Mo 98. Jeudi, 55e ANNÉE. 7 Décembre 1895 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. AVIS IMPORTANT. A la Chambre. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Le PROGRÈS sera en voyé gratuitement jusqu'au premier Janvier prochain, aux personnes qui s'abonne ront, pour a ne année, dater de cette époque. DISCUSSION DE L'INTERPELLATION DE M. DE STUERS. LE PROGRÈS vires 1cqdirit eundo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: (a ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger I'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine, rue de l'Enseignement, Bruxelles. (suite.) M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. Messieurs, je constate que l'interpel lation de M. de Stuers ne passionne pas la Chambre... M. de Stuers. Cela ne prouve pas en faveur de la majorité. M. Woeste. Mais c'est la minorité qui interpelle. M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. L'honorable M. de Stuers confirme, sans le vouloir, ce que je viens de dire. Ce n'est pas de la majorité qu'est partie l'initiative de l'interpella tion elle est sans griefs et se trouve déjà édifiée pro bablement. Mais l'honorable membre est seul son banc et cette indifférence de ses amis justifie mon observation. Je ne puis que regretter que cette interpellation un peu tapageuse n'intéresse pas davantage la minorité, qui, hier, semblait attentive aux griefs exposés par l'honorable membre, mais qui se soucie peu, paraît-il, d'entendre la réponse du ministre. L'honorable M. de Stuers a témoigné hier un très vif mécontentement de ce que je ne me lève pas immé diatement après son discours, comme si son réquisi toire était ce point accablant qu'il ne fût pas possible au ministre de rester un instant sous le coup des repro ches articulés L'honorable président a bien voulu faire remarquer l'honorable M. de Stuers que le gou vernement choisit son heure et, pour moi, Messieurs, l'heure immédiate est certes la meilleure. Mais il ne nous restait que quinze minutes avant la fin de la séance et je remercie l'honorable M. Struye d'avoir bien voulu mettre ce temps profit. Cela nous a procuré l'occasion d'entendre, après l'organe yprois de gauche, les rectifications autorisées de l'organe yprois de droite, et ce dernier était d'autant mieux même de donner des explications Ja Chambre que l'honora ble M. Struye fait partie du conseil communal et qu'il a voté la mesure, objet de l'interpellation. Je ne puis dissimuler l'étonnement que m'a causé la vivacité apportée par M. de Stuers dans son exposé. Lh suppression du collège communal d'Ypres ne sem blait pas pouvoir être pour lui une source d'amertume. Sur le terrain de la lutte électorale communale, l'ho norable membre y trouve heureuse matière récrimi nations et griefs locaux, et, attachant un très grand prix la possession du pouvoir communal dans la ville qui l'a vu naître et dont il se réclame, il a trouvé pour ses amis une magnifique plateforme électorale, desti née, croit-il, balayer sûrement la majorité qui s'est emparée de l'hôtel de ville d'Ypres, dans des conditions peu enviables, c'est l'honorable M. de Stuers qui l'af firme. Nous connaissons ces reproches des vaincus aux vainqueurs. J'ai administré pendant près de vingt années sans interruption la ville de Nivelles et les journaux hosti les répètent encore aujourd'hui que nous avons escaladé par surprise l'hôtel de ville. L'escalade suffit. On veut bien nous faire grâce de l'effraction... A Y'pres, dit-on, la majorité s'est emparée du pou voir la suite d'une élection qui a donné lieu, de la part du gouvernement, des remaniements suspects. Comment se fait-il alors que pas une voix ne s'est élevee dans cette enceinte pour interpeller et protester contre la décision prise in illo tempore par ie ministre Mais ce n'est pas la perspective d'une solide plate forme électorale qui doit être l'unique cause de satis faction de l'honorable M. de Stuers. La décision du conseil communal d Y'pres a dû être pour l'honorable membre une source de fierté légitime et de glorieuses félicitations. 1J a été véritablement mis l'ordre du jour de l'armée libérale pour avoir donné ses amis politiques un grand exemple de générosité et de dévou ement la cause de l'enseignement libéral libre. Si le collège supprimé a pu être transféré dans un autre local pius spacieux, peut-être, et plus conforta ble que le local officiel, c'est l'honorable M. de Stuers qu'on le Ooit. C'est chez lui qu'il est installé. La presse ue lui a pas ménage ses louanges. Je me joins elle de tout cœur. On ne dira pas de l'honorable membre qu'il a la foi sans les œuvres sa résolution généreuse est un hommage rendu au principe de la liberté. J'espère que 1 honorable M. de Sluers trouvera, gauche, de nombreux imitateurs. (Très bien droite). Comment donc, après cela, concevoir que l'honora ble membre se soit laissé aller aux violences de lan gage que nous avons entendues Qu'il ne laisse pas supposer ses collègues de la Chambre qu'il regrette déjà l'acte de munificence qu'il a posé. (Rires), Tu te fâches, donc tu as tort dit le proverbe. L'ho norable M. de Stuers s'est fâché hier. (Oh oh M. de Stuers. Je vous demande pardon, Mon sieur le ministre, je ne me suis pas fâché je ne me fâche pas même quand on ine traite de voleur dans la presse catholique (Rires). M. de Burlet, ministre de l'intérienr et de l'instruc tion publique. Cela n'est pas possible Rires droite). Au surplus, était-ce là un motif pour incrimi ner mes intentions jusqu'à dire que l'acte qui a été posé par le gouvernement et dont j'ai la responsabilité n'est ni loyal, ni honnête M. de Stuers. Je me suis expliqué immédiate ment et bien loyalement cet égard. Ne revenez pas là-dessus éternellement M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'in struction publique. C'est exact et j'allais remercier l'honorable membre d'être revenu une plus saine ap préciation des choses, d'avoir enlevé ses paroles le caractère blessant que j'avais bien dû y trouver. M. De Mot. Alors, de quoi vous plaignez-vous M. de Stuers. On a vingt-quatre heures pour maudire ses j uges. M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. Je remercie l'honorable M. de Stuers, qui répond ma place et explique l'honorable M. De Mot le droit que j'avais de me plaindre. Messieurs, il n'était pas besoin de chercher beaucoup l'explication de l'arrêté royal ratifiant le vote du con seil communal d'Ypres. L'honorable M. de Stuers m'a paru hier, dans l'en semble de son interpellation, ne pas se rendre bien compte des principes auxquels il faut recourir en pa reille matière. De quoi s'agit-il S'agit-il d'une institution de l'Etat pour laquelle le ministre de l'instruction publi que, toujours en quête des mesures qui peuvent dé truire l'enseignement public, a pris une initiative qui lui appartenait directement Nullement Le collège d'Ypres était une institution purement communale, placée, raison de cette circonstance, sous la direc tion du conseil communal. Il était soumis au contrôle et l'inspection de l'Etat, c'est vrai, et je vais dire pourquoi, mais le caractère essentiel de l'institution n'en était point atteint ni modifié On sait que, lorsqu'un collège communal est subsi- dié par l'Etat, et il en était ainsi Ypres, il est tenu de se conformer certaines conditions qui sont le corollaire du subside qu'on lui accorde. Il est soumis l'inspection de l'Etat il est astreint suivre les programmes des athénées de l'Etat. Mais le caractère de l'institution subsiste elle reste essentiellement communale. Je n'ai pas m'occuper ici de questions locales, ni des engagements électoraux qui ont pu être pris l'occasion des luttes communales dans la ville d'Ypres, et, quels que soient les développements qu'il a plu l'honorable M. de Stuers de donner son inter pellation, la Chambre n'a pas mission de juger ni de contrôler les actes individuels d'un caractère purement politique et local. C'est ce que semble vouloir cependant l'honorable M. de Stuers. Il a insinué que l'honorable bourgmestre d'Ypres, M. le baron Surmont de Vclsberghe, membre du Sénat, aurait méconnu ses engagements électoraux, et il a même commencé son discours en citant, d'après un journal de la'localité, certaine partie d'un discours prononcé dans une réunion électorale par l'honorable baron Surmont. M. Struye. En 1884 mais alors la situation n'était pas la même. De plus, ce que nous connaissons en 1893, nous ne le connaissions que très incomplète ment en 1884. M. Le Poutre. En 1884, on voulait obtenir un mandat électoral, tandis que, depuis, on est en posses sion de ce mandat. Voilà la différence. M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. L'honorable M. Le Poutre, qui ne connaît guère les affaires de la commune d'Ypres... M. Le Poutre. Vous êtes dans l'erreur. Mon sieur le ministre. InterruptionEn 1884, lors des élections, les catholiques ont, pour obtenir la confiance des électeurs, promis de ne pas toucher l'enseigne ment, et lorsque, grâce ce moyen, ils eurent conquis l'hôtel de ville, ils ont manqué leurs promesses. Voilà un fait connu et incontestable. M. Van Wam=eke. C'est vous qui dites cela Rires droite). M. Struye. Vous parlez de choses que vous ne connaissez pas (Nouveaux rires droite). M. le bourgmeste a déclaré, en 1884, il y a de cela neuf ans, et il n'a rien déclaré depuis ce sujet, qu'il n'entrait dans l'intention d'aucun des candidats de priver un grand nombre de nos concitoyens des moyens de don ner leurs enfants une instruction et une éducation leur convenance Or, au collège communal, nos con citoyens n'avaient plus, depuis nombre d'années, que dix-huit de leurs enfants, et ces dix-huit élèves, pen dant six des dernières années, ont donné lieu, en moyenne, une dépense de 16.000 francs par an pour la caisse communale. (Interruption). M. le président. Pas d'interruptions, Mes sieurs Continuez, Monsieur le ministre. M. de Burlet, ministre de l'intérieur et de l'instruc tion publique. C'est précisément ce grief que je rencontrais. J'ai écouté très attentivement le passage cité par l'honorable M. de Stuers.

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 1