57e ANNÉE.
18 Avril 1897
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les événements d'Orient.
L'abbé Daens et ses adversaires
cléricaux.
Le prix de la désertion.
Suite au précédent
Le Parti despotique.
S0 51. Dimanche,
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. vikes acqcirit ecndo
On traite forfait.
On mande de Constantinople au Temps Le
conseil des ministres a résolu que l'armée res
terait sur la défensive.
Le même journal félicite la Turquie de la
modération dont elle a tait preuve et attribue
l'influence d'un modeste mais éminent serviteur
du pays, sans intérêt égoïste, d'avoir fait préva
loir des idées de modération.
On mande de Trikala B Cipriani a licencié la
légation italienne. 11 compte rester personnelle
ment la frontière en vue de coopérer éven
tuellement l'action des bandes insurgées.
Le bruit court (mais cette nouvelle ne doit être
accueillie que sous toutes réserves) que des ban
des grecques seraient entrées en Epire.
Pessimisme italien.
Toute la presse italienne estime que la situa
tion s'est obscurcie. Elle prévoit une guerre
gréco-turque bref délai.
Ce pessimisme n'est pas partagé par les hautes
sphères gouvernementales.
Maladies épidémiques.
Une épidémie de typhus et de petite variole
sévit Hierapetra. Les insurgés ont coupé les
conduites d'eau les habitants boivent de l'eau
de citerne. A Candie, la pénurie d'eau est la mê
me. Les troupes turques ont réoccupé .les sour
ces.
Tous les prisonniers condamnés se sont révol
tés. Un transport turc les conduit dans les prisons
de Khodes.
Ypres, le 17 Avril 1897.
L'abbé Daens ayant eu l'audace dernière
ment de se déclarer la Chambre partisan de
l'instruction obligatoire, M. Woeslesur l'heure
a cru devoir intervenir et lui manifester sa
haute désapprobation.
Bien entendu, toute la presse clénco-con-
servatrice a emboîté le pas l'archange d'Alost
et le pauvre abbé a été malmené dans les
grands prix.
On a été jusqu'à lui jeter la tète les lourds
bouquins des docteurs et des théologiens. Et on
lui a lancé des argumentations de cette force
empruntées ces pédentesques bonshommes.
Dans les pays où la population prend géné
ralement soin de faire donner renseignement
ses enfants, l'instruction obligatoire est
inutile.
Là où la majorité est hostile la réforme elle
est inefficace.
Là enfin où comme c'est le cas en Ilelgique
des mécréants ont été au pouvoir et y peu
vent revenir, elle est dangereuse.
Voilà qui est merveilleux I
11 n'y a décidément que les échappés de sé
minaires pour vous servir, avec la gravité
danes qu'on étrille, des bourdes aussi phéno
ménales.
L'instruction obligatoire serait inutile là où
les parents font généralement leur devoir Mais
n'y a-t-il pas justement veiller aux excep
tions De ce que les mauvais traitements infli
gés des enfants seraient chose rare, faudrait-il
en conclure qu'il n'y a pas lieu de s'en occuper
La population pourrait être peu disposée
admettre la réforme Raison de plus pour faire
tous ses efforts en vue de transformer les mœurs
sur ce point. Notre population ne parait pas
près non plus hélas, de se soustraire au fléau
de l'alcoolisme. Cela n'empêche pas tous les
partis de réclamer des mesures dans ce but.
Reste le cas le plus grave au point de vue
dévêt, celui où des mécréants pourraient se
trouver au pouvoir. Mais supposer que cela
soit En quoi l'instruction obligatoire, même
dans des conditions pareilles, pourrait-elle
choquer les consciences catholiques
Si les cléricaux ne respectent guère la liberté
d'opinion chez autrui, il n'en est pas de môme
de leurs adversaires. Aucun libéral n'a jamais
songé qu'on pût imposer aux parents le choix
de telle école. La Constitution d'ailleurs sy op
pose d'une façon formelle.
Celte raison n'en est donc pas une et tombe
complètement faux.
Et puis, comme l'a dit l'abbé Daens, dans
une lettre adressée une feuille cléricale qui
avait trouvé son argumentation vague, lâche et
sentimentale aimable appréciation comme
on voit la plus mauvaise école vaut en
core mieux que la rue.
L'abbé, lui, voit le peuple de près. II con
naît ses besoins. Il sait quel point il souffre
de l'état d'infériorité intellectuelle dans lequel,
avec leur féroce égoïsme, nos conservateurs
voudraient tout prix le maintenir.
Aussi n'est-ce pas lui qui se laissera jamais
émouvoir par la phrasélogie scolastique avec
laquelle certains bonshommes s'imaginent
naïvement l'accabler.
Il annonce l'inlention de continuer sa propa
gande, de donner une suite pratique son idée,
et de déposer un projet rendant l'enseignement
obligatoire pour les enfants de 7 14 ans.
11 peut être sûr d'avoir avec lui tous les gens
de cœur qui, quelque parti qu'ils appartien
nent, comprennent qu'il est temps enfin, en
Belgique, d imposer aux parents 1 accomplis
sement de leur premier devoir.
Le ministre va récompenser ces dévoue
ments qui, pour une si grande part, ont contri
bué donner au peuple l'horreur de l'enseigne
ment neutre
Mais, malheureux Courrier, l'enseignement
neutre, c'est celui de l'Etal 1 Encore mainte
nant, les écoles de M Schollaert sont nominale
ment aussi neutres que celles de M. Van Ilum-
beek, et vous récompensez des fonctionnaires
qui ont largemenlcontribuéà inspirer [horreur
de leurs fonctions.
Ah allez-vous donner des croix d hon
neur aux déserteurs de l'armée, qui, en aban
donnant le drapeau, ont peut-être voulu i don
ner au peuple l'horreur de notre système de
milice horreur bien plus légitime que celle
des calotins pour l'instruction
Le Courrier de Bruxelles prend donc le par
ti des instituteurs qui ont lâché l'enseignement
public en 1879 pour motif de conscience il se
fait le défenseur de la désertion.
Nous avons dit qu en pensionnant ces déser
teurs, l Etat se ferait le complice de véritables
anarchistes nous avons demandé si les offi
ciers, les magistrats, les fonctionnaires, seraient
en droit de refuser leur concours aux lois par
ce qu'ils les considéreraient comme mauvaises
en leur conscience.
Le Courrier ne répond pas cette question.
C'est toujours la même manière, peu loyale et
peu courageuse, d'entendre la polémique.
Nous sommes habitués depuis longtemps
celte façon du Courrier de se dérober. Le silen
ce est un de ses meilleurs moyens politiques,
quand on l'embarrasse. 11 n'aura garde de nous
éclairer et déclairer ses lecteurs sur le point en
discussion.
Quand on défend une mauvaise cause, on de
vient fatalement diplomate, Chronique
Les socialistes, autrefois, osaient parler de
l'intransigeance du parti libéral, qu'ils décla
raient un parti fermé... en le calomniant, car
jamais il n'a dû procéder des exclusions ou
des expulsions.
Or, depuis qu'ils ont donné, eux, une orga
nisation leurs forces, des cadres leurs grou
pes, que voyons-nous
Constamment les chefs menacés sont obligés
de réunir les comités locaux et les fédérations,
pour se défendre, pour fermer la bouche
ceux qui les accusent pour procéder des exé
cutions et des exclusions.
A Gand, Bruxelles, Verviers, Narqur,
le bruit fait par certaines exclusions retentis
santes n'est pas encore éteint.
Il est interdit, dans le parti socialiste, d'avoir
des idées soi, de les défendre, et surtout de
ne pas s'incliner devant les chefs.
Ceux-ci doivent être respectés dans leurs
actes, leurs personnes et leurs paroles.
LE PROGRÈS
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lé restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES.
Le Courrier de Bruxelles jubile: M. Schol-
laert est décidé, dit—il, accomplir la besogne
devant laquelle ont reculé les Jacobs, les Tho-
nissen, les De Volder et les De Burlet il va ren
dre aux instituteurs démissionnaires de 1879
tout ce qu'ils ont pu perdre la suite de leur
désertion.