Dans les Pyrénées.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
AVIS IMPORTANT.
La garde civique.
L'union libérale.
Le Petit Journal belge.
iM° 90. Jeudi,
55e ANNEE.
9 Novembre 1895
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de cette époque.
Ypb.es, le 8 Novembre 1893.
Depuis sept huit ans on a reconnu la né
cessité de réorganiser la garde civique. M. De
Volder obéissant un courant d opinion publi
que accentué, a déposé un projet de loi que
l'opposition de quelques cléricaux pointus a
fait échouer, c'est-à-dire, a condamné, ce qui
est peu près la même chose, reposer dans
la poussière des cartons.
M. Anspach-Puissant, profitant de l'initiative
parlementaire, a repris certaines dispositions
de ce projet et les a, son tour, présentées
la Chambre.
On annonce enfin que le gouvernement
serait décidé soulever de nouveau la question,
en procédant par étapes.
S'il en était ainsi, qu'il commence par fixer
quarante ans l'âge de fin de service.
11 est ridicule de laisser dans les cadres de la
garde les hommes de quarante cinquante
ans, de les astreindre des inspections, des
revues et un véritable service actif pendant
les émeutes. N'est-il pas reconnu en principe
dans l'organisation de toutes les armées euro-
FEUILLETON.
péennes, que l'homme, partir de quarante
ans, n'est plus apte au service militaire
Condamner une corvée désagréable les
citoyens qui ont dépassé cet âge, c'est ennuyer
plaisir des pères de famille tout en alourdis
sant les rangs de la milice citoyenne, tout en
compromettant son activité, tout en diminuant
la rapidité de ses mouvements.
La suppression du service de quarante
cinquante ans serait donc parfaitement ac
cueillie dans tout le pays.
Pourquoi le gouvernement ne demanderait-
il pas, avant de parfaire la reorganisation de la
garde, de créer des corps de volontaires qui se
recruteraient parmi les hommes de 20 40 ans
qui ne font pas partie de la garde civique
active
De cette façon, le vide causé par le départ
des hommes de 40 50 ans serait bouché par
un élément vigoureux, apte assurer l'ordre
et au besoin defendre la patrie.
Un projet déposé dans ce sens serait voté
d'enthousiasme et permettrait d'eu préparer
un autre plus complet coïnoidant avec la réor
ganisation de l'armée.
Ce serait l'œuvre; de la prochaine législature,
dont la Constituante aurait édifié le piédestal.
Dans des interviews prises par la Gazette
MM. Dupont, sénateur, Neujean et Hanssens,
députés de Liège, ces trois membres du Parle
ment ont exprime l'avis qu'il appartient la
Fédération libérale de convoquer un congrès.
M. Neujean juge indispensable qu'on trouve
pour le parti libéral un programme commun
il n'existe plus, du reste, dâbîme înfranchis-
sable entre les deux grandes fractions du par
ti libéral mais les négociations devront être
menées avec prudence. M. Dupont espère éga
lement qu'on arrivera l'union il craint toute
fois les tendances des progressistes vers le parti
collectiviste. M. Hanssens est partisan du con
gres il croit que sa réunion sera efficace si
l'un des partis n'y veut pas écraser l'autre.
L'Association libérale de Verviers a émis,
par acclamation, le vœu de voir convoquera
bref délai un Congrès libéral. Elle a chargé M.
d'Andrimont, membre du comité de la Fédéra
tion libérale et délégué de l'association, d'ap
puyer ce vœu la prochaine séance de la
Fédération.
La Flandre libérale apprend de source cer
taine, dit-elle, que des membres de la droite
sont décidés faire usage de leur initiative par
lementaire pour présenter au cours de la session
actuelle un projet de loi établissant des droits
d'entree sur les blés.
On se rappelle que M. de Bruyn a laissé en
trevoir la Chambre qu'il ne s'opposerait plus
la création des droits. Le pays est donc pré
venu le premier acte de la reaction va se
jouer.
■waaoooaom.
Mercredi a paru Bruxelles le premier nu
méro du Petit Journal belge, organe quotidien du
libéralisme démocratique.
Le prix du numéro est de 2 centimes, l'abon
nement de 8 francs par an.
Nous souhaitons la bien venue au Confrère qui
paraît, d'ailleurs, bien vivant.
LE PROGRÈS
vires acqdib1t ecu do
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(suite et fin.)
Nous avions de fréquents rendez-vous que nous
passions... bavarder. Je lui racontais mes chasses,
mes chevauchées travers monts et bois et elle
m'écoutait avec ivresse. Parfois elle levait les yeux au
ciel
Ah s'écriait-elle, comme on doit pouvoir s'ai
mer, seul avec l'être adoré, dans le grand silence des
forêts, seulement troublé par le grondement sourd du
torrent voisin...
Je ne comprenais pas bien, mais il fut décidé que
nous ferions la première occasion une grande excur
sion, et qu'alors...
Sur ces entrefaites, et comme la saison s'avançait,
le temps se refroidit subitement et les baigneurs repri
rent en foule le chemin de Paris.
Les bergers, qui passent l'été dans la montagne,
redescendirent dans la vallée.
Des bandes de loups avaient fait leur apparition,
ravi quelques moutons, et du côté de Vignemale, on
signalait la présence d'un ours. On pensa organiser
une grande battue. Du coup, je retardai mon départ.
La veille, il fut convenu que quelques chasseurs,
accompagnés de guides expérimentés, iraient reconnaî
tre les passes des fauves...
Mon amie insista pour être de la partie j'y con
sentis, et le lendemain nous nous mettions en route.
Par extraordinaire, ce jour, le temps était beau.
Les uns derrière les autres, nous suivions le petit
sentier qui mène Vignemale, suspendus pour ainsi
dire au-dessus de l'abîme, puisque le sentier en ques
tion avait peine un mètre de large.
A gauche, la montagne, droite, le précipice
pic, au fond duquel bouillonnait le Gave.
Oubliant qu'un faux pas de nos chevaux pouvait
causer notre perte, il fallait chaque instant que nos
guides nous prévinssent, en nous donnant les conseils
que leur suggéraient leur prudence et leur connaissance
des lieux.
Nous passâmes sans nous y arrêter devant la cas
cade de Céris9t, puis sur le pont d'Espagne si célèbre,
et nous arrivâmes la petite hôtellerie qui se trouve
au bord du lac de Gaube.
De là, après avoir déjeuné et remisé nos chevaux,
nous partîmes en petits détachements, pied, pour
explorer le Vignemale.
J'avoue que je ne songeais guère relever les
passes des bêtes... Ah l'excursion agréable Nous
marchions d'enchantements en enchantements
Combien elle était adorable ma petite cabotine, quand,
secouée d'un frisson délicieux, elle appuyait ses petits
doigts crispés sur mon bras
Soudain, un coup de tonnerre roula d'échos en
échos, pareil la décharge de cent pièces d'artillerie
et de larges gouttes de pluie commencèrent tomber...
J'entraînai ma compagne... Je découvris un abri sous
un vaste rocher... Et là, tapie tout contre moi, au
milieu du désordre de la nature, les yeux brillants,
tremblante la fois de fièvre et de désir, elle me parut
plus désirable que jamais
C'est moi qui, en cet instant, aurais tout sacrifié,
et les chasses de Bretagne, et la tradition des Kerda-
niec
Je la sentais faiblir, s'abandonner... je me pen
chai... je n'entendais plus rien que le bruit de sa res
piration...
Quand, tout-à-coup, Sultan, Sultan qui nous
avait suivis, bondit hors de la caverne et poussa un
hurlement furieux, auquel répondit un grondement
sourd...
Je me dressai brusquement...
Un ours de grande taille venait d'apparaître au
seuil de la caverne d'un coup de patte, il renversa
mon pauvre chien et s'avança vers nous, debout, la
gueule ouverte...
Tandis que mon amie, épouvantée, glacée de ter
reur, se réfugiait au fond de la grotte, j'armai mon
fusil et presque bout portant, je tirai...