Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement
Dimanche, 14 Janvier 1900.
5 centimes le numéro.
60e année. ]\0 2.
l'union pait la force.
S^arnissani le ffïimanche.
Vires acolirit eundo.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs.
la province Par an 4 fr. 50
Étranger.
Xi evue politique.
La situation au Tiansvaal.
La situation Ladysmith est très
confuse. Les dépêches anglaises, vo
lontairement ou non, sont des plus ob
scures, et il paraît impossible pour
l'instant de tirer de ces informations
aucune autre conclusion que celle-ci
les Boers font un grand effort, pressent
le bombardement et même tentent des
attaques de vive force. Ceci est profon
dément inquiétant pour les assiégés.
Ils avaient prédit que les Boers, inca
pables d'une autre tactique que celle
de la défensive, n'auraient jamais le
courage de tenter cette chose périlleu
se et coûteuse qu'est toujours un as
saut. Non seulement les Boers l'ont
tenté, mais ils n'ont pas été loin de
réussir leur attaque dès cette première
tentative, et le général White lui-même
loue leur vaillance et leur ténacité. En
réalité, les Boers et c'est le phéno
mène nouveau de cette guerre inau
gurent depuis quelque temps, Coles-
berg, Molteno, Kuruman, Lady-
sinith, la tactique toute nouvelle pour
eux, de l'offensive. C'est un apprentis
sage qu'ils font et les Anglais sont
forcés d'admirer les aptitudes de ces
apprentis qui bientôt seront passés
maîtres dans l'attaque comme ils le
sont dans la défense Ils ont payé leur
apprentissage, mais un prix très sup
portable. Le général White avoue avoir
perdu beaucoup de monde en repous-
saut l'assaut des Boers, et se console
en déclarant que ceux-ci en ont perdu
encore davantage. C'est un genre de
consolation que les Anglais s'offrent
gratuitement presque toujours, la
suite de chaque bataille. Mais en sup-
fiosant qu'elle soit justifiée par les
aits, il ne faut pas oublier que les per
tes de la garnison de Ladysmith, qui
ne peut se renforcer,sont irréparables,
tandis que les assiégeants boers peu
vent toujours compenser les leurs par
des appels de réserves. Les Boers re
commenceront leur assaut l'heure
qui leur paraîtra la meilleure, avec des
forces instruites par l'expérience et
contre une garnison encore affaiblie.
Et ils finiront par réussir.
Car Ladysmith ne peut décidément
espérer les secours qu'elle attend d'ur
gence du camp de Frère Ce qui est
grave dans la situation anglaise, c'est
précisément ce fait que le général But
ler, qui aurait voulu voler au secours
de Ladysmith assailli, s'est heurté,
Coleuso, un mur infranchissable avec
des pertes qu'il nous laisse ignorer.
Le feld-maréchal Roberts et le géné
ral Kitchener vont donc trouver de
vant eux une tâche si terriblement
complexe qu'il faut les plaindre, au
tant que les grands géuéraux euro
péens les admireront, s'ils en viennent
bout.
kt' ministère fiançais cl la Chambre
Ee Parlement français a ouvert Mar-
sa session ordinaire de 1900 et sa
première séance, consacrée l'élection
président, a été un échec pour le
^U'ernemeut. M. Deschanel a été élu
'ar308 voix contre 221 accordées M.
BrissoQ
Ceite question vidée, on se préoccu
pe maintenant des incidents qui pour-
8e produire dès les premières
ances. Ees oppositions préparent un
ra-fUf '^U mtulstère le cabinet pour-
"h 1 affronter, avec quelque certi-
Uoe de le rHnrmMor
di
On s'abonne au bureau du journal, eue de Dixmcde, 51, Ypbes. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Pecgbès ON TRAITE A FORFAIT
E~s pessimistes, qui sont surtout les
repousser
simiste
UneVnV^1 -Céline, travaillent depuis
taine faire pression sur l'opi
nion. Les décisions de la Haute Cour
leur paraissent défavorables au gou-
vernement. Ils croient discerner dans
celles-ci une réprobation timide du
Luxembourg l'adresse de la politique
gouvernementale. Cependant les ar
rêts n'ont fait que souligner la légiti
mité des poursuites entamées en Avril
dernier par le cabinet contre les partis
antisémite, royaliste et césarien. Il est
permis de dire, ce propos, et d'après
les informations qu'on recueille auprès
des républicains marquants de toutes
les fractions, que les événements de la
dernière semaine n'exerceront aucun
effet sur l'attitude des..membres de la
majorité.
Le critérium, ou plutôt le facteur
essentiel de la stabilité ou de l'affaiblis
sement du ministère, ce sera son orien
tation dans la question de l'amnistie.
Les gauches, et spécialement les grou
pes socialiste et radical-socialiste, se
sépareraient coup sûr de MWaideck-
Rousseau, s'il persistait dans sou inten
tion première de passer l'éponge sur les
actes criminels commis par ie général
Mercier. Le bruit de l'arrestation de
l'auteur de 1' Affaire a couru, il y
a quelques jours, avec une ^certaine
persistance, si bien que les journaux
nationalistes ont dû eux-mêmes l'enre
gistrer. Puis, soudain, la rumeur s'est
dissipée. Mais rien n'atteste que d'ici
quelques jours on n'entendra pas par
ler d'un changement de front total du
gouvernement. La candidature du gé
néral Mercier en Loire-inférieure, celle
d'autres officieio géuéraux et supé
rieurs, ont rouvert le problème liti
gieux. L'entrée du général Mercier au
Sénat constituerait un défi aux lois ré
publicaines.
L'extrême-gauche et même une
fraction de la gauche radicale ne sui
vraient donc pas le gouvernement s'il
prolongeait l'impunité du ministre de
1894. La Chambre étant toujours saisie
de la motion que M. Viviaui a déposée
l'an dernier, tendaute la mise en ac
cusation de l'ex-unnistre de la guerre,
la question ne pourra être éludée.
D'autres mesures de rigueur seront
encore réclamées du cabinet. Il a déjà
décidé de poursuivre les Assomption-
nistes, mais il ne faut pas que son éner
gie apparaisse soudain paralysée. En
outre, on parle mots couverts de
scellés de la Haute-Cour qui n'auraient
pas encore été ouverts et qui compren
draient des documents des plus com
promettants pour certaines personna
lités extraparlementaires.
La stabilité du cabinet est au prix
d'un exercice strict et impartial de la
justice en tous ses domaines. Il ne peut
vivre que du concours des gauches et
ce concours lui fera forcément défaut,
s'il hésite accomplir la besogne exigée
par la défense républicaine. Si, au con
traire, et tout permet de l'espérer, il
se montre ferme et résolu, sa majorité
deviendra de plus en plus solide et
compacte.
Le mécanisme de la R. P.
Dans le discours qu'il a prononcé le
21 Décembre au Sénat, M. Van den
Heuvel, ministre de la justice, vou
lant prouver que le mécanisme de la
R. P. n'attente en rien la liberté de
Iélecteur, a minutieusement analysé
ce mécanisme il l a démontré en
quelque sorte afin d'examiner séparé
ment chacun de ses rouages princi
paux.
Cette analyse technique na pu
trouver place dans notre compte-ren
du, nécessairement sommaire, de la
séance du Sénat. 11 fallait la donner
textuelle ou pas du tout. Aussi nous
sommes-nous borne d abord la si
gnaler. Mais elle constitue un docu
ment trop important au point de vue
de l'interpretation.legislative ;^elle in
teresse. d ailleurs, de trop près tous
les électeurs et tous ceux surtout qui
seront appelés concourir I applica
tion de la loi nouvelle, pour que nous
hésitions reproduire textuellement
ce passage du discours de l honorable
ministre.
Nous le trouvons aujourd'hui dans
les Annales parlementaires.
En voici la première partie
L'élection organisée d'après le sys
tème de la représentation proportion
nelle se compose de trois parties d'a
bord, du vote que donne l'électeur
ensuite, le vote étant donné, de la ré
partition des sièges entre les différen
tes listes enfin, cette répartition faite,
de la détermination dans chaque liste
des personnes qui devront occuper les
sièges revenant la liste. Par consé
quent, trois grandes phases examiner
successivement dans la première qui
concerne ie vote, c'est l'électeur qui
agit dans la seconde et la troisième,
c'est ie bureau principal la seconde
est consacrée la répartition des sièges
ou l'application proprement dite de
la représentation proportionnelle la
troisième est consacrée l'attribution
des mandats aux diverses personnalités
en lice ou la détermination du résul
tat définitif des opérations.
Que dire du vote
Est-il compliqué En aucune façon.
Il est donné sur des bulletins confec
tionnés suivant les principes généraux
en uBage, portant les diverses listes
rangées en colonnes, avec des cases en
tête et des cases latérales. Il est donné
dans l'isoloir par une marque qui s'ap
pose comme aujourd'hui et oblitère le
point blanc au centre d'une case noire,
il est donné même plus facilement et
plus rapidement que dans la législa
tion actuelle, puisque l'électeur ne
peut plus voter que pour un seul titu
laire et uu seul suppléant. Le vote n'a
donc rien d'embarrassant. C'est la sim
plicité pour l'électeur et la simplicité
aussi pour les bureaux qui dépouillent.
Mais pourquoi le vote est-il uniuo-
minal Il l'est devenu pour deux rai
sons d'abord pour affirmer et recon
naître le principe de l'égalité dans tout
le pays de l'électeur qui présente la
même situatien sociale. L'électeur de
telle province ne doit pas avoir plus
dire que l'électeur de telle autre pro
vince. L'électeur qui appartient la
majorité fidèle, comme celui qui ap
partient la masse flottante, l'un com
me l'autre, doivent, s'ils sont dans les
mêmes conditions, avoir exactement le
même poids mettre dans la balance.
De plus, il a semblé parfaitement logi
que d'établir le vote uninominal du
moment où l'on appliquait la repré
sentation proportionnelle. En effet,
dans tout système de représentation
proportionnelle, l'électeur ne peut, en
définitive, faire partie que d'un seul
groupe atteignant le chiffre diviseur.
Si pareil groupe se déplace de l'un
I autre parti, il ne modifie pas l'ensem
ble des résultats comme dans le systè
me majoritaire, il n'emporte avec lui
qu'un siège.
Si l'on voulait respecter l'égalité de
tous les électeurs et si l'on voulait res
pecter la représentation proportion
nelle, il était donc convenable de s'en
tenir un système de vote uninominal.
II fallait repousser la pratique de la
législation existante, écarter le vote
pluriuorainal et le panachage, qui au
rait si facilement prêté aux plus grands
abus.
Mais le votej ainsi formulé, présente,
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
dans le mécanisme du gouvernement,
une double signification.
L'élection, comme je l'ai dit, a néces
sairement deux objets. Elle a pour but,
d'abord, de fixer le nombre de sièges
qui reviennent chaque parti. Puis
elle a pour but de déterminer qui sera
nommé dans chaque parti. Tout bul
letin doit avoir, par conséquent, une
double fonction.
Il doit, d'une part, servir calcu
ler le nombre de mandats auxquels
peut prétendre chaque groupe et il
doit aussi, d'autre part, permettre
d'arrêter dans chaque groupe le choix
des divers candidats qui devront être
nommés aux sièges. II y avait donc là
deux significations distinctes donner
au vote.
Comment l'organisation pratique a-
t-elie été conçue
Tout bulletin, que vous le marquiez
en tête ou que vous le inarquiez latéra
lement, compte toujours pour ie parti
auquel appartient soit la liste, soit le
candidat pour lequel le vote a été émis.
Le bulletin a, par conséquent, tou
jours cette première signification de
compter pour une unité au bénéfice du
groupe auquel l'électeur a douné ses
préférences.
Quoi de plus exact Lorsqu'un élec
teur vote en tête d'une liste, il déclare
évidemment qu'il adhère au program
me du groupe qui présente cette liste
lorsqu'il vote eu tête de la liste libéra
le, en tête de la liste catholique ou en
tête de la liste socialiste, il indique
clairement qu'il veut attribuer un siège
au groupe libéral, au groupe catholi
que ou au groupe socialiste. Que l'élec
teur vote nou pas en tête, mais côté
d'un nom, dans une case latérale, son
vote doit, dans ce cas encore, être con
sidéré comme un vote de groupe choi
sir un candidat déterminé, c'est procla
mer qu'on adhère au programme de ce
candidat qui est nécessairement, dans
tontes ses parties essentielles, le pro
gramme du groupe qui soutient ce can
didat. Si vous n'admettiez pas cette
manière de voir, si vous vous refusiez
trouver l'adhésion virtuelle et néces
saire un programme dans le vote de
préférence donné un candidat, vous
aboutiriez une conséquence des plus
étranges.
Vo is devriez, en effet, finir par dé
cider que tous les votes de préférence,
tous les votes nominatifs marqués dans
les cases latérales n'exercent aucune
influence sur la répartition des sièges
qu'on peut ou qu'on doit en faire ab
straction, que ces votes sont des votes
inutiles et perdus. Est-il besoin de dis
cuter une thèse aussi singulière Il est
clair que du moment où vous donnez
un vote un candidat, vous entendez
bien que ce vote profite tout la fois
au parti auquel appartient ce candidat
et ce candidat lui-même.
Voilà pourquoi tout vote a une pre
mière signification tout vote est cal
culé pour une unité au profit du grou
pe auquel il se rattache, soit que la
marque ait été donnée dans la case de
tête, soit qu'elle l'ait été dans une des
cases latérales.
Mais, en outre, il a fallu donner au
vote une deuxième signification, puis
que,ainsi que je le disais tout l'heure,
il importera de déterminer ultérieure
ment quels sont les candidats qu'il fau
dra désigner dans chaque parti. Le
vote doit être la manifestation d'une
préférence personnelle.
Les parrains et les candidats con
viennent entre eux d'un ordre de clas
sement. Ils indiquent cet ordre lors de
la présentation des noms. Le bureau le
suit dans l'impression des bulletins. Il
n y a là rien d'imposé c'est une sim
ple proposition de préférence qui est
nnqiaiJQûQQfr-,-