j'espère que le gouverneur aura obéi cet ordre. Le dentiste Emanuel HUIS- MAN est consulter tous les Mercredis, de 9 5 heures, chez M. Charles IVuytten, bottier, la Pantoufle dorée) rue au Beurre, n° 12, Ypres. tion de Sa Majesté sur la fermeture du collège, fondé en 1777 par son illustre aïeule Marie-Thérèse. Le 31 Juillet, j'eus l'honneur de présenter M. le ministre les membres du comité de l'Union des anciens élèves du collège. M. De Burlet reçut ces messieurs avec courtoisie et déclara que la question ferait l'objet d'un examen sérieux de la part du gouvernement. Le ministre reconnut qu'une prompte décision s'imposait, vu que les pères de famille devaient, si la décision du conseil communal était approuvée, avoir le temps de faire choix d'un autre établissement pour leurs enfants. Eh bien, l'honorable ministre, qui reconnaissait, le 31 Juillet, l'urgence d'une solution, a attendu cinquante- deux jours avant de prendre l'arrêté approuvant la sup pression que je vous dénonce, et l'arrêté lui-même n'a paru au Moniteur que le Jeudi 21 Septembre, c'est-à- dire dix jours avant la fin des vacances scolaires M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. Veuillez indiquer le temps que j'y ai mis depuis la décision de la députation permanente, dé cision préalable la mienne. M. de Stuers. Je n'ai pas m'occuper des affai res de la députation permanente. M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. Cela fait tomber le grief que vous formulez. M. de Stuers. J'espère que vous feiez des obser vations la députation permanente, quant la lenteur qu'elle a mise prendre sa décision. M. Woeste. N'y comptez pas (Hilarité.) M. de Stuers. Oh non, je n'y compte pas Un membre a gauche Nous sommes d'accord M. de Stuers. Cette lenteur, calculée dirait-on, est hautement blâmable aussi suis-je bien curieux de savoir comment l'honorable ministre l'expliquera au pays. Lors de l'audience qu'il nous a accordée, M. de Bur let semblait plein de bonnes dispositions il fît même appeler l'inspecteur de l'enseignement moyen, lui don nant l'ordre de réclamer de suite par télégraphe, le dossier de l'affaire au gouverneur de la Flandre occi dentale. Pendant un mois et demi que l'honorable ministre a étudié son dossier, les parents ayant leurs enfants au collège d'Ypres, ainsi que les membres du corps enseignant de cet établissement, étaient dans la plus grande inquiétude. M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. Mais non, on savait que le collège serait maintenu par la munificence privée. M. de Stuers. Nous allons y arriver mais, il s'agit ici d'un établissement officiel, et c'est sur ce fait que j'interpelle. II y avait, au collège, sept professeurs et un surveil lant, tous diplômés, comptant de cinq dix ans de ser vices, qui se demandaient, anxieux, s'ils seraient maintenus en place ou mis en disponibilité avec un traitement d'attente Comme chef suprême de l'instruction publique, il ne vous était pas permis, monsieur le ministre, de vous jouer, comme vous l'avez fait, d'honorables fonction naires en même temps que de parents inquiets. S'il entrait dans vos intentions de maintenir la suppression du collège d'Ypres, vous auriez dû, par équité et par économie, placer les professeurs dans d'autres établis sements. Vous n'en avez rien fait, encore que les occasions ne vous aient pas manqué. II y a eu, en effet, assez de places vacantes pour cela Ath et Louvain, des chaires de sciences naturelles Namur et Bruxelles, des places de pro fesseurs de français Charleroi, Bruxelles et Gand, des chaires de latin enfin, Tournai et Gand, des chaires de mathématiques. Vous deviez mettre d'autant plus d'empressement replacer ces professeurs, que vos amis politiques avaient déclaré que le seul motif qui guidait leur vote était un motif d'économie. M. Woeste. Vous n'auriez plus eu de profes seurs. M, de Stuers. Attendez, je vais y arriver. En parcourant le tableau des établissements commu naux du premier degré pour garçons, subventionnes sur le trésor public (année 1890), j'ai constaté avec étonnement, parmi les allocations accordées par les communes, que la ville de Bouillon accorde 14,800 francs de subside pour 45 élèves ou 328 francs par élève Nivelles,"où la population s'élève seulement 10,042 habitants. la ville vote 25,000 francs de sub side pour 100 élèves ou 250 francs par élève, et Ypres, où la population est de 16,505 habitants, le subside de la ville s'est seulement élevé 8,150 francs pour 45 élèves ou 181 francs par élève. M. Struye. Ce chiffre n'est pas exact M. de Stuers. Ce chiffre est tout ce qu'il y a de plus exact, voyez les documents officiels. Demandez qu'on supprime le collège épiscopal et il y aura des élèves. J'ai le droit de dire que, si le ministre de l'instruc tion publique approuve le bourgmestre d'Ypres d'avoir supprimé le collège communal parce que chaque élève coûte la commune 181 francs, il devrait, pour rester logique, blâmer M. de Burlet, bourgmestre de Nivelles en 1890, de n'avoir point supprimé le collège communal où chaque élève coûte la caisse communale 250 francs, ou 69 francs de plus par élève qu'à Ypres. M. Woeste. N'y comptez pas davantage (Rires.) M. Struye. Vos chiffres sont absolument in exacts M. de Stuers. A Nivelles, chaque habitant est soumis un impôt de 2 fr. 34 c. pour chaque élève fréquentant le collège communal, tandis qu'à Ypres chaque habitant n'était imposé que pour 49 centimes Voici ce qui va se passer maintenant Ypres. Le montant des dépenses du collège communal, pour 1893, s'élève 21,000 francs. La part de l'État est de 12,850 francs. Reste, pour la ville, 8,150 francs. Il faudra donc que la ville d'Ypres continue payer, en traite ments d'attente, une somme de 5,600 francs. M. Struye. Pour le présent, si vos calculs sont exacts. M. de Stuers. Évidemment, je parle du présent. M. Struye. Nous songeons l'avenir comme tout bon administrateur. M. le président. N'interrompez plus, monsieur Struye. M. de Stuers. La petite majorité 1 voix du conseil aura ainsi réalisé, par la suppression du collège communal, une économie de 2,600 francs seu lement. Était-ce bien la peine de mettre dans l'embarras quan tité de familles et d'exciter un si vif mécontentement parmi toute la population yproise Je ne comprends vraiment pa« que le ministre qui est chargé de défendre en Belgique l'instruction publi que ait osé, sous prétexte d'économie, soumettre la signature du Roi un arrêté supprimant un établisse ment d'instruction qui répondait aux désirs et aux aspirations d'un grand nombre d'Yprois. Vous avez posé là, monsieur le ministre, qu'il me soit permis de vous le dire hautement, un acte malveillant de destruc tion de l'enseignement public, acte qui n'est ni honnête, ni loyal, ni même habile! Vives protestations droite) M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. Je crois avoir entendu dire Cela n'est pas honnête M. de Stuers. Politiquement parlant Je dis que c'est par habileté que vous avez attendu jusqu'au 21 Septembre. M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. Entre l'habileté et la malhonnêteté, il y a de la marge, même politiquement. Si vous main tenez le mot malhonnête, je ne le laisserai pas passer. Je n'admets pas qu'on taxe de malhonnête un acte dont j'ai la responsabilité (Très bien droite.) M. de Stuers. Je dis que vous avez attendu... M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. Maintenez-vous les mots acte mal honnête M. de Stuers. N'ayant pas l'intention de vous offenser personnellement, je dirai acte habile. M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. Cela devient un compliment, je n'ai plus rien dire. M. de Stuers. Où vous avez cru être habile, c'est quand vous avez attendu jusqu'au 21 Septembre pour faire connaître la mesure que le gouvernement allait prendre par rancune politique, lui aussi, et dans un même égoïste intérêt d'opinion. En faisant connaître votre décision huit jours seulement avant l'ouverture des cours, vous avez voulu empêcher nos amis d'Ypres d'organiser un collège libre, avec le programme complet des athénées royaux du pays. Vous y avez réussi en partie, monsieur le ministre en effet, rien n'a pu, grâce votre habileté, être orga nisé pour le 1er Octobre les parents ont été tenus dans une anxieuse incertitude, et ce n'est qu'à la date du 23 Octobre que le collège nouveau a pu, grâce d'énergiques efforts, ouvrir ses portes. Aux professeurs mis en disponibilité avec un traite ment d'attente, vous n'avez pas même daigné répondre, monsieur le ministre, quand ils vous ont demandé la permission de donner provisoirement des cours privés. M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. Je n'ai pas de permission donner des professeurs qui sont des fonctionnaires purement communaux. M. de Stuers. Il y a des professeurs qui vous ont écrit et auxquels vous n'avez pas même répondu M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'ins truction publique. Je n'ai pas juridiction sur ces fonctionnaires communaux. M. de Stuers. Mais vous auriez bien pu leur répondre. M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'ins- struction publique. Je vous montrerai que je l'ai fait. M. de Stuers. Je maintiens qu'un professeur vous a écrit et que, n'ayant point reçu de réponse, il n'a pas osé entrer au collège libre. M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruction publique. Ils sont fort timorés, vos professeurs. (Rires droit e). M Colaert. Un professeur m'a déclaré que M. le ministre lui avait permis d'entrer hardiment dans le col lège libre. M de Stuers. Verbalement, c'est possible, mais pas par écrit. Ce professeur désirait être assuré qu'on ne lui ferait pas ultérieurement un grief d'être entré dans l'en seignement libre. En tous cas, ce ne serait pas un litre faire valoir pour obtenir de l'avancement. M. Bara. Il a été prudent. M. de Stuers. Une école communale ne peut être supprimée quand 20 pères de famille demandent le main tien de cette école. A Ypres, 4o pères n'ont pu obtenir le maintien d'un collège qui n'a été supprimé que par une prétendue mesure d'économie, laquelle ne produira qu'une diminution de dépenses de 2,600 francs pour la caisse communale Les vaillants efforts de l'opposition libérale yproise pour empêcher l'acte odieux de la suppression du collège sont encore présents la mémoire de tous, comme aussi cette généreuse résolution d'une poignée d'hommes déci dés combattre coûte que coûte l'oppression cléricale et doter la ville d'Ypres d'un nouvel établissement d'instruc tion moyenne du degré supérieur, en remplacement de l'institution disparue. Le 23 Octobre, en effet, le nouveau collège de l'Union a été inauguré la grande satisfaction de 32 pères de fa mille qui lui ont confié leurs enfants. Vous allez sans doute essayer, Monsieur le ministre, de démontrer que, en supprimant le collège communal d'Ypres, vous avez simplement participé une mesure d'économie. Moi, au contraire, j'appelle l'attention de la Chambre sur l'importance du vote de la majorité du con seil communal il a une portée plus sérieuse. Le Journal d'Ypres, organe catholique de l'arrondisse ment, a posé clairement la question politique dans un ar ticle du 10 Juin 1893, dont je vais vous donner lecture D'ici peu, nous serons dotés d'une législation scolaire plus équitable et plus rationnelle que celle que nous avons acceptée, titre transactionnel et momentané, en 1884. Nu! doute qu'on n'adopte prochainement la formule de l'Etat hors de l'école. En effet, les principaux organes catholiques du pays réclament également une réforme scolaire, et ils indiquent déjà la question scolaire comme l'article essentiel d'un programme d'union de combat (Bien public, 16 Novem bre). La solution, dit-on, elle est en germe dans la formule de Mgr de Harlez, d'autant plus qu'il s'est trouvé des pé dagogues libres penseurs pour rendre hommage ce pro gramme catholique. En proposant l'arrêté royal portant suppression du col lège communal d'Ypres, vous avez, je n'hésite pas le dire, cédé une pression politique, afin de donner satis faction l'idéal traditionnel de votre parti L'Etat hors de l'école Un écrivain a dit, avec raison, que, ce qu'il y a de plus difficile pour les partis, quand ils sont au pouvoir, c'est de se souvenir du temps où ils n'y étaient pas et de prévoir celui où ils n'y seront plus. Vous avez eu tort, Monsieur le ministre, grand tort de céder l'esprit d'intolérance de vos amis. (Applaudisse ments gauche). <MG#OK»

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 3