également cheval y
prennent place. La dépouille du lieutenant La
piere, portée par des sous-officiers, suit. Les
coins du poêle sont tenus par MM. les lieute
nants Van Imschoot, Dumont, Franquet et
Mignolet.
La famille, la foule des amis viennent ensuite.
Des lanciers cheval forment la haie et un pi
quet ferme le cortège qui s'avance vers le
cimetière.
Au moment où la terre va recouvrir de son
linceuil le corps du lieutenant Lapiere, M. le
sous-lieutenant Tonglet prononce le suprême
adieu.
Mon brave et regretté Daniel,
7i Malgré les nombreuses marques de vives
sympathies et de regrets profonds qui viennent
de t être témoignées, je tiens cependant profi
ter du faible privilège que me donne mon ancien
neté pour venir également te dire le vide im
mense et irréparable que tu laisses parmi nous.
Ce privilège, crois-le, est vivement envié pour le
moment par tes camarades, car c'est tous, l'uu
après l'autre, que nous voudrions venir te dire
un dernier adieu et exprimer bien haute voix
les regrets nombreux que tu emportes de tous
ceux qui te connaissent.
Tu laisses, éplorées ici-bas, deux familles
qui certeB ne méritaient pas cette douleur im
mense que ta mort leur cause. Aussi ce ne sera
pas en vain que tu auras su si bien coopérer
resserrer les liens étroits qui unissent le corps
d'officiers du 3e lanciers, cette grande famille.
Celle-ci, qui ton cœur était ouvert, saura bien
aussi montrer le sien pour le consacrer désor
mais tes braves parents et ton épouse trop