Nos candidats. Chronique locale. La corruption électorale. Qu'ont-ils fait Un cinquantenaire. -)~(o)X(- Un des griefs, presque le seul, que les journa listes cléricaux prennent plaisir exploiter con tre nos candidats, c'est qu'ils ne les voient jamais l'église. En admettant qu'ils disent vrai, nos candidats pourraient répondre qu'eux aussi ils ne voient jamais l'église ceux qui les accusent de ne pas la fréquenter. Partant quittes. Mais il ne s'agit pas de religion dans l'occur rence. Ah s'il était question d'envoyer MM. Brun- faut, Leleup et Vermeulen un concile, on pourrait y regarder deux fois et peut-être bien qu'on trouverait qu'ils n'ont pas la compétence voulue. Eux-mêmes, du reste, seraient, pensons- nous, de cet avis et ne songeraient pas se met tre sur les rangs. Il y a plus les cléricaux vraiment religieux ne seraient pas plus disposés y envoyer leurs candidats politiques. Voit-on Henrietje, par exemple, plus chargé de décorations et à'hon- neurs (au pluriel s. v. p.) que l'âne de la fable de reliques, délégué dans un congrès de chrétiens où il s'agirait de traiter des vertus que le Christ est venu prêcher au monde l'humilité, l'abné gation, le désintéressement, le renoncement, la sincérité, etc., etc. Oh là là Comme on l'enverrait paître s'il s'avisait de briguer un semblable mandat, et les autres compères avec lui Mais, encore une fois, il n'est point question de religion. C'est de politique qu'il s'agit, entre laquelle et la religion il n'existe et ne doit exis ter, suivant le mot bien connu de M. Nothomb, l'ancien, pas plus de rapports qu'entre la religion et la géométrie. (1) Les cléricaux connaissent au surplus cette différence entre les deux matières, et savent, l'occasion, fort bien en faire eux-mêmes l'appli cation. N'est-il pas vrai que, parmi les élus de la droite, il y a eu, de tout temps, des honorables qui, sous le rapport religieux, n'étaient pas plus croyants et pratiquants que le Manneken-Pis ou l'Apollon du Belvédère Nous ne voulons mêler ceci aucun nom pro pre, mais il nous serait excessivement facile de citer une foule d'exemples l'appui de ce que nous avançons. Qui n'a connu les aventures extra galantes de ce sénateur extra clérical, presque fanatique, qui se fesait souffleter dans les coulisses du grand théâtre de Bruxelles par une ballerine de second rang Qui ignore, dans la même capitale, que tel vieux représentant de la droite a possédé long temps, s'il ne possède encore, un faux ménage côté, distance, voulons-nous dire, de son mé nage vrai Laissons donc là la religion qui n'a rien voir dans la présente lutte, où les principes économi ques et politiques, les intérêts d6 1 agriculture, du commerce et des humbles sont seuls en jeu! »aaoaB»t«— Les curés, et notamment celui d'Elverdinghe, réunissent les électeurs pour recommander les candidatures cléricales. Pour attirer du monde, ils donnent des bons pour verres de bière Cela n'est-il pas de la corruption électorale punie par la nouvelle loi Ou, en matière électorale, peut-on commettre toutes les fraudes, toutes les violations de loi les pluB scandaleuses. Dimanche, au Volhshuis d'Ypres, un candidat clérical parlait de la nuit du lr Février et di sait u les libéraux voudraient faire accroire que Un ancien agent électoral clérical, Auguste Cocle, interrompit en criant ouic'est vraice n que les libéraux disent. Vous savez bien que vous m'avez acheté et que je puis citer les noms de plus de n cent cinquante électeurs que je vous ai aidé acheter Vous savez que je puis donner témoignage en justice de ce que j'avance. Mais vous m'avez acheté et vous n'avez pas tenu vos promesses. Je voudrais savoir quand vous allez me don- ner ce que vous me devez encore. Cet incident produisit un grand tumulte. Les candidats, surtout Iweins d'Eeckhoutte, étaient atterrés et tremblaient de tous leurs membres. A peine trouvaient-ils assez d'haleine pour crier la porte, la porte! Le bourgmestre fit mettre Cocle au violon par la police qui était là en nombre. Un peu de mu sique n'est jamais de trop. Cocle, tout le monde le sait, fut un des agents électoraux principaux des cléricaux aux derniè res élections communales. On lui avait promis un emploi l'Hôtel de Ville. Aussitôt les élections passées, Cocle obtint un emploi de.... terrassier, en attendant mieux. Un emploi de terrassier lorsqu'on est bot tier dans une des rues principales de la ville, la rue du Temple, ce n'est pas une récompense pour des services si considérables. Ce n'est pas le prix d'un Hôtel de Ville, il faut en convenir. Aussi Cocle, après plusieurs mois d'attente, comme terrassier, a-t-il perdu patience. Il a commencé par comprendre qu'on l'avait trompé, comme tant d'autres. Il s'est fâché, il a quitté Ypres et est allé travailler en France. Mais la fraude électorale, reconnue et dénon cée ainsi publiquement en présence de centaines de personnes, restera-t-elle impunie Ce serait un scandale inouï. Nous appelons l'attention du Parquet sur le fait. S'il était permis, ceux qui pratiquent la cor ruption électorale, de le aire ouvertement en public si corrompu et corrupteur pouvaient ainsi impunément laver leur linge sale, cela donnerait une déplorable, une dangereuse idée du nouveau régime électoral belge. Le peuple est honnête et sent le cœur se sou lever par de si audacieuses et honteuses turpitu des. Parmi nos ouvriers, on ne parle que de cet incident. Ils sont pris d'un dégoût égal pour le corrompu et pour les corrupteurs. Ils disent qu'ils feront justice, eux-mêmesle 14 Octobre, de l'injure que les gens de la nuit du lr Février ont infligée l'honnête classe ouvrière yproise. Pendant dix longues années, le parti catholi que a eu la Chambre des Représentants et au Sénat une majorité énorme. A un moment, il n'y avait plus la Chambre que quarante-deux libéraux pour défendre les droits du peuple et de la bourgeoisie contre nonante-six cléricaux, partisans du clergé et de l'aristocratie. Les cléricaux étaient maîtres de tout et pou vaient faire tout. Or, pourrait-on nous dire qu'ils aient été fidè les une seule des promesses qu'ils ont faites en 1884 pour renverser le gouvernement libé ral Qu'on nous montre une seule promesse tenue par eux et nous serons satisfaits Prenons l'agriculture, par exemple. Ils avaient promis de la sauver par des droits d'entrée sur les céréales. Qui pouvait les empê cher de les voter Personne. Et pourtant, ils n'ont pas tenu leur promesse cet égard. Prenons aussi la réduction de l'impôt sur le tabac. Où est-elle cette réduction Qui l'a vue Personne. Loin de supprimer cet impôt, ils l'ont rendu plus pénible encore pour les petits cultivateurs, puisque, sous le gouvernement libéral, ceux-ci pouvaient cultiver cent cinquante plantes sans rien payer l'administration, tandis que main tenant, sous le gouvernement clérical, on ne peut cultiver plus de quatre-vingts plantes Bans avoir sur le dos les agents du fisc. N'est-ce pas vrai Est-ce que les cultivateurs ne sont pas forcés d'avouer qu'ils ont été roulés par les catholi ques Ce qui est vrai pour les cultivateurs l'est en core plus pour les commerçants, les ouvriers, les industriels, les agents et employés de l'Etat, etc. Tous roulés Il n'y a qu'une classe de citoyens qui soient contents les curés et les moines. Ceux-là ont tout ce qu'ils veulent et autant qu'ils veulent. Dimanche, 80 Septembre dernier, il y avait fête la Concorde. On y célébrait le cinquante naire de M. Xavier Dalmote comme membre de la Société. Un banquet, parfaitement servi, réunissait, dans la grande salle des concerts, environ soi xante-dix convives. Au dessert, M. le Président a porté le toast l'honorable jubilaire. Il a dit, cette occasion, que, pour celui-ci, le jubilé était double qu'il n'y avait pas seule ment cinquante ans que M. Dalmote était mem bre de la Société, mais cinquante ans aussi qu'il était établi comme médecin. Et, ce propos, il a rappelé que passé juste un demi-siècle, jour pour jour, M. Dalmote, rentrant dans sa famille après avoir subi, l'Université de Bruxelles, tous ses examens de médecine avec la plus grande distinctionfut reçu, hors de la porte de Menin, l'ancien local d'Eté, par tout le Conseil communal, accompa gné du corps professoral de notre ancien Collè ge, qui le ramena triomphant l'Hôtel de Ville, où il le félicita et, le complimenta comme il méritait de l'être, et, de là, le conduisit la maison paternelle. Le plus chaleureux accueil a été fait aux pa roles de M. le Président, et, plus d'une coupe été vidée la santé et aux longues années venir du héros de la fête qui a répondu dans les meilleurs termes. Pendant que se déroulait cette sympathique manifestation des sociétaires de la Concorde, les voisins de M. Dalmote célébraient, de leur côté, le cinquantenaire du médecin. Dès le matin, on avait pavoisé toutes les mai sons et élevé, l'entrée de la rue De Haerne, une porte de triomphe avec une inscription de cir constance rappelant l'honorable et laborieuse carrière du jubilaire. Le soir, après le banquet de la Concorde, une sérénade fut donnée devant la demeure de M. Dalmote, où une foule de personnes, de tout rang, vinrent, dans un charmant et généreux accueil, complimenter le sympathique docteur. Une brillante illumination a clôturé la fête qui laissera chez tous le meilleur souvenir. M. Robert Merglîelynok, ancien élève de notre Collège communal suppri mé, fils de notre sympathique Commissaire d'arrondissement, vient de subir avec succès de vant le Jury de l'Université de Bruxelles, sa pre mière épreuve de candidature en philosophie et lettres, préparatoire au Droit. Toutes nos félicitations. Par arrêté royal du 28 Septembre, M. Julien Verschaeve, chef de division, est nommé au grade de directeur, au ministère de l'Intérieur et de l'instruction publique. M. Verschaeve est un Yprois et un ancien élève de notre Collège communal supprimé. Nous lui adressons nos meilleures félicitations. Par le même arrêté, M. J. Libotte, père de notre ami M. Camille Libotte, pharmacien en notre ville, est nommé chef de bureau, au même ministère. Nous lui adressons,comme notre concitoyen, M. Verschaeve, nos meilleures félicitations. (f) Prière Henrietje de ne pas prendre ce terme pour un terme de chimie. N. D. L. R. nous avons conquis l'Hôtel de Ville par la fraude n par la corruptionen achetant des voix. i i -

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Le Progrès (1841-1914) | 1894 | | pagina 3