Chronique locale.
65. Dimanche,
57e ANNÉE
15 Août 1807
JOURNAL D'VPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les impôts
et le fonds communal.
Projets socialistes.
-)X(»a-
La Tuindag.
La visite officielle
des deux Ministres.
6 FRANCS PAR AN.
mL
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vihes acqcirit eundo.
Ypres, le 14 Août 1897.
Le Moniteur a publié Samedi l'état compa
ratif du produit des impôts directs et indirects
pendant les six premiers mois de 1897 et 1896.
Les droits d'accise sur tes eaux-de-vie indi
gènes qui avaient rapporté pendant le premier
semestre de l'année dernière 12,700,798 fr. 29
c., ont produit pendant les six premiers mois
de cette année 19,447,470 fr. 81 c., soit une
différence en plus de 6,746,672 fr. 52 c. On sait
que les nouveaux droits sur les eaux-de-vie
n'ont été appliqués l'année dernière qu'à par
tir du 16 Juin.
Le gouvernement avait évalué le produit du
droit d'accise pendant ce premier semestre la
somme de 15,768,273 fr. 50 c. Le droit a donc
rapporté 3,679,197 fr. 31 c., de plus que l'éva
luation de M. de Smet de Naeyer.
Le Moniteur donne aussi la part attribuée
dans le produit des impôts au fonds commu
nal.
L'année dernière, le montant des recouvre
ments pour le fonds communal des six pre
miers mois du droit d'accise sur les eaux-de-
vie était de 6,838,891 fr. 30 c. Celte année-ci,
il n'est que de 6,428,082 fr. 16 c.
Ce sont des chiffres incompréhensibles. Le
Moniteur met en téte du tableau du fonds com
munal que ce fonds se compose notamment de
35 p. c. du produit des droits d'accise sur les
eaux-de-vie indigènes.
Or, si les droits d'accise ont produit pendant
le premier semestre de cette année 19 millions
de francs en chiffre rond, contre 12 millions
l'année dernière, il est clair que le produit du
fonds communal, qui est proportionnel, doit
être plus élevé cette année que l'année der
nière. Et le journal officiel nous apprend qu'il
est inférieur de 400,000 fr.
Ceux qui ont dressé le tableau le compren
nent peut-être, mais les autres ne s'expliquent
pas cette différence.
A la veille de la manifestation du 15 Août,
dirigée contre l'armée en particulier et nos in
stitutions en général, il nest pas mauvais de
rappeler l'article principal du programme
rouge, le «collectivisme.
LEtoile Socialisteune revue collectiviste
très prisée dans les milieux révolutionnaires,
insiste dans un récent article sur le but du
parti, sans cacher ses intentions
Après, écrit-elle, que les sociétés anony-
mes et les coopératives auront réduit la bour-
geoisie sa plus simple expression, le prolé-
tariat se dressera contre la bourgeoisie, il
s'emparera violemment du pouvoir.
Alors le prolétariat se constituera en classe
régnante. 11 se servira de sa suprématie pour
arracher petit petit tout capital la bour-
geoisie, fût-ce despotiquement pour cen-
traliscr tous les instruments de production
dans les mains de lEiat, c'est dire du pro-
létariat organisé en classe régnante.
Fût-ce despotiquement ne manque pas
de franchise.
Voilà la bourgeoisie avertie qu'elle se dé
fende, sinon elle sera réduite la plus effroya
ble misère.
LEtoile Socialistedans cet accès de vérité,
annonce encore que les lois matrimoniales dis
paraîtront comme le reste et qu'elles seront
remplacées par l'instauration de normes de
liberté et d indépendance.
Bigre 1 1 organisation de cette société nou
velle ne manquera pas d'originalité...
Que penser, en présence de ces revendica
tions si nettes, des bourgeois libéraux qui par
ticiperaient au cortège ecarlate de Dimanche?
C'est que les chaleurs sémigalieanes de ces jours
derniers auraient trouble leur cervelle I
Aliénation ou suicide, il n y a pas de milieu.
La bourgeoisie ne peut fraterniser, de sang-
froid, avec ceux qui veuleut 1 exproprier... sans
même l'indemniser.
Nous n'avons nullement l'intention de nous
appesantir longuement sur les festivités aussi
attrayantes que variées de notre Kermesse, nous
laissons le public juge.
Ce que nous désirons, c'est nous occuper un
peu de la procession et de l'entrée triomphale des
deux Excellences.
Notre appréciation concernant la procession
diffère complètement avec celle du Moniteur de
l'Hôtel de Ville, qui, lui, l'a trouvée superbe
nous autres, nous l'avons comparée une caval
cade autant l'ancienne était simple et inspirait
de la dévotion, autant la dernière prête rire
par ses groupes carnavalesques de beaucoup la
première a notre préférence.
Quant la tenue de nos maîtres, dans cette cé
rémonie foncièrement religieuse, elle est, soyons
franc, peu édifiante ils rient, ils babillent et
saluent les dames sur leur passage vraiment, ce
n'est pas là la conduite de véritables dévots.
Autant rester chez eux, que de montrer le mau
vais exemple aux collégiens, obligés d'y assister.
Avant de nous aventurer donner notre
avis sur le cortège, glissons un mot l'occa
sion de l'impression, produite sur le Journal
d'Ypres, par la fanfare de Binche.
Inutile de vous dire que l'organe des catholi
ques a trouvé la musique excellente, qu'il a été
ravi du programme, excessivement varié et bien
composé. Ceci n'a rien de surprenant nous
connaissons depuis longtemps son grand talent
d'appréciateur et de connaisseur de musique,
mais ce qui est épatant, c'est qu'il dit dans son
compte-rendu du programme de la kermesse,
que nos deux musiques sont d'une force colos
sale et qu'elles jouent la perfection pourquoi
nos maîtres font-ils la dépense de 1,500 francs
pour faire venir une musique étrangère, alors
qu'ils disposent de deux musiques qui la valent
n'est-ce pas du gaspillage et n'est-ce pas décou
rageant pour la grande fanfare, qui donne par
fois, pro deo encore de la musique classique,
la portée de nos nombreux artistes car la
bonne ville d'Ypres a la chance d'en posséder
beaucoup
Parlons maintenant de l'entrée des deux ex
cellences qui, do l'aveu de tout le monde a fait
un four n° 1.
Quel pitoyable cortège un vrai ramassis de
types inconnus, tous membres du Volkshuis ot
de la jeune garde catholique, quelque chose de
select
A signaler comme groupe bien réussi celui
du quartier de S'Pierre, la Sainte milice de S1 An
toine, dont le porte-drapeau, est un homme des
plus distingués, Pulie Dupré, et dont tous les
membres sont des hommes décidés, forts et aler
tes qui inspirent aux libéraux une peur bleue
ceux-ci n'ont qu'à bien se tenir.
Nous devons également citer la Société des
amateurs de pinsons, qui a provoqué l'admira
tion du public vraiment ces gens ne visent pas
au luxe; ils étaient d'une simplicité déconcertan
te^ pantalon court et sabots; les Ministres ont
dû être enchantés en voyant un cortège si relevé;
mais qu'est-ce que le Ministre de la Justice a
dû penser des organisateurs, qui ont toléré la
présence d'une Société défendue par la loi il
est vrai qu'elle a contribué beaucoup rehaus
ser le cortège formé en son honneur.
La Justice humaine hélas est faible et par
fois aveugle surtout quand il s'agit de cléricaux.
Passons, il n'y a rien de parfait dans ce bas
monde.
Venait ensuite la Garde Civique, cette troupe
d'élite de deuxième ligne qui a marché comme
un seul homme, nos sincères félicitations.
Ce qui a étonné tout le monde, c'est la députa-
tion de la Société des ex-sous-officiers avec le
drapeau, est-ce par naïveté ou par ironie? Elle
doit être l'unique du pays, qui approuve la con
duite antipatriotique du gouvernement, hos
tile la réorganisation sérieuse de l'armée
et opposé la suppression du remplacement
qu'est-elle allée faire dans cette galère C'est
rêver debout
Nous avons remarqué beaucoup de gamins de
l'école S' Aloïs portant les numéros des nom
breuses sociétés absentes, le Journal d'Ypres en a
la jaunisse, lui qui prétendait que le cortège
allait être composé de l'élite de la société yproi-
8e vraiment 1
Quant au banquet, il a eu lieu grâce aux mul
tiples démarches eu ville et la campagne re
tranchons du nombre des convives les fonction-
LE PROGRES
ABONNEMENT PAR AN Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-OOî INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25
^Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Idem. Pour le restant du pays7-f*!» es annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
1 le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES,
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