Chronique locale. -ce»>r(- 5. Dimanche, 57e ANNÉE 10 Janvier 1897 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Le discours du Roi et M. Bara. Les solliciteurs. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. Le correspondant bruxellois du Précur seur constate que les paroles prononcées par le Roi la réception de la dôputation du Sénat, ont été directement inspirées par le beau dis cours prononcé récemment par M. Bara l'oc casion de la discussion de la loi fixant le con tingent de l'armée. Nous croyons devoir mettre sous les yeux de nos lecteurs les lignes intéressantes du journal anversois Ah ça, que faut-il donc nos politiciens? Ils n'ont pas trouvé les discours du Roi assez Significatif. Peste, fallait il donc qu'il mil les f>ieds dans le plat et qu'il le cassât par dessus e marché 11 me semble, moi, que le discours du Roi est suffisamment significatif. Son appel au pa triotisme acquiert même une importance énor me si l'on considère qu'il constituait précisé ment la conclusion du magistral discours que M. Bara a prononcé au Sénat. Comme le Roi, M. Bara a invoqué lexemple des pays voisins comme le Roi, il a insisté sur celui de la France, dont le patriotisme a accep té les plus lourdes charges sans murmurer. Relisez la fin du discours de M. Bara, lisez le discours du Roi et vous remarquerez des coïn cidences trop frappantes pour ne pas être absolument voulues et que, pour ma part, je trouve si significatives qu'il me semble que, sous la mesure volontaire des paroles, le Roi n'a jamais été plus loin. C'est déjà une ironie sanglante, la plus dure des critiques, que de prendre comme sujet de discours de réception le patriotisme, alors que le Parlement venait de donner justement la me sure de son patriotisme lui, tout fait néga tif. Le choix de ce sujet indique, mon sens, suffisamment l'intention de donner une bonne leçon la législature. Et qui le chef de l'Etat emprunte-l-il ses exemples, ses arguments?Au chef de l'oppo sition parlementaire, au représentant le plus autorisé du libéralisme, au seul peut-être des anciens parlementaires libéraux que le nou veau régime parlementaire ait respecté? En faisant siennes les conclusions de M. Bara, le Roi a tacitement fait sien tout le discours que 1 honorable sénateur a prononcé. C'est le fait qui, pour moi, se dégage indéniable des paroles que le chef d'Etat a prononcées. C'est faire preuve de courtes vues que de soutenir que la question militaire n'a pas été soulevée l'occasion des réceptions de nouvel an. Ce n'est pas parce que le Roi a évité soigneusement de prononcer le mot, qu'il s'est abstenu de parler soldats et armée que cette question n'a pas été agitée. Et le Roi entendait bien en entretenir le Sénat lorsqu'il parlait de patriotisme. La question militaire, mais elle vibre dans tout ce discours où le Roi, avec un tact exquis, a fait, comme M. Bara, allusion iéna et Se dan et a fait ressortir que c'est le patriotisme qui a relevé l'Allemagne et la France com ment par la reconstitution de l'armée le sous entendu était indiqué. A quels moments de splendeur et de force le Roi fail-il allusion en parlant des nations an ciennes A celui où leur puissance militaire était son apogée. Le patriotisme fait Rome et les Romains, quand les citoyens servaient personnellement et formaient un mur de fer la patrie. Rome tombe lorsque le patriotisme affaibli, laisse la défense de lEmpire aux soins de mercenaires. Le sous entendu est encore indique. Dans tout le discours du Roi, nous retrou vons, sous ce transparent patriotisme, la préoc cupation de la situation militaire. Le Roi ne parle pas de l'Angleterre sans ajouter qu'elle a échappé bien des périls grâce sa situation exceptionnelle Com plétez et constatez que la pensée vient natu relle. Cest celle situation insulaire qui lui per met de se contenter d'un système militaire spécial, dont lapplication un pays continen tal serait un non sens. Que I on dise ce que l'on voudra de ce dis cours, j en dis, moi, fort nettement ce que j'en pense. Et j'en pense que si j'avais I honneur de dé tenir un portefeuille, dedefendre une politique que je croirais être celle du pays, que si j'étais chet d une majorité parlementaire, je me reti rerais devant une manifestation aussi nette du sentiment du chef du pouvoir exécutif, en com munion complète avec le chef de l'opposition, au point d epouser ses argumenls. S'il me res tait une parcelle d honneur politique, je n'ac cepterais pas un affront aussi sanglant, quelque mesurés qu'en soient les termes, je ne resterais pas sous le coup d'une désapprobation mani festée dans une occasion aussi solennelle et aussi publique. Le Roi a signifié au ministère et la majori té qu ils n'avaient pas sa confiance il a mani festé qu'il attendait du libéralisme seul une so lution reellemenl patriotique de la question militaire. Qu'on l'ait compris, cela ne fait pas l'ombre d'un doute, mais on fait semblant de ne point le comprendre. Nous avons reçu le rapport sur les travaux de l'Association des Marçunvins pendant la 22e année sociale. Il résulte de ce document que la société compte 604 membres dont 47 dames, dissémi nés un peu partout dans le pays et payant en cotisations 4,619 fr. La recette des boîtes a at teint 6,190 fr. 16, soit près de 1,000 fr. de plus que l'année dernière; enfin le total des dons et collectes s'est élevé 1,535 fr. 29. Des bourses d'études ont été octroyées jusqu'à concurrence de 1,588 fr.et 1,706 fr. 25 ont été répartis entre diverses écoles de pro vince, ainsi qu'une quantité considérable de vêtements. Les marçunvins possèdent pour plus de 4,000 fr. de vêtements confectionnés, prêts être distribués. La villa scolaire d'Hastière a reçu 802 pen sionnaires. Toutes les dépenses nécessitées par acquisition et la mise en état de l'immeuble étant liquidées, une plus grande extension va être donnée aux colonies gratuites. Le rapport rappelle enfin qu'au ballottage du 12 Juillet, les Marçunvins ont recommandé la liste anticléricale, étant d'avis que le devoir de tout bon libéral est de voter pour les candi dats partisans de la diffusion de l'instruction laïque. A ceux de nos lecteurs que la chose intéres serait, rappelons que le président de l'Associa tion des Murçunvins est M. Eug. Brûlé, rue de la Blanchisserie, 5, Bruxelles. Communiqué Une place étant devenue vacante l'Acadé mie, beaucoup de postulants vont, de porte en porte, solliciter l'appui et le vote, non seulement des membres du bureau administratif, mais aussi des cléricaux huppés ou qui croient l'être. C'est là le côté humiliant qu'ont subir les hommes qui désirent parvenir, côté que nous verrions disparaître avec beaucoup de plaisir. Nous trouvons que toutes les nominations, quelles qu'elles soient, ne devraient être faites qu'à la suite d'un concours public et devant des j uges qui, par leur position indépendante, sont l'abri des influences politiques. Ne devons-nous pas constater avec peine que toutes les nominations, soit danH la magistratu re, soit dans le notariat, sont dictées par des considérations politiques Si le gouvernement nommait encore les plus capables mais le plus souvent c'est l'opposé un truit sec, compromis quelque part dans la mêlée des partis, en faveur des calotins bien entendu et ayant quelque in fluence par sa famille, parvient, force d'intri gues, écarter l'homme capable et intègre il en sera ainsi bientôt pour toutes les autres carrières. La politique gâte tout; elle corrompt même le caractère, toujours resté honnête et simple, du belge le clergé le plus fanatique et le plus in tolérant du monde, qui est le nôtre, le rend pol tron et cafard. En écrivant ces lignes, nous n'avons pas l'es- fioir de voir introduire dans les nominations de 'impartialité et de l'équité, oh non Seulement nous tenions faire comprendre nos amis, bien naïfs encore, que pour eux, s'ils veulent rester ce qu'ils sont, il n'y a rien obtenir de l'administration actuelle nous leur disons ayez patience. Avec ces tartufes, il faut pouvoir plier l'échi- ne et jouer l'hypocrite c'est un rôle méprisant que tout le monde ne sait pas remplir et qui n'est conseiller personne. LE PROGRÈS VIRES ACQCIR1T ECNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui conccue le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, al. INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Procrés Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRÈS.

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Le Progrès (1841-1914) | 1897 | | pagina 1