AVIS IMPORTANT.
57e ANNÉE.
L'Autorité.
Humanité.
L'élection de Termonde.
101. Dimanche,
19 Décembre 1897
6 FRANCS PAR AN.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Le Progrès sera envoyé gra
tuitement jusqu'au premier Jan
vier prochain, aux personnes
qui s'abonneront, pour une an
née, dater de celte époque.
Ypres, le 18 Décembre 1897.
Dans lincident d'Hautrages qui a eu son dé -
nouement la Chambre, ce qui étonne le plus,
c'est l'acte de violence que s'est permis le ci
toyen Roger en vers Ihonorable bourgmestre
de celte commune, dans l'exercice de ses fonc
tions.
Faisant fonctions de bourgmestre Quare-
gnon, où il se montre particulièrement autori
taire, il exige de ses vassaux une sorte de res
pect. Ce n'est plus le maieur du bon vieux
temps, c'est le dictateur qui fait marcher
coups de pieds ses esclaves, c'est dire le bétail
socialiste. Si épris du principe d'autorité, en
abusant outrance, comment se fait-il qu il
s'est empressé de le violer Hautrages en se li
vrant des voies de fait sur le premier magis
trat de cette commune
Son cas est dautant plus grave qu'il est
bourgmestre lui même, qu'il connaît la loi et
qu'il s'est plu la transgresser avec une audace
excessive. En vérité, sa conduite n'a pas d'ex
cuse. Partout il se croit Quaregnon et il ne
voit plus que des esclaves dans tous les hom
mes. 11 s'agit de lui apprendre que l égalité sub
siste et que le principe dautorité existe en
dehors même de l'infortunée commune qu'il
administre. Sinon qu'adviendrail-il Sûr de
l'immunité parlementaire, il se livrerait aux
pires violences et il finirait par déchainer, la
veille des élections, la guerre civile qu'il a déjà
tentée, en 1893, d'allumer dans les contrées.
Des nouvelles, parvenues de Paris, annon
çaient ces jours derniers que M. de Bauregard,
député français, se disposait déposer la tri
bune nationale un projet de loi ainsi conçu
Article premier. Il est interdit tout indi
vidu d'origine juive de faire partie d'aucune
administration publique.
Art. 2. Tout Français né de parents étran
gers ne pourra qu'à la seconde génération être
admis une fonction relevant du contrôle de
lEtat.
L'organe de M. Drumont, qui se signale
depuis quelque temps par une intolérance de
plus en plus haineuse dictée par un odieux
parti-pris, écrivait ce sujet
Cette proposition est trop importante pour
que nous la commentions aujourd hui, et d'ail
leurs, elle est trop excellente pour que nous
ayons besoin de la commenter longuement. En
ladoptant, la majorité ferait œuvre sage. Mais
c'est si peu dans ses habitudes que nous n'osons
trop y compter.
Voilà donc où ils en sont I
Ne pensez-vous pas, chers lecteurs, qu'elle
est profondément douloureuse et triste, cette
humanité du siècle, au sein de laquelle un
chauvinisme cruel veut faire admettre et léga
liser de semblables choses
Et ce qui est plus triste encore songer, c'est
quau point où en sont actuellement les esprits,
il se pourrait faire que ce projet de loi fut
vote I
Ce serait odieux, dites-vous
Mon Dieu si odieuses que soient certai
nes choses, l'époque actuelle est telle qu'il ne
faut plus s'étonner de rien.
Car si M. de Bauregard a conçu pareil projet,
s'il l a écrit et se dispose le présenter au vote
d'une assemblée délibérante telle que le Parle
ment français, c'est que sans doute il se sent
soutenu, c'est qu'il sait que d'autres, avec lui,
appuieront semblable motion.
J'ai eu I honneur de le dire tout récemment
en ces colonnes l aveuglement de la passion
nexcuse pas certains crimes. Et je suis pres
que tenté de dire que le projet de M de Baure
gard en est un, si pas flagrant parce qu'il n'a
pas encore porte ses fruits, tout au moins ce
projet conslitue-t-il, mes yeux, un acte cou
pable, de lese humanité, et qui s'augmente
d'une circonstance aggravante la prémédita
tion.
On ne dépose pas un projet de loi sans l'avoir
réfléchi.
Il est clair, trop clair même, que M. de Bau
regard en le combinant a vise le pauvre héros
du jour, le capitaine Dreyfus, UN JUIF
Etre Juif Quel crime
Et c'est avec de pareils arguments qu'on com
bat
C'est l'aurore du XX' siècle, en pleine ère
de progrès, qu'on impute crime un homme,
davoir reçu de ses pères des principes reli
gieux dissemblables ceux professés par d'au
tres hommes I
Quelle triste décadence
La France, cette terre de gloire et d'art, ce
foyer d'intelligence répudierait ceux de ses en
fanls qui seraient d'origine juive Elle leur
interdirait toute carrière administrative! C'est-
à-dire que pour certains combien nombreux
ce serait la misère affreuse, l'épouvantable
existence du Meurt de faim I
Je sais bien que d'aucuns s'écrieront que le
capitaine Dreyfus est Alsacien et qu'il est de ce
fait quelque très peu germain. Mais ceux là
je répondrais que je me souviens aussi des mots
de revanche et de l'état des esprits au sujet
de la session de l'Alsace.
L'enquête menée tout récemment par le
Mercure de France ce sujet, me donnerait
ample matière discussion et peut être ces ar
guments ne seraient-ils pas tous la louange
des esprits actuels.
Mais, je m'égare
Encore une fois il ne s'agit plus en ceci,
mon sens, du capitaine Dreyfus. Il s'agit de
juifs, ou plutôt, il s'agit d'hommes auxquels ont
veut fermer certaines carrières. Et mon cœur se
révolte. Et je me dis qu'il est impossible que des
gens, que je veux croire généreux et de cœur,
en arrivent ratifier semblable décret, vou
loir empêcher quelqu'un de gagner sa vie i Que
ce quelqu'un soit juif, protestant, boudhiste.
tout ce qu'il vous plaira, il a droit la vie,
puisqu'il est né
Et ces hommes sont mesquins et dangereux
en leurs mesquineries, qui voudraient parce-
qu'un homme, fut-il coupable, priver du droit
de vivre tous ceux qui ont été élevés, dans la
même religion que lui.
Voilà l'affreux principe contre lequel il faut
protester au nom de la sainte Justice, au nom
de la sainte Humanité qui fit dire au Christ et
qui fait dire tous les hommes de cœur et de
bon sens
Aimez-vous les uns les autres
M. Drumont et les autres fanatiques de son
bord auraient-ils oublié leurs propres princi
pes religieux E. L.
Décidément, c'est M. lavocat Tibbaul, con
seiller communal Gand, qui l'a emporté,
comme candidat catholique, au poil des diver
ses communes de rarrondissement. et ce avec
une majorité de 1,127 voix. La lutte a été des
plus ardentes. Les premiers résultats connus
étaient en faveur de son concurrent, M. Abel
de Kerchove, et la majorité semblait tellement
écrasante que le succès de ce dernier ne for
mait plus de doute. Ce sont les cantons de
Hamme, Zele, Calcken qui ont produit le
revirement et fait triompher M. Tibbaut.
Comme nuance politique, on sait que M.
Tibbaul est rallié au parti des démocrates chré
tiens. Il ira donc, s'il est élu, renforcer la
Chambre le groupe des Renkin et des Carton
de Wiart.
Les socialistes présenteront la candidature
de M. Maurice Beerblock. Quant aux libéraux,
il est probable qu'ils ne lutteront pas.
On se rappelle la vigueur avec laquelle M.
Schollaert a mainLenu et fait voter par la
Chambre la disposition de la loi sur la garde
civique qui impose le service dans la garde aux
étrangers domiciliés en Belgique. Le gouverne
ment ne céderait pas. La garde a pour mission
de maintenir lordre, de défendre les personnes
et les biens. A ces devoirs, profitant tous
ceux qui habitent demeure le territoire
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