Chronique locale. Le R. P. condamné. Statistiques. Ce que devient l'armée. Où il y a de la gêne il n'y a pas de plaisir. Chasse au gibier d'eau. El si son fonctionnement actuel parait quel que peu relâché, il suffisait d'une anodine ré forme, réclamée depuis trente ans par tous les amis de la garde civique, pour la mettre com plètement la hauteur de ses devoirs. Quel ques modifications la nomination des officiers, quelques exercices en plus par année, un léger surcroît de discipline, et tout le monde se fût déclaré content. Non, le projet de loi a une portée autre, une signification spéciale et différente. On a mêlé l'intérêt d'ordre intérieur l'inté- rèt de la defense nationale. Le projet de réorganisation de la garde ci vique est en réalité et quoi qu'on dise un projet militaire. On veut faire de la garde civique une force militaire, une réserve de larmée. Que cette préoccupation ait guidé le gou vernement, cela résulte de ce fait que, dans le projet primitif, la garde civique ne devait être organisée ni en bataillons ni en légions, mais uniquement en compagnies, destinées être versees dans les cadres de l armée en cas de guerre. Il a lallu renoncer cette idée, mais elle n'en fixe pas moins le but qu'entendent poursuivre nos ministres. Ce but, c'est d'éviter toute réorganisation de l'armée en donnant la garde civique un sem blant d'organisation militaire. Il faut enterrer la question du service per sonnel en préparant la mobilisation de la garde civique. La garde civique doit être auxiliaire de l'ar mée, a dit M. Vandenpeereboom elle doit gar der ies postes secondaires elle doit être une armée ae seconde ligne. Qu'est-ce dire cependant, et où veut-on en arriver avec tout ce charabia Si la garde civique doit être l'auxiliaire de l'armée, si elle doit défendre les places fortes, si elle doit former une seconde ligne de défense, toujours prête entrer en campagne et com bler les vides d'un premier corps d'armée, c'est de véritables soldats qu'elle doit être composée, de troupiers disciplinés, assouplis aux com mandements et la manœuvre, agguerris aux fatigues et aux corvees de la vie militaire, et ce n'est pas avec dix exercices par an et une ex cursion au Camp de Beverloo qu'on forme des hommes ayant ces qualités. Inutile et vexatoire, si l'on veut maintenir la garde civique dans son rôle de gardienne de l'ordre, la réforme proposée est vaine et ineffi cace si l'on projette de lui attribuer, en cas de guerre, un rôle militaire. Ecoutons là dessus les gens compétents, non pas M. Schollaert et Vandenpeereboom, qui seraient bien embarrassés l'un et l'autre si on les priait de dresser un plan stratégique, mais les chefs de l armée, ceux qui auraient assu mer, en cas de guerre, la direction de la cam pagne. Tous sont d'accord. Unanimement, ils dé clarent que la garde civique ne peut être, quel les que soient les réformes qu'on apportera dans son instruction et son commandement, une armée auxiliaire, une réserve d'alimenta tion, un corps de combat que lui confier une fiareille mission serait compromettre le sort de a campagne, affaiblir l'action de nos troupes régulières et vouer au plus sanglant désastre les milices citoyennes que l'on exposerait au feu. Voilà l'opinion des généraux les plus émi- nents. Mais nos ministres n'en ont cure. Leur projet de loi sur la garde civique n'est inspiré par aucune préoccupation sérieuse, par aucune pensée patriotique il cache une ma- znanœuvre politique. Les cléricaux veulent donner le change au pays. On les accuse de compromettre la dé fense nationale ils répondent laccusation en se donnant l air de renforcer l'armée. La question de la garde civique n'est qu'un dérivatif, qui doit servir faire enterrer la question militaire. Et nous avons affaire, non un gouverne ment, niais des comédiens. - KKWUJWV - Si M. Vandenpeereboom avait gardé un vieux reste de pudeur, il s'empresserait de donner sa démission de ministre, la grandiose cérémonie de l'inauguration du monument Rogier ayant été l'éloquente condamnation de son attitude mesquine, étroite et anti-patrioti que, condamnation unanime, laquelle ont pris part ses collègues du cabinet. En effet, MM. Nyssens, Schollaert et Bege- rem représentaient le gouvernement la céré monie, et le ministre de l'intérieur a prononcé un discours fort élogieux en l'honneur de Ro- gier. Impossible de blâmer plus indirectement son collège des chemins de fer et de la guerre, qui a eu la vilénie de refuser le concours de l'armée avec une déplorable ténacité, une dernière dé marche ayant été tentée près de lui par M. Buis, Jeudi dernier, mais sans succès. Lopinion publique, dans tous les partis, a blâmé énergiquemenl ce mauvais vouloir, et la présence du prince Albert l'inauguration est aussi la répudiation énergique de ce défi, qui fait du R. P. le complice inconscient des fla mingants, en cette circonstance. Les statistiques de M. Vandenpeereboom pour les accidents de chemin de fer sont vrai ment plaisantes. M. Fléchet a rappelé au Sénat cette anecdote que les journaux racontaient il y a quelque temps un ministre ayant prié un de ses fonc tionnaires de dresser une statistique le fonc tionnaire demanda au préalable Que doit démontrer cette statistique? Il est probable que le statisticien de l'adminis tration a reçu des instructions spéciales. D'après lui, de 1880 1884, il y aurait eu 454 accidents, et de 1885 1894 394 seulement. Il va de soi que, pour la période libérale, on n'a pas oublié le plus petit tamponnage, tandis que pour la seconde, on a été très coulant, afin de prouver que les accidents ont diminué. Comme l'a démontré M. Fléchet, il convient de diviser cette période de 1885 1894 en deux périodes de 5 ans, comme celle de 1880- 1894 avec laquelle on la compare, et aussi de tenir compte de la gravité des accidents. Or, pendant les cinq premières années, il y a eu 81 accidents avec 284 victimes, pendant les cinq dernières il y a eu 116 accidents avec 476 victimes, soit 67 p. c. en plus l On dira que le trafic a augmenté, ainsi que le nombre de voyageurs c'est vrai, ce dernier chiffre a augmenté de 25 p. c., mais les acci dents ont progresséà raison de 67 p. c. Chose curieuse, au moment où M. Fléchet discutaità la Chambre la valeur des statistiques officielles, M. Lejeune, un ami du gouverne ment pourtant, se plaignait au Sénat des sta tistiques criminelles. Ainsi, a-t-il dit, il résulte de la statistique officielle que la proportion des récidives est de 8 p. c. des condamnations. Or, je suis convain cu qu'elle est au moins de 75 p. c. Voilà ce que valent les chiffres de cette statistique. El M. Lejeune, sans se douter du coup d'épau le qu'il donnait M. Fléchet, ajoutait que, faute d'organisation sérieuse, les chiffres ont sou vent l'air d'être mis au hasard par un employé, désireux de s'affranchir d'une corvée l O •OjglDo-C-i Par suite d'exigences bud ^étaires, les régi ments ci-après doivent réduire les journées de solde de leurs effectifs comme suit Le 9* de ligne, vingt-deux mille journées les grena diers, vingt-neuf mille journées les carabi niers, trente-quatre mille journées. Il en résul tera pour les chefs de corps l'obligation dénvoyer en congé tous leurs hommes, sauf ceux indispensables au service des gardes. Quel beau régime I et combien l'instruction des troupes doit gagner ces tripotages bud gétaires -)~(oa- Nous apprenons l'instant que de nombreuses sociétés ne participeront pas au cortège, l'oc casion do l'entrée officielle des deux excellences; cela ne nous étonne nullement fêter un gou vernement, qui a commis la canaiilerie de 1890, serait de la part des Yprois un acte de démence. Que ceux qui ont contribué cet exploit de cartouche s'y rendent, ils seront en bonne so ciété que les lâcheurs profitent de cette belle occasion pour faire voir leur désinvolture tra hir leurs anciens bienfaiteurs, ils seront dans leur rôle, mais que les honnêtes gens Yprois de cœur et d'âme, part ceux qui y sont obligés parleur position, arborent leur drapeau, figu rent au cortège et au banquet, cette faiblesse de caractère serait sévèrement jugée. La minorité, il est vrai, doit savoir respecter les décisions de la majorité, mais non celles d'une bande de fraudeurs qui s'est emparé de l'Hôtel de Ville avec la complicité du gouverne ment. On parle d'une grande festivité littéraire la Tuindag, qui pourrait bien attirer dans la ville plus de monde que l'arrivée des deux excellen ces. D'après nos informations, elle aura lieu aux Halles, salle sud, le 2me Lundi de notre ker messe elle consistera dans une réfutation étu diée et soignée de la lettre de M. A. Merghe- lynck par M. Surmont, qui, comme 'epn!}iq«qtp mettra dans ses formes oratoires beaucoup de délicatesse et d'urbanité. Avis aux amateurs du beau et du distingué. On ne parle de rien moins en ville que du sans gêne de Messieurs les membres du cercle La Faugère», société de pêche, créée, dit-on, la dévotion de nos maîtres. Si nos renseignements sont exacts, ce cercle se serait permis de faire afficher les programmes de son concours la pêche, sans l'intervention des afficheurs publics patentés. Tous les afficheurs, indistinctement, froissés des procédés peu corrects dudit cercle, auraient adressé une plainte M. le commissaire de police. Le cercle La Faugère aurait cependant pu se mettre en frais d'un ou de deux francs pour les dépenses de l'affichage de ses programmes puis- qu il a obtenu un subside de 300 francs de la ville pour l'organisation de son concours. Où il y a de la gêne Ouverture. Un arrêté publié au Moniteur d'hier porte que la chasse au gibier d'eau sur les bords de la mer, dans les marais, ainsi que sur les fleuves et les rivières, est permise cotte année dans toutes les provinces partir du lr Août prochain.

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Le Progrès (1841-1914) | 1897 | | pagina 2