Chronique locale. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. A nos lecteurs. France républicaine et Italie unifiée. 58. Dimanche, 54e ANNÉE. 22 Juillet 1894. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Nous prions instamment nos lecteurs de bien vouloir remettre au bureau du Progrès, tous les timbres oblitérés et toutes les feuilles et mor ceaux d'étain qu'ils pourraient recueillir. Ces objets sont destinés une œuvre philan thropique. Ypres, le 21 Juillet 1894. Protection et Libre-Échange. Il se tient en ce moment Anvers un Con gres économique international auquel assistent en qualité de délégués des gouvernements étrangers, la plupart des hommes ayant acquis une autorité dans le domaine de l'économie politique. A la séance d'ouverture, M. Strauss, le savant dont nous avons déjà différentes reprises invoqué les travaux, a prononcé un grand dis cours qui est un clair exposé de la situation. Nous en extrayons les passages suivants, dignes en ce moment d'attirer l'attention de tous Nous pouvons constater que les nouveaux droits établis en France n ont nullement réduit notre exportation vers la France; elle augmente même, tandis que le commerce français dimi nue de 8,337 millions il est tombe 7,649 en 1892, 7,146 en 1893. En 1880, le commerce français avait atteint huit milliards et demi. Depuis celle époque, grâce au protectionnisme, il n'a cessé de tomber. Les industries des rubans, des soies, des laines, sont atteintes les agrariens se lamentent aussi et demandent sans cesse de nouveaux droits. Tout le monde est mécontent en France. En 1885, on avait voté un droit de 3 francs sur le blé, mais on n'avait osé frapper le pain. On disait d'ailleurs que le droit sur le grain n'augmenterait pas le prix du >ain. L'expérience a démontré le contraire, -.'augmentation dépasse la quotité du droit. Nous avons importé jusqu'à trois millions de cilos de pain par an en Francé. On a dû porter e droit 5 et 7 francs et frapper le pain comme e grain. n L'exportation des vins de Champagne est tombée de 21 millions de bouteilles 16. Le libre-échange, en consolidant les inté rêts internationaux, assure la paix le protec tionnisme déchaîne les haines. En Italie, la guerre commerciale avec la France a diminué en un an le commerce italien de 30 p. c. la rente est tombée d'un quart le budget est en déficit de 170 millions. L'Espagne a vu tomber de près d'un quart, depuis qu'elle a augmenté les droits, ses importations comme ses exporta tions. L'agriculture est atteinte, la valeur des terres diminue et le change devient défavora ble. Le papier-monnaie déprécié remplace les espèces. La Suisse, qui devait sa prospérité uni quement au libre-échange, qui avait su créer une industrie florissante sans fer ni charbon, voit reculer son commerce de 1760 millions 1430, grâce ses représailles contre la France. La preuve est donc faite, partout, par les faits. Et l'on veut aggraver le protectionnisme Ce dont l'industrie a besoin, c'est de débouchés, et pour en avoir elle doit avoir ses matières premières bon marché c'est ce système que l'Angleterre a dû ses richesses. C'est, dit- on, une grande puissance industrielle tous les pays de haute civilisation doivent exporter des produits manufacturés et pour cela doivent pouvoir produire au meilleur marché possible. On dit que le pain cher importe peu l'ouvrier si son salaire s'élève. En effet, et peu importe que le salaire s'elève si le pain est plus cher, mais l'industriel ne pourra plus lutter au dehors, ne pourra plus exporter il sera ruiné, ou devra réduire les salaires et augmenter les heures de travail. C'est ce que nous voyons se produire partout où l'on a imposé des droits protecteurs. Les salaires en Amérique sont plus instables, les chômages plus fréquents, depuis les droits. L'Angleterre était protectionniste jusqu'en 1844 c'est alors que les ouvriers saccageaient, assassinaient, brisaient les machines, c'est l'époque de la misère noire et des émeutes ou vrières. 11 y avait 1,200,000 indigents il n'y en a plus que 700,000 pour une population double 1,800,000 personnes seulement payaient l income tax, c'est-à-dire avaient un revenu de 150 livres, il y en 5 millions. C'est toujours le consommateur indigène qui paye les droits d'entree, qui sont un impôt sur les ouvriers au profit des grands industriels et des grands propriétaires. Mais, disent agra riens, il faut maintenir la valeur des terres, qui garantit la dette nationale. Chez nous elle est garantie par les chemins do fer. En évitant la rente on ne fait que déplacer la richesse on ne la crée pas, et au lieu d'enrichir le pays on l'appauvrit. On enrichildes individus, mais aux dépens de la masse. Quand les rois de France altéraient la monnaie, ils élevaient le prix des marchandises, enrichissaient-ils la France Le travail seul crée la richesse. L'abaissement des prix, c'est l'abondance, qui est la richesse des nations comme celle des hommes. La cherté n'est utile que si elle est le produit de la pros périté, la consommation venant dépasser l'of fre. La cherté artificielle n est que de l'appau vrissement. Se condamner payer plus cher ce qu'on peut avoir meilleur marché, c'est de la folie fin de siècle. Nous devrions au contraire, en Belgique surtout, adopter la liberté com merciale absolue. C'est lé seul moyen d'enrayer la dépression des affaires. La démarche faite par la Ligue libérale afin d'arriver l'entente entre libéraux, l'honore évidemment. Si l'association repousse la main qui lui est tendue, ce qui ne parait pas être dans le désir de M. Janson, il ne restera plus, pour éviter la défaite, que la présentation des listes incom plètes, avec ralliement de tous les libéraux au ballottage. Mais ne voudrait-il pas mieux procéder l'accord dès le premier tour et marcher tout de suite en masse compacte contre l'ennemi com mun C'est l'avis de beaucoup de libéraux, et s'il l'emporte, les partisans de M. Beernaert regret teront leurs présentes vantardises. Il n'y aurait plus alors que trois listes en pré sence, libérale, cléricale, socialistes, et tout porte croire que dès le premier tour, les libé raux qui ont dans les faubourgs et la cité, des milliers et des milliers d'amis, passeraient les cléricaux, s'ils ont eux les campagnes, se raient écrasés dans lagglomération. Quant aux socialistes, je ne saurais trop le répéter, ils se font illusion sur leur nombre, et l'intransigeance qu'ils affichent montrera leur faiblesse relative en dépit de la propagande bicyclette travers les campagnes, propagande que les libéraux feraient bien d'imiter, là en tre nous. -)X(»)X(- Examens. Nous apprenons avec plaisir que M. ÏPieirre Nolf, ancien élève du Collège communal supprimé, vient de subir avec grande distinction, devant la Fa culté de l'Université de Liège, le lr examen du doctorat en médecine, chirurgie et accouche ments. M. Charles Justice, ancien élève du Collège communal supprimé, vient de passer, avec distinction, devant le jury de Gand, sa lre épreuve de docteur en philosophie et lettres. M. Joseph Justice, ancien élève du Collège communal d'Ypres supprimé, vient de passer, avec la pins grande dis tinction, devant le Jury de Gandson troisième doctorat en médecine, chirurgie et accouchements. Nous adressons ces trois jeunes gens nos plus chaleureuses félicitations. Ou lit dans la lté forme, sous le titre Les lois de la réaction et la signature de M. Georges Lorand La loi d'exception contre la presse a passé la Chambre italienne et celle qui est proposée la Chambre française passera haut la main. Deux des plus précieuses garanties de la liberté de la presse, le jugement par le jury et la publicité des débats, disparaissent ainsi dans ces deux pays. Et les dispositions sur la relégation les ra mènent aux plus mauvais jours de l'Empire en le prog: vires acqcirit eondo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine, et 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles.

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Le Progrès (1841-1914) | 1894 | | pagina 1