41. Dimanche, 57e ANNÉE, 23 Mai 1897. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. JX V I S. Nos finances. Un Congrès libéral. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traité forfait. Le Comité de l'Association libérale d'Ypres a décidé de se faire représenter la manifestation nationale qui se tien dra Bruxelles le 13 Juin prochain. Les membres de l'Association qui dési reraient se joindre au Comité sont priés de faire parvenir leur adhésion avant le 10 Juin prochain chez MArthur Salomé, Café du Saumon, Ypres. Le départ pour Bruxelles est fixé au 13 Juin, 8 h. du matin. Le Comité. Ypres, le 22 Mai 1897. Jetons un coup d'ceil sur le budget. D'après les évaluations de M. le ministre des finances, les bases du budget de l'exercice pro chain (1898) sont arrêtées comme suit Recettes388,298,598.40 Dépenses 385,278,702.98 C'est un joli bond depuis que le pays s'est dé barrassé des libéraux, qui, prétendait-on, le con duisaient la ruine. Leur dernier budget (1884) se présentait com me suit Recettes305,935,128 Dépenses 322,172,363 Pour se donner une idée de l'importance de la brèche faite aux porte-monnaie des bons contri buables, il suffit de se livrer comme le gouver nement une simple soustraction 388,298,598.40 moins 305,935,128.00 Cela nous donne une augmentation de recettes s'élevant fr. 82,363,470.40. Ouvrons ici une petite parenthèse pour faire remarquer que ces chiffres ne comprennent que les recettes dont bénéficie le Trésor les parts contributives des provinces et des communes en sont éliminées. Fermons la parenthèse. L'augmentation des recettes ordinaires de l'Etat (il y a aussi des recettes extraordinaires, mais nous ne pouvons nous occuper de tout la fois) s'élève donc au chiffre respectable de plus de 82 millions de francs. C'est le moment de se poser la question con nue D'où, vient l'argent H5 Oui, d'où vient-il A l'entendre, le gouvernement ne procède qu'à des dégrèvements et des suppressions de recettes. Et, chose curieuse, plus il dégrève, plus il supprime des recettes, plus devient formidable la somme que les contribuables ont verser au Trésor Comment expliquer ce curieux, cet étrange, cet incroyable, cet incompréhensible phéno mène Ne vous donnez pas la peine de chercher. Nos gouvernants ne sont pas plus diables que les au tres. lis leurrent tout simplement le pays quand ils parlent de leurs dégrèvements. Sans doute, ils ont allégé la. base do certains impôts et biffé du budget quelques maigres recettes, mais que signifie ce jeu en présence de l'augmentation constante des charges du paya La vérité, la voici C'est que le gouvernement a créé énormément d'impôts nouveaux seule ment, au lieu de le faire honnêtement, loyale ment, en prévenant le pays, ainsi que l'a fait M. Graux jadis, le cabinet actuel a pris des voies détournées. Les impôts peuvent être perçuB de deux fa çons directement ou indirectement. Toute augmentation de l'impôt direct est chose tangible pour le contribuable. En comparant sou bulletin de contributions avec celui de l'an née précédente, il se rend compte immédiate ment du nouveau sacrifice que l'on réclame de lui. Et l'on sait qu'un contribuable qui un gou vernement demande des sacrifices devient bien vite un ennemi du gouvernement susdit. L'augmentation de l'impôt direct est donc chose assez dangereuse. Le gouvernement n'a eu garde de jouer ce jeu-là. 11 s'est prudemment rabattu sur les impôts in directs, ceux que payent tous les citoyens en consommant les objets nécessaires leur subsis tance, sans qu'il leur soit possible d'en évaluer le montant. Au lieu de demander loyalement et directe ment au pays des augmentations de ressources en rapport avec les augmentations de dépenses, il a préféré recourir ce qu'on a appelé si juste ment a l'art de plumer la poule sans la faire crier Quelques chiffres (nous eu fournirons le moins possible) vont mettre en évidence ce que nous disons. Prenons, par exemple, l'impôt foncier (contri bution directe). Cet impôt suit un accroissement normal Année 1884 fr. 1885 1890 1895 1897 23,261,833 (1) 23,415,491 24,179,962 24,958,989 25,295,736 Il en est de même pour la contribution person nelle Année 1884fr- 1885 1890 1895 1897 18,480,653 (1) 1,480,6 18,672,324 18,573,581 19,314.551 19,846,000 On le voit, ce n'est pas dans ces deux bases principales de l'impôt direct que le gouverne ment a trouvé son supplément de recettes de plus de 80 millions. Il faut donc chercher autre part pour savoir d'où vient l'argent. Passons aux impôts indirects. Voici un gros morceau En 1884, les droits de douane perçus au profit do l'Etat (défalcation faite de la part du fonds communal) s'élevaient 21,838,279 francs. Ils sont évalués pour 1897 36,246,632 francs. Aux accises maintenant Part de l'Etat en 1884 .fr. 33,659,754 1897 52,420,297 Augmentation 18,760,543 francs. Autre gros morceau. Il y en a d'autres, mais il est inutile d'insister devant l'écrasante éloquence de ces quelques chiffres puisés aux sources les pluB officielles, absolument irréfutables. Et, nous appuyant sur la conclusion qui en dé coule, nous disons au gouvernement qu'il a fait, depuis qu'il est au pouvoir, une œuvre finan cière exécrable. La plus grosse partie des ressources nouvelles qu'il a créées n'ont atteint que le superflu des riches, tandis qu'elles ont cruellement frappé l'ouvrier, le paysan, les classes peu aisées, dans leur nécessaire. C'est perfidement, par des prélèvements in cessants, détournés, hypocrites, snr la viande, le pain, le beurre, les légumes, les boissons, les vêtements, que le gouvernement est parvenu augmenter de tant de millions ses recettes, E relèvements inhumains, car ils sont opérés aussi ien sur le pauvre que sur le riche, sans tenir compte des facultés de celui qui les paye. Eh bien, si le gouvernement et ses officieux estiment que cette œuvre financière doit être louée, on ne peut que déplorer pour eux l'épou vantable aberration de sens moral dont ils fout preuve. Interrogé sur la réunion plus ou moins pro chaine d'un Congrès libéral, l'un des chefs du parti a répondu que cette question n'avait pas encore été examinée par la plupart des diri geants du libéralisme. Personnellement d y est opposé, dans la crainte de nouvelles divisions plus intenses, mais tout en reconnaissant qu'il s'agit de prendre des mesures sans tarder pour préparer la formidable campagne de l an prochain, qui doit prouver la vitalité du libéralisme et lui amener une revanche sérieuse. D'autre part, le 27 courant, Anvers, une grande assemblée des libéraux anversois, con voquée par la Fédération démocratique, s'occu pera de la question. Tout ceci indique, dans tous les cas que les libéraux ont l intenlion formelle de rompreavec LE PROGRÈS TIRES ACljUIRIT EONDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 51. INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Procrès Pour îc restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES. (1) Ces chiffres ne représentent que la somme perçue r l'Etat, défalcation faite de la part des provinces et des par communes

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Le Progrès (1841-1914) | 1897 | | pagina 1