56e ANNÉE. 25 Août 1896. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Les nouveaux impôts. Une prédiction. Le général Brassine. Au Congo. l\° 67. Dimanche, 6 FRANCS PAU AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. Ypres, le 22 Août 1896. On vient de publier le tableau du commerce spécial de la Belgique avec les pays étrangers pendant les sept premiers mois des années 1894, 1895 et 1896. Ce tableau nous montre ce que les nouveaux droits ont produit depuis le 16 Juin, pour les liquides alcooliques importés. Depuis le 1*r janvier jusqu'au mois de Juillet inclus, on a importé en eaux-de-vie de toute espèce en cercles 13,155 hectolitres, qui ont produit 1,442,018 fr. de droits. Aux anciens droits, le produit aurait été de un million 315,500. C'est donc une augmentation de plus de 125,000 fr. de droits pour les eaux-de-vie en cercles importées depuis le 16 Juin jusqu'au 31 Juillet. Pendant le mois de Juillet 1894, on avait im porté, en eaux-de-vie de toute espèce en cercles 993 hectolitres l'année dernière, cette importation était de 1,065 hectolitres. Vous vous dites peut-être que celte année-ci elle aura diminué. Les nouveaux droits ont été appliqués pendant le mois de Juillet, et ils avaient pour but, selon M. de Smet de Naeyer, de faire diminuer la consommation de l'alcool. Or, sait-on, d'aprèsledocumentofficiel, com bien on a importé en Belgique, pendant le mois de Juillet dernier d'eaux-de-vie de toute es- Fièceen cercles 1,262 hectolitres, alors que 'année dernière le mois de Juillet ne donnait qne 1,065 hectolitres et l'année précédente 993. L'augmentation d'importation du mois de Juillet 1895 sur le mois de Juillet 1894, alors que les droits étaient les mômes, est de 68 hec tolitres. L'augmentation du mois de Juillet 1896 sur le mois de Juillet 1895, alors que les droits ont été augmentés, est de 197 hectolitres c'est- à-dire qu'elle est presque triple de ce qu'elle était l'année précédente. Si c'est ainsi que M. de Smet de Naeyer compte faire diminuer la consommation de l'alcool Quel sentiment doit éprouver M. de Smet de Naeyer devant la constatation d'un tel résultat? Comme adversaire de l'alcoolisme, il doit se dire Ça marche mal Comme ministre des finances, il doit se frot ter les mains en pensant Ça marche bien 1 On se demande si, dans les sentiments de M. de Smet de Naeyer, c'est le ça marche mal I qui l'emporte sur le ça marche bien L'importation a donc augmenté dans de for tes proportions le premier mois de l'application des nouveaux droits. Nous ne dirons pas qu'il suffit d'élever les droits d'un produit quelconque pour qu'on en consomme davantage ce serait idiot. Mais le chiffre officiel est là, et cette augmentation d'importation suivant immédiatement l eléva- vation des droits indique, selon nous, que, dans la pensée des importateurs, la hausse des prix des liquides alcooliques n'a dit son dernier mot. De la Meuse A lheure où le libéralisme est sorti très affaibli des luttes politiques par suite du régi me électoral que les catholiques imposent au pays, l'heure surtout où nos adversaires de droite et de gauche révent d'anéantir tout jamais notre parti, il est intéressant de faire connaître cet égard l'opinion d'un catholique convaincu. Voici comment s'exprime M. Van den Heu- vel, professeur l'Université de Louvain, dans une étude remarquable qu'il vient de consacrer aux Partis politiques en Belgique dans la Kevue de droit public Le parti libéral apparaît comme une mino rité assez faible. Mais il ne faudrait pas croire que les élections de 1894 aient partout donné des résultats correspondant l'influence reelle des groupes politiques. Divers incidents ont amene un amoindrissement excessif du parti libéral et il n'a pu obtenir, ni au Sénat, ni la Chambre, ni dans les conseils provinciaux, l importance qu'il espérait atteindre et qui lui revenait. 11 est probable que dans quelques années ses représentants seront plus nombreux il regagnera du terrain dans des arrondisse ments représentes aujourd'hui par des catholi ques ou des socialistes. Nous devons reconnaître que cette apprécia tion est marquée au coin dune grande indé pendance d'esprit et qu'elle est tout fait étrangère aux suggestions d'une politique étroite. Ce n'est pas M. Woeste qui aurait écrit ces lignes. 11 les a certainement pensées, mais il se garderait d'une pareille franchise. Le souvenir de la pi toyable attitude du général Brassine, dans la dernière session au Parlement, lorsque la question de notre réorganisation militaire fut soulevée par l'opposition, est pré sent tous les esprits. Le général, véritable ment sous la coupe de M. VVoeste et de son état-major, ne sut opposer que des réponses dilatoires aux formelles interpellations de la minorité. Et cela fait que la question militaire, question capitale, reste sans solution. La Meuse émet, ce propos, les remarques judicieuses qui suivent On s'est occupé dans ces derniers temps du projet de réorganisation militaire du général Brassine. La presse catholique est d'avis que rien ne presse maintenant que l'on a la rému nération des miliciens, le ministre peut dormir sur ses lauriers pendant quelques années. Ce seraient la vérité de tristes lauriers. On a jeté une aumône au peuple pour lui faire oublier qu'il est seul servir la patrie. Si le gé néral Brassine n'avait voulu que cela, il pour- rail se voiler la face, car i! aurait vendu l'hon neur national pour un plat de lentilles. La vérité est que la rémunération forme un des points du projet de réorganisation du mi nistre de la guerre. Il l'a déclaré lui-même dans la derniere session, et quand un droitier s'est écrié Nous allons au volontariat le général Brassine, malgré la promesse qu'il avait faite ses collègues de se taire, a répon du Pas du tout I Plus tard, après avoir rongé son frein, car il en coûtait ce soldat de servir une manœuvre électorale, le ministre a déclaré que son projet serait présenté dans la session suivante et que lui, général Brassine, défendrait les idées qu'il avait toujours soute nues. Or, le général Brassine a toujours défendu le service personnel et il a proclamé au Sénat en 1895 qu'il serait impossible, sous peine de lâ cheté et de forfaiture, d'inscrire dans nos lois que nul ne peut être tenu d'être soldat. Tout ce que le ministre a pu concéder, c'est que, dans la dernière session, on ne s'occupât que de la rémunération des miliciens. Mais, en échange, il a obtenu l'accord du cabinet sur son projet qui facilite bien le volontariat et lui accorde certains avantages, mais qui est basé sur l'abolition du remplacement. Telle est la vérité. La question en était là quand les Chambres se sont séparées et nous ne craignons aucun démenti. Nous attendrons donc le général Brassine l'œuvre. Il a engagé sa parole devant le pays et l'armée. Ses collègues essayeront-ils de le lâ cher, comme ils ont lâché M. de Mérode Renieront-ils leur engagement, maintenant qu'ils ont obtenu la rémunération? Ce serait honteux ce n'est pas impossible. Mais il appartient alors au général Brassine de démissionner en soldat indigné, et non en créature docile qui l'on aurait promis une grasse sinécure pous étouffer ses révoltes. 11 doit dire la vérité au pays et dégager sa propre responsabilité. Son honneur le veut et l'inté rêt de l'armée l'exige. Le Soir nous apprend qu'il a reçu de très gra ves nouvelles du Congo Une expédition contre les Madhistes est orga nisée et le commandement en a été donné au ba ron Dhanis. l'Etat a réuni des forces considéra bles et fait transporter dans le Haut Congo des troupes nombreuses, des munitions, des canons et tout le matériel disponible des stations. Ces transports ont été si importants qu'ils ont arrêté tous les autres mouvements sur le fleuve pendant deux mois. Tous les navires et bateaux de l'Etat y ont été employés. LE PROGRES VIRES ACQU1BIT EON DO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne, un franc. 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