Chronique locale.
16. Jeudi,
56e ANNÉE.
27 Février 1896.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les frais du sauvetage.
A Morlanwelz.
Annulation
de l'élection d'Ostende.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Ypbes, le 26 Février 1896.
Dans sa séance de Mercredi, la Chambre a
rejeté 1 article 6 du projet de loi sur le régime
fiscal du tabac.
Cet article 6 était ainsi conçu
1. Tous ceux qui s'occupent du commer
ce, de la fabrication ou du débit des tabacs
sont passibles d'un droit de licence.
2. Ce droit est dû pour chaque commerce,
fabrique ou débit 11 est payable annuellement
et d avance sur déclaration faire par le rede
vable au bureau des contributions du ressort
§3. Lorsque (intéressé commence la profes
sion passible du droit de licence après l'expi
ration du premier trimestre, le droit n'est dû
que pour les trimestres non échus.
4. Toute personne, passible du droit de
licence, qui transfère le siège de ses affaires
dans une autre commune doit, au préalable,
en faire la déclaration au bureau des contribu
tions du ressort.
5. Si le redevable est débitant et si la com
mune où il s'établit est d'un rang supérieur
celle dans laquelle il a été cotisé, le supplé
ment éventuel de droit est dû partir du tri
mestre en cours.
Cet article a été rejeté par parité de voix,
un membre de la droite, partisan de l'adoption,
s'élant absente un instant.
Mais la discussion qui a suivi, a montré que
la Chambre ne persistera pas dans ce rejet, que
l'article sera adopté au second vote.
Les deux articles qui suivaient n'avaient de
raison d'être que si l'article 6 était adopté.
Malgré le rejet, les amis du ministère ont
persiste vouloir faire mettre aux voix ces
deux articles. Les deux articles, mis aux voix,
ont été adoptes.
Cela implique que la droite adoptera l'article
6 au second vote. Car. d'après le règlement de
la Chambre, il y a un second vote.
Un second vote sert sauver le ministère
quand il a éprouvé un échec au premier.
Il en sera encore ainsi cette fois.
Poursau er le ministère, la droite n'hésitera
pas imposer un droit de licence tous ceux
qui s'occupent du commerce, de la fabrication
ou d débit des tabacs
Ei.lre un impôt et le désir d'ôtré agréable au
gouvernement, la droite choisit (impôt.
Le gouvernement veut l'impôt. M. de Smet
de Naeyer veut de grandes ressources.
De tout ce qu'il dit dans la discussion de ce
projet de loi, il ressort une préoccupation con
stante c'est de faire produire le plus possible
l'impôt, c'est de prendre toutes les mesures
possibles pour éviter les fraudes.
M. de Smet de Naeyer est dominé par cette
idée que l'on chercherait frauder l'impôt, et
c'est lui qui l'a dit c'est pour cela qu'il
soumet un droit de licence tous ceux qui s oc
cupent du commerce, de la fabrication ou du
débit des tabacs.
Le droit de licence sera adopté au second
vote.
Le ministère sera sauvé, et ce seront les fa
bricants, négociants et détaillants qui payeront
les frais du sauvetage.
Les socialistes sont parvenus conquérir cinq
sièges, sur onze, au Conseil communal de Mor
lanwelz. iNaturellement, ils chantent victoire.
Le libéralisme, le doctrinarisme, le capitalisme
ont été vaincus, s'ecnent le Vooruit et le
Peuple.
Veut-on savoir comment ce résultat a été
obtenu
Grâce l'appui ostensible et au concours in
déniable du parti clérical.
Les socialistes avaient donné la lutte un
caractère véritablement subversif ils avaient
déclaré la guerre la propriété, la féodalité
industrielle représentée Morlanwelz par la
puissante et généreuse famille Warocque ils
avaient ameuté les ouvriers contre leurs bien
faiteurs.
Ce qui est vraiment incroyable, c'est qu'ils
aient rencontre dans l'accomplissement de ces
misérables desseins la collaboration d'un parti
qui se dit conservateur et prétend au monopole
de la défense sociale.
il résulte de la façon la plus indéniable des
chiffres du scrutin et do la comparaison des
résultats de (élection pour les deux séries, que
la moitié des éleeleurs catholiques a voté, dans
l'une des sériés, pour les candidats socialistes.
Il avait été démontré par l'expérience du 17
Novembre que les catholiques ne pouvaient at
teindre au quorum Pour faire pièce l'admi
nistration libérale, le mot d ordre a été donné
au dernier moment de voter, dans l'une des
sériés, pour la liste socialiste, qui s'est trouvée
ainsi favorisée de 1180 suffrages, alors qu'elle
n'en avait que 868 dans l'autre série.
La manœuvre cléricale est certaine elle est
du reste avouée, et c'est même le représentant
catholique de I arrondissement, M. Baillez, qui
a mené la campagne.
De pareils faits montrent qu'il y a dans le
parti clérical d'incorrigibles aveugles, poussés
par une dangereuse aberration ne poursuivre
en politique qu'un seul but, l'ecrasement du
parti libéral.
Pour y arriver, tous les moyens sont bons.
Qu'en pense le Journal dYpreset ne juge-
t-il pas le moment venu de rééditer ses har
moniques variations sur le thème du pacte
honteux
laES CAUSES.
LE GOUVERNEUR DEMANDE LE RECOURS.
Voici les trois griefs singuliers que les catho
liques d'Ostende ont évoqué pour faire annuler
les élections communales
1° Un capitaine de la garde civique avait dit,
étant avec des amis, que si le lieutenant qui se
trouvait sur les rangs passait, il donnerait quel
ques prix pour un concours de tir
2° Le juge de paix Verstraeten, mort il y a
quelque temps, avait légué mille francs pour
être distribués en pains aux enfants fréquentant
les écoles communales cette distribution s'est
faite au bureau de bienfaisance pendant la pé
riode électorale (mais il est prouvé que cette
distribution ne pouvait avoir lieu plus tôt)
3° Enfin des travaux de jardinage étaient
exécuter au Parc Léopold ces travaux ont été
exécutés (comme chaque année) l'entrée de
l'hiver, donc au mois de Novembre ils étaient
du reste réclamés grands cris par les catholi
ques mêmes.
On a occupé ces travaux quelques ouvriers
des communes de Steelen, de Mariakerke et une
quarantaine d'ouvriers de la ville.
L'avis de la députation permanente était par
tage (trois voix contre trois), lorsque le gouver
neur s'est rangé pour l'annulation. En présence
de l'indignation des habitants, le gouverneur de
mande maintenant le recours.
-n»n-
Le Carnaval.
Décidément, le Carnaval de la présente année
1896, aura été favorisé entre tons par la tempé
rature. Dimanche, c'est sous les auspices d'un
soleil radieux que nos concitoyens ont fêté la
quatrième journée de licence que l'usage leur
accorde. Il avait un tantinet gêlé dans la nuit,
l'air était un peu âpre mais comme point pour
les assauts auxquels les amateurs du jeu des
confetti allaient se livrer entre eux. Belles dames
et beaux messieurs (soyons indulgents pour ces
derniers), hommes frivoles et sérieux jouven
ceaux et pères vénérables y ont mis une égale
animation. On sentait que les heures étaient pré
cieuses et qu'il fallait en profiter.
Rue de Lille, Grand'Place, rue au Beurre, rue
du Temple, l'animation, la circulation étaient
considérables Les Yprois se promenaient dans
nos rues pour jouir de tous les aspectscar
navalesques de la ville. Nous avons vu des per
sonnes s envoyer mutuellement de terribles bor
dées de confettiet provoquer, naturellement, un
joli rassemblement de badauds.
Nos braves marchands de confetti peuvent
compter leur recette elle doit être sérieuse.
Quant au Bal, organisé par la société des An
ciens Pompiers, il est superflu de constater qu'il
a attiré un public énorme. Danseurs et danseu-
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