Chronique locale.
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36e ANNÉE.
27 Décembre 1896
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
JttVlS.
Le fonds communal.
L'utopie socialiste.
L'élection de Furnes.
Au Lynx du Journal d'Ypres.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Ypres, le 26 Décembre 1896.
On discute la Chambre un projet de loi, mo
difiant la répartition du fonds communal, et on
entend les conseillers communaux, en train de
chercher maintenir J'équilibre du budget, par
ler de l'influence de ce projet sur les finances
communales.
Qu'est-ce que le fonds communal
Autrefois, les grandes villes et communes du
pays frappaient d'un droit d'octroi les denrées et
marchandises l'entrée de leur territoire
c'était le régime des douanes intérieures cette
taxe produisait globalement, environ 13 mil
lions.
En 1860, Frère-Orban, et c'est là un de ses
titres de gloire abolit les octrois seulement,
il dut prendre des mesures pour ne pas priver
les communes de revenus importants, et ne pas
forcer établir des impôts nouveaux.
On institua donc le a fonds communal c'est-
à-dire que l'Etat préleva 14 millions sur ses res
sources, pour les répartir entre les communes
cette somme provenait notamment de certains
droits d'accises, créés comme transformation
des octrois. Aujourd'hui, le fonds communal,
qui s'élève plus de 30 millions, est alimenté
par un tantième sur le produit des postes, plus
un prélèvement sur le produit des douanes et
accises.
Comment se répartit cette somme
Au prorata des impôts directs, payés par les
habitants de chaque commune l'Etat. C'est
dire que les grandes villes, où les contributions
sont plus élevées, sont favorisées dans le par
tage.
Considérant que les sommes constituant le
fonds communal sont payées principalement
par les petits consommateurs (accises sur l'al
cool, la bière, le café, le vinaigre, le sucre, etc.),
M. De Smet de Naeyer a résolu d'adopter un
mode de répartition plus équitable, basé, non
pas sur les contributions, mais sur le chiffre de
la population.
Immédiatement les grandes villes ont protes
té cause des conséquences perturbatrices que
cela menaçait d'avoir pour leurs finances et
l'équilibre de leur budget. Le ministre s'est
donc arrêté un système transactionnel qui
respecte pour ainsi dire les droits acquis il ga
rantit aux communes un minimum d'allocation
équivalant celle touchée en 1895 pour le sur
plus de l'encaisse, il sera distribué au prorata
de la population. Et on prendra pour base la
population de droit mentionnée dans le recen-
cement décennal, moins que la population de
fait ne soit devenue de 10 p. c. supérieure la
population de droit.
Telle est la réforme soumise actuellement
l'examen des Chambres.
Dans le remarquable discours qu'il a pronon
cé la dernière séance officielle de l'Académie
de Belgique, le général Brialmont s'e&t occupé
de l'utopie socialiste. Il a rappelé le mot de
Henri Georges La propriété est illégitime
elle entretient la misère et entrave le dévelop
pement de la population.
Ce réformateur,adit l'éminent académicien,
appartient une école qui prétend pouvoir sup
primer la misère, tout en tenant compte du fait
que les besoins et les prétentions des classes in
férieures augmentent mesure que la civilisa
tion progresse. Aussi ne redoute-t-elle pas les
effets d'un accroissement de population qui se
rait cependant fort rapide sous un régime assu
rant la subsistance tous les hommes.
Mais l'idéal socialiste n'est pas réalisable.
Si le collectivisme pouvait fonctionner quelque
temps, on constaterait bientôt qu'il ne produit
pas les effets bienfaisants qu'en attendent ses
apôtres. La raison en est que la misère a moins
pour cause une organisation défectueuse de la
société que les vices des hommes et l'inégalité
native de leurs forces et de leur intelligence. 11
laut connaître bien peu la nature et l'histoire
de la race humaine pour espérer que ces vices et
cette inégalité disparaîtront. L'inégalité des
conditions durera donc aussi longtemps que
l'humanité, parce qu'il y aura toujours des
hommes inégalement doués au physique et au
moral.
La seule égalité que la société puisse et doive
assurer l'homme est l'égalité dans le droit et
la liberté. L'utopie consiste considérer l'amour
et la fraternité comme les ressorts de la produc
tion, alors qu'en réalité le plus énergique stimu
lant au travail, l'initiative individuelle et
l'esprit d'invention est la nécessité pour le père
de famille de pourvoir aux besoins des siens,
d'accroître ensuite son bien-être et sa considéra
tion par l'épargne et la propriété.
7i Ce n'est donc pas le collectivisme qui résou
dra le problème d'assurer des moyens d'existen
ce aux hommes, quel que soit leur nombre. Il
ne pourra qu'en rendre la solution plus difficile.
Certains socialistes le comprennent déjà si bien
qu'ils disent qu'aucun système collectiviste ne
pourra durer s'il ne commence par limiter le
nombre des naissances. Or, cette limitation n'est
possible qu'à la condition de morceler de plus
en plus la propriété, comme le démontrent les
faits. L'influence de la propriété sur la natalité
est constatée partout.
Comme le dit excellemment le général Brial
mont, la seule égalité que la société puisse et
doive assurer est l'égalité dans le droit et la li
berté. C'est la doctrine défendue par le libéra
lisme c'est celle qui finira par triompher. La
doctrine collectiviste, au contraire, veut suppri
mer non les privilèges mais les droits séculaires
de la bourgeoisie, afin de mieux faire peser la
tyrannie du socialisme sur tous. Elle est pour
l'injustice, pour la négation de l'individualité,
et c'est pourquoi elle disparaîtra comme toutes
les utopies, le caprice du jour s'étant dissipé.
Les cléricaux se sont réunis Furnes afin de
désigner un candidat l'élection sénatoriale
pour pourvoir au siège vacant par la mort du ba
ron de Coninck.
L'Association a désigné comme candidat M.
Raphaël de Spot, échevin de Furnes et conseil
ler provincial.
Les cléricaux de Dixmude désigneront leur
tour un candidat.
Une réunion des délégués de l'arrondissement
choisira ensuite entre les candidats des deux as
sociations.
Les libéraux présenteront M. Verbeke, ancien
sénateur d'Ostende, et il y aura en outre, un
troisième candidat, M. Maes, clérical, qui se
présentera en dehors de toute association.
Décidément ce ne sont pas des lunettes qu'il
porte, c'est un ingénieur qu'il a sur le nez.
Doubles imbéciles, l'ingénieur en chef et l'ar
chitecte du Palais de justice.
Imbécile-Record, l'ingénieur du Progrès.
Imbécile (ammonial), l'ingénieur de la Lutte.
A la suite des sermons donnés par des prédi
cateurs étrangers, un phénomène étrange est
constaté en ville, dont on jase beaucoup.
Des cléricaux, ardents et terribles il fut un
temps, sont devenus, pas encore libéraux (cela
arrivera), mais des démocrates chrétiens sous
l'effet de la parole suave et chaude d'un car
me de bonne prestance, qui a déclaré, du haut
de la chaire de vérité, que les dévots et les dé
votes de la ville avaient moins de religion que
ceux que le clergé avaient pour habitude de
nommer les suppôts de Satan, les affreux libé
raux.
Par contre, quelques naïfs, parmi lesquels
on cite des instituteurs et des institutrices des
l\° 103. Dimanche,
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