Chronique locale. 56e ANNÉE. 28 Mai 1898 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Un portrait. Après 12 ans de gouvernement clérical. Le timbre talon. lV> 42. Jeudi, 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annouces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les aifïonefis sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRÈS, On traite forfait. Dans une fort intéressante brochure intitu lée Le parti libéral et lunion ouvrière M. Minnaert consacre Paul Janson cette page qui ne manque certes pas de mordant II j a de» popularités qui s'usent et. si bien disposée que soit l'opinion publique pour un homme, il y a des fautes qu'elle ne lui pardonne pas. Nous craignons que ce ne soit le cas pour M. Jauson. On ne cessera pas d'admirer son talent qui est très réel et son caractère loyal mais en politi que il faut plus que des qualités personnelles, il faut de la consistance, il faut savoir où l'on va et ce que l'on veut, sous peine de se voir aban donner comme un capitaine de navire toujours incertain de quel côté du vent il va tourner sa voile. Les progressistes, dont il fut un des chefs glo rieux, mais dont il ne fut jamais le directeur autorisé, précisément parce qu'il manque d'es- firit de suite et qu'ils ont toujours admiré en ui l'homme brillant plutôt que l'homme de fond solide, les progressistes, dis-je, ne suivront pas M. Janson dans l'audacieuse et maladroite volte-face qu'il vient d'opérer. Ils diront, et avec raison, qu'ils sont anti-cléricaux et veulent des réformes démocratiques, mais qu'étant libéraux avant tout, ils n'entendent pas se fondre avec le parti socialiste, qui personnifie la négation de toute liberté. Quant aux socialistes, qui n'ont fait aux avan ces de M. Janson qu'un accueil circonspect, il est clair que ce n'est pas sans appréhension qu'ils voient venir eux ce dangereux néophite qui, nécessairement, voudra jouer un rôle, être con stamment en scène et imposer ses idées chan geantes un parti qui n'a d'autre ancre de salut que son intransigeance. Nous ne savons de quelle humeur M. Janson envisage leur attitude peu enthousiaste. Il doit lui sembler dur, cependant, que de jeunes éphè- bes du barreau radical qui, pour la plupart, fu rent ses protégés, lui fassent des conditions hu miliantes et le reçoivent comme une espèce de géronte dont ils j ugent le concours plus encom- rant qu'utile. Dans le parti libéral il était quelqu'un, parce que le parti libérai sait honorer le talent. Dans le parti socialiste, il ne sera rien, parce que le talent y compte pour peu de chose. Il faut, pour plaire ses dirigeants et sa clientèle, nne édu cation spéciale et une éloquence enragée la quelle M. Janson, trop correctement et trop lit térairement élevé, ne pourra pas condescendre. Il est destiné devenir le Père Hyacinthe du libéralisme vox damans in deserto officiant dans une chapelle de fidèles, étonnés de leur petit nombre et voyant fuir derrière lui ceux qui l'avaient encouragé et soutenu. Mais aussi, qu'allait-il faire dans cette galère? Sans aller jusqu'à nous féliciter de la déser tion de Paul Janson, et sans prétendre que celui-ci soit désormais condamné l'infériorité et l'isolement, avouons qu'il y a du vrai, et beaucoup, dans les appréciations de M. Min naert, et que ses prévisions paraissent sensées et vraisemblables. Tous les services publics sont en souffrance. Le pays est agité, inquiet. La dette publique a augmenté dans des proportions effrayantes et les capitaux belges s'en vont l'étranger. Voici maintenant la magistrature publique ment mise en suspicion. D'abord, c'est Liège, dans une réunion d'avocats, où l'on se plaint du recrutement de la magistrature. Ensuite, c'est Bruxelles, au palais du Roi, le premier président de la Cour d'appel de Bruxelles, qui appelle l'attention du chef de l'Etat sur la nécessité de bien choisir les ma gistrats. Hier, c'était Gand, un avocat de talent, catholique d'opinion, qui signalait dans un journal judiciaire l insuflisance de la magistra ture, son influence et son autorité allant en diminuant, et son action pacificatrice disparais sant. Personne ne proteste, tant ces constatations sont conformes au sentiment général. Le Roi s'absorbe dans l'administration du Congo. Le gouvernement clérical lui fournit, aux dépens du trésor public, les ressources néces saires cet effet. Le ministère clérical case ses candidats et récompense les services électoraux, sans se soucier des nécessités primordiales de la bonne administration de la justice. Et l'on s'étonne que le respect de l'autorité s'en va, que la confiance dans la justice dimi nue et qu'on entende parfois parler de mesures énergiques, radicales, révolutionnaires même, comme d'une nécessité de conservation sociale! Les pires révolutionnaires sont les cléricaux du gouvernement, uniquement préoccupés de la curée. Les évèques sont peut-être satisfaits. Mais la Belgique est mecontente et inquiète. Comment tout cela finira-t-il A l'ordre du jour de la Chambre, nos hono- bles ont fixé la discussion du budget de la guerre immédiatement après l'examen du budget des finances. Or, il parait que pour éviter, la veille des élections, des questions indiscrètes, le gouvernement va s'efforcer d'in tervertir l'ordre prescrit. C'est ainsi qu'il récla mera la discussion de la loi provinciale après les finances et peut-être celle du budget extra ordinaire qui n'est pas encore déposé... De cette façon, non-seulement il ne devra pas fournir d explications sur la fameuse réforme militaire, mais encore il escamotera le projet relatif la rémunération des miliciens qui pourrait écorner les finances de l'Etat. On sait que plusieurs députés demandent ?[ue la rémunération soit portée de 10 30 rancs le ministre de la guerre n'accepte qu'une augmentation de 5 francs, soit 15 francs au lieu de 10. Le gouvernement trouve encore cette générosité excessive et ne l'accueille qu'avec l'espoir de l'ajourner. Telles sont du moins, les intentions que l'on prête au cabinet la session devant finir la mi-Juin, nous ne tarderons pas connaître la vérité. A propos de M. Vandenpeereboom, c'est l'entêtement, un entêtement qui ne tient compte ni du raisonnement, ni des protestations de tous, ni de la logique, ni du bon sens. Cet en têtement niais soyons poli l se manifeste une fois de plus dans la question du timbre talon. Le jour où cette belle invention fut trou vée, M. Vandenpeereboom poussa un cri de triomphe II allait démontrer par ce moyen que les Belges étaient prêts se passer du service postal le Dimanche or, l'expérience eut lieu et elle fut désastreuse. Presque toutes les lettres déposées le Samedi soir portaient le timbre sans talon et la bandelette dominicale n'était maintenue que par des gens distraits, pressés ou des étrangers. Tout autre ministre, après cette avanture, se serait empressé, en constatant sa défaite, de donner satisfaction au public et de supprimer l'agaçant talon, cause de tant d'accès décoléré, etc. Le R. P., lui, est décidé le garder, ne fût- ce que pour avoir le plaisir de vexer ses com patriotes. Il faut avouer que ce Monsieur a un bien joli caractère.... ->x(o)r(- Le Journal et les travaux Ypres. Le Journal d'Ypres nous avait engagé lire le discours prononcé par notre maïeur au Sénat en faveur des travaux demandés dans la pétition adressée au Sénat et la Chambre des représen tants par les négociants et d'autres personnes également soucieuses de l'avenir de la ville. S'étant aventuré trop loin en affirmant un fait peu vraisemblable, il avoue dans son dernier numéro et cela très piteusement, qu'il s'est trompé. En effet, le Père de la Cité a borné son élo quence demander l'achèvement du canal il s® réserve pour la construction du chemin de fer pour le moment où le ministre compétent se trouvera son banc. VIRES ACQCIRIT EONDO. Ypres, le 27 Mai 1896.

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Le Progrès (1841-1914) | 1896 | | pagina 1