V I S.
A la Chambre.
i\° 95. Dimanche,
56e ANNÉE
29 Novembre 1896
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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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Ypres, le 28 Novembre 1896.
Les projets du Gouvernement.
A la fin du discours qu'il a prononcé avant-
hier la Chambre, M. de Smet de Naeyer a fait
connaître les intentions du cabinet dans la
question militaire. Il veut deux armées recrutées
d'après des mode3 diflérents, l'une, l'armée de
campagne, l'autre, chargée plus spécialement
du maintien de l'ordre.
La première, l'armée actuelle, ne subira au
cun changement. Le remplacement sera mainte
nu et le chiffre de l'effectif restera tel qu'il est
aujourd'hui. Pas un homme de plus...
L'armée ne sera donc pas réorganisée. Il est
vrai que M. de Smet annonce que des tempéra
ments diminueront la rigueur de la loi du sort
en faisant la moindre part possible la faculté
de se faire remplacer prix d'argent, mais il
n'indique pas la nature de ces tempéraments. Il
n'a été affirmatif que dans cette déclaration
Le contingent actuel se composera de volon
taires et se complétera par voie de tirage au
sort.
Quant la seconde armée, la garde civique,
elle sera composée de deux bans, le premier
ayant servir pendant un terme égal la durée
du terme de milice, c'est-à-dire de 20 33 ans.
Tous les citoyens dans l'aisance qui ne servi
ront pas dans l'armée proprement dite y seront
incorporés. Les ruraux comme les urbains
C'est là un point essentiel sur lequel le gou
vernement ferait bien de s'expliquer.
Et au second ban de quelle durée sera le ser
vice
Il résulte de la déclaration de M. de Smet de
Naeyer trois points essentiels le remplacement
sera maintenu, des dispositions seront prises afin
de provoquer une armée de volontaires et la
garde civique recevra une organisation nouvelle
indiquer encore.
Mais quand accordera-t-on aux patriotes ce
minimum de satisfaction
M. de Smet de Naeyer a répondu cette ques
tion en annonçant que les projets du cabinet
seraient étudiés avec maturité afin qu'ils ne di
visent pas la majorité actuelle
Dans ces conditions, il serait inutile de les dis
cuter puisqu'ils ont beaucoup de chance de
n'être jamais déposés.
La comédie continue les naïfs seuls s'y lais
seront prendre.
Au département de la guerre.
M. Yandenpeereboom restera longtemps mi
nistre intérimaire au département que M. Bras-
sine vient de quitter.
Et il ne sera remplacé qu'au lendemain du
vote des projets du gouvernement quand la
question militaire aura été enterrée par la ma
jorité. Or, comme M. De Smet de Naeyer le di
sait Mardi la Chambre, ces projets seront dé
posés l'heure opportune, quand ça lui con
viendra.
Ce ne sera donc pas encore pour demain.
Aussi le général Boom prend-il ses nouvel
les fonctions au sérieux Lundi il a reçu les
généraux inspecteurs de l'armée et il donne
audience aux officiers qui désirent avoir une
entrevue avec sa sacro-sainte personne.
Son intérimat se prolongera pendant plu
sieurs mois, pendant une année peut-être, la
visible satisfaction des revuistes.
Quant le remplacer par M. Léon Visart,
questeur de la Chambre, c'est là une plaisan
terie que l'ancien capitaine de la légion mexi
caine s'est empressé de démentir dans les cou
loirs.
LA
Représentation proportionnelle.
Avant-hier, M. Heuse a déposé la Chambre
sa proposition de loi établissant la représenta
tion proportionnelle pour les élections législati
ves et provinciales.
A la suite des dernières élections où l'on a vu
comme Bruxelles et Nivelles les candidats de
la minorité du corp3 électoral l'emporter au
ballottage par hostilité aux socialistes, cette pro
position s'imposait. Plus de trois cent mille libé
raux n'ont pas un seul représentant la Cham
bre, ce qui constitue la plus criante et la plus
abominable injustice.
Jamais, en Belgique, un grand parti n'a été
frappé d'un pareil ostracisme de par les vices et
les injustices du système majoritaire.
La proposition Heuse est donc la bienvenue,
quel qu'en soit le texte, le principe étant l'essen
tiel le reste appartiendra la discussion. Mais
quand la Chambre s'occupera-t-elle de cette
grande réforme C'est aux partisans de la re
présentation proportionnelle rendre le débat
nécessaire par une campagne active et décisive.
Sinon la majorité, dans les mains de M. Woeste,
restera sourde toutes les raisons de justice et
s'efforcera d'écarter de l'ordre du jour la pro
position Heuse. Yoilà ce qu'il faut éviter tout
prix en faisant appel par des manifestations et
des meetings l'opinion publique, maîtresse des
décisions suprêmes.
Séance du 27 Novembre.
La Chambre a voté par 73 voix contre 38 et 10
abstentions l'ordre du jour pur et simple au su
jet du projet de réorganisation militaire.
Voici les noms des députés qui se sont abste
nus Hemeleers, Huyshauwers, Janssens, Ren-
kin, L. Visart, Daens, Stouffs, Carton, Mousset
et De Bontridder.
Mardi, séanée 1 3/4 heures.
Un grave incident
hispano-américain.
Il vient de se produire en Amérique, dans
l'État de Delaware, un grave incident interna
tional, qui va probablement provoquer les ré
clamations légitimes du gouvernement espagnol.
On a profité d'une réunion de volontaires pour
insulter le drapeau de l'Espagne et le fouler aux
pieds. Sans doute, pour pallier cet acte de bru
talité, on alléguera l'impossibilité de réfréner
les élans populaires et le peu de signification
qu'il faut attacher anx manifestations collectives
de jeunes gens excités par la boisson. Mais les
faits n'en subsistent pas moins, et il n'est pas de
nation, si petite soit-elle, qui puisse tolérer un
outrage aussi patent que celui dont un certain
nombre de citoyens des Etats-Unis se sont ren
dus coupables.
Il ne s'agit pas ici de l'Espagne seule il s'agit
d'une question de droit international, dans la
quelle toutes les nations du monde sont intéres
sées.
On ne sait pas quelle suite le gouvernement
espagnol donnera cette affaire, mais il parait
évident, après cela, que, dans la pensée delà
majorité des citoyens de l'Union américaine,
l'Espagne est déjà une ennemie. C'est là un pro
drome des événements futurs, notre avis, tout
fait regrettable. La perspective d'une guerre
entre l'Espagne et les Etats-Unis, qui paraissait
encore chimérique il y a quelque temps, semble
aujourd'hui tout fait vraisemblable. Il ne faut
pas croire que l'Union américaine, dont on
s'exagère volontiers la force de résistance et l'es
prit de résolution, doive envisager cette éventua
lité avec dédain.
L'Espagne est, malgré les apparences contrai
res, une nation trè3 forte. Son unité est indes
tructible puisqu'elle s'appuie sur des siècles de
tradition il n'en est pas de même des Etats-
Uuis qui ont été menacés, il y a moins d'un de
mi-siècle, d'une scission irréparable et désas
treuse. Les journaux américains, qui poussent
la guerre et qui répandent en Europe dos nou
velles tendancieuses et intéressées afin de prépa
rer l'annexion du Cuba aux Etats-Unis, feraient
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