Avis aux Electeurs.
Chronique locale.
85. Jeudi,
54e ANNÉE.
25 Octobre 1894.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les
Ballottages du 21 Octobre.
Sotte jactance.
Manifestation cléricale.
Arcades ambo.
6 FRANCS PAR AN.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Procrês Pour
I&restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
Conformément aux prescriptions de l'art. 73,
titre III, de la nouvelle loi électorale, toutes les
réclamations, auxquelles les nouvelles listes
dressées et mises l'inspection du public,
pourraient donner lieu, doivent être adressées
au Collège des Bourgmestre et Echevins, au
plus tard, le 31 du mois d'Oc
tobre courant.
Prière donc tous les électeurs, qui croient
avoir quelque droit réclamation, de se pré
senter &an& retard soit l'Hôtel de
Ville, soit au bureau de l'Association libérale,
lequel est ouvert tous les jours de 9 12 heures
du matin et de 2 5 heures de relevée. (Le
Dimanche, lavant-midi seulement).
Ypke^, le 24 Octobre 1894.
Il n'y a, pour le vieux parti libéral, pas
se le dissimuler, les élections législatives ont
été désastreuses pour lui.
Déjà la journée du 14 avait été archi-mau-
vaise. Mais il y avait encore quelque espoir de
relèvement, une chance d'en arriver, au pro
chain ballottage, si pas renverser le gouver
nement, au moins le tenir en échec. La
journée du 21, trompant toutes les espérances,
a complété la victoire des cléricaux et converti
en désastre la défaite des vieux libéraux.
Pour la première fois que le suffrage univer
sel a fonctionné, il n'y est, il faut l'avouer, pas
allé de main morte. A l'instar de Saturne qui
dévora ses enfants, il a, mais avec une notable
aggravation sur l'exemple du fils d Uranus,
dévoré tous ceux qui lui ont donné le jour.
Beaucoup l'avaient prévu et prédit... Mais,
Eour d'autres, c'étaient des prophètes de mal-
eur, et au lieu, comme ils l'avaient annoncé,
de servir la cause des cléricaux et des socia
listes, le suffrage étendu devait uniquement
servir les idées libérales.
On vient d'en faire l'expérience el celle-ci
est concluante.
Que doivent faire les libéraux Iheure
présente Se couvrir la tète de cendres et se
lamenter? Ce serait pour le moins peine per
due. Ce qu'ils ont tenter, c'est leur réor
ganisation sur des idées larges, généreuses et
pratiques, respectant la liberté de tous comme
la propriété de chacun, et aussi éloignées des
utopies collectivistes que des rêves théocrati-
ques. Hors de là, pas de salut 1
Les résultats des ballottages du 21 Octobre,
que nous publions plus loin, trompent l'espoir
des libéraux.
On comptait sur Bruxelles pour nous débar
rasser du gouvernement clérical Bruxelles,
donne une forte majorité aux conservateurs
La province l'exception de Tournai qui
laisse tomber M. Bara et ses amis, s'est bien
comportée la plupart des majorités sont libéra
les.
A la capitale donc incombe toute la responsa
bilité d'un échec qui laisse debout ce ministère
qui a détruit l'enseignement public, opprimé les
consciences et qui médite ces lois réactionnaires,
dont il va se hâter sans doute de doter le pays,
afin de marquer toute sa reconnaissance au corps
électoral.
Les libéraux, les progressistes, les socialistes
bruxellois vont réciproquement s'accuser de dé
fection, il est évident que la défection s'est pro
duite et il n'est pas téméraire de penser qu elle
s'est faite surtout dans les rangs de ces libéraux
timorés qui se sont laissés prendre au piège des
clameurs cléricales annonçant l'avènement la
Chambre du socialisme révolutionnaire, et dé
clarant que les catholiques seuls peuvent en
rayer le mouvement.
Il est incontestable aussi qu'un assez grand
nombre de socialistes ont dû refuser leurs voix
aux libéraux pour faire échec certains noms
patronés par la Ligue libérale.
Puisse la confiance que ces électeurs ont mise
dans le parti clérical ne pas être trompée...
-)X(»)X(-
Parce que, grâce l'appui du clergé sans le
quel ils ne seraient rien et dont ils ne sont en
somme que les pauvres polichinelles, nos mata
dors cléricaux ont triomphé aux élections, les
voici comme atteints d'une orgueilleuse dé
mence.
Les libéraux, qui ont vaillamment lutté et con
tre lesquels ils se sont défendus avec une non
moins grande énergie, les libéraux ne seraient,
les entendre, que des zwanzeurs tout comme
ceux qui ont rêvé un moment de se porter can
didats aux élections provinciales.
Mais alors pourquoi, de la part de ces persif-
fleurs, toute cette ardente polémique, tous ces
articles de journaux, toutes ces affiches, toutes
ces circulaires, toutes ces réunions, tous ces mee
tings, toutes ces démarches, toutes ces promes
ses, toutes ces diffamations et toutes ces injures
mêlées toutes ces prières et toutes ces re
commandations aux prônes
Une zwanze que la lutte du parti libéral
qu'imposait une situation toute nouvelle
Mais comment qualifier alors cette formida
ble levée de boucliers cléricaux aboutissant ri-
diculus musfaire élire, côté de l'avocat Co-
laert, un vieillard de 84 ans et Henrietje, le plus
ride, le plus nul, le plus inepte et le plus triste
des candidats passés, présents et futurs
La vraie zwanze ne serait-elle pas là
Les cléricaux ont, dans le passé, lutté cin
quante fois en désespérés, sans la moindre chan
ce de succèB, et ils viennent aujourd'hui ricaner
au sujet d'une compétition dont la raison tan
gible était bien ailleurs que dans l'espoir d'un
triomphe immédiat.
N'en déplaise aux railleurs, les libéraux lutte
ront encore et chaque fois qu'ils le jugeront
opportun.
Qu'on se le tienne pour dit
Les cléricaux de notre ville ont fêté leur
triomphe, Lundi soir, par un cortège aux lu
mières.
Pendant l'après-midi, ils avaient gorgé la po
pulace de genièvre, tel point qu'on a dû em
ployer la loi-net pour plusieurs de ces gaillards.
Il faut croire que nos matadors avaient une
peur bleue, car pendant la sortie de leur cortè
ge, ils avaient envoyé des éclaireurs pour explo
rer les rues où ils devaient passer.
Nous avons remarqué deux transparents
Leve de Koning Leve ons Ministerie qui faisaient
triste effet au milieu de cette bande, surtout
quand on se rappelle le temps où les cléricaux
osaient écrire dans leurs journaux, l'occasion
de la loi scolaire A bas le Roi de cartonetc.,
etc., et l'on devait se faire une piètre idée du
respect qu'ont pour notre Roi bien-airaé tous
ces valets du clergé
On sait que lors de l'irruption de l'Yperlée
danB le canal, Henrietje, conseiller provincial,
proposa la Députation d'attraire la ville
d'Ypres en dommages-intérêts...
Le voici collègue de M. Colaert qui a défendu
les intérêts des héritiers de feu M. Godtschalck
contre ceux de nos Hospices civils.
N'est-ce pas que les deux font la paire
Les cléricaux ont célébré, par une tapageuse
sortie de la Maison des ouvriers, avec musique
en tête et lanternes vénitiennes dans le cortège,
femmes et gamins sur les flancs, le triomphe
aux ballottages du 21 courant.
Soit c'était leur droit. Mais est-il vrai que,
la queue du cortège, côté d'Henrietje, a mar
ché M. le Substitut
Si, comme on nous l'a affirmé de toutes parts,
la chose est vraie, nous n'hésitons pas dire que
c'est profondément déplorable.
La magistrature se mêlant aux tumultes
et aux parades politiques de la rue, alors que
l'on défend tous les fonctionnaires de se jeter
dans la mêlée des partis, ce serait tout fait
édifiant et fin de siècle.
Nous voudrions qu'on nous eut trompé et se
rions heureux de voir démentir le fait.
Attendons.
LE PROGRÈS
PARAISSAIT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires acquirit edndo.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
et 2,"rue de f Enseignement, Bruxelles.
O tempora mores