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1896.
N° I. Dimanche,
56® ANNÉE
5 Janvier 1896.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Incapacité et impuissance.
M. Frère-Orban.
Les enquêtes électorales.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Nous avons l'habitude, depuis un tempB im
mémorial, car le Progrès ne date pas d'hier
d'offrir, au commencement de l'année nou
velle, nos 8 bons souhaits nos fidèles abon
nés cette habitude nous est trop douce pour
que nous manquions d'y satisfaire.
Que vous souhaiter, chers lecteurs La santé,
n'est-ce pas et la paix du cœur, sans lesquels,
au sein même des plus grandes prospérités,
l'homme ne trouve pas le bonheur.
Et vous, indulgentes et aimables lectrices
La réalisation de tous vos désirs Ce serait té
méraire et vous rendre, peut-être, un mauvais
service, car les désirs des femmes, si l'on en croit
certaine philosophie, n'ont d'autres limites que
leur fantaisie, et celle-ci n'est pas toujours facile
satisfaire, et, souvent, il serait désirable quelle
ne le fut pas.
Au reste, nous ne possédons pas la baguette
du magicien qui ferait éclore au gré de vos ca
prices les futilités charmantes et coûteuses qu'il
faut votre légitime coquetterie pour mieux as-
senir l'homme et le rendre plus docile vos vo
lontés.
Force nous est, dans notre impuissance, et
malgré tout le bien que nous vous voulons, de
nous borner notre simple souhait de tout
l'heure la santé et la paix du cœur. Et, croyez-
nous, ce vœu satisfait, que vous n'aurez vrai
ment plus rien souhaiter
C'est aussi ce que nous souhaitons nos chers
et dévoués collaborateurs cette santé et cette
paix du cœur si nécessaires au travailleur, qui
doublent ses forces et sa... production. Nous ne
nions pas que ce vœu est un peu égoïste, et
qu'en le faisant nous ne songions beaucoup
cette précieuse collaboration qui s'exerce si assi
dûment dans nos colonnes, en prose, en vers,
sur des sujets scientifiques, artistiques, avec un
talent, une compétence qui n'a pas échappé,
nous en avons la conviction, aux lecteurs de ce
journal.
Faisons également des vœux pour que notre
chère ville soit bientôt délivrée du joug de ces
hommes qui ne sont arrivés au pouvoir que par
la fraude et la corruption et dont tous les efforts
ne tendent qu'à ruiner notre antique cité.
Et en terminant disons que, dans l'avenir
comme dans le passé, nous nous conduirons en
fervents adeptes de la démocratie comme en
ennemis intraitables du cléricalisme.
Le cléricalisme, c'est l'obstacle il faut le
vaincre. La démocratie, sainement entendue,
c'est le but, il faut y tendre.
C'est là la double préoccupation qui doit han
ter tous les cœurs libéraux et qui, pour notre
part, ne cesse de nous obséder.
La démocratie ne peut triompher qu'à la con
dition de rallier toutes seB forces contre cette
redoutable coalition de la noblesse cléricale et
du clergé qui exploite l'ignorance et veut barrer
l'humanité la route du progrès.
L'union libérale, nous n'avons cessé de la prê
cher, avec la tolérance réciproque et les conces
sions mutuelles qui en sont l'indispensable con
dition.
Elle continuera d'inspirer notre polémique.
Nous voulons faire de la démocratie, mais de
la démocratie sage, honnête et pacifique.
Union, progrès, légalité, voilà notre devise.
Nous y demeurerons fidèle.
Ypbes, le 4 Janvier 1896.
Si l'on récapitule ce que le ministère clérical
a réalisé depuis son avenement, on se trouve
en présence d un véritable a^mu d'impuissance.
Prenons comme exemple la législation électo
rale. On connaît le système issu de la revision
pour les élections législatives, ce système sin
gulier, inconnu en Europe, que ses auteurs
proclamèrent excellent, parce qu'ils y avaient
mis beaucoup de choses, et que, confondant
une loi avec un ragoût, ils avaient eu recours
toutes les herbes de la Saint-Jean. L'inven
tion des pluraux fut surtout merveilleuse. On
continua les choses de telle sorte que le suffrage
universel pur et simple n'aurait rien pu pro
duire de pis. En effet, tandis que les citoyens
3 voix sont très rares, les citoyens 2 voix se
trouvent surtout dans le peuple, cause de la
voix attribuée spécialement aux pères de fa
mille. Le peuple étant le nombre par lui-même,
il va de soi qu il l'emporte de beaucoup par le
chiffre de ses pères de famille. Quant la ga
rantie de conservation sociale que l'on a voulu
voir dans cette seconde voix, elle est peu près
nulle, car c'est souvent quand il est marié et
père d'une nombreuse progéniture que (ou
vrier, ayant peine suffire aux besoins de son
ménage, devient socialiste. On peut donc dire
sans crainte du paradoxe que le suffrage uni
versel pur et simple eût amené moins de socia
listes au Parlement que le système Nyssens,
dont l'entente des radicaux et des cléricaux
nous a gratifiés.
On se rappelle que M. Frère-Orban avait
loyalement offert son concours M. Beernaert
sur la base de la loi de 1883, qu'il était tout
disposé élargir. M. Beernaert crut que son
prestige serait atteint s'il traitait avec son émi-
nent prédécesseur et mû par une misérable
question d'amour propre, il repoussa ses pro
positions pour saboucher avec les radicaux,
qui ne lui portaient pas ombrage.
Les élections passées, on a compris que l'on
avait fait fausse rouie et l'on a dû, chose tou
jours fâcheuse, adopter un autre système pour
les élections communales, en déclarant indi
gnes de voter la commune des électeurs que
l'on avait reconnus aptes élire les représen
tants de la nation. De là cette loi électorale où
toutes les chinoiseries ont été accumulées
plaisir, depuis un fragment de représentation
proportionnelle jusqu un embryon de repré
sentation des intérêts, en passant par une plu-
ralisation plus accentuée.
La loi a soulevé un toile dans tout le pays.
S'il est des citoyens qui ne votent pas, il en est
d'autres qui volent deux fois, c'est-à-dire
qu'après avoir participé l'élection des conseil
lers ordinaires, ils procèdent seuls celles des
conseillers supplémentaires, lesquels, investis
eux aussi d'un privilège, sont toujours nommés
pour huit ans.
Outre que les socialistes se sont emparés
d'un certain nombre de communes, la repré
sentation proportionnelle dénaturée, faussée
et d ailleurs restreinte au ballotage, va intro
duire le gâchis dans toutes les villes importan
tes.
Encore une fois le ministère et la majorité
catholique, où décidément les hommes intelli
gents font défaut, ont reconnu qu'ils avaient
commis une gaffe.
La ligne indiquée par l'honorable M. Frère-
Orban elait droite et nette. Si on l'avait écouté,
il y aurait eu de l'harmonie dans notre législa
tion électorale et l'on eût évité toutes les diffi
cultés, les absurdités et les dangers de la situa
tion présente.
-aS25
La Mort
de
Nos lecteurs ont pu lire dans les journaux de
la capitale la triste nouvelle de la mort de M.
Frère-Orban, l'illustre homme d'Etat.
Le pays tout entier verra, avec une doulou
reuse émotion, descendre dans la tombe cette
grande et noble figure qui a joué uu si grand
rôle dans son histoire et dominait, depuis un
demi siècle, tout son mouvement politique.
-A. propos de l'élection
d'OstendLe.
Comme on le sait, la suite d'une demande
d'annulation de l'élection de Novembre dernier
Ostende, une enquête est ouverte sur des faits
de pression et d'intimidation qui se seraient pro
duits cette élection.
Nous ne viendrons pas sur la façon dont cette
enquête a été ordonnée et dont elle est conduite.
Nous avons précédemment fait ressortir la ma
nière différente dont on traite les libéraux Os
tende, et les catholiques Ypres, Dixmude et
Breedene.
Mais cette enquête, faite huit-clos par des
membres de la Députation nous suggère quel
ques réflexions d'un ordre plus général. Et ces
réflexions doivent venir immédiatement l'es-
LE PROGRÈS
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Idem. Pour le restant du pays7-00
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