AVIS.
Chronique locale.
A nos lecteurs.
Les savants de Louvain.
Y0 46. Dimanche,
54e ANNÉE
10 Juin 1894
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Nous prions instamment nos lecteurs de bien
vouloir remettre au bureau du Progrèstous les
timbres oblitérés et toutes les feuilles et mor
ceaux d'étain qu'ils pourraient recueillir.
Ces objets sont destinés une œuvre philan
thropique.
Le Comité de l'Association
libérale prévient tous les libé
raux que les listes électorales
sont affichées dans la grande
salle des Anciens Pompiers. Le
Comité prie les intéressés d'aller
les consulter pour voir d'abord
s'ils sont inscrits, pour s'assurer
ensuite s'ils ont le nombre de
votes auquel ils pensent avoir
droit.
Une boîte réclamations sera
déposée dans la salle.
Les personnes qui désirent
des renseignements peuvent s'a
dresser au Secrétariat de l'Asso
ciation, Café du Saumonde 9
heures midi et de 2 heures 5
heures.
Les ouvriers peuvent se pré
senter tous les Dimanches de 8
10 heures du matin.
-)X(«)X<-
Le Journal d'Ypres n'est pas content de notre
appréciation de la prodigieuse lettre de son
phénoménal Monseigneur Mercier. Il s'étonne
que nous n'ayons pas la même haine, la même
défiance et le même mépris de la classe ouvrière.
Il nous est avis que les ouvriers quelque peu
éduqués, quelque peu instruits qu'ils soient,
sont plus dignes d'intérêt que nos riches cheva
liers de la nuit du lr Février. Dans aucun
pays, dans aucun temps, le parti ouvrier n'a
commis les turpitudes de ces soi-disant conser
vateurs. C'est notre avis, c'est celui de la géné
ralité des Yprois et du public dans le pays
entier.
A bout de raisons, le Journal nous traite de
socialiste.
Il sait cependant que nous nous intitulons
libéraux que nous avons un programme simple
et précis, auquel nous tenons. Il le connaît, nous
l'avons publié. Il se garde bien de le discuter,
parce qu'il s'est aperçu que. comme la lime de
la fable, il y ébrècherait ses dents de serpent.
Qu'il veuille donc s'occuper un peu des socia
listes du parti catholique. Des Arthur Verhae-
ghe, des Valère Mabile, des abbés Pottier, de
ceux de l'avenir social et du pays wallondes so
cialistes chrétiens, du socialisme de l'encycli
que Rerum novarum. 11 y a là des hommes et des
choses qui seraient de nature intéresser ses
lecteurs et le public en général.
Par exemple, s'il signalait ce que vient de pu
blier un étranger, propos du Congrès catholi
que des œuvres sociales de Malines, auquel il a
assisté et qui est conçu comme suit
Au dernier Congrès catholique de Malines,
les catholiques belges ont montré qu'ils sont
trè3 adroits pour circonvenir les électeurs,
mais qu'ils sont totalement ignorants en ma-
tière d'économie politique.
ji Les orateurs avaient tour de rôle présenté
n le socialisme, tantôt comme la négation de la
Divinité, puis comme un ennemi de la foi chré-
tienne ou comme le tléau de la société, quand
M. Dumonceau, de VAvenir social, se leva pour
n protester contre ces faiseurs de phrases creu-
ses, par les paroles suivantes
Et quand de toutes parts s'élevèrent des
protestations, l'orateur répondit Vous avez
peur de la parole
M. Helleputte ayant été blâmé par les évê-
ques en même temps que désavoué par ses ligues
démocratiques, ses organes habituels n'osent
s'en prendre aux évêques. Mais VEscaut, le jour
nal de MCoremans, n'a pas de ces scrupules
catholiques il répond carrément aux évêques
qu'ils se mêlent là de ce qui ne les regarde pas
et qu'ils se sont arrogé un droit que la Con
stitution prohibe toute autorité quelle qu'elle
soit celui de rechercher un député raison
de l'accomplissement de son mandat.
Si les journaux cléricaux se mettent mainte
nant renvoyer les évêques leurs affaires
d'église et leur interdisent de dicter leurs votes
aux députés, qu'adviendra-t-il de ce «grand
parti catholique qui devait sa discipline et son
unité ce qu'il marchait constamment courbé
sous la crosse de Nos Seigneurs les évêques
11 est vrai que s'ils ne marchent pas d'accord
avec M. Woeste, le pape laïc n'hésitera pas
crosser même les évêques. Il n'y a que lui, cha
cun sait ça. Et si les évêques s'avisaient de ne
plus être de son avis, qui sait s'il ne retourne
rait pas la religion de ses pères, et n'abandon
nerait pas l'église pour le temple d'abord, la
synagogue ensuite
M. Helleputte, professeur l'Université de
Louvain, comme Monseigneur Mercier est aussi
un érudit, sans doute, mais aussi coup sûr un
érudit bien drôle. M. Helleputte est de plus pré
sident de la fédération des Boerebonden et des
Katholieke Volksbonden de Belgique, qui comptent,
dit-il, cent mille adhérents et dont le programme
contient la représentation proportionnelle.
Comme pour les érudits de Louvain il y a la
justice qui conseille et Injustice qui permet. M. Hel
leputte est antiproportionnaliste. Vous voyez
que c'est d'une limpidité, d'une logique, d'une
érudition supérieure, vertigineuse.
En vertu du principe de la justice quipermet, M.
Helleputte a voulu frapper un grand coup, con
vaincre les cent mille membres qu'il représente
et qui pensent tout autrement que lui 11 a
décidé de donner une conférence contre la repré
sentation proportionnelle dans un cercle ouvrier
de la capitale et où les ouvriers membres du cercle
seuls ne seraient pas invités.
Voici comment le Patriote rend compte de
cette savante réunion
M. Woeste père. Continuez. Vous êtes libre de
vous exprimer comme vous l'entendez.
PROG
vires acquirit eundo.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrés Pour
le restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
et 2 rue de l'Enseignement, Bruxelles.
n Je n'ai pas vous dire si je suis socialiste ou non.
n Seulement je vous déclare qu'avant de condamner le
n socialismevous feriez mieux de l'étudier. Votre
a montre retarde. Il n'y a encore qu'un jour et quel-
n ques heures que vous vous occupés de problèmes que
n le socialisme a eu le mérite d'éclairer le premier,
n C'est parce que vous avez méconnu cette mission que
Dieu l'a confié d'autres mains.
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Hier, dans une des chambres du local occupé par
le cercle ouvrier La Paix, devant une trentaine de
personnes, parmi lesquelles quelques ouvriers, plusieurs
avocats, MM. Woeste père et fils, M. Helleputte a
fait une conférence contre la R. P. Il a parlé deux heu
res, après quoi, MM. Reysman, ouvrier tailleur, Car
ton et Renkin, avocat», ont succinctement soutenu la
R. P.
Deux incidents noter
M. Reysman, ouvrier tailleur, trouve que la R. P.
est une très bonne chose. A Bruxelles il n'y a pas un
seul catholique la Chambre. Il en sera peut-être de
même aux prochaines élections. Cette situation se pré
sente pour Mons, Liège, Charleroi, etc.
On dit Nous avons les petits arrondissements.
Cela n'est pas une raison pour sacrifier les gros.
(Hilarité).
Les antiproportionnalistes parlent du parti catholi
que dans les Flandres, que la R. P., prétendent-ils,
amoindrira. Le3 Flandres Mais un délégué de Cour-
trai a déclaré au meeting de la Cour d'Angleterre que
les paysans des Flandres réclament la R. P.
M. Woeste fils. Ce n'est pas le fond de la discus
sion, cela.
M. Reysman. C'est la R. P., me semble-t-il. Je
la discute comme je peux. Je suis un ouvrier et je n'ai
pas le talent de M. Helleputte.
M. Reysman. M. Helleputte a déclaré qu'avec le
R. P. les anarchistes entreront la Chambre. (Hila
rité).
M. Helleputte. Je n'ai pas dit cela. J'ai affirmé
qu'avec la R. P. les anarchistes arriveront la Cham
bre plus facilement que sous le régime majoritaire.
M. Carton de Wiart. S'ils ne vont pas la
Chambre, ils monteront aux tribunes. (Rires).
M. Reysman. Avec le système actuel vous ne les
empêcherez pas d'élire des députés s'ils obtiennent la
majorité.
M. Helleputte repousse la R. P. comme défavorable
au parti catholique. L'orateur a parlé comme si nous
devions toujours l'emporter. Ne sait-il pas que les élec
tions sont des boîtes surprises. (On rit).