32. Jeudi,
57e ANNÉE.
22 Avril 1897
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
La guerre gréco-turque.
Et la réforme électorale
Une élection Liège.
Le philhellénisme.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Lea opérations militaires sont commencées
tout le long de la frontière, et sur divers points
des combats acharnés ont eu lieu. Les Grecs ont
remporté plusieurs avantages sérieux, ils oc
cupent quelques positions turques, et ils pous
sent hardiment leur marche en avant de part
et d'autre il y a déjà de nombreux morts.
Les Turcs se sont emparés du fort de Meluna,
importante position sur la route d'Elassona les
Grecs sont en force dans les environs Je prince
Nicolas, la tête d'une batterie, a reçu l'ordre
d'avancer sur la ligne du feu et une rencontre
importante est imminente.
La Chambre grecque s'est séparée après avoir
tenu une séance jusque 2 heures du matin. On y
a voté avec enthousiasme toutes les propositions
du gouvernement.
Les puissances, jusqu'ici, paraissent devoir
s'abstenir de toute intervention. On dit qne la
Russie soutient la Turquie, tandis que la Grèce
est assurée du concours de l'Angleterre.
Athènes, 20 Avril.
La bataille continue sur toute la ligne aux en
virons d'Elassona, les principaux efforts portant
sur Mélina. Les Grecs habitant Elassona ont
quitté la ville.
Les Turcs se sont emparés de toutes les hau
teurs, dominant les environs ils sont maîtres
de tous les cols de Meluna, surtout autour des
blokhaus occupés par les Grecs.
La bataille de demain sera décisive.
Les flancs de la colline nord sont couverts de
cadavres grecs. Une attaque des Turcs contre
Revem a été repoussée, une brigade hellénique
avance déjà vers ûamasi.
Un combat acharné a eu lieu hier on évalue
1000 le nombre des tués et blessés grecs. Les
pertes des Turcs sont plus considérables.
Ypres, le 21 Avril 1897.
Il semblait, entendre les candidats minis
tériels la veille de l'élection législative de
1896, que les élus du suffrage universel n'au
raient rien de plus pressé que de provoquer la
revision de notre absurde législation électorale.
Tous en proclamaient l'injustice et le péril.
Les indépendants de Bruxelles avaient pro
mis la représentation proportionnelle M.
Woeste et ses séides avaient promis le décou
page des grands arrondissements d'autres
avaient promis le scrutin uninominal. Tous
avaient solennellement reconnu qu'il y avait
un danger national maintenir notre organi
sation actuelle.
Par suite des vices de cette organisation, un
grand parti national, en possession de la majo
rité dans toutes nos grandes villes, se trouvait
exclu du Parlement et destitué de toute influen
ce législative.
II se trouvait écrasé par le cléricalisme en
Flandre, par le socialisme en Wallonnie, alors
que, tout compte fait, il avait dans lensemble
du pays, plus du tiers des suffrages.
C'était une véritable escroquerie politique.
Tout le monde en convenait.
11 y a de cela huit mois, et aux solennelles
promesses d avant l'élection a succédé le silence
le plus complet.
Rien ne s'est fait, et tout fait prévoir que
lelection législative de 1898 sera entachee des
mêmes vices que celle de 1896.
Les partis qui ont profité des iniquités de
notre législation électorale se sont bien gardés
d'en proposer la revision.
ils continueront d en profiter, le plus long
temps possible, sans s'inquiéter des périls que
fait courir nos institutions parlementaires le
maintien d'un régime où tout est bizarre, ini
que et révoltant.
El cléricaux et socialistes, craignant les uns
pour leur toute puissance parlementaire, les
autres pour 1 influence deinesuree qu'ils ont su
conquérir, s'unissent dans une systématique
inertie pour refuser l'opinion publique une
reforme dont ils sont forcés de proclamer la
justice et la nécessité.
La représentation nationale est faussée.
Bruxelles continue d être représenté par les
élus d'Assche et de Wolverlhem Anvers par
les députés de Brecht et de Gontich Gand par
les mandataires de Waarschoot et de Somer-
gem.
A Liège, Vervicrs, Mons, Charleroi,
l'équivoque des ballottages font élire des socia
listes.
Est-ce que celle situation va perdurer, et
ne se trouvera-t-il personne, au Parlement,
pour en provoquer enfin le reirait
11 y va, qu'on y songe bien, du salut de la
Patrie.
Il y a trois semaines il s'agissait Liège de
remplacer un conseiller ouvrier, un des quatre
mandataires inventés par M. HeltepuLle pour
les besoins, assez problématiques, de la démo
cratie urbaine.
Pour la première fois, devant le péril so
cialiste toujours dénonce par eux avec véhé
mence, on a vu conservateurs catholiques et
démocrates chrétiens en venir aux mains dans
la cité Wallonne.
La lutte a été franche, ouverte, âpre, comme
il sied entre freres ennemis.
Ne voyons pas dans cette élection un épisode
vulgaire.
Il prouve que le parti catholique, qu'il ne
faut pas confondre avec lo catholicisme, est
plus nettement divisé que le parti libéral sur
la question économique.
Des formules telles que celles qu'adopta le
dernier congrès libéral, notamment l impôl sur
le revenu et certaines réformes ouvrières,
constituent une base acceptable pour de futures
négociations entre modérés et avancés.
L'organisation de cercles ouvriers libéraux,
déjà si avancée Gand et Anvers, non moins
prospère Bruxelles et dans des faubourgs, ne
pourra que faciliter lenlente sur un programme
et la répartition équitable des mandats, le jour
où les progressistes auront courageusement
rompu avec les énergumènes du socialisme
Chez les catholiques, au contraire, le divorce
est moins apparent, mais il est plus reel, plus
fondamental, plus irrémédiable entre les
coffres-forts si cruellement qualifiés par M.
Kiirth, et les amis et les suivants de ce dernier.
Des escarmouches comme celle laquelle
nous venons d'assister annoncent l'approche de
longs et sanglants combats.
L'écaec des démocrates chrétiens, arrives en
queue des listes concurrentes, ne peut qu'aigrir
les rancunes. Tout fait prévoir que les 753 votes
qu'ils ont obtenus ne seront pas le dernier mot
de la secte, et que la propagande pseudo-so
cialiste continuera de faire des recrues au sein
des corporations catholiques.
Qui vivra, verra. Ce qui est certain c'est
qu'aux prochaines élections législatives les
chefs du parti catholique gouvernemental
auront compter avec les exigences des démo
crates chrétiens.
Le correspondant londonnien du Journal des
Débats se livre une critique très acerbe du
philhellénisme en Angleterre.
Les philhollènes n'y sont, son avis, qu'une
minorité bruyante, dangereuse dont le grand
crime jusqu'ici a été d'entraver la politique
u pacificatrice» de lord Salisbury. Ce journa
liste, dont la perspicacité paraît obstruée par
des idées singulièrement préconçues, constate
seulement que la majorité du parlement ap
prouve la conduite du gouvernement. Il en
conclut que la majorité de la nation est du
même avis.
Ce raisonnement a été trop souvent employé
par les contempleurs de l'hellénisme pour ne
pas mériter qu'on s'y arrête un instant.
Il n'est pas d'élément plus mobile qu'une
foule, mai3 en se concentrant pour donner nais
sance un corps représentatif nécessairement
limité cet élément 6e fige en partie.
La mobilité d'un Parlement est beaucoup
moins grande et ses mouvements, quand il s'en
produit, ne sont le plus souvent que des soubre
sauts ou des déclanchements.
Une foule de considérations, parfaitement
étrangères l'hellénisme, rattachent la majorité
au gouvernement établi. Lui exprimer son mé
contentement sur un point spécial, c'est l'obliger
la retraite et sa soumettre aux aléas d'un
changement de cabinet. Or un nouveau minis
tère arrive généralement au pouvoir avec un
LE PROGRÈS
VIRES àCQCIRIT EBN'DO
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00
Idem. Pour le restant du pays7-00
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 5f.
INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES.