II. Dimanche,
56e ANNÉE
9 Février 1896
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
L'Etat et les industriels.
Les salaires et les budgets
ouvriers en Belgique,
Les élections d'Alost.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Dans l'exposé des motifs du projet de loi sur
les règlements d'atelier, on dit que l'obliga
tion du règlement d'atelier peuf être établie
sans qu'il soit porté atteinte la liberté des
parties contractantes.
Lorsque la section centrale demande au gou
vernement s'il entend rendre la loi applicable
aux ateliers de l'Etat, le gouvernement répond
non, parce que, dit-il, l'application de la loi
aux ateliers de l'Etat présenterait des inconvé
nients
Comment concilier ce que Ion dit dans l'ex
posé des motifs avec la réponse que I on donne
la section centrale.
Si l'obligation du règlement d'atelier peut
être établie sans qu'il soit porté atteinte la
liberté des parties contractantes, c'est aussi
vrai pour l'Etat que pour les particuliers.
Si le gouvernement admet que pour les par
ticuliers l'obligation du règlement d'atelier ne
présente pas d inconvénient, comment trouve-
t-il des inconvénients ce que la loi soit appli
quée l'Etat
Le gouvernement, en voulant se soustraire
l'application de la loi sur les règlements d'ate
lier, fait preuve d'incohérence et darbitraire.
Il est incohérent en ce que, pour les particu
liers, il déclare que lq toi ne porte pas atteinte
la liberté des parties contractantes, alors
que pour lui il décidé le contraire.
11 est arbitraire en ce qu'il refuse de se sou
mettre une loi qu'il impose des particuliers.
11 est incohérent en ce qu'il trouve des incon
vénients pour lui et qu'il n'en trouve pas pour
les industriels.
Il est arbitraire en ce qu'il veut se soustraire
ces inconvénients qu'il impose aux autres.
On np comprendrait pas que le gouverne
ment fût plus favorisé que les industriels.
On ne comprendrait pas qu'il y eût pour lui
des faveurs, des privilèges.
On ne peut donner au gouvernement, dans
une loi, le droit de traiter plus mal les ouvriers
que cela n'est permis aux industriels. C'est ce-
îendant ce qui serait érigé en principe légal, si
Etat n'était pas astreint observer la loi sur
es règlements d'atelier, sous prétexte d'incon
vénients qui n'ont pas été indiqués.
auj ourd'hui et il y a 50 ans.
M. Nicolaï, chef de division au département
de l'intérieur, vient de publier sur la question
des salaires et budgets ouvriers, un travail de
statistique comparée, auquel nous empruntons
quelques renseignements intéressants
11 y a quelques années le département de 1 a-
griculture et de l'industrie a demandé aux con
seils de l'industrie et du travail des données
sur les salaires journaliers moyens, sur la com
position de la iamille de l'ouvrier, sur le nom
bre d'enfants, sur les ressources de chaque
ménage, sur les dépenses pour la nourriture,
sur les autres dépenses d'ordre matériel, sur le
prix des denrees alimentaires, etc.
L'enquête n'envisageait que la situation du
mois d'Avril 1891. 11 est intéressant d'en com
parer les résultats avec les données officielles
que l'on possède sur les années 1846 et 1854.
L'enquête de 1891 a porte sur 188 familles
ouvrières comptant 8U0 entants. Chaque famil
le se compose en moyenne, de 4 1/4 enfants,
soit environ de 6 personnes avec les pere et
mere.
Pour la population en général, le recense
ment de 1890 a constaté 456 personnes par 100
ménagés.
Les pères des familles considérées ont, en
moyenne, 42 ans. L'âge moyen des mères est
de 40 ans.
Parmi les enfants, il en est qui touchent un
salaire. La moyenne de l'âge (les enfants de
cette catégorie est de 16 ans, tant pour les
garçons que pour les filles. Les autres enfants
ont 8 ans 4 mois comme âge moyen.
Les enfants qui gagnent un salaire sont au
nombre de 187 du sexe masculin et 45 du sexe
féminin. 11 se trouve ainsi 568 enfants, soit 71
p. c., qui ne sont pas encore en état de travail
ler. Quant aux meres, il n'y en a que 16, soit
8 1/2 p. c., qui. indépendamment de leurs oc
cupations de ménagère, ont un melier dont le
produit vient augmenter les ressources de la
famille.
Ces ressources, fruit du travail pendant le
mois d'Avril 1891, se sont elevées 26,965
francs pour 178 ménages. La participation des
pères, mères et enfants, dans ce produit du sa
laire s'établit comme suit
Les peres ont gagne 18,795 fr. les mères
327 fr., les garçons 6,919 francs, les filles 924
francs.
Pour obtenir cette rémunération, les divers
membres des familles ont été occupes 10,772
journées, dans lesquelles la part des pères est
de 4,582, des mères 283, des garçons 4,785 et
des filles 1,122 journées.
Celte statistique établit que le père gagne en
moyenne 4,10 par jour, la mère 1,15, les gar
çons 1,45 et les filles 0,82. La moyenne du sa
laire des hommes de 19 21 ans est de fr. 3,13.
La différence est grande si I on remonte
1846. Les moyennes des salaires de cette épo
que ne s'élevaient, pour les hommes qu'à fr.
1,49, pour les femmes 0,71, pour les garçons
0,54 et pour les filles 0 39
Le rapprochement de ces prix avec les ren
seignements de 1880 et de 1891 montre que
les salaires ont plus que doublé depuis qua
rante ans.
Quant la durée du travail journalier, la
dernière enquête ouvrière la porte 10 h. 24
minutes. Il resuite de celte durée une diminu
tion sur la journée constatée par le recense
ment de 1880. Elle était de 10 heures 53 minu
tes, soit, exactement, 29 minutes en plus.
Les dépenses et la nourri 11 ire
La nourriture de l'ouvrier de 1891 est plus
consistante et plus copieuse que celle de l'ou
vrier de 1853. Un seul article, celui des pom
mes de terre, est en diminution. Par contre, le
beurre et la graisse ont leur consommation
doublée. L'usage de la viande et du lard est
plus que triplé. Le café est peu près employé
dans la même proportion aux deux époques.
Quant au pain, 53 kilog. entrent actuellement
eu plus dans la nourriture annuelle de l'ou
vrier en outre, on constate un grand change
ment au point de vue de la qualité.
Le pain de froment est venu remplacer le
)ain de seigle sur la table de l'ouvrier. C'est Ip
>ain qui donne lieu dans le ménage ouvrier a
plus grosse dépense près d'un tiers de son
judget. Viennent ensuite les œufs et les ali
ments base de lait, qui comportent non loin
du quart de la dépense totale.
Si l'on compare les prix, en 1854 et 1891,
des substances alimentaires de première né
cessité, on constate qu'à l'exception du pain de
froment et de seigle, il y a sur les chiffres d'il y
a quarante ans une hausse considérable. La va
riation de prix de la pomme de terre est peu
sensible, mais, par contre, l'augmentation de
prix de la viande, du lait, du beurre, du cafp
et de la biere est de plus de moitié.
11 y a quarante ans la viande était cotée
peine 1 franc le kilogramme. Aujourd'hui elle
se vend 2 francs, tout en étant de seconde qua
lité.
Une constatation moins consolante
En 1853, la fréquentation des cafés et caba
rets, et la consommation des boissons fermen-
tées et spiritueuses absorbaient 2,48 p. c. du
budget de l'ouvrier. D'après la statistique ré
cente, cette proportion est montée 4 p. c.
C'est là une progression très accentuée.
La dépense en quarante années a augmenté
de près des deux tiers, exactement de 61 p. c.
La dépense mensuelle par ménage ouvrier qui
s'élève d'après la statistique de 1891, a fr. 6,44
ne serait, d'après la proportion de 1853, que
de fr. 4,20, soit fr. 2,24 en moins.
On écrit d'Alost
L'émotion est vive ici, la suite des inci
dents parlementaires de Jeudi et de Vendredi.
On est stupéfait de l'audace avec laquelle le mi
nistre M. Schollaert et M. Woeste ont osé nier
les faits les plus évidents et les plus notoires,
connus de toute la population Alostoise. On est
unanime déclarer que ce n'est pas l'abbé Daens
qui a eu le dessous dans son attrapade avec M.
Woeste.
Samedi matin, trois cléricaux très en vue ont
indignement injurié l'abbé Daens.
Quelques ouvriers témoins de cette scène ont
été sur le point de faire un mauvais parti ces
LE PROGRES
tires acqcirit euhdo.
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