7H V i s. Les Jeux. Le parti de la violence. La droite se rebiffe. A travers Bruxelles. l\° 89. Dimanche, 56e ANNÉE. 8 Novembre 1896. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. Ypres, le 7 Novembre 1896. Après l'inauguration du Cercle de Jeux d'Er- quelines, on annonce que Vilvorde va être doté d'un Kursaal avec cercle privé de-jeux. Bientôt, si ce mouvement continue, la Belgique ne sera plus qu'un immense, un gigantesque tripot. Comme le fait remarquer 1 Union libérale de Verviers, il n'y aura jamais éu autant d établis sements de jeux et on n'aura jamais tant joué dans le pays que depuis qu'on a supprimé les jeux publics. Et le gouvernement assiste avec une com plaisance béate ce développement d'une in dustrie traquée partout ailleurs et qui ne s'exerce guère qu'au profit de certains cheva liers. Pour ces ateliers dont la roulotte, les dés et les cartes sont les seuls instruments de travail, qui n'entretiennent que des parasites et ne pro duisent que des ruines, il n'y a ni gène, ni en traves, ni inspection, ni réglementation. Celle-ci reserve ses rigueurs aux industries qui donnent du travail la population et font la richesse du pays. On croirait vraiment que tout est sens dessus dessous dans notre beau pays de Belgique Pourquoi s'étonner de rien, du reste, quand on a vu une de ces lois modèles dont notre gouvernement et sa majorité se glorifient, con damner comme des falsificateurs des négociants convaincus d'avoir amélioré la margarine qu'ils débitent en y mettant trop de beurre Celte réflexion de notre confrère verviétois est amusante et juste. Et comme il le fait re marquer, il est illogique de réglementer les choses les plus étrangères sans penser régle menter le jeu. Que Ion empêche les commer çants de nous empoisonner, c'est parfait... quand il ne s'agit pas d'améliorer la margarine, mais ne serait-il pas plus utile encore au pays d'interdire cet empoisonnement moral du jeu Une nation qui se livre ce vice est une nation perdue il mène l'oisiveté, la dé bauche, la ruine. 11 est temps d'y mettre fin par une nouvelle législation qui fermera indistinctement toutes les maisons de jeux. La Belgique se passera fort bien des étran gers qu'elles attirent parmi lesquels se trou vent sans doute bon nombre de grecs et de rastaquouères. Les démocrates-chrétiens veulent créer Bruxelles un journal de langue flamande. Le groupe qui s'occupe de cette création a sa tête, paralt-il, MM. Daens et Renkin. Comment on s'y prend supprimer une école officielle. L'Enseignement pratique nous raconte par le menu de quelle façon on s'y prend, dans les villes dominées par le cléricalisme, pour arri ver rendre inutiles et pour supprimer en suite les dernières écoles officielles. Hasselt possède comme faubourg, ou plutôt comme section rurale, le hameau du Godscheid, sépare de la ville par une vaste étendue de prairies bordant le Démer. Les communications, faites de bonnes rou tes sont difficiles. En fait Godscheid constitue une sorte de commune séparée aussi le ha meau a-t-il une église, qui dessert également plusieurs petites localités voisines. Jugeant qu une école était aussi utile qu'une église, le Conseil communal de Ilasselt bâtit, il y a quelque quarante ans, un établissement pour les enfants de Godscheid. Par une tolérance admise de tout temps, il reçut celte ecole des enfants de petits ha meaux voisins qui, sans cette mesure d'huma nité, auraient dû faire chaque jour sept kilo mètres par d'affreux chemins pour se rendre l'ecole de la commune dont dépendait leur habitation. L'école de Godscheid prospéra, malgré les assauts de la gent cléricale. Mais quand la majorité du Conseil commu nal de Ilasselt fut passée aux suppôts du minis tère, I administration cammunale vint la res cousse. Elle commença par supprimer les cours d adultes puis elle renvoya sans pitié les en fants nayant pas leur domicile Hasselt on leur donnait cependant entendre que s'ils voulaient aller l'école libre, celle-ci leur était ouverte. Cela ne suffisait pas encore. On renvoya alors des élèves habitant Hasselt mais dans une section autre que celle de Godscheid. On réussit ainsi réduire la population des classes un chiffre assez faible pour que l'on eût un prétexte demande de suppression. M. Schollaert hésite, parait-il. Cette fois, le coup lui paraît trop scandaleux. il serait honorable pour le ministre d'avoir la fermeté de ne pas accomplir en l'occurrence une besogne aussi malpropre. La suppression de l'école de Godscheid met trait cinquante-deux enfants dans l'impossibi lité absolue de recevoir l'instruction primaire I Les discussions qui ont eu lieu entre socialis tes verviétois, le dernier procès des Roger et des Brenez avec leurs curieuses révélations, l'affaire du Vooruit, ont jeté un nouveau jour sur le parti socialiste, ses divisions, ses abus, etc. D'intenses querelles le minent et mena cent son existence. Edifié en quelque sorte avec de la violence, il provoque aussi dans son sein les incidents les plus violents. Du jour au lendemain, des hom mes comme Pol De Witte et Bracckman sont devenus des trailres parce qu'ils n'ont pas hé sité dénoncer les retenues qui étaient faites sur les salaires des ouvrières. On n'a pas tenu compte de leurs services ils ont été brisés et le renvoi de Bracckman est la démonstration la plus éloquente des tendances du parti la violence règne au Vooruit comme elle domine dans le Borinage, Verviers, etc., bref, dans tous les centres socialistes. Et c'est ce sentiment prédominant de l'esprit socialiste qui provoquera sa fin par des dissen sions véhémentes, continues, âpres et irrépa rables. Le parti socialiste, pour tous ceux qui l'analysent, n'est pas, en vérité, un parti d'ave nir. Laissez-le agir, de ses propres mains il se détruira, on peut, dès maintenant, en avoir la certitude absolue. A deux reprises, nous avons énuméré les di verses concessions faites dans son projet par le général Brassine ses adversaires de la droite. Elles n'ont absolument servi rien. L'opposi tion du groupe Wocste-Helleputte-Coremans reste irréductible il ne veut ni du service per sonnel avec n'importe quel tempérament et quel adoucissement, ni de l'augmentation du contingent. Dans ces conditions, il ne restera plus au gé néral Brassine qu'à se soumettre ou se dé mettre, moins que le Roi ne fasse la dissolu tion, ce qui est plus que douteux. 11 semble donc que nous marchons la démission du gé néral Brassine, moins d'événements impré vus. A la veille de la rentrée des Chambres la rue de la Loi est inabordable. On vient d'y creuser les tranchées pour la canalisation sou terraine du tram électrique, et de véritables collines se dressent menaçantes devant le Palais de la Nation, qui semble barricadé et défendu par de sérieux retranchements. N'aurait-on pu commencer ces travaux plus tôt 1 De son côté, la réfection des hôtels ministé riels continue, l'exception de la partie com prise entre les ministères de la justice et des finances. Là, au-dessus de la porte monume, taie, des balustrades font défaut et des table tes manquent. Les ministres, trop longtemps ennuyés par les bâtiments civils, les ont-ils fait déguerpir sans attendre l'achèvement des travaux, ou bien ceux-ci reprendront-ils gaiement dans LE PROGRÈS VIRES ACytJIRlT ECNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le i nstant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES, Les personnes qui prendront un abonnement au Progrès dater du 1r Janvierle recevront gratuitement partir de ce jour. POUR =-#-

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Le Progrès (1841-1914) | 1896 | | pagina 1