Conseil communal d'Ypres.
INTÉRIEUR.
A l'œuvre
La révolution cléricale.
Comme Président du Jury d'examen, comme
Général inspecteur de l'Ecole, je viens, au nom
de la cavalerie, remplir le bien triste devoir de
rendre un dernier et juste hommage aux bril
lantes qualités qui distinguaient le Lieutenant-
Colonel VAN ISEGHEM. Il a lutté jusqu'au
dernier jour; il tombe comme les braves en plein
service, au moment où il allait terminer, par le
grade de Colonel, une existence si bien remplie.
J'ai connu VAN ISEGHEM au début de sa
carrière dans la cavalerie, où l'appelaient toutes
ses aptitudes et ses aspirations.
s Caractère sérieux, énergique; nature loyale
et modeste; travailleur infatigable, il a parcouru
les premiers échelons de la hiérarchie sans avoir
jamais mérité un reproche. Il n'avait qu'un
souci celui de bien taire.
Très sévère pour lui-même, il était indulgent
pour les autres.
Arrivé au grade d'officier, son zèle ne se ra
lentit pas. Il est distingué par tous ses chefs qu'il
satisfait et qui le désignent pour toutes les fonc
tions spéciales.
s Officier supérieur, l'âge où tant d'autres
aspirent la vie tranquille, il accepte une posi
tion où,plus que partout ailleurs,il iaut déployer
toute l'année, avec la jeunesse, un travail rude
et incessant.
Tous les jours il est l'oeuvre. Les instruc
teurs guidés par ses exemples et ses conseils
donnent généreusement tout ce qu'ils peuvent.
Ils se dépensent, si je puis m'exprimer ainsi,
pour imprégner leurs élèves de leur science. Ils
leur parlent autant avec l'intelligence qu'avec le
cœur. Aussi sont-ils compris tout d'abord, et
leurs élèves emploient toutes leurs forces physi
ques et intellectuelles les satisfaire.
C'est sous ces nobles inspirations que VAN
ISEGHEM obtint ces brillants succès que ja
mais la discipline la plus sévère n'a pu produire
seule, quand on ne s'adresse pas au cœur de ces
natures d'élite.
Il avait le don d'in3pirer cette confiance na
turelle entre instructeurs et élèves. Aussi, que de
liens d'afiection ont pris racine l'Ecole qui du
reront toute la vie
Il ne fallait pas vivre dix jours au milieu de
cette sympathique jeunesse pour apprécier jus
qu'à quel point VAN ISEGHEM a su, par son
tact, sa bonté, sa fermeté, son esprit de justice,
en un mot par sa direction intelligente, établir
et cimenter ces rapports affectueux et dévoués,
si difficiles obtenir d'une façon complète.
Aujourd'hui, ce sont d'heureuses traditions
que le Colonel lègue, non seulement l'Ecole,
mais qui rayonneront dans toute l'armée qu'el
les fortifieront.
N'est-ce pas là,de tous le3 services qu'il a ren
dus, le plus précieux titre la reconnaissance de
ceux qui ont eu le bonheur de servir sous ses
ordres, comme la reconnaissance de l'armée et
du pays
VAN ISEGHEM, dans la vie privée est en
core irréprochable. Il fut le meilleur des époux,
le plus tendre des pères, le plus sûr guide de ses
enfants et de ses beaux-enfants qui l'adoraient.
Le major Courtin vous a initié tontes ses ver
tus domestiques il vous a montré son intérieur
représentant le bonheur parfait ici-bas aussi
était-il heureux de réunir son personnel comme
Bes élèves autour de lui et de les associer sa
vie intime.
a Si un bonheur éternel doit récompenser une
vie sans reproche, certes VAN ISEGHEM en
jouit dès présent. Si sa dépouille va disparaître
nos yeux, son souvenir restera toujours vivant
pour ceux auxquels il a été donné de le connaî
tre et de l'apprécier.
Adieu, VAN ISEGHEM, adieu
Nous nous associons de tout cœur ces éloges
si mérités, ces suprêmes adieux si bien expri
més, et nous saluons une dernière fois, avec
un respect ému, la dépouille mortelle du re
gretté Lieutenant-Colonel VAN ISEGHEM, trop
tôt enlevé sa digne famille, ses nombreux
amis, l'Armée, la Patrie
ORDRE DU JOUR
1. Communications.
2 Finances procès verbal de vérification de la
caisse communale.
3. Propriétés communales approbation procès
verbal d'adjudication.
4. Idem bail long terme d'un terrain Dic-
kebusch.
h. Idem. vente d'un terrain près le ruisseau
de Dickebusch.
6. Instruction primaire enfants admis au bé
néfice de l'instruction gratuite.
7. Libéralités testamentaires acceptation legs
M. le Chev. G. de Stuers.
8. Promenades et jardins crédit supplémen
taire pour 1894.
9 Plantations crédit spécial.
10. Chemins vicinaux crédit supplémentaire
pour 1894.
Les élections législatives sont fixées la mi-
Octobre elles vont avoir une importance capi
tale, elles vont constituer le premier acte
politique du suffrage universel, elles vont se
faire sur des questions économiques et sociales
de la plus grande importance.
Est-ce quon pourrait s'en douter?
A Bruxelles, où l'enjeu est si considérable,
où le résultat de la lutte peut changer la politi
que du pays, on entend bien parler de projets
d'alliance auxquels on préludé par des
échanges d'invectives, mais il n'est nulle
ment question de propagande. Les vacances se
passeront comme en temps ordinaire, les villé
giatures, les expositions, les voyages, éloigne
ront les politiciens du centre des opérations, et
le terrain électoral ne parait pas jusqu'à présent
devoir être exceptionnellement préparé.
Ailleurs, on a les yeux fixés sur Bruxelles.
Beaucoup de libéraux, découragés l'avance,
jettent le manche après la cognée, et se rési
gnent déjà la défaite en disant A quoi bon
travailler et lutter si on ne s'entend pas Bru
xelles et que nous devions perdre cet arrondis
sement? -- Ailleurs on s occupe des candida
tures, de la répartition des mandats on voit
poindre les personnalités avides de siéger dans
les assemblées nationales, leurs noms sont lan
ces dans les feuilles, les groupes négocient pour
placer leurs hommes, mais de propagande, de
bon et fructueux travail électoral, ii n'en est
point question.
Et cependant jamais situation n'a été meilleu
re pour un parti d'opposition, jamais un gou
vernement n'a accumulé tant de griefs
exploiter contre lui, jamais on ne pourra se
présenter dans daussi excellentes conditions
devant un corps électoral vierge.
C'est qu'il ne suffit pas d'avoir un programme
démocratique, drapeau neuf qu'on mène pour
la première fois au feu et la bataille il ne
suffit pas de sonner le ralliement de toutes les
forces du parti et de les grouper autour de l'é
tendard qui est assez large pour les abriter il
ne suffit pas d organiser--sur le papier souvent
des cadres disciplinés et de recruter des
troupes il faut encore mettre la main la pâte,
se remuer, se dépenser, aller cette foule in
connue et anonyme qui ne s'est guère jusque
maintenant occupée de politique, parce
qu'elle n'y avait ni intérêt ni profit, parce que
n'ayant rien dire dans les affaires du pays, il
lui importait peu qu'elles fussent aux mains des
bleus, des rouges ou des violets il faut se ren
dre compte que son éducation est faire tout
entière, que sa grande majorité est ignorante
dos programmes et que rien n'est plus simple
que de la tromper et de la conquérir. Il est facile
de prévoir qu'elle sera ceux qui iront la pren
dre, ceux qui, allant elle, lui parleront, fe
ront connaître leurs opinions et les réformes
qu'ils préconisent, en en montrant les avanta
ges et les résultats attendus. Les cléricaux ont
depuis longtemps commencé ce travail ils ont
pris sur nous une avance considérable, ils ont
gagné déjà du terrain, et ils ont rendu ainsi
notre lâche plus dificileet beaucoup plus néces
saire dans maints endroits, il faudra non seu-
ment faire admettre ses idées, mais encore
combattre des théories accréditées, démolir des
convictions faites.
Et allons-nous attendre pour cela le com
mencement d Octobre? Allons-nous nous croi
ser les bras, regarder faire les adversaires en
haussant les épaulés, avec la confiance qu'il
nous suffira de paraître au dernier moment pour
enlever la victoire Ce serait une lourde faute,
une erreur impardonnable.
Les libéraux du pays devraient prendre
exemple sur Virton, où depuis trois semaines
le lutte est décidée, lescandidals sont choisis, et
la campagne est commencée. Les polémiques
sont enlamees dans la presse, et chaque Diman
che les candidats visitent diverses communes
de l arrondissement, y donnent des conférences
où il est fait appel la contradiction, et causent
dans ce coin du pays un reveil joyeux et vivant
de l'opinion libérale. Nous déplorions tantôt
l'inaction dans laquelle on semble plongé: il y
a lieu de faire exception pour le vaillant arron
dissement ardennais.
Plus indiscrets que les autres, les cléricaux
vervietois viennent d'indiquer le but suprême
des efforts de tous, dans le programme dont ils
ont terminé l'examen Dimanche dernier et que
le Nouvelliste se décide enfin publier.
A la lecture des premières lignes de ce pro
gramme, on comprend pourquoi lancienne
association constitutionnelle et conservatrice
s'est résolue se transformer en simple Union
catholique pourquoi on a caché soigneuse
ment au public les raisons de ce changement
de litre, pourquoi le Nouvelliste a éliminé de
son compte-rendu des délibérations de la nou
velle association, tout ce qui avait rapport
l'adoption de ses nouveaux principes.
Cest qu'en réalité, le Cercle noir cesse d'être
constitutionnel et conservateur et qu'il prend
vis-à-vis. de nos libertés publiques, laltilude
dun ennemi décidé, d'un révolutionnaire.
Voici en effet comment le nouveau program
me s'exprime dans les trois premiers articles
Ainsi le nouveau programme clérical de Ver-
viers ne veut plus reconnailre que la liberté du
culte... catholique, la liberté de l'enseigne
ment, la liberté d'association et de la charité
(lisez des couventset le maintien du budget
du culte... catholique.
II déclare la guerre par prélérition aux
articles de la Constitution qui proclament ces
grandes libertés publiques, la liberté de tout le
monde, sans distinction de culte et d'opinions
et la liberté de la presse.
L'article 14 dit
Le programme des cléricaux de Vervicrs veut
que, pour la prochaine revision constitution-
Messieurs,
Séance publique du 4 Août 1894
5 heures du soir.
I Défense et maintien de la monarchie constitution
nelle et de nos institutions nationales.
2. Reconnaissance entière et pratique de la liberté
du culte, de la liberté de l'enseignement, de la liberté
d'association et de celle de la charité.
3. Maintien du budget du culte et complète obser
vation cet égard des obligations sociales et constitu
tionnelles de l'Etat et des communes.
La liberté des cultes, celle de leur exercice public,
ainsi que la liberté des opinions en toute matière, sont
garanties, sauf la répression des délits commis l'oc
casion de l'usage de ces libertés.