Chronique locale. ,\1° 50. Jeudi, 57e ANNÉE. 24 Juin 1897. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Les palinodies d'un sénateur. Le nouveau Général. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. -)~<0)~(- Notre honorable bourgmestre nous a donné une longue tartine dans le Nieuwsblad. Il nous a narré, dans l'article paru le 5 Juin dernier, comment se fait en Belgique l'établissement des lignes vicinales. Il croit, le digne homme, que personne dans l'arrondissement ne connaît le fonctionnement de cette administration. Il nous devait bien cette leçon, le cher sénateur les communes rurales garderont un excellent sou venir de leur magister et la leçon est bien com prise. Mais qu'il soit permis de rectifier certaines erreurs qui se sont glissées dans son plaidoyer même chez lui, c'est naturel, crrare humanum est dit le proverbe. Des quinze premiers alinéas, rien dire c'est de la narration assez exacte bien dommage que sa prose n'ait point paru quelques mois plus tôt, les délégués russes qui sont venus ch9z nous étudier le fonctionnement des trams vicinaux auraient pu en profiter. Au 16me alinéa, Monsieur le maïeur se trompe, il aflirme que le cahier des charges et l'accord intervenu entre la Société centrale et l'exploi tant. est invariable. Erreur profonde. M. Dupont qui exploite Ypres-Furnes n'aurait plus les mê mes conditions dans une nouvelle entreprise, son minimum garanti serait abaissé. Les sociétés intercommunales Roulers-Ardoye, Courtrai-Me- nin ont au moins 2000 fr. garantis par kilomètre et par an, alors qu'on nous en offre 1700 fr. maintenant. Donc les conditions d'exploitation varient. Plus bas il ose affirmer que certaines commu nes, par exemple Warnêton et Wytschaete, ont travaillé contre l'établissement de ligne. L'imputation faite Warnêton est bien gra tuite. Eu effet, dès le principe, il y a 4 ou 5 ans, le Conseil communal de cette ville a été favora ble la ligne construire, il y a eu unanimité, sauf uu membre qui a fait des réserves bien inu tiles pour le tracé. Dernièrement, le conseil de rechef a été unanime majorer le capital d'ex ploitation et approuver entièrement la conduite de son délégué. Wytschaete aussi a augmenté son capital d'exploitation il y a peu de semaines; mais il est vrai, qu'étant sacrifiée par le tracé de la voie, cette commune a diminué son capital de construction. Est-ce montrer de l'hostilité, cela? Laissez Wytschaete en paix, votre influence lui a toujours été néfaste, Monsieur le Sénateur! Quant Warnêton, pour une malheureuse fois que vous, son Sénateur, vous daignez-vous en occuper, c'est pour lui nuire et lui faire du tort. Où sont les neiges d'antan A l'alinéa suivant, M. le Bourgmestre se donne de l'encens plein nez parce que c'était sous sa résidence que les délégués se réunissaient près de temps en temps. Oh la belle aflaire Plus loin il dit encore l'entente était sur le point d'être conclue et sanctionnée par acte de vant Notaire. Mais comme il est, lui, un admi nistrateur hors ligne, il prétendit que la Société intercommunale, qui n'avait encore aucune exis tence légale, nommât sou ingénieur-directeur. Les délégués eurent beau dire que c'était illégal et irrationnel, puisque les administrateurs n'ont aucun pouvoir reconnu. Non, il voulut imposer son homme. Voyant que seul il ne pouvait déci der de cette nomination, que ses co-mandataires osaient se rebiffer, il cassa la vaisselle, leva la réunion avec fracas et annonça deux jours après que la ville d'Ypres se retirait de l'exploitation du tram Il espérait ainsi vaincre la résistance et aboutir par voie détournée la nomination de cet ingénieur. Chose étonnante, chaque commu ne reçut alors une note d3 frais. Des frais Et pourquoi Pour une lettre adressée de temps en temps aux délégués 11 ne fallait pas qu'elle fût si exagérée, cela sentait bien le sel, je vous l'as sure. Peut-être que dans ses prochains meetings électoraux, il daignera s'en expliquer. Cette manière d'agir le classe dans la catégorie des mauvais joueurs. Il a sacrifié un principe pour un homme, c'est certainement le propre d'un excellent administrateur. Pour montrer sa clairvoyance, il argile que Messines et Neuve- Eglise se retirent avec lui. Il ne faut pas con fondre, ces deux communes ont des motifs tout autres que les siens il le sait bien. Pour se donner raison vis-à-vis de ses commet tants, il jongle non pas avec des chiffres qui se raient réfutés, mais avec des présomptions, des hypothèses fausses. Il dit entr'autre qu'une ligne qui n'a qu'une vingtaine de kilomètres ne peut pas se suffire. Qu'en sait-il? La ligne Ypres-Warnêton jus qu'à la frontière aurait 27 k. 700. Ensuite, il faut envisager la situation du tracé qui est très heureux en comparant avec Courtrai-Menin qui fonctionne merveille. Si l'on peut bien augurer d'un tram, c'est de celui d'Ypres Warnêton. Monsieur le Sénateur voit aussi une grande difficulté dans l'établissement de deux tronçons avec jonction Kemmel. Croit-il que les techni ciens qui ont étudié et établi la voie soient moins compétents que lui Maintenant il voit tout en noir. C'est faire hausser les épaules de pitié. Ou bien avant l'échec de son candidat, il n'était pas un administrateur habile puisqu'il faisait l'erreur, ou bien son homme-lige n'a pas toutes les vertus et qualités qu'il lui prônait, puisqu'il n'a pu lui démontrer la vérité sur l'ex ploitation qu'après l'échec de sa candidature. Le bourgmestre a commis une lourde faute en lais sant son conseil souscrire le capital de constitu tion. Qu'il explique cela sans rire Nous ne pouvons comprendre comment des conseillers communaux ont pu avaler les balli- vernes qu'il leur a serinées. Par exemple que la sucrerie de Warnêton, au lieu d'apporter un bénéfice l'exploitation, constituera une perte, parce que le transport des betteraves sur les rampes de Wytschaete et de Messines sera des plus onéreux Ceci vaut des félicitations aux ingénieurs des chemins de fer vicinaux et au bourgmestre lui-même puisqu'il ne s'en aperçoit qu'aujourd'hui. Que Kemmel avec ses festivités occasionnerait des perturbations dans le service ordinaire et donneraient des mécomptes dans les recettes Que le matériel serait usé ici beau coup plus vite qu'ailleurs Exemples les billes en dix ans, les rails en trente ans, les voitures et les locomotives avant la fin de l'exploitation, donc renouveler tout entier aux frais de l'ad judicataire. Mais si c'est comme il le prêche, nous pou vons-nous écrier comme feu Thonissen de la Revue: Est-il encore un instituteur sur la terre? Qu'on me le nomme Est-il encore une société des chemins de fer vicinaux qui dépose un bon bilan Qu'on me la nomme C'est bien dommage que sa conduite ne soit pas narrée dans Bruxelles-Revue Ce serait une vraie attraction pour les West-flamands, de voir ce Gantois parler wallon pour les élec teurs agriculteurs, de voir leur Sénateur libre- échangiste se moquer d'eux pour les planteurs de tabac, d'admirer ce génie qui a imposé le nouveau régime; pour les Yprois en particulier, il y aurait plus d'un sujet se divertir. M le Bourgmestre a commis une grande faute en laissant jadis l'exploitation du tram Ypres- Furnes une tierce personne qui ne porte aucun intérêt la ville et qui n'a qu'un Dut rendu merveille par le mot exploiter Maintenant il persévère danB le même système uniquement parce que son candidat n'est pas appelé aux fonctions de directeur et qu'il ne peut aire, le tram c'est moi Il manigance encore pour forcer les commu nes abandonner leur idée de régir elles-mêmes le tram. En ce moment, il fait des démarches Bruges (où il est mal venu) et surtout Bruxel les pour empêcher le comité central d'accorder la concession aux communes qui persévèrent. Ce Sénateur mérite une leçon, la prochaine élection lui donnera bien des déceptions. Nous n'avons que faire de Bon omnipotence, l'arron dissement se fatigue parce qu'en compensation de son jury, il ne rend aucun service. Qu'il ait un concurrent son élection et il lui en cuira. A la fin de son article, il fait la leçon, avec un air calard, au Conseil provincial et la Députa- tion permanente Il nous fait l'effet de gros Jean qui en remontre son curé Au Volkshuis, le rendez-vous de la société sé lecte de la ville, les amis de l'armée ont eu la chance inouïe d'avoir entendu un de nos officiers des plus distingués, un stratégiste au premier chef, sur la question militaire, le général Co- laert. Tout comme le général autrichien Benedeck, qui en 1866 Sadowa s'est laissé rouler par les Prussiens, notre Molke a son plan. D'après le Journal d'Ypresil l'a développé avec talent et conviction et a été chaudement applaudi par l'auditoire très nombreux, compo sé en majeure partie de personnes versées dans l'art militaire Pour ce vaillant, il ne faut que cent mille hommes, une garde civique bien organisée et beaucoup, beaucoup de gendarmes. De nouveaux forts, il ne veut pas entendre parler et encore beaucoup moins de la suppres sion de l'inique loi du remplacement son idéal est une armée de volontaires l'anglaise et avoir le pays entouré par la mer. D'après lui, le pays ainsi défendu et pouvant compter sur l'efficacité des prières adressées LE PROGRÈS vikes acyuirit eundo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 5L INSERTIONS Annonces la ljjçne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne* un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES.

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Le Progrès (1841-1914) | 1897 | | pagina 1