55. Dimanche, 57e ANNÉE. 25 Avril 1897 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Les erreurs du protectionnisme. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. Dans la dernière assemblée qui a été tenue Ypres, par l'Association conservatrice, nos députés se sont vantés vis-à-vis des agricul teurs d'avoir obtenu du gouvernement des me sures de protection dont ils ont porté aux nues les résultats... absolument imaginaires. Ces boniments ne sauraient avoir aucun effet sur le paysan, lequel s'aperçoit bien que malgré les prétendus bienfaits lui octroyés par les cléri caux, sa situation est toujours la même et qu'elle s'aggrave même au lieu de s'améliorer. C'est là la meilleure réponse qu il y a faire aux banquisles de la députation Yproise qui se sont présentés leurs électeurs comme de glorieux sauveurs, nimbés d'auréoles en papier doré qu'ils se décernaient eux-mêmes avec une modestie touchante. Rappelons toutefois, propos de cette éter nelle question du protectionnisme, un article récemment paru dans le Journal des intérêts maritimes d'Anvers et qui est la condensation des meilleurs arguments que l'on puisse accu muler contre celte doctrine Quand le protectionnisme, lisons-nous, pense avoir démontré qu'il est nécessaire de protéger l'industrie nationale, il pense que la question est vidée et qu'il n'y a qu'à frapper les produits étrangers de droits [entrée. Ce procédé présente de nombreux inconvé nients, sur lesquels s'étend longuement notre confrère anversois, et que nous résumons com me suit 1° Il établit une protection inégaleinsuffi sante pour les faibles, inutile pour les forts. Ce qui précède prouve le bien fondé de ce que nous n'avons cessé de répeter dans ces mô mes colonnes, que les droits protecteurs fai saient tout bonnement l'affaire des riches et gros propriétaires. 3° Il porte le plus grave préjudice la pro duction industrielle en élevant le coût de la production. 4° Enfin et surtout, il entretient dans le pays une illusion funeste, en lui faisant consi dérer comme un gain ce qui, en realité, est une cliarg-e. Nous croyons utile de reproduire m extenso les si justes et claires considérations que fait valoir ce propos notre compétent confrère Le système des droits protecteurs, écrit-il, prétend en effet que les droits l'entrée, étant supportés par letranger, n'imposent aucune charge au pays et constituent au contraire un supplément de revenus pour I Klat. C'est cette illusion, dont bénéficie le système protecteur, qui a fait sa fortune et qui devrait suffire au contraire pour le condamner. En effet, les droits l'entree ont pour efl'et de s'ajouter au prix des marchandises, non pas seulement au prix des marchandises importées, mais au prix de toutes les marchandises simi laires consommées linlérieur, en sorte que le public se trouve payer de sa poche, sous la forme de supplément de prix, dix fois ce que perçoit I Etat. Supposons qu'il entre en France 10 mille quintaux de ble valant 20 fr. au dé barquement. Par suite de la concurrence de ce ble étranger, les 80 millions de quintaux de ble qui représentent peu près la production de la France ne se vendent également que 20 fr., et cest justement ce dont on se plaint. Mettons alors un droit de 5 l'r.à l enlrée du blé étranger. LEtat touchera par la main de l'administration des douanes (en supposant que ce droit n'ait pas pour effet de réduire les quantités impor tées] 10x5 50 millions de francs. Mais re gardons maintenant au public non seulement 11 paiera 5fr. déplus pour chaque quintal de ble étranger, soit 50 millions, ce qui repré sente déjà précisément lequivalent de ce que 1 Etat a perçu, mais encore il paiera 5 fr. de plus pour chaque quintal de blé produit en France, les producteurs français s empressant naturellement de vendre leur blé au même prix que les producteurs étrangers, soit donc 60x5 400 millions de francs. Lest-à-dire, en somme, que ces droits protecteurs auront rapporté 50 millions l Etat et 400 millions aux producteurs nationauxmais ils au ront coûté 45 O millions aux consommateurs. Finie donc la legende des laux prophètes protectionnistes, qui osaient taire accroire que ces fameux droits étaient payés par les étran gers, et ne constituaient que profits pour leurs compatriotes, le prix de la marchandise impor tée n'étant pas augmentée. Le Journal des intérêts maritimes se moque de pareille repense, et ajoute pour confondre complètement les protectionnistes En supposant pour un instant que celte ré ponse fut fondée, il faudrait en conclure alors que, puisque les prix ne seront pas changés, l industrie nationale ne se trouvera nullement protégée et, aux critiques que nous venons d'adresser au système des droits protecteurs, il faudrait en ajouter une dernière et plus dé cisive encore celle de ne servir rien La Régie de la Wateringue du Nord de Furnes vient d'adresser la lettre suivante MM. les Propriétaires et Locataires de terres arables et de pâtures situées dans la circonscription de la dite Wateringue et MM. les Bourgmestres et Echevins des communes situées en tout ou en partie dans la même circonscription. LE PROGRÈS vittes acycimt kc'ndo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du paysJ-0j) tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 51. INSERTIOxNS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES. Ypres, le 24 Avril 1897. 2° Il porte au commerce extérieur une fâ cheuse entrave. parce qu'en re luisant les im portations de marchandises, il réduit dans la même proportion les exportations. Messieurs, Malgré que les canaux et cours d'eau de la Wate ringue dont l'administration nous est confiée soient bien entretenus Que les écluses d'évacuation Nieuport ne laissent rien désirer j Que les Ingénieurs et employés de l'Administration des Ponts et Chaussées, qui dirigent et surveillent la manœuvre de ces écluses, évacuent les eaux surabon dantes de la Wateringue avec la plus louable sollici tude, et consacrent tous leurs soins, durant les époques de sécheresse, alimenter son territoire d'eaux fraî ches et potables Que les Administrations communales nous secon dent obligeamment en nous désignant les fossés le mieux en situation pour soulager et alimenter les terres et pâtures très distantes de cours d'eau de la Wate ringue, l'expérience prouve, néanmoins, que, lors de pluies abondantes, des parties étendues de terres arables sont partiellement inondées et restent longtemps humides, et que d'un autre côté, pendant les mois d'été, bien des pâtures sont absolument pri vées de bonne eau. Cet état de choses est éminemment regrettable. Mais, qui en incombe la responsabilité En grande partie aux cultivateurs eux-mêmes, qui négligent de dévaser les fossés mettant leurs terres ou pâtures en communication avec les cours d'eau de la Wateringue, où les eaux, en hiver, sont habituelle ment maintenues une cote peu élevée, et que l'on fournit, en été, plusieurs reprises, d'une quantité d'eau potable amplement suffisante pour alimenter les fossés de toutes les pâtures du Furnes-Ambacht. Si tous les principaux fossés de la circonscription de la Wateringue élaient recreusés une profondeur de 0"'60 seulement au dessous de la cote des eaux du' Furnes-Ambacht, et si tous les aqueducs ou buses placés dans les bâtardeaux d'accè3 avaient un débouché suffisant et la partie inférieure de leur ouverture, éta blie la susdite profondeur, on n'y trouverait pas une seule parcelle de terre dont les eaux surabondantes ne pourraient s'évacuer, ni une seule pâture qui ne pour rait être alimentée d'eau potable. La Régie de la Wateringue croit remplir un devoir, en appelant l'attention de MM. les propriétaires sur la nécessité de ne pas perdre de vue le curage des fossés do leurs propriétés et de veiller ce que les bâtardeaux d'accès soient pourvus d'aqueducs ou de buses répon dant aux besoins, en prenant en considération que, dans le cas où des fossés doivent servir aussi l'évacua tion des eaux de propriétés voisines, ils doivent être regardés comme fossés d'écoulement trekgrachten sur lesquels l'administration de la Wateringue exerce le droit de surveillance. La Régie ne peut pas négliger non plus, d'engager d'une manière pressante les occupeurs de terres et de pâtures de beaucoup mieux recreuser et nettoyer leurs fossés qu'ils ne le font aujourd'hui, et de les prier de vouloir considérer sérieusement que rien ne nuit davan tage leurs terres qu'un excès d'humidité de longue durée, et que rien ne les expose de plus grandes per tes que le manque de bonne eau potable pour leur bétail, dans les fossés ou abreuvoirs de leurs pâtures. Qu'ils s'appliquent donc ouvrir partout et do larges profonds fossés en libre communication avec les canaux et cours d'eau de la Wateringue; et, s'ils rencon trent en cela des difficultés par le fait que d'autres ri verains, intéressés dans le même travail, refusent de recreuser également, qu'ils s'adressent, dans ce cas, au Collège échevina! de la commune sur le territoire de laquelle le recreusement doit avoir lieu, et le Collège se chargera, si la plainte est fondée, de mettre la Régie même, en lui fournissant les renseignements et les in dications cadastrales nécessaires, de faire effectuer les travaux projetés, d'office, s'il y a lieu, et aux frais des récalcitrants. Ce serait son droit en même temps que son devoir.

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Le Progrès (1841-1914) | 1897 | | pagina 1