Chronique locale.
Paroles royales.
S
-n«n-
Le représentant pour
Poperinghe.
Terrible malheur Anvers
UN C1RÛUE QÛf S'EFFONDRE.
fluence augmentait et les moujiks en nombre
considérable attendaient avec impatience le
commencement de la distribution.
n Vere 6 h. un mouvement se produisit le
bruit venait de courir dans la foule surexcitée
des paysans que les ouvriers de fabrique arri
vaient et allaient être servis les premiers. Une
immense poussée eut lieu parmi les moujiks. Le
poste protégeant l'entrée, gardé par une dizaine
ae cosaques, fut enlevé et les premiers arrivés
prirent d'assaut les baraques, défonçant et bri
sant tout. Peu peu les moujiks avancèrent sans
prendre garde jusqu'au ravin et une foule énor
me fut précipitée dans le fond, formant un vaste
entassement. Comme j'étais derrière, je tombai
dans le gouffre au moment où il était comble et
je pus me sauver grand'peine en marchant sur
les autres, a
Tel a été le récit de ce témoin de la catastro
phe.
Le rédacteur de l'Eclair ajoute qu'il s'est ren
du 10 h. sur le théâtre da la catastrophe.
Les pompiers et les soldats accouraient de
toutes parts et commençaient dégager les
blessés.
11 est difficile d'imaginer un spectacle plus
effroyable.
Trois mille personnes ont été serrées et préci
pitées dans le ravin.
Les blessés, au nombre de 2,000 environ, ont
été placés dans les baraques voisines. Quant aux
morts, leur nombre dépasse 1,000.
On les a entassés Bur le bord du ravin et on a
mis autour d'eux, pour garder ces cadavres, un
escadron de cosaques.
Durant toute la journée les pompiers ont
transporté sur des camions, dans les différents
postes de police, de complets chargements de
cadavres, la tête recouverte d'un linge et les
pieds se balançant sur le bord.
Malgré cette épouvantable catastrophe la fête
populaire a continué, les théâtres out joué et
surtout des orchestres se sont fait entendre com
me si rien n'était arrivé.
Moscou, 30 Mai.
L'empereur et l'impératrice sont arrivés dans
les voitures impériales la fête populaire 2 h.
de l'après-midi.
La foule est intense. Des chœurs accompagnés
par des musiques chantent l'hymne national,
tandis que des milliei's de hourrahs s'élèvent,
saluant pendant plus de dix minutes les souve
rains. Ce spectacle était grandiose.
On remarquait côté du Czar et de la Czarine,
au balcon où ils avaient pris place, les princes
de la famille impériale.
Les princes étrangers et les princesses, le
corps diplomatique, les missions extraordinaires
et de nombreuses dames en toilette élégante
avaient pris place dans des tribunes voisines.
Moscou, 31 Mai
L'empereur, péniblement affecté par ces évé
nements, a ordonné des secours aux familles des
victimes.
Chaque famille atteinte recevra mille roubles.
Les frais d'inhumation seront prélevés sur la
cassette particulière de Sa Majesté.
Le chiffre officiel des tués et des blessés est de
1,138, mais il faut s'attendre une augmenta
tion.
Huit cent mille personnes étaient réunies sur
le champ de Kodynsky.
La culture intellectuelle d'un peuple est plus
que jamais, au temps présent, la source essen
tielle de sa prospérité.
Ces paroles royales, qui ont eu dans le pays
un retentissement énorme, sont reconnues au
jourd'hui énoncer nne vérité insuffisante.
Il faut les compléter ainsi La culture intel
lectuelle et morale d'un peuple est plus que ja
mais, au temps présent, la source essentielle de
sa prospérité.
Or, en fait de culture morale, que fait-on
On travaille de plus en plus livrer l'enseigne
ment public aux petits-frères
Monsieur Derten se retirant de la vie politique,
ou de son propre gré, ou, ce qui est plus pro
bable, un peu contre sou gré, carie métier de
député n'est pas sans attraits, les gros bonnets
du parti catholique, clergé en tête, se sont donc
réunis et ont fait choix d'un nouveau candidat
pour le remplacer la Chambre.
Le passé politique de M. Berten n'est guère
chargé, brave homme au fond, ancien notaire
riche comme un oncle d'Amérique mais très
économe de ses rëtttes, son principal mérite,
côté de ceux que nous venons d'énumérer, c'est,
u'à la Chambre comme l'Hôtel de Ville de
bperinghe, il a toujours laissé faire les autres
sans faire quelque chose lui-même pour ne mé
contenter personne.
Comme pour le remplacer il fallait trouver un
candidat Poperinghe et que dans cette ville les
ministrables dans le parti clérical sont excessi
vement rares, ce n'est qu'après bien des recher
ches et deB conciliabules que le choix s'est fixé
enfin sur M. Félix Van Merris, officier des pom
piers, échevin et conseiller provincial pour le
canton de Poperinghe. En voilà un cumulard
Qu'est-ce M. Félix Van Merris, inconnu jus
qu'ici dans l'arrondissement
De Poperinghe on nous apprend que c'est un
cousin germain de M. Jules Van Merris, le mé
cène bien connu, président de la fameuse Phil
harmonie et le chef du parti libéral en cette
ville. Le nouveau candidat clérical est lui-même
un ancien libéral qui n'a retourné sa veste qu'au
sortir de l'Université lorsque l'ambition et
l'amourdes places lui tirent entrevoir la
possibilité d'entrer l'Hôtel de Ville et d'émar
ger au budget Voilà pourquoi il fit patte de
velours au clergé et traita depuis lors de turc
more tout ce qui a riom libéral il joua du bon
apôtre tout du long et tout du large, si bien que
bientôt le clergé le bombarda échevin des tra
vaux publics Poperinghe. Plus tard le siège de
conseiller provincial étant devenu vacant et la
dévotion de M. Félix ne s'étant pas ralentie, le
clergé lui confia également cette place. Enfin il
faut croire que sa veine ne le quitte guère, car le
voilà porté candidat législateur toujours de par
la volonté de nos pères les bons ecclésiastiques,
car si le corps électoral comme le parti catholi
que lui-même ont encore se mêler de ces nomi
nations, ce n'est que d'une façon secondaire.
Voyons maintenant les mérites de celui qui
occupe toutes ces fonctions hélas nous tou
chons le revers de la médaille.
M. Félix Van Merris est un fruit sec de l'Aima
mater; il y a pioché des années pour se conquérir
un brevet d avocat, mais comme les examens
étaient par trop savants et que M. Félix ne
l'était pas assez, force lui fut de retourner bre
douille Poperinghe après avoir essuyé autant
de buses que d'examens Voilà le degré d'in
telligence du nouveau représentant que le clergé
veut imposer l'arrondissement d'Ypres Il
n'est donc pas étonnant que si la ville de Pope
ringhe possède en lui un superbe officier des
pompiers, les jours dé fête doré sur toutes les
coutures, elle n'eut jamais qu'un échevin des
travaux publics médiocre et ne connaissant rien
de ces travaux et le canton un conseiller provin
cial qui n'ouvrit jamais le bec au conseil.
Que fera-t-il la Chambre On se le deman
de Il touchera ponctuellement les 4000 francs
comme M. Berten, et comme il ne possède pas
les rentes de celui-ci, ces 4000 fr. trouveront do
rénavant mieux leur place.
D'aucuns prétendent que c'est là la véritable
raison d'être de cette candidature
Un article relatif la réunion du 30 Mai der
nier, au Volkshuis, nous étant parvenu trop tard,
ne pourra être inséré que dans notre prochain
numéro.
30 blessé».
Un épouvantable catastrophe a marqué la fin
de la représentation donnée Dimanche au cirque
Sam Lockhart établi en ce moment Anvers.
Un escalier en bois et la galerie de l'amphi
théâtre également construite en planches se sont
effondrés sous le poids des spectateurs.
Ceux-ci, au nombre de 150, ont faitpêle mêle
dans les débris de matériaux une chute de 5 6
mètres de hauteur.
11 y a une trentaine de blessés dont la plupart
très grièvement.
Un soldat a été relevé les deux jambes brisées.
La catastrophe s'est produite vers onze heures
et demie.
La panique occasionnée au cirque, qui était
comble, ne peut être contée.
Les victimes.
Voici les noms et l'état des blessés les plus
atteints François Priem, caporal au 7e de ligne,
Sied droit écrasé Maurice Vael, caporal au 7"
e ligne, jambe droite fracturée Georges Tri-
gaux, caporal au 7e de ligne, blessures au visage,
lèvre inférieure arrachée Gustave Staenhoven,
blessures dans le dos Dina Tielemans, lésions
internes.
Les autres blessés, au nombre de vingt-cinq
trente, sont contusionnés plus ou moins doulou
reusement. La moitié de ces personnes ont été
retirées des décombres, les vêtements en lam
beaux.
Deux cents spectateurs ont été entraînés par
l'effondrement.
L'accident.
L'escalier qui s'est écroulé était construit
l'extérieur de la cloison de pourtour du cirque.
Des spectateurs sont tombés dans la rue, d'autres
dans le cirque, tous sur des amas inextricables
de planches hérissées de clous.
La plate-forme qui mettait en communication
cet escalier avec la galerie s'est effondrée en
même temps.
L'émotion Anvers
La nouvelle de la catastrophe a provoqué une
émotion énorme Anvers. On parlait en ville de
vingt morts, de centaines de blessés.
Les personnes qui ont assisté terrifiées l'ac
cident disent qu'il est réellement miraculeux
qu'il n'y ait pas un plus grand nombre de victi
mes.
Les secours.
Tandis que la foule, comme frappée de stu
peur, entourait la démolition, la police s'em
pressait de secourir les victimes.
Les soldats blessés ont été transportés en civiè
res l'hôpital militaire.
Les bourgeois ont été soignés au bureau de
police, puis reconduits chez eux.
L'enquête
de police a commencé aussitôt après. Elle est di
rigée par M. Courtois, commissaire de la 2me
section.
Le cirque Sam Lockhart, qui est installé place
de la Commune, sera vraisemblablement fermé
au public pendant plusieurs jours.
Autres détails.
Les blessés les moins atteints portaient au vi
sage et aux mains des égratignures plus ou moins
profondes. Au contrôle du Cirque un de nos
confrères a vu deux femmes, la mère et la fille,
assez sérieusement blessées. La première portait
une plaie la tête, une autre la jambe, et la
seconde se plaignait de douleurs internes.
Un grand nombre de spectatrices se sont éva
nouies d'émotion. Le docteur Van Bae en pan
sait les contusionnés, tandis que plusieurs de ses
confrères s'empressaient autour des femmes dé
faillantes qne l'effroi clouait leurs places.
Les agents de police accourus dès la première
alerte ont empêché de nombreux accidents en
maintenant la foule qui se précipitait vers les is
sues pour fuir le danger. La présence d'esprit et
l'énergie des policiers anversois ont paré bien
des malheurs.