INTÉRIEUR.
L'aplatissement.
Une jolie proposition.
cruellement éprouvée. Ils sont certains de trou
ver en nous de vrais consolateurs, car leur Daniel
était aussi le nôtre, sa mémoire nous est sacrée,
et il a su trop se faire aimer par le régiment pour
que tous ses camarades ne viennent pas prouver
combien il leur était cher.
Tu emportes tout, mon cher Daniel illu
sions, espoir et amitié de tous ceux qui t'entou
rent. Puissent ces preuves d'estime, qui te font
honneur et que t'ont valu une carrière honora
ble et une vie modèle, te donner là-haut la ré
compense que tu as si bien méritée. Nous te
quittons la douleur au cœur, mon brave Daniel,
et tout le 3e lanciers vient te dire adieu, ou plu
tôt au revoir.
Les funérailles du lieutenant Daniel Lapiere
ont été dignes de lui. Les marques de réelle
sympathie dont les familles Lapiere et Siron ont
été l'objet contribueront incontestablement
atténuer la douleur qui les accable bien cruelle
ment.
Enseignement
Les démissions offertes par MM. Brouwers,
de Ylaminck et Gilmet, de leurs fonctions
d'inspecteurs principaux de l'enseignement pri
maire, sont acceptées.
Ils sont admis faire valoir leurs droits la
{>ension et conserver le titre honoritiqne de
eur emploi.
MM. Blaers, Machiels et Van Blaeren, in
specteurs cantonaux de l'enseignement primaire,
sont nommés inspecteurs principaux de 3e classe
de l'enseignement primaire.
Société de Gardes Civiques
D'Y PRES.
o
Boedt, Léon,
25
25
20
25
25
120
Ligy, Albert,
25
25
20
25
25
120
Froidure, Eugène,
20
25
20
25
25
115
Masscheleyn, Alph., 20
25
20
25
20
110
Gaimant, Arthur,
20
25
20
25
20
110
Butaye, Arthur,
20
25
25
20
20
110
Yantholl, Henri,
25
25
25
15
20
110
Samedi, 28 courant, a eu lieu, 47, rue dt la
Madeleinel'ouverture du Bodegon Hispana,
nouvelle salle de dégustation des grands vins
d'Espagne et du Portugal.
D'après les renseignements qui nous sont
parvenus, nous croyons être agréables aux
nombreux consommateurs de ces vins en recom
mandant particulièrement leur attention cette
nouvelle maison. Les vins y sont de tout premier
choix et l'installation du meilleur goût.
Théâtre de la Scala Bruxelles.
La Scala de Bruxelles tient en ce moment,
avec la revue Bruxelles jpluralun des succès les
plus francs et les plus mérités qu'on ait jamais
vus.
Jamais pièce plus amusante, revue plus en
traînante et mieux faite n'a été présentée au
public. C'est une satire joyeuse des hommes et
des choses, présentée avec une bonne humeur
qui ne se dément pas une minute. Comme l'ont
dit nos confrères bruxellois, Bruxelles plural est
un éclat de rire en huit tableaux. Du prologue
l'apothéose, l'intérêt ne faiblit pas un instant.
L'auteur, M. Boullaud, un de nos confrères de
la Chroniquen'en est plus compter ses suc
cès, mais jamais même dans leB Carabistouilles
Boum boum, Bruxelles mouchardTout-Bruxelles,
etc. etc. il n'a été mieux inspiré que dans
l'œuvre actuelle, qui attire tous les soirs la foule
la Scala.
La pièce est montée avec goût et l'interpréta
tion est irréprochable tous les artistes,
commencer par Mm« Blanche Méry et M. Clé
ment, le compère et la commère, qui mènent
la ronde avec une verve endiablée, tous ob
tiennent un grand succès dans leurs rôles.
Nous ne saurions trop engager nos lecteurs
aller voir, la Scala de Bruxelles, la revue
Bruxelles plural, qui est, sans contredit, le plus
beau succès de la saison théâtrale. La revue
commence neuf heures précises et finit assez
temps pour permettre aux spectateurs habitant
la province de profiter des derniers trains.
Les prix des places sont très modiques Fau
teuils, 2 fr. entrées, 1 fr.
Le ministre des chemins de fer, poussé par
le fanatisme étroit, une sécheresse de cœur
lamentable, une dureté rappelant cello des
tourmenteurs de l'inquisition, abuse de la
toute-puissance qu'il a sur son personnel, pour
le tyranniser, le frapper de mille façons, l'exas
pérer et le pousser aux mesures extrêmes.
Nos lecteurs connaissent le cas de ce mal
heureux employé, commis de 1" classe la
poste, qui avait été déplacé, coupable d'avoir
fréquente, étant jeune homme, un petit éta
blissement des environs de la gare du Nord,
Bruxelles.
Sa femme a eu beau s'élever avec indigna
tion contre les calomnies répandues sur son
mari, le ministre a préféré ajouter foi une
lettre anonyme plutôt qu'aux déclarations
d une honnête et dévouée épouse.
On va donc faire une enquête sur le passé
de tous les employés, fouiller leur vie privée
avant qu'ils n'aient convolé en justes noces, et
s'ils n'ont pas vécu comme de petits saints,
s'ils n'ont pas été d'abominables hypocrites et
de louches sacristains, on les déplacera, ou on
les révoquera en masse, ou bien on les fera
rétrograder comme M. Splingard, qu'on a
pousse au suicide.
Et ce sont des citoyens belges, des bommes
libres, qu'on laisse traiter de la sorte sans que
d'un bout du pays l'autre un formidable cri
d'indignation ne s'échappe de toutes les poitri
nes contre le fanatique qui ose se permettre ces
mesures odieuses et ces actes de cruauté.
Il se trouve même des journaux libéraux qui
ne protestent pas.
Qu'attendent-ils pour flétrir ce tourmenteur
moderne, qui après avoir ridiculisé la Belgique
par son pudibondisme outré, est devenu l'exé
cuteur des basses œuvres de la calomnie et de
la lettre anonyme
11 y a vingt ans, un mouvement général
d'opinion publique traduisant l'indignation
des gens de cœur eût invité le Koi se débar
rasser d'un tel homme, d'un aussi triste
ministre.
Aujourd'hui l'aplatissement est complet; de
ci de là quelques protestations timides, puis
c'est tout! Quand un pays en est arrivé là, il
ne faut guère espérer dans son avenir...
moins que M, Vandenpeereboom, profitant de
cet effacement des virilités anciennes n'aille si
loin qu'il ne contraigne les plus aplatis se
redresser fièrement et déchaîner une telle
tempête populaire qu'elle emportera lui et ses
complices.
Mais il devra commettre encore, hélas tout
un joli lot de semblables mesures ministériel
les pour provoquer ce joli résultat.
A la fédération des Associations catholiques,
qui s'est tenue Samedi Bruxelles, rassemblée
a demandé que l'égalité soit établie entre les
écoles officielles et les ecoles libres et par con
séquent que des subsides soient alloués
celles-ci comme aux écoles adoptées.
Les cléricaux qui ont créé tort et travers
des écoles libres, où l'enseignement est donné
parfois de la façon la plus singulière, vou
draient se débarrasser des charges qu elles leur
apportent. Ça n'est pas plus difficile que cela...
L'Etat devrait dorénavant financer leur
profit, et leur servir de coffre-fort, sans avoir
le moindre contrôle sur leurs écoles.
Le succès d'une telle proposition augmente
rait singulièrement les charges des contribua
bles, tout en ruinant l'enseignement officiel
déjà si ébranle. Il ne se produira que si le
corps électoral, issu du vote plural, renvoie
une majorité noire la Chambre, l'encoura
geant ainsi perpétrer tous les coups de parti
possibles et impossibles.
Le distingué contradicleur.
L'éminent ami du Patriote est devenu
aujourd hui le distingué contradicteur j> du
Journal de Bruxelles.
Ayant eu l'inspiration malheureuse de s'at
taquer directement aux rédacteurs du Journal
et d'entrer dans des questions de ménage,
ceux-ci, approuvés sans doute par les gros
bonnets de lorgane officieux, ont répliqué avec
énergie, déclarant Poche-à-fiel que le comité
de surveillance leur laissait pleine et entière
liberté de polémiquer suivant leur désir. Et ils
ont ajoute
Nous avons avec la plus grande courtoisie
commenté la première lettre du distingué
député d Alosl. Il a répondu nos commentai
res de façon fort désobligeante et nous voici,
de réplique en réplique, par le fait de M.
Woestc, nous occuper du service des bandes
et de la distribution des journaux.
Notre distingué contradicteur comprendra
toute la cruauté qu'il y a faire subir de pa
reilles dissertations aux lecteurs d'un journal
sérieux.
Le distingué contradicteur se le tiendra-
t-il pour dit
Par cette polémique mesquine, on se rend
compte des petitesses des querelles cléricales,
plus intenses et plus nombreuses que jamais.
Lire notre supplément la 5« page.
i
Tir du Jeudi 2 Novembre 1893.
CIBLE OBDIKAntE.
i
Un grand château anglais.
Le château de Hatfield est la propriété héréditaire et la
résidence de lord Salisbury et le milieu traditionnel où se
déroule l'existence d'un grand seigneur anglais. Bâti entre
160b et 1611, dans le style de la Renaissance anglaise
qu'on appelle ici I architecture jacobite, en briques entre-
chaînées de pierres, son ensemble, harmonieux, léger et
un peu mélancolique, évoque en foule les souvenirs. Du
vieux château de Hatfield, où Elisabeth passa de longues
années, une vieille tour demeure encore, et, tordu, pourri,
gorgé de plâtre, mais énorme et vigoureux encore, le
chêne où elle venait s'asseoir, continue de verdoyer.
Et quand on a franchi la porte de l'habitation actuelle
qui fut construite par Robert Cecil, premier comte de
Salisbury, le titre de marquis n'est dans la famille que
depuis trois générations, on éprouve d'abord cette sen
sation particulière, qu'on pourrait appeler historique,
inspirée par l'idée que les choses qu'on voit étaient déjà
là, la même place, il y a trois cents ans que, si Crom-
well' qui habita quelque temps ce château, y ressuscitait,
il retrouverait dans sa chambre son fauteuil d'habi
tude, le lit étroit où il reposait, ouvrirait d'une main
familière cette armoire aux larges vantaux. Puis on
est entouré de chefs-d'œuvre l'Adam et Eve d'Albert
Durer, le célèbre portrait de la reine Elisabeth peint par
Zucchero, une Elisabeth éclatante et raidie dans un long
corsage aux fleurs délicates, portant sur ses épaules, sur
ses bras, sur son col aux chairs trop pâles, dans ses che
veux blonds, jusque sur sa robe de salin jaune d'or aux
plis cassés, une profusion de perles, rien que des perles,
sans un diamant, sans une pierre de couleur et c'est
quelque chose d'étrange que la lueur tendre de ces perles
éclairant une figure froide dont les yeux secs n'ont pas de
reflet, belle pourtant, avec un nez impérial, un front sé
vère et haut.
Non loin de là, dans une autre salle, s'érige sur une
cheminée de marbre, une statue de Jacques 1*-, et com
parer les traits effacés du fils de Marie Stuarl, ceux de
la terrible reine, on comprend toute la force de l'ironique
épigramme du temps Rex fuit Elisabeth, et nunc regina
Jacobus.
Et combien de chefs-d'œuvre encore de Reynolds, de
Van Dick, de Lily, sans compter le portrait de Henri VIII
par Holbein, sans parler aussi des meubles, des souvenirs
historiques partout éveillés.