S0 47. Dimanche,
L'accise sur le sucre.
La violence socialiste.
57e ANNÉE
13 Juin 1897
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
La manifestation du 13 Juin.
La manifestation du 13 Juin sera, décidé
ment, très belle, très imposante, et l'on n aura
plus contemplé depuis longtemps Bruxelles,
un cortège aussi nombreux et aussi bien or
donné.
Des cavaliers devant porter les instructions
des organisateurs, aucune confusion n'est pos
sible, et les sociétés d'ex-sous-officiers et d'an
ciens militaires ayant l'intention de défiler en
marquant le pas, la canne levée, les rangs des
manifestants
Jhabitude.
ne flotteront pas, suivant
C'est là un petit détail, mais il a son prix.
Lorsqu'on participe une manifestation, on
tient ce qu'elle ne ressemble pas une simple
cohue, mais qu'elle ait de l'allure. Celle de Di
manche prochain n'en manquera pas.
Des dernières lettres d'adhésion reçues par
le vaillant et dévoué organisateur en chef de
la démonstration, M. Léon Chômé, ce patriote
au cœur ardent, il résulte que le nombre des
sociétés libérales ouvrières, associations libéra
les, cercles de gymnastique, sociétés d'anciens
militaires, cercles d'agrément, Conseils com
munaux, bourgmestres, etc., qui participeront
la démonstration patriotique, sera considé
rable.
Si le temps est favorable, il y aura plus de
50,000 manifestants. Deux délégations, pen
dant la durée du cortège, se rendront au palais
du Roi, l'une composée de généraux pension
nés, l'autre des représentants directs de la
manifestation.
Les orateurs rendront compte de ces entrevues
sensationnelles dans le meeting qui aura lieu
la Nouvelle Cour de Bruxelles, place Fontai-
nas, après la dislocation du cortège, réunion
3ui promet d'être du plus vif intérêt. Ce sera la
igne conclusion de cette manifestation unique
en son genre par ses tendances et sa haute por
tée nationale.
Charles Rogier
ministre J. Vandenpeereboom.
L'honorable R. P. Boom, ministre de la
guerre ad intérim interdit aux officiers de l'ar
mée de prendre part l'inauguration solennelle
de la statue de Charles Rogier, chef des volon
taires Liégeois Combattants de 1830, organisa
teur principal de la victoire de notre glorieuse
révolution, membre du gouvernement provi
soire proclamant le 4 Octobre 1830 l'indépen
dance de la Belgique, la convocation du Con
grès national et prenant depuis lors jusqu'au
jour de sa mort, le 27 Mai 1885 comme mi
nistre, représentant, gouverneur d'Anvers,
ministre d'Etat, la part la plus éclatante aux
événements marquants du règne de nos deux
premiers rois.
A rencontre de la conduite du R. P., avons-
nous besoin de faire ressortir que Léopold lr,
l'auguste fondateur de notre dynastie nationale
et son digne successeur notre Roi actuel, fonda
teur de notre empire colonial du Congo, se
sont complu mainte fois témoigner publique
ment hommage et reconnaissance aux immen
ses services rendus la Patrie par ce grand
citoyen, illustre entre tous, qu'était Charles
Rogier, dans les circonstances les plus critiques
de notre histoire?
A l'appréciation injuste du revérend ministre
de la guerre mettons en regard le jugement que
portait sur Rogier un humble prêtre belge, le
11. P. Desmet (S. J.) qui l'avait connu intime
ment pendant un quart de siècle
Rogier est un esprit large et un cœur géné
reux e est un véritable américain, ami de
l'ordre et de la liberté.
J aime de pareils libéraux.
Voilà ce qu'écrivit ce prêtre distingué, une
des gloires du clergé belge qui termina en 1873
au Canada une vie consacrée tout entière des
œuvres d'apostolat et d'enseignement
M. De Smet de Naeyer, ministre des finan
ces, avait laissé croire, il y a quelque temps
déjà, qu'il déposerait un projet d'abolition de
l'accise sur le sucre. On croit maintenant que
ce ne sera pas encore pour cette session.
En annonçant ainsi cette intention laquelle
il ne donne pas suite, le ministre aura fait du
tort l'industrie sucrière. Partout on disait
déjà que l'impôt allait être supprimé, que le
prix du sucre allait diminuer des deux tiers.
On comprend quel a été le résultat de cette
croyance. Les commerçants auront craint
d'acheter de trop grandes quantités de sucre.
Si le projet avait été déposé, le sucre aurait, en
effet, baissé de prix, et le commerce aura ache
té le moins possible d'une marchandise dont
les prix pouvaient baisser peu de temps après
dans des proportions considérables.
L'intérêt du commerce et de l'industrie com
mandait que M. De Smet de Naeyer, après les
déclarations qu'il avait faites, déposât un projet
de loi abolissant l'accise sur le sucre.
Ce n'est pas la première fois que les déclara
tions du ministre des finances ne sont pas sui
vies de l'effet qu'on en attendait.
N'avait-on pas dit que le vin allait être ac
cessible aux ouvriers? Et le résultat a été
rabaissement des droits de 23 centimes 20
centimes au litre pour les vins en fûts et l'élé
vation des droits de 23 centimes 60 centimes
au litre pour les vins en bouteilles.
De môme, il y a longtemps déjà que M. De
Smet a déclaré qu il allait abolir le droit
d'entrée sur le thé. Ce droit d'entrée subsiste
toujours, et fut-il d'ailleurs supprimé que cette
mesure ne mettrait pas le thé a la portée de la
classe ouvrière ou de la petite bourgeoisie tant
que l'impôt sur le sucre serait maintenu.
Ce serait le moment d'abolir l'impôt. Voici,
en effet, bientôt la saison des fruits et l'on
pourrait en tirer un meilleur parti, si le prix du
sucre, par l'abolition de l'accise, diminuait de
moitié ou même des deux tiers.
Sociétés libérales ouvrières.
Dimanche a été inaugurée Liège, la Fédé
ration des Jeunes gardes libérales et des Asso
ciations ouvrières libérales de l'arrondissement,
faisant suite au grand mouvement qui, de Gand,
a gagné Anvers, Bruxelles et plusieurs autres
villes du pays.
A la réunion qui a suivi le cortège, les ora
teurs ont proclamé les trois grands principes
l'ordre du jour le service personnel, l'instruc
tion obligatoire et le renversement de la preuve
dans les accidents du travail.
Au sujet de ce dernier vœu, l'un des meetin-
guistes, M. Jamar, a cité l'opinion de M. Frère-
Orban qui disait line loi doit régler la res
ponsabilité du travail il faut appliquer les
principes de justice et d'équité et intervertir
l'ordre des preuves, tels qu'il est établi aujourd'
hui et qui n'est pas juste pour les ouvriers.
Cette déclaration de l'éminent ministre d'Etal,
évoquée propos, a été très acclamée. C'était
un hommage indirect rendu au grand homme.
Dans le discours qu'il a prononcé la fin de
la séance, M. Neujean a tenu affirmer que les
libéraux ne s'étaient jamais désintéressés du
sort de la classe ouvrière et il a rappelé que le
Congrès de 1894 avait été le continuateur de
celui de 1846.
Bref, partout le parti libéral ouvrier se con
stitue. C'est le sang nouveau qui va rendre au
libéralisme la force, la santé et la vie...
Depuis 1894, trop souvent la violence socia
liste a transformé la Chambre des représen
tants en une ménagerie ou bien en une vaste
halle: aux poissons.
Trop souvent les députés rouges de la Wal
lonie ont fait preuve de violence, de discour
toisie, d'emportement, méprisant lautorité du
Président comme ils méprisent la société
dans leurs tendances sauvages.
M. Beernaert se consolera toutefois des inju
res reçues en pensant aux outrages dont M.
Brisson, président de la Chambre française, un
radical genre Féron et Janson, a été abreuvé
Samedi dernier au Palais Bourbon Paris.
Quel crime avait-il commis
Il avait fait simplement respecter le règle
ment.
Un socialiste ayant traité de mouchards ses
collègues, il lui avait appliqué la censure, et
M. Gérault-Richard ayant, par des explications
violentes, aggravé sa faute, la censure avec
LE PROGRÈS
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le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES.
Ypres, le 12 Juin 1897.
et le
Malheur qui des morts
profane la poussière.
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