71Dimanche,
57e ANNÉE.
5 Septembre 1897.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Listes électorales.
c Demain, on rasera gratis
La paix.
Une exposition coloniale
en 1900.
6 FRAN€S PAR AA.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
v1kes acqoirit ecndo.
On traite forfait.
Nous attirons l'attention
de nos amis politiques s ni* les
listes électorales qui, depuis
le trois Septembre écoulé,
sont soumises l'inspec
tion du public au secrétariat
communal et dans les com
missariats de police.
Les réclamations doivent
être adressées, avec pièces
l'appui, au Collèg-e échevinal
avant le 31 Octobre.
Ypbes, le 4 Septembre 1897.
On se rappelle que l'une des plus formelles
promesses de notre clérical gouvernement, au
moment des élections législatives de l'an der
nier, c'était le dégrèvement des denrées néces
saires l'alimentation populaire. Et certes,
pour peu que l'on y réfléchisse un instant on
doit se dire que l'électeur, dans notre bon pays
de Belgique, est décidément d'exceptionnelle
composition pour souffrir qu'on le gruge et
qu'on l'écorcbe comme le fait l'excellent M. de
Smet de Naeyer, notre doux ministre des Fi
nances Des exemples Attendez, je vais
prendre dans le tas
On a fait grand bruit dans le monde de la
calote, du dégrèvement accordé par notre pa
ternel gouvernement sur les vins en fûts. Ce
dégrèvement, chantait-on dans ces pieuses
sphères, allait permettre de vendre en Belgique
du vin importé de France ou d'Italie un bon
marché tel que pas un ménage d'ouvrier ou de
cultivateur ne devrait plus, l'avenir, regarder
en acheter. C'était le vin pour tous» sui
vant la formule.
Ce raisonnement semblait séduisant et même
sérieux car on sait qu'en Italie par exemple le
vin est, tellement il est abondant, vendu très
souventà vil prix 10 15 centimes le litre,
moins même quelquefois I
Malheureusement il y avait jusqu'à présent
un obstacle insurmontable l'importation en
Belgique de ce crû si bon marché, c'était le
droit d'entrée qui s'élevait 23 francs l'hecto
litre, soit 23 centimes par litre plus que la
valeur de la marchandise
El c'est cet obstacle que l'on allait, disait-on
lever
La loi est présentée, votée et vous savez en
quoi a consisté le dégrèvement on perçoit
dorénavant 20 francs l'hectolitre la frontière
au lieu de 23 francs.
Allons voyons de qui se moque-t-on ici Ce
qui est certain c'est quà l'avenir les notaires et
les curés paieront 3 francs moins cher leurs fûts
de bon Bourgogne (il n'est pas, dit-on, de
petites économies mais chanter sur les toits
quepareeque l'on paiera dorénavant l'entrée
en Belgique 3 centimes de droits en moins par
litre de vin, celui-ci va baisser de prix au point
de devenir accessible loules les bourses ah
non franchement pour dire cela il faut avoir un
toupet d une jolie envergure
El n'est-ce pas pourtant cela que, pendant
toute la période électorale dernière, les jour
naux et les hommes dévoués au ministère
avaient si triomphalement annoncé?
Voilà comment le gouvernement catholique
tient les promesses qu iI fait I Tant pis pour les
jobards ou tout simplement, les honnêtes
gensqui l'ont cru sur parole! Ils savent
aujourd'hui leurs dépens ce qu'en vaut l'aune,
de cette belle marchandise-là
Autre exemple, aussi frappant que le pre
mier.
S il est une denrée qui nous vient de l'étran
ger et qui est indispensable la population
ouvrière des villes et des campagnes, c'est le
café. Nous en consommons, par an, pour 52
millions de francs chiffre officiel
Eh bien l'Etat trouve moyen de nous faire
payer, nous tous, sur ce cafe si sain, si récon
fortant, si nécessaire un impôt de 2 1/2 millions
de francs par annee.
De toutes parts, dans les meetings, dans la
presse libérale I on réclama cor et cri l'abo
lition totale de cet impôt odieux pareequ'il est
pris, sou par sou, dans les bourses les plus
pauvres, les plus nécessiteuses
On pouvait, il est vrai, objecter des néces
sités de budget 2 1/2 millions par an, songez
donc 1
Mais cela la réplique est facile n'a-t-on
pas, l'année dernière, sous le prétexte jésuiti
que d'enrayer l'alcoolisme, frappé l'alcool d'un
nouvel et énorme impôt
Et sait-on ce que, rien que pour les quelques
mois de l'année 1896 qui ont suivi ce vote,
cette augmentation d'impôt a donné i millions
en chiffres ronds
On ne pouvait donc plus, en présence de ce
chiffre, parler de labsolue nécessité des 2 1/2
millions produits par le café.
M. de Smet de Naeyer sentit qu'il fallait faire
quelque chose et il dégreva... le thé. cette
boisson que ne consomment chez nous que les
Anglais et les malades
Quant au café, bernique I
On attendra, selon toutes apparences, pour
en promettre le dégrèvement, l'année 1900. Ce
sera l'élrenne du siècle nouveau et l'amorce aux
bons et fidèles électeurs catholiques qui, celle
année-là, auront reélire cinquante et quel
ques députés, parmi lesquels MM. Colaerl, Van
Merris et C13, nos si éloquents et si énergiques
représentants
Ce jour-là, on recommencera le truc de l'an
née dernière le gouvernement promettra tout
ce qu'on voudra, y compris la suppression des
droits sur le café, suivant l'exemple de ce bar
bier finaud qui sur un écrileau avait tracé ces
mots Demainon rasera gratis Seulement,
comme iécriteau restait toujours sa môme
place, celait toujours demain et les barbes
poussaient drues et longues en attendant le
rasoir gratuit màis, hélasT, tout aussi illusoire
En l honneur du retour de M. Félix Faure,
président de la République Française, nos voi
sins, les Français ont allumé leurs lampions et
pavoisé leurs demeures.
C'est la paix qu'ils ont acclamé en acclamant
l'heureux voyageur.
Cette paix, aujourd'hui certaine ou parais
sant letre, ne doit-elle pas autant nous réjouir
que nos voisins du Midi
L'assurance que tout conflit entre la France
et I Allemagne est pour longtemps écarté n'est-
elle pas dénature produire une grande joie
parmi nous?
Puisque l'alliance franco-russe est basée sur
le respect du traité de Francfort, c'est, en effet,
le calme et la paix pour longtemps nos portes.
Tant mieux, puisque nous devons demander
aux circonstances ce que nous avons réclamé
vainement du gouvernement.
Celui-ci ne veut pas donner la nation l'ar
mée qu'exige la défense de nos frontières.
A tous les appels, ceux du Roi comme
ceux du pays, il a fait semblant de ne point
entendre.
Heureusement les événements paraissent
favorables la Belgique et Ion ne tirera plus le
canon sa frontière d'ici longues années,
moins de complications imprévues.
L'existence de notre nationalité est donc
assurée pour un nouveau bail, mais c'est l'étal
actuel de l'Europe beaucoup plus qu la pré
voyance de nos gouvernants qu'il faut attribuer
cette situation rassurante, saut les compli
cations toujours craindre en face de cette
question d Orient, moins résolue que jamais.
Le succès de l'exposition coloniale aura des
conséquences imprévues, parait-il. Il est ques
tion d'ouvrir de nouveau en 1900 Bruxelles,
Tannée où le pays aura se prononcer entre
l'annexion du Congo ou son abandon, une
exposition congolaise.
Du centre de l'Afrique on ferait venir non
plus trois cents mais cinq cents, peut-être mille
noirs réunissant tous les types de l'empire afri
cain.
J'ai entendu des coloniaux, sous l'impression
du départ des Congolais, lancer cette idee.
LE PROGRÈS
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00
Idem. Pour le restant du pays. ;r. 7-00
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