Association libérale
99. Dimanche,
53e ANNÉE
10 Décembre 1895
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
AVIS IMPORTANT.
de la ville d'Ypres
et de l'arrondissement.
Notre collège.
A la Chambre.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Le PROGRÈS sera en
voyé gratuitement jusqu'au
premier Janvier prochain,
aux personnes qui s'abonne
ront, pour nne année, dater
de cette époque.
Assemblée générale du I >i-
manche £24 Décembre, 3
heures de relevée, au local
du î^aurriori
LE PROGRÈS
VIRES ICQUIRIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce oui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
le restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
t rue de l'Enseignement, Bruxelles.
Les membres du Comité engagent vivement
leurs amis politiques assister nombreux
cette reunion.
L'Association libérale d'Ypres, suivant en
cela l'exemple des autres associations libérales
du pays, doit se reconstituer sur une base large
et démocratique, il faut que toutes les nuances
du parti libéral se groupent et s'entendent.
Le Progrès fait donc un chaleureux appel
tous les libéraux pour la réunion du 24 Décem
bre prochain.
Nous lisons dans le Courrier de Nivelles
Dans la discussion parlementaire laquelle a
donné lieu la suppression du collège d'Ypres, M.
de Stuers a fait un parallèle entre la situation
de ce collège et de celui de notre ville établis
sement auquel nos édiles ont porté, depuis qu'ils
Bont au pouvoir, tant de rudes coups.
Nous croyons devoir signaler le passage sui
vant du discours de l'honorable député d'Os-
tende.
En parcourant le tableau des établissements commu
naux du premier degré pour les garçons, subventionnés
sur le trésor public (année 1890), j'ai constaté avec
étonnement parmi les allocations accordées par les
communes, que la ville de Bouillon accorde 14,800
francs de subside pour 45 élèves ou 328 francs par
élève Nivelles, où la population s'élève seulement
10,642 habitants, la ville vote 25,000 francs de subside
pour 100 élèves ou 250 francs par élève, et Ypres,
où la population est de 16,505 habitants, le subside de
la ville s'est seulement élevé 8,150 francs pour 45
élèves ou 181 francs par élève.
M. Struye. Ce chiffre n'est pas exact
M. de Stuers. Ce chiffre est tout ce qu'il y a de
plus exact, voyez les documents officiels.
Demandez qu'on supprime le collège épiscopal et il y
aura des élèves.
J'ai le droit de dire que, si le ministre de l'instruction
publique approuve le bourgmestre d'Ypres d'avoir sup
primé le collège communal parce que chaque élève
coûte la commune 181 francs, il devrait, pour rester
logique, blâmer M. De Burlet, bourgmestre de Nivel
les en 1890, de n'avoir point supprimé le collège com
munal où chaque élève coûte la caisse communale 250
francs, ou 69 francs de plus par élève qu'à Ypres.
M. Woeste. N'y comptez pas davantage
(Rires).
M. Struye. Vos chiffres sont absolument in
exacts
M. de Stuers. A Nivelles, chaque habitant est
soumis un impôt de 2 fr. 34 c. pour chaque élève
fréquentant le collège communal, tandis qu'à Ypres
chaque habitant n'était imposé que pour 49 centimes
M. Struye ne savait certes pas que si M. De
Burlet n'a pas supprimé notre collège parce
qu'il n'a pas osé aller jusque là il en a du
moins considérablement diminué l'importance
Grâce aux mesures malheureuses prises par
son administration, la population de l'internat a
diminué au point de provoquer la suppression
de cet établissement autrefois si prospère.
Nos commerçants se souviennent encore de
cette vogue sans cesse croissante ils se rappel
lent qu'à cette époque les jours de sortie étaient
pour eux des jours de grosse recette, tant étaient
nombreux les parents qui, de tous les coins du
pays, venaient Nivelles pour voir leur fils et
qui profitaient de leur passage pour faire dans
les magasins des acquisitions de toutes sortes.
Ce beau temps est passé, hélas et M. De
Burlet et ses amis de l'administration peuvent
en taire leur mea culpa
Mais ce n'est pas tout M. de Stuers dans son
parallèle n'a pas tout dit, sinon il aurait ajouté
que comme Ypres Nivelles ne payait autrefois
au temps de la plus grande splendeur du
collège qu'une subvention de 9,000 fr. annuel
lement pour sa part d'intervention dans les frais
du collège.
Depuis 1875 cette part d'intervention n'a cessé
de croître pour atteindre bientôt environ 25,000
fr. par an.
Et cet accroissement énorme n'a eu d'autre
cause que le refus systématique opposé par nos
édiles aux offres du gouvernement libéral de
1878, qui avait offert de transformer notre col
lège en athénée et de prendre sa charge tous
les frais nouveaux qui résulteraient de cette
transformation.
Nos édiles n'ont agi ainsi que par esprit de
parti, parce qu'ils craignaient de perdre l'in
fluence qu'ils voulaient exercer sur tous ceux
qui vivent du collège.
Nous avons cette époque démontré le tort
immense que cette attitude regrettable occasion
nait pour nos finances.
On peut aujourd'hui calculer ce que cette
obstruction a coûté la ville, rien qu'en subsi
des supplémentaires, et sans tenir compte des
pertes indirectes occasionnées par le dépeuple
ment de l'établissement et la suppression de
l'internat, sans tenir compte non plus de la fa
meuse régie dont nous avons fait naguère le
bilan
Depuis 15 ans la ville paie environ 9,000 fr. de
subsides de plus qu'elle n'aurait dû faire si elle
avait accepté les offres du gouvernement cela
fait donc une perte sèche de 135,000 tr. qui sont
sortis de la caisse communale sans profit pour
personne, au contraire
Ajoutez cela aux 100,000 fr. qu'a coûté la
fameuse régie de la direction cléricale et
jugez, contribuables Nivellois, de l'emploi judi
cieux et sage que l'on fait de vos deniers
C'est vraiment dommage que M. de Stuers
n'ait pu raconter cela la Chambre
M. Pantalon aurait ri plus jaune encore que
d'habitude
Partout les mêmes, ces administrateurs cléri
caux M. Surmont, Ypres, n'est qu'un second
Deburlet affublé d'un même haut-de-chausse.
a nlgr.i».
DISCUSSION DE L'INTERPELLATION
DE M. DE STUERS.
(suite.)
M. de Blrlet, ministre de l'intérieur et de l'instruction
publique. Messieurs, je viens d'avoir l'honneur de vous
dire que le Collège d'Ypres est un établissement purement
communal, et ceux d'entre vous qui ne se sont pas occu
pés particulièrement d'administration, ont dû se poser la
question de savoir comment il se fait, dans notre pays de
liberté communale, que l'intervention du gouvernement
soit nécessaire la suite d'un vote librement émis, au su
jet de cet établissement, par le conseil communal compé
tent.
Je vais vous en donner l'explication. Vous savez, Mes
sieurs, le régime auquel nous ont soumis les élections de
1878 la guerre scolaire fut déclarée et se poursuivit sans
trêve ni merci, préparant sûrement la chute du gouver
nement libéral. En 1881, fut proposée et votée une loi qui
avait pour but de développer encore et de compléter le
système de centralisation que rêvait le parti au pouvoir.
Jusque-là les établissements d'instruction moyenne pure
ment communaux étaient créés ou supprimés librement
par les conseils communaux intéressés, selon les besoins
constatés, suivant les intérêts dont l'administration com
munale a la charge. Celle-ci, raison de son autonomie,
pouvait supprimer un collège communal, sans interven
tion du gouvernement, par un vote du conseil. Cela ne
faisait pas l'affaire du parti libéral.
En proposant la Chambre une loi qui avait pour but
de multiplier, dans des proportions presque ridicules, les
écoles moyennes, les imposant, avec les charges que leur
création entraîne pour les administrations communales,
contraignant ces administrations les maintenir et en
payer les frais alors même que ces établissements n'a
vaient pas d'élèves et, par conséquent, pas de raison d'être,
le gouvernement d'alors ajouta une disposition visant les
établissements communaux subsidiés par l'Etat et subor
donnant leur suppression l'autorisation du gouverne
ment.
J'ai revu les discussions auxquelles ce projet a donné
lieu, je les ai relues avec le plus vif intérêt les déclara
tions qui ont été faites alors par nos amis sont véritable
ment prophétiques elles prédisaient le soulèvement du
pays contre ces excès, ces gaspillages et cette centralisa
tion contraire aux tradilions et aux libertés communales.
J'ai trouvé, dans le rapport de la section centrale, une
note de la minorité. Celte note est de l'honorable M. No-
thorab c'est un véritable chef-d'œuvre de précision, de
sagesse et d'éloquente protestation contre les projets li-
berticides du gouvernement. Voici uo passage de cette
note, qui mériterait d'être citée tout entière, mais dont
j'extrais les lignes visant directement la question soulevée
par l'interpellation de l'honorable M. de Stuers
Le projet est une manifestation nouvelle, accentuée
jusqu'à l'exagération la plus abusive, de l'esprit et des ten
dances dont la loi du lr Juin 1850 portail déjà l'emprein
te, que la loi du lr Juillet 1879 renforce et dont les dispo
sitions qui nous sont actuellement soumises apparaissent
comme le couronnement... momentané, eu attendant un
complément dont il est aisé de prévoir le caractère et la
portée: c'est l'esprit d'hostilité contre la liberté la plus
importante peut-être de toutes celles qui, de notre temps,
ont été justement appelées nécessaires et dont la mé
connaissance par un gouvernement vues étroites, qui
s'imaginait rester libéral en se faisant oppresseur, a été