\o 78. Jeudi,
56e ANNÉE.
Ir Oclob.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
ASSOCIATION LIBERALE D'YPRES
Les Cléricaux et la
représentation proportionnelle.
Un aveu de M. Woeste.
Autour d'une élection.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
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Les annonces sont.reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Brochés Pour
le estant de la Belgique ci de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES,
On traite forfait.
Revision des listes électorales
Le bureau de l'Association libérale fait un
pressant appel aux électeurs qui, pendant la
dernière période électorale, ont constaté qu'ils
n'étaient pas inscrits sur la liste électorale ou ne
l'étaient pas avec le nombre de votes auxquels
ils ont droit il les engage faire valoir leurs
droits auprès de leurs administrations commu
nales respectives.
Les électeurs qui recevraient de la part d'une
administration communale la notification de la
radiation de leur nom ou de la diminution de
leurs votes sont priés de vouloir s'adresser avec
les pièces justificatives au bureau de l'Associa
tion libérale, rue du Séminaire, les Dimanche
de 11 1 h., et tous les jours de la semaine de 5
7 h. du soir.
Le dernier délai pour réclamer devant l'auto
rité communale expire le 31 Octobre prochain.
Ypees, le 30 Septembre 1896.
On se remet discuter la question de la re
présentation proportionnelle propos dune
lettre qu'un professeur de ITJniversilô de Gand,
M. de Ceuleneer, président du Katholieke
Landsbond, adresse un journal clérical.
Tout en étant catholique et Président d'une
société catholique, l'auteur montre que le règne
du cléricalisme est éphémère et qu'il n'eût pas
fallu grand'chose en somme pour rendre im
puissant actuellement le parti clérical.
Des ballottages, dit-il, comme ceux de
Bruxelles, de Nivelles et de Philippevillc entre
catholiques et radico-sociaiistes comme celui
on l'aurait cru jadis impossible d Anvers,
entre catholiques et doctrinaires, sont bien
faits pour donner réfléchir.
Il eût suffi que l'élément flollanl du corps
électoral, non par conviction mais mû par des
questionsd'intérét ou des différends locaux, eût
voté pour les radico-sociaiistes ou les doctri
naires, pour anéantir complètement cette ma
jorité colossale de 70 voix. Battus môme uni
quement Bruxelleset Anvers, les catholiques
ne conservaient plus qu'une majorité de 121
voix, et réduits l'impuissance par cette défai
te, il leur eût été bien difficile, peut-être im
possible, de se maintenir au pouvoir en pré
sence d'une coalition de doctrinaires, de
radicaux et de socialistes.
M. de Ceuleneer conclut l'établissement de
la représentation proportionnelle
La lettre du professeur gantois n'est pas ac
cueillie favorablement, on le conçoit, par tou
te la presse cléricale. M. de Ceuleneer veut que
l'ancien jiarti libéral puisse être convenable
ment représenté, afin qu'il soit possible de re
prendre le pouvoir. Ce qu'il dit de l'existence
du gouvernement clérical mérite d'être repro
duit
Quelque grande que soit la sagesse politi
que avec laquelle on gouverne, un parti s use et
s'affaiblit au pouvoir au môme titre qu'il se re
trempe dans l'opposition.
Douter ainsi de la longueur du règne du
parti clérical et préconiser la représentation
proportionnelle, c'est mettre doublement M.
Woesle en colère.
Mais celte lettre donnera plus d'audace sans
doute aux démocrates chrétiens. On avait an
noncé qu'ils allaient proposera représentation
proportionnelle, puis on a dit qu'ils ajournaient
celte question, qu'ils retardaient le dépôt de
leur projet.
La lettre du professeur catholique gantois
n'aurait-elle pas été écrite pour relever leur
courage
Ce jésuite a parfois des accès de franchise dont
il est permis de faire fruit.
Dans un récent article de la Revue Générale le
grand stratège de l'armée noire est bien près de
se féliciter, dans l'intérêt de son parti, des vic
toires socialistes et de l'effacement du libéralisme
parlementaire.
M. Woeste estime que si, au lieu de se trouver
devant une imposante minorité socialiste, la
droite avait eu devant elle une forte minorité
libérale, jamais elle n'aurait osé voter le3 lois
réactionnaires qui marquent le règne de MM.
Schollaert et C'9.
L'aveu ressort, clair et net, des lignes que
voici
La tâche du Gouvernement et de la majorité
est donc certains égards plus aisée que jadis
elle est aussi plus fructueuse non seulement
n il se trouve en face d'adversaires dont les armes
n sont bien moins trempées que celles de leurs prédé-
7) cesseurs, mais, au lieu de l'incohérence de leurs
n plans et do leurs idées, ils offrent peu de
Que de fois, eu suivant les débats parlemen
taires ne nous sommes-nous pas rendu compte
par nous mêmes de la vérité de cette constata
tion
Qu'on se rappelle l'insigne maladresse des
socialistes pendant la discussion de la loi com
munale, et avec quelle naïveté ils ont donné
dans tous les pièges que leur tendaient les ma
lins de la droite
Qu'on se rappelle aussi leur insuffisance abso
lue et leur déplorable inertie dans les débats de
la loi scolaire
Et qu'on rapproche de leur attitude sans
dignité, plus riche en invectives fugitives qu'en
arguments, l'admirable campagne menée, eu
1884, par les députés libéraux d'alors, pour la
liberté de conscience et les droits du pouvoir
civil
Le socialisme, en Belgique, n'a jamais fait et
ne fera jamais que les affaires des cléricaux.
Que ceux qui ne voulaient pas nous en croire
en croient tout au moins M. Woeste.
F as est al hoste doceri.
Le revirement attesté par l'élection de Tour
nai est assez caractéristique la majorité
cléricale était, en 1894, de 2,500 voix pour
que nous attachions déterminer la significa
tion de noire victoire.
Si les libéraux ont triomphé, c'est parce
qu'ils se sont mis en rapport direct avec le
corps électoral. En 1894, si les cléricaux l'ont
emporté, c'est grâce au découragement et h
l'inertie des nôtres.On était allé au combat dé
moralisé, presque certains de la défaite. Au-
jourd hui, au contraire, les libéraux du Tour-
naisis, ayant repris courage, se sont promis de
vaincre et ils ont vaincu. Ils se sont mis la
besogne avec l'ardeur et la bravoure d'anlan,
et leur campagne électorale a été admirable
d'entrain et d'enthousiasme. M. Bara, qui leur
a donné l'exemple et s'est prodigué avec une
vaillance toute juvénile, a bien mérité du libé
ralisme. Que son exemple soit suivi ailleurs,
cl les libéraux remjiorteront. comme Tour
nai I
Faul-il ajouter que la victoire du 20 Sep
tembre n'est pas une victoire achetée au prix
d une alliance quelconque Cest le drapeau
bleu qui a été déployé tout seul, sans nulle
cravatle d'une autre nuance.
Et comme aucun jettalore lorandisle ne s'est
mêlé la propagande, le mauvais sort a été
rompu.
Le parti libéral, que socialistes et cléricaux,
unis dans la haine, déclaraient mort deux fois
plutôt qu'une, a mis en déroule de la plus gail
larde façon du monde les gascons qui préten
daient l'avoir enterré.
Et c'est M. Bara, cet homme d'Etat dont
socialistes et cléricaux célébraient insolemment
l'agonie, qui a conduit nos troupes la vic
toire. Pour des morts et des moribonds, ce
n'est vraiment pas trop mal.
Les journaux cléricaux sont atterrés. Le
Journal de Bruxellesle Bien public et la Balrie
ne soufflent mot. Ils ont cependant daigné ap
prendre leurs lecteurs le résultat de la jour
née, mais ils ont besoin de réfléchir avant de
moraliser.
Le Courrier de Bruxelles fait attendre une
note joyeuse. Comment, s'écrie-t-il, le candidat
catholique a échoué 1,3-37 voix 1 Cest là
tout ce qu'a pu donner le gigantesque effort de
nos adversaires Et il ajoute fièrement que
l'élection de Dimanche sera la dernière con
vulsion des gueux dans le Tournaisis.
Hélas! cest vrai: nous n'avons que 1,337
voix. C'est dérisoire, assurément, dit l'Etoile,
mais nous ne sommes pas fiers nous nous
contenterons d'une majorité pareille chaque
fois que nous irons au scrutin. Et nous espé
rons, puisque notre victoire est une triste con
vulsion, que nous aurons encore quelques con
vulsions de cette espèce, ne fût-ce que pour
avoir la joie de lire le Courrier de Bruxelles le
lendemain
PROGR
VIRES ACyClHIT El'NDO.
n résistance a la réalisation de desseins dont
n le sort eut pu être douteux du temps des
n libéraux.