Association Libérale X** 29. Dimanche, 56e ANNÉE. JOURNAL D'YPRES ET DEgL'ARRONDISSEMENT. Les catholiques, sauveurs de l'ordre. Les élections de Malines. Russie. 12 Avril 1896. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. DE L'ARRONDISSEMENT D'YPRES. Dans sa réunion de Samedi 88 Mars dernier, le Comité de l'Association libérale de l'arrondissement d 9 Y près, vient de dépide** la latte aux élections législatives pro chaines. Une nouvelle réu nion se tiendra le 18 ^Avril prochain poar désigner les candidats Nous avons écrit récemment que nous met trions en lumière l'impuissance du gouverne ment résister au socialisme. Le projet de loi Begerem sur les syndicats professionnels nous en offre un exemple édifiant. Les cléricaux ne se contentent pas de faire voter des lois inap plicables, sous prétexte de satisfaire des revendications sociales d'une portée chiméri que, ils veulent ouvrir la porte aux abus les plus flagrants, aux difficultés les plus inextri cables. Cet aspect du projet de loi begerem, dit la Flandre libérale de Gand, qui s'écarte notablement sous ce rapport du projet Lejeune, n'est pas suffisamment connu du public. H est opportun de donner quelques indications sur l'œuvre mauvaise que méditent nos adversai res. Nos lecteurs apprécieront par la même occa sion l'incohérence stupéfiante qui préside aux conceptions gouvernementales de nos grands ministres. On sait qu'à la suite des troubles graves qu'à fait naître dans notre pays l'agitation révision niste, surtout dans la province du Ilainaut, le cabinet a cru devoir reviser l'article 310 du code pénal, afin d'avoir l'air de s'opposer aux menées subversives des ennemis de l'ordre. Le fr alinéa de cet article, tel qu'il est aujour d'hui en vigueur, commine des peines sévères, allant d'un mois d'emprisonnement 2 ans, contre toute personne qui prononce des amen des, des défenses, des interdictions ou toute proscription quelconque, soit contre ceux qui travaillent, soit contre ceux qui font travailler. Le projet Begerem sur les unions profession nelles supprime cette disposition dans son arti cle 15. En sorte qu'il serait loisible aux ouvriers, si une pareille législation devait pré valoir, de transformer les syndicats en une arme de guerre contre les patrons et contre les travailleurs eux-mêmes. Nous approuvons de tout cœur les associations qui permettent aux ouvriers dune même branche industrielle de discuter pacifiquement leurs intérêts. Kien n'est plus louable, plus digne d'encouragement, plus conforme l'esprit de la Constitution aussi longtemps bien entendu que les ouvriers ne sortent pas de leur rôle. Une loi réglant cette matière est donc d une utilité incontestable. Mais nous ne saurions admettre que les syn dicats fassent œuvre de tyrannie dans laccoin- plissemeut de leur mission. Déjà cette heure, ils n'abusent que trop de leur influence, bien qn aucune reconnaissance legaie ne leur ait en core été accordée. A quel arbitraire ne devons- nous pas nous attendre, le jour où, de compli cité avec le législateur, ils pourront, impuné ment, donner iibre cours aux exigences les plus déraisonnables l Un pareil projet de loi est né faste et manifestement contraire au maintien de t ordre public. Nous ne pouvons concevoir qu'un gouverne ment conservateur, au courant des abus qu'en gendre la tyrannie syndicale en France et en Angleterre, propose la révision de l'article 310 du code pénal, surtout après qu en 1892 il s est vu lui-même contraint d'aggraver les peines que cette disposition edictau I En Angleterre, les statuts de certaines trade-unions défendent formellement aux membres de travailler avec des non-unionistes. Liles imposent aux patrons le renvoi des ouvriers qui ne font pas partie du syndicat. De ce chef, 32 grèves ont éclaté en 1892. Ces grèves intéressaient 15,000 ouvriers. De pareilles pratiques doivent-elles être to- lerees Un gouvernement peut-il lui-même prêter la main ces atteintes la liberté du travail Et n'avions-nous pas raison de dire que la mesure proposée par le ministre de la justice démontre l'impuissance absolue des ca tholiques tenir tète aux revendications les plus illégitimes S'ils avaient conscience de leur mission sociale, ils ne rompraient pas l'u nité de vue qui doit regner dans le conseil de la couronne, quand il s agit de defendre les ci toyens contre les entreprises autoritaires, tant des socialistes que des démocrates chrétiens. Jamais élection, en Belgique, n'aura été tra vaillée comme celle de Dimanche prochain Malines. Les libéraux donnent dix douze mee tings par jour, en moyenne, et dans tous les quartiers la fois, et particulièrement dans les plus populaires. Ils y développent leur pro gramme. La victoire est assurée, et peut-être une majorité plus belle encore que le 17 Novem bre dernier, tant est unanimo le courant d'opi nion en laveur des libéraux unis. La guerre des affiches bat son plein. Malines est, depuis l'ouverture de la période électorale littéralement en état de siège. Le soir, des patrouilles de vingt vingt-cinq gendarmes il y en a cent cinquante en ville parcourent les principales artères, et gare aux libéraux qui tenteraient de manifester Qu'on en juge d'ail leurs par ce qui s'est passé, en pleine après-midi, le jour de Pâques Une manifestation cléricale, forte d'environ deux cents membres, était entourée sur la place, par une centaine de curieux, libéraux pour la plupart. Aucun désordre d'un côté ni de l'autre, Eas un cri, même. Le commissaire de police, en ourgeois, assisté de quelques agents, faisait courtoisement circuler le public. Tout coup apparaît une forte patrouille de gendarmerie, que les cléricaux accueillent par des bravos et des vivats. Sans aucune somma tion, baïonnette la carabine, les gendarmes chargent les curieux inoffensifs, empoignant tous ceux que leur désignent les meneurs cléri caux. Un vieillard, ne pouvant fuir assez vite, est jeté terre, puis traîné au commissariat. L'indignation des assistants était générale. Il est clair que l'on cherche terroriser la po pulation, pour essayer d'enrayer le courant hos tile l'administration cléricale. Heureusement que, Dimanche, ce joli régime aura vécu Les fêtes du couronnemen On écrit de Saint-Pétersbourg Les préparatifs du couronnement du Czar se poursuivent Moscou avec une activité extraor dinaire. Sur le vaste champ de Kuodinskoé, où doit avoir lieu la fête populaire monstre de 400,000 individus, amusés et régalés pendant toute une journée aux frais du Czar, on con struit une quantité de théâtres forains et autres baraques, ainsi qu'une immense barrière en tourant l'enceinte. On a déjà aussi commandé les provisions qui seront distribuées gratuite ment cette masse populaire, dont chaque per sonne recevra, enveloppés dans un mouchoir il lustré de dessins commémoratifs, du saucisson demi fumé, un pain d'une livre, des fruits secs, du pain d'épices et une timbale en métal émaillé pour puiser de la bière ou de l'hydromel des tonneaux mis la disposition du public. On a également commandé les proclamations du jour du sacre qui, enjolivées d'un cadre de style russe antique, seront données au public par les hérauts d'armes qui, revêtus de costumes moyen-âge, parcourront cheval les rues de Moscou pour y annoncer la date de ce jour, et toutes les administrations gouvernementales, tous les groupes de représentation nationale, tels que les Assemblées de noblesse, les municipali tés, les corporations commerciales et ouvrières, les communes, etc., font exécuter par des orfè vres une énorme quantité de plats en argent pour présenter le pain et le Bel aux souverains. La semaine s'effectuera le transport solennel des insignes impériaux de Saint-Pétersbourg Moscou, où ils seront déposés au palais dn Krem lin. Celui des équipages de gala et des carrosses historiques a déjà commencé. Quant aux trou pes de la garde devant prendre part aux céré monies du couronnement, elles partiront d'ici pour Moscou vers la fin d'Avril. L'administra tion des écuries impériales a jusqu'à présent loué 250 paires de chevaux pour les princes et autres hôtes de distinction invités au sacre. Elle a également loué pour eux 34 maisons. LE PROGRÈS v1kes acyuirit edpido. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr/6-OÛ m j Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les iMiponces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrés Pour le rèstant de 1a Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRÈS, Ypbes, le 11 Avril 1896.

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