Chronique locale.
84. Jeudi,
56e ANNÉE.
22 Octobre 1896.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
7* V I S.
L'alliance clérico-socialiste.
Tout pour les... petits-frères.
Autour d'un fauteuil.
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Ypres, le 21 Octobre 1896.
Nous avons montré dans notre dernier numé
ro, la lactique suivie par les cléricaux du Con
seil provincial du Hainaut, contre la Députation
permanente pour essayer d'éliminer certains
de ses membres, les défenseurs de la religion,
gardiens de la propriété, apologistes de la
famille, ont fait alliance avec ceux qu'ils accu
sent de vouloir la destruction de ces trois co
lonnes sociales ils ont mendié les voix des
suppôts du drapeau rouge, et en échange, ils
leur ont donné les leurs il s'en est fallu de
peu que leur combinaison ne réussisse et qu'ils
ne conquièrent une place au sein de la Dépu
tation permanente, grâce au concours intéressé
des collectivistes.
L'Organe de Mons nous apporte aujourd'hui
sur les manigances intervenues cette fin,
d'édifiants détails que nous reproduisons ci-
dessous, en attirant sur eux l'attention spéciale
du Journal d'Ypres
La situation réelle est celle-ci il y a eu
coalition entre cléricaux et socialistes - coali
tion que des bruits de couloir faisaient press-en-
lir Mardi vers H heures du matin, qui a été
avouée ensuite et d'ailleurs établie par le scru
tin et M. Juste n'y est pas plus resté étranger
que les autres droitiers.
Le pacte a été mûrement délibéré, la com
binaison habilement préparée si l'élection de
Beaumont avait été validée comme M. Mi-
sonne le demandait, et s'il n'y avait eu deux ou
trois défections, l'édifiant projet réussissait.
Comme certains conseillers, socialistes et
cléricaux, éprouvaient quelque répugnance
éliminer M. Frison, les calolles noires et les
rouges barettes s'étaient mises d'accord pour
voter sur son nom au premier scrutin (le député
était choisir dans l'arrondissement de Tour
nai), alors que le député sortant était M. Dubois
et qu'il est d'usage constant de maintenir le
même titulaire. C'est ainsi que la lutte s'est en-
fâgée sur les noms de M. Frison et de M. Du-
ois et il s'en est fallu d'une voix que M.
Frison ne fût élu par la coalition. Il eût été
{>lus facile, alors, de vaincre les hésitants et de
aire passer MM. Juste et Horlait, en opposition
avec MM Dubois et Wanderpepen.
Ayant choisir entre MM. Frison et Wan
derpepen d'une part, MM. Juste et Horlait de
l'autre, les fidèles du doyen de notre Députa
tion permanente ont tenu bon plusieurs bul
letins portaient le seul nom de Frison, quel
ques-uns Juste et Frison et c'est ainsi que
ce dernier a pu passer au premier tour avec
six ou sept voix de plus que la majorité abso
lue c'est ainsi que M. Juste est arrivé au
ballottage avec M. Wanderpepen (chacun 41
voix), tandis que l'allié Horlait restait en ar
rière avec 37 voix. Violent dépit des ci
toyens, naturellement.
Et c'est alors seulement que M. Juste (qui
avait relevé religieusement... et silencieuse
ment... les voles) a demandé la parole et a
crié (bien qu'on ne puisse discuter quand un
vote est commencé) qu'il se désistait Il
avait belle grâce de le faire, son échec était
certain.
11 y a plus, d'ailleurs si nous sommes
exactement renseigné, le désistement s'impo
sait M. Juste les socialistes ayant stipulé,
pour que les deux groupes votassent sans dé
fection, que si un seul des coalisés était élu il
devait se démettre. C'est trop vraisemblable
pour n'être pas vrai.
Et maintenant, Journal dYpresmon bon,
lapez contre l'alliance anticléricale 1
On ne se lasse pas d'admirer ce moniimenl
d'odieuse réaction. Déjà nous en avons signalé
le caractère brutalement et fanatiquement sec
taire il importe d en faire ressortir le but
financier. C'est ici qu'on peut se donner le spec
tacle de la rouerie cléricale, réussissant faire
du trésor public la proie des couvents.
Jusqu'à la loi Schollaert, les écoles adoptées,
là où il s'en rencontrait, étaient subsidiées par
la commune adoptante, conformément la
convention passée avec le directeur de l'école,
mais c'était tout. L'Etat n'intervenait pas en
leur faveur.
Nos maîtres ont bouleversé cet état de cho
ses. Désormais, les écoles adoptées, voire les
simples écoles privées que les autorités com
munales n'auront pas jugées dignes de l'adop
tion, recevront de l'Etat les mêmes subsides que
les écoles officielles. Les règles de la répartition
sont les mêmes pour les unes que pour les au
tres. Elles ont droit, au même titre que les éco
les communales, aux crédits mis la charge du
bureau de bienfaisance pour les frais d'instruc
tion des enfants pauvres. Voilà déjà d'abon
dantes rentes assurées aux petits-frères et aux
petites-sœurs.
Mais ce n'est pas tout. Une disposition for
melle de la loi Schollaert oblige la commune
garantir aux instituteurs des écoles adoptées un
minimum de traitement, avec augmentations
périodiques de quatre en quatre années. C'est
un comble.
Ainsi, voilà des instituteurs que la commune
ne connaît pas, qu'elle n'a pas nommés, sur les
quels elle n'a aucune action disciplinaire et
c'est cependant la commune qui les paieraet
qui est obligée de porter leurs traitements
son budget!
C'est le renversement de toutes les règles ad
ministratives. D'habitude, l'obligation de payer
emporte le droit de commander, tout au moins
de contrôler. Ici plus rien de pareil. La com
mune paie, mais a le droit de se taire elle a
des obligations, mais sans droits corrélatifs.
C'est l'extension l'enseignement du régime
des cultes. L'Etat paie les membres du clergé,
sans avoir rien leur demander en retour. On
a vu des curés prêchant la désobéissance aux
lois du pays et allant triomphalement, en des
cendant de la chaire, encaisser leur traitement.
Les écoles privées, adoptées ou non, étaient
representees jadis comme des œuvres de dé
vouement et d'absolu désintéressement. Les
cléricaux se vantaient de les soutenir de leurs
deniers et exaltaient leurœuvre scolaire comme
l'une des plus admirables manifestations de
l'esprit de sacrifice.
Finie désormais, celte légende. L'enseigne
ment clérical cesse d'être une œuvre d'abnéga
tion pour devenir un objet de spéculation.
Les dépenses de l'enseignement privé vont
être supportés par les provinces, les communes,
les bureaux de bienfaisance et l'Etal. Les par
ticuliers et les congrégations n'auront plus y
mettre du leur avec un peu d'adresse les re
cettes provenant des caisses publiques dépasse
ront les dépenses scolaires et il restera un ex
cédant, qui pourra être employé la propa
gande électorale.
Les cléricaux sont arrivés leurs fins.
Sous pretexte de liberté de l'enseignement,
les voilà qu'ils mettent le trésor public en coupe
réglée.
L'industrie des écoles privées va devenir
d'un bon rapport. Oh oui 1 L'heure des sacri
fices personnels est passée et bien passée
-)X(o)~(-
Jadis, quand une place devenait vacante dans
la magistrature, la Presse s'occupait peu ou
point de la nomination faire.
Les Cours, le Sénat et les Conseils provin
ciaux, qui avaient présenter des candidats
suivant le siège remplir, choisissaient en toute
liberté, et d'ordinaire, comme ils tenaient compte
de l'ancienneté et des qualités personnelles, leur
choix s'arrêtait sur les postulants les plus mé
ritants de telle manière que, rarement, il ar
rivait que leurs préférences ne fussent d'accord
avec le sentiment des justiciables.
Aujourd'hui, et grâce la politique qui, de
puis longtemps déjà, s'est malheureusement
mêlée tout, il ne s'en va plus précisément de
même.
Les présentations pour les sièges de Président
des Tribunaux de lr» instance et de Conseiller
soit aux Cours d'appel, soit la Cour Suprême,
sont discutées dans les journaux, chacun d'eux
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