Chronique locale.
59. Jeudi,
54e ANNÉE.
26 Juillet 1894
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
A nos lecteurs.
La concentration libérale.
Le carnage
des Éperons d'Or.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
Nous prions instamment nos lecteurs de bien
vouloir remettre au bureau du Progrès, tous les
timbres oblitérés et toutes les feuilles et mor
ceaux d'étain qu'ils pourraient recueillir.
Ces objets sont destinés une œuvre philan
thropique.
-)~(o)X(-
Démolisseurs
de la Religion.
Le Journal d'Ypresrédigé par des avocats, des
jurisconsultes, des législateurs, des administra
teurs de la ville d'Ypres, des prêtres, tous gens
ayant fait des études supérieures et supérieure
ment éduqués, pour affirmer sans doute son res
pect pour la religion, qui le défend calom
nie, diffame régulièrement deux fois par se
maine.
C'est une étrange façon de servir une cause
que de la perdre dans l'estime des honnêtes gens.
La calomnie de Samedi dernier était celle-ci
Le Vrijzinnige Volksbonddont M. Vermeulen,
Conseiller communal, est le Président, patronne
le Volksrecht et l'apologie de l'assassinat et des
crimes anarchistes.
Le Vrijzinnige Volksbond, composé d'ouvriers
honnêtes, libres et indépendants, ne patronne
en aucune façon le Volksrecht, pas plus que tout
autre journal.
M. Vermeulen n'est pas président du Vrijzin
nige Volksbond.
Mais le véritable crime du Vrijzinnige Volks
bond est d'être composé d'ouvriers qui n'ont pas
envie de faire partie du Patronage ou de la
Garde catholique et de vendre ainsi leur droit
d'aînesse pour un plat de lentilles, leur indépen
dance de citoyen pour des tombolas et des ver
res de genièvre moitié prix. C'est pourquoi il
faut suspecter, dénigrer leurs intentions, les dif
famer et les signaler au mépris, la haine, la
persécution des lecteurs crédules du Journal
d'Ypres.
Cela se fait au nom de la religion du Christ
qui disait Tous les hommes sont frères aimez
la vérité
Une autre calomnie relever, c'est celle où le
Journal d'Ypres fait passer G. Lorand, le rédac-
teur.en chef de la Réforme, comme apologiste de
l'assassinat.
Pour arriver cela, il isole une phrase des
arguments qui l'accompagnent et s'en sert pour
lui donner une signification fausse.
Lors de l'attentat de Lyon, Lorand, dans la
Réformefit ressortir combien il était désolant
et extraordinaire de voir qu'une figure si popu
laire, si aimée, comme le Président Carnot, ne
fut point épargnée par les criminels. Dans le cou
rant de l'article,il se trouve que sous une monarchie
ces attentats étaient du pain béni, de la monnaie cou
rante, ce qui signifiait que, sous les monarchies
autoritaires, ces crimes étaient fréquents et
moins déconcertants que l'assassinat du Prési
dent d'une République basée sur le suffrage uni
versel. Qu'il y avait là évidemment un phéno
mène nouveau, digne de l'attention des savants,
des spécialistes qu'on avait affaire une épidé
mie criminelle nouvelle.
Nulle part, dans l'article, on ne décèle la moin
dre intention de justifier ou de faire l'apologie
du crime. Le Journal d'Ypres rectifiera-t-il au
près de ses lecteurs
Espérons-le pour lui.
Voici la manière de voir de M. Lorand, au
sujet de ce qu'il considère, avec beaucoup de
savants éminents d'ailleurs, comme la question
de l'épidémie criminelle nouvelle
La société a affaire des demi-fous, des ali
énés cçjjninels dont la pathologie mentale est
bien connue. Et elle anoblirait leur cause en en
faisant des martyrs de l'idée, alors qu'ils ne sont
que des victimes de l'héridité et des influences
morbides Ce n'est pas une opinion qu'il faut
punir, mais un danger de contagion criminelle
dont il faut nous préserver. Et pour cela, il faut
garder le calme qui convient la force, la séré
nité que donne la science, le discernement que
donne la conscience du droit.
C'est la manière de voir discutable, soit, de la
nouvelle école d'anthropologie criminelle qui a
fait de la criminologie une science, et nous offre
les moyens de tarir le crime dans sa source mor
bide.
Sont-ce là des idées qu'il sied aux savants du
Journal d'Ypres de suspecter et de calomnier
Dans un article publié par le Journal d'Ypres,
et où l'odieux le dispute au ridicule, Jean Huss
nous démontre une lois de plus ce dont sont ca
pables certains scribes cléricaux.
Là-dessus, Jean Huss brode toute une série
d'injures et de méchancetés l'adresse des libé
raux et raconte se3 lecteurs des stupidités dans
le genre de celle-ci
Quand les XXI du Journal aperçoivent quel-
que part un de ces ménages, ils font semblant
malgré les quatre-s- yeux de Janus de ne
rien voir. Ils ne disent rien non plus dans leur
n journal pour ne pas blesser davantage les
jt mœurs. Tout au plus se contentent-ils de sou-
pirer entre eux triste, triste.
Nous ne suivrons pas Jean Huss dans cette voie
et nous le laisserons se débattre, puisqu'il parle
de mœurs, avec les bons petits frères. Il trouvera
là un sujet plein de charmes. Ce sera un vrai
régal pour les lecteurs du Journal d'Ypres et les
quatre-s- yeux de Janus lui permettront de voir
un peu plus clair dans tout cela.
■"«naouoaw
Oui, le carnage Consultez l'histoire, lisez les
détails de cette journée nous ne les rappelle
rons pas ici.
Le Journal d'Ypres devait, naturellement, plai
der la cause des flamingants cléricaux qui, de
puis un an ou deux, se sont mis en tête de célé
brer la victoire de Groeninghe, remportée par
les Flamands, il y a de cela 600 ans.
La sainte feuille débute par la mauvaise foi
où avons-nous critiqué, ce propos, les catholi
ques d'Ypres en général Nous avons constaté,
au contraire, que la généralité des Yprois, les
catholiques compris, n'a pas répondu l'appel
des flamingants et s'est abstenue de cette mani
festation anti-française.
Ces procédés de l'organe catholique ne nous
étonnent plus Nous connaissons les extrava
gances du parti de M. Coremans nous avons
jugé leur prose qui répète tous les jours la de
vise Wat malsch is valsch is, sla dood Nous
déclarons être aussi flamands et meilleurs belges
que ceux qui manifestent leur patriotisme en
arborant tout propos le drapeau aux couleurs
papales
Le Journal d'Ypres est allé la recherche d'au
tres arguments le numéro du 22 Juillet publie
une longue étude entremêlée de citations d'au
teurs ayant pour objet de démolir notre article.
Relevons quelques perles
Notre contradicteur ignore-t-il que notre Flan
dre a subi, depuis, nombro de transformations
Nous avons même été Espagnols la do-
LE PROGRÈS
VIRES ACQCIRIT ECNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
le restant de la Belgique et de l'Etranger I'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
eVi, rue de l'Enseignement, Bruxelles.
Jean Huss se met dans une sainte colère parce
que le Progrès a osé dire que la concentration
libérale est faite dans l'arrondissement d'Ypres et qu'à
cette seule pensée les XXI, avec Janus en tête (pardon,
Jean Huss en tête) jettent feu et flamme contre ce
qu'ils appellent avec tant d'atticisme UN MÉNA
GE A TROIS.
Jean Huss, mon bon Jean Huss, par ces temps
de chaleur, vous devrez vous faire soigner, mou
brave 11 serait vraiment dommage pour votre
parti que vous soyez mis en état de ne plus pou
voir l'éclairer de vos lumières
Les Pays-Bas doivent chercher leur origine dans
les communes or, la victoire de Courtrai, c'est le
triomphe des communes donc la Belgique doit son
existence la bataille des Epérons d'Or. Comme
raisonnement, c'est exquis le Journal oublie
toutefois que la victoire des flamands Courtrai
a été suivie d'une série de défaites que, finale
ment, la bataille de "Westroosebeke fut pour les
communes un désastre sanglant qui du coup
effaça les effets de la victoire de 1302.