Conseil communal
Ypres.
De qui se moque-t-on
Le nouvel Echevin.
Sinistres comédiens
n
Entrée solennelle
de M. Colaert.
s Prince, la Royauté restait vivante.
(Ouf.)
3 Comparant la petite royauté qui
se nomme la première magistrature
s de notre ville, celle dont nous rap-
3 pelons la mémoire, nous pouvons
b dire Vive le Roi mais non le Roi
b est mort, car l'ancien bourgmestre,
s Dieu merci, est bien vivant, plus vi-
b vant que jamais De roi il est devenu
9 empereur en quelque sorte, puisque
b de l'administration de notre ville il
b passe celle du pays 9 (Sic.,1 Suit un
point d'exclamation. Mettons en dix.
C'est se demander si l'illustre écri
vain du Journal d'Ypreslorsqu'il a
pondu ce chef-d'œuvre, était saoul
OU fou 9.
Quoiqu'il en soit, constatons simple
ment que l'installation de notre maïeur
n'a eu son caractère royal que dans les
colonnes du Journal d'Ypres.
Malgré que le Roinous
voulons dire le Bourgmestre, ait dirigé
en personne tous les préparatifs de son
installation, malgré l'appel adressé au
public par notre Collège échevinal, ap
pel affiché tous les coins de rues, in
vitant nos concitoyens pavoiser leurs
demeures, notre maïeur a fait son en
trée au milieu de l'indifférence généra
le. 67 sociétés avaient été invitées
prendre part au cortège, 17 ont ré
pondu l'appel. Aucune société de
marque pas même le Cercle Catholi
que.... Que s'y passe-t-il donc
Quelques cavaliers de campagne, rac-
colés force d'instances et de démar
ches, le corps des Pompiers, les
Grrrandes Fanfares, la musique des
Orphelins, les fonctionnaires des ad
ministrations communales, deux ou
trois sociétés de pêcheurs la ligne,
l'Orphéon, la société de gymnastique,
quelques membres du Volkshuisune
douzaine de jeunes gens cheval et
voilà tout....
Pas un cri de vive Colaert, vive le
Bourgmestre Rien. Un silence glacial
sur toute la ligne. Pour une réception,
annoncée avec tant de fracas, avouons
que nous avons assisté un fiasco com
plet.
Notre nouveau maïeur ne se flattera
certes pas de sa réception. Pour dire
toute notre pensée, nous nous atten
dions mieux. Ses amis lui feraient-ils
la grimace Nous savions que sa no
mination avait donné lieu des tirail
lements aujourd'hui nous n'en dou
tons plus.
Tout cela n'est pas fait pour nous
déplaire. Le parti clérical se divise de
plus en plus tant mieux.
Dans des circonstances comme celle-
ci il est bon de noter tous les détails.
Les sociétés participant au cortège
étaient, rangées le long du Boulevard
Malou. Le Bourgmestre dans sa voiture
est venu, sitôt son arrivée, se poster
près de l'arc de triomphe, dont le Jour
nal d' Ypres vante aujourd'hui le cachet
artistique et qui est l'œuvre de l'an
cienne administration libérale. Les so
ciétés ont défilé devant le maïeur. Le
cortège passé, les conseillers commu
naux, tous en voiture, ont défilé leur
tour. Tous au passage ont respectueu
sement salué leur chef. Seuls ceux in
stallés dans la dernière voiture ont
négligé cotte politesse. Dans cette voi
ture se trouvait M. Iweius d'Eeck-
houtte Y a-t-il eu oubli de la part de
ces Messieurs, ou bien ont-ils agi
sciemment? Nous ne le dirons pas
N'empêche que l'incident a été remar
qué et commenté.
D YPRES
Séance publique
du Dimanche4 Mars 1900
3 1/2 heures.
Dimanche dernier, 3 1/2 heures de
l'après-midi, a eu lieu,en la Salle Pau-
wels, la séance d'installation du nou
veau Bourgmestre et la nomination
d'un second échevin.
Tous les conseillers sont présents,
sauf M. Begerem qu'un deuil récent
retient éloigne des affaires publiques
M. Berghman, échevin. prononce un
discours et souhaite la bienvenue au
nouveau Bourgmestre M. Colaert.
visiblement émuremercie son ancien
collègue.
Le discours de M. le Bourgmestre
est applaudi par quelques fonctionnai
res et employés.
Puis, il est procédé l'élection d'un
échevin. M. Fraeys est nommé par 12
voix. M. Eug. Struye btieDt une vo x
il y a an bulletin blanc.
Immédiatement après, la ;éance pu
blique est levée.
M. D Huvettere, qui a souvent des
idées originales, ce qui, entre paren
thèse, n'est pas donné tout le monde,
vient de se signaler au Conseil commu
nal en y déposant une proposition qui
aura fait sourire celui qui est appelé
en recueillir le profit. Il ne s'agit
rien moins que d'offrir un objet d'art
M. le Baron Surmont de Volsberghe,
notre ancien bourgmestre, actuelle
ment Ministre de l'Industrie et du Tra
vail. M. D'Huvettere veut lui donner
un témoignage de reconnaissance pour
les services inestimables qu'il a rendus
notre ville.
Tous, a dit M. D'Huvettere, aussi
bien les bourgeois que les ouvriers,
doivent de la reconnaissance M. le
Baron Surmont.
b Je ne demande pas que la ville in
tervienne financièrement (et pour cau
se) mais je mettrais la souscription
un taux suffisamment bas pour per
mettre tout le monde d'y participer. 9
Que M. Surmont de Volsberghe ait
droit la reconnaissance de ses amis
politiques, c'est possible. Nous n'avons
pas envisager ici les services qu'il a
pu rendre son parti.
Mais nous soutenonset nous maintien
drons toujours, que, comme bourgmes
tre, il s'est montré un administrateur
très ordinaire et qu'il n'a pas mérité
les louanges que des flatteurs lui dé
cernent par platitude ou par intérêt.
M. Surmont a eu la chance de bénéfi
cier d'une situation qu'il n'a pas créée.
Il a trouvé son arrivée au pouvoir
une situation administrative des plus
enviables. Il n'a pas su la maintenir.
Il s'est attribué le mérite d'avoir fait
exécuter Ypres des travaux qui
n'ont pas coûté un centime la caisse
communale. Les travaux exécutés la
maison de santé rue de Thourout sont
dus aux libéralités de feu M. Godt-
schalck. La construction de la nou
velle maison de santé, élevée le long'de
la chaussée de Vlamertinghe, est une
entreprise d'ordre privé. Comme tra
vaux exécutés en ville, avec l'argent
des contribuables, nous avons la con
struction d'égouts, le château d'eau et
c'est tout. A part cela, il y a eu des tra
vaux d'entretien, que toute adminis
tration prévoyante doit s'imposer. Or,
pour l'exécution des deux travaux, que
nous signalons, il a fallu majorer l'em
prunt et le porter 850,000 francs il a
fallu supprimer nos écoles; il a fallu
réaliser bon nombre de propriétés. Et
l'on viendra prétendre après cela que
M. Surmont a été un administrateur
hors ligne, qu'il a droit la reconnais
sance universelle C'est de la plaisan
terie.
M. Surmont laisse les finances com
munales dans un très mauvais état,
malgré qu'il ait disposé de ressources,
dont ne jouissaient pas ses prédéces
seurs. Nous voulons parler de la majo
ration du fonds communal et du fonds
spécial, soit annuellement environ
35,000 francs.
Il s'éclipse au bon moment laissant
son successeur une bien triste situa
tion.
Et c'est dans de pareilles conditions
que l'on se propose de lui offrir un ob
jet d'art? Espérons au moins qu'il-aura
le mérite et la pudeur de le refuser. Il
agira sagement eu le faisaut.
M. Fraeys a été nommé échevin en
remplacement de M. Colaert.
L'administration de la ville se trou
ve une fois de plus livrée des étran
gers M. Colaert est de l'opennghe,
M. Fraeys de Bruges.
C'e6t parfait.
Quand en Juillet 1896, au lendemain
des élections législatives, nous nous
adressions aux élus, MM. Colaert,
Iweins, Van Merris et Surmont, et leur
disions qu'ils fassent aboutir l'achève
ment du canal et la construction du chemin
de fer d'Ypres Dixmuie. et ils auront
rempli leur devoir, le Journal d'Ypres
répondait dans son n® du 11 Juillet:
Le Pbogbès sait bien* que le canal
seba achevé sous peu. quant au che
min de feb ypbes-dlxmude. sos séna-
teubs et députés le demandee aient
et l'obtiendbaient. que le pbogbès
ne dib ait pas encobe quils ont fait
leub de voie.
Aujourd'hui, après quatre ans, il
n'est plus question ni du canal ni du
chemin de feb. Bien mieux, le chemin
de feb YpBES- DiXMUDE a été com
battu.
En cette circonstance, comme en
tant d'autres, nos sénateurs et députés
ont manqué leur parole et ont mangé
leurs promesses. Ils n'ont jamais rien
obtenu pour notre arrondissement ils
n'ont fait que leurrer le corps électo
ral. Leurs nombreux électeurs qui
sont leurs dupes ne leur servent que
de tremplin pour leur permettre d'ar
river aux honneurs. Une fois parvenus,
ils ne daignent soDger leurs mandants
qu'à l'approche des élections pour leur
soutirer nouveau leurs votes par des
promesses mielleuses, fallacieuses et
trompeuses Alors ils savent ramper et
s'abaisser pour se faire réélire. Alors
ils recommencent leur même jeu ze
liegen en bedriegen.
Mais finie la comédie...9
Les campagnards, fatigués d'être
considérés comme machines voter
pour ceux qui se fd'eux, choisi
ront d'autres mandataires qui s'occu
peront sérieusement de leurs revendi
cations.
Votre règne despotique est fini,
tristes farceurs, sinistres comédiens
Le canon gronde, un cri immense
s'élève, le voilà
Le cortège se met en mouvement
les cinq gendarmes légendaires l'ou
vrent, l'air bien ennuyé cette force
publique est rarement de bonne hu
meur.
Puis immédiatement suivait la plus
belle collection de paysans, qu'on
puisse rêver.
Enrubannés, comme s'ils étaient re
venus d'un des concours tenus le Mer
credi des Cendres, ils étaient épatants.
Montés sur des purs sangs, coiffés
d'un chapeau montant et la pipe en
bouche, ils avaient la prétention bu n
déplacée de conquérants ils ont cru
obtenir un succès bœuf, ils n'ont mal
heureusement recueilli que de l'hila
rité.
Faire intervenir dans les cortèges de
la ville d'Ypres l'élément rural, est une
innovation de nos édiles, qui produit
une singulière impression sur la popu
lation yproise il est de mode la
campagne de faire appel au concours
de cette cavalerie légère pour l'instal
lation d'un nouveau curé, mais vouloir
s'en servir en ville, oh mon Dieu, où
allons-nous? Bientôt nous n'aurons
plus rien envier Dickebusch ou
Voormezeele.
Cette cavalerie intéressante était
suivie par uue société des plus en vue
de la ville, celle des pinçons elle a
pour président un homme des plus
choyés du Zaalhof le populaire Pulle
Deprez.
Puis venaient deux sociétés popu
laires la première, de joueurs de
cartes, surnommée Koeke-Doe la
deuxième, de pêcheurs, dont un grand
nombre des membres rougissaient de se
trouver là.
Quel enthousiasme
A quelque distance d'elles, certaine
ment pour éviter leur contact, se trou
vaient deux députations d'écoles, l'une
conduite par M. Cordenier, l'autre par
des instituteurs catholiques autant la
première paraissait intelligente et
éveillée, autant l'autre avait l'air bé-
bête. Quel contraste
Le cortège jusqu'alors était triste; il
a fallu, pour lui donner la note gaie,
un deuntje de la grande Fanfare tout
le monde se tordait de rire en enten
dant les notes discordantes et striden
tes de cette phalange artistique vrai
ment, les six cents francs que la ville
lui donne est du gaspillage dans toute
1 acception du mot ne pas savoir
jouer convenablement un pas redoublé
après tant d'années d existence, c'est
désespérer de sa réputation et de son
avenir. Henntje, supprimez cette caco
phonie flots continus
La jeune, garde catholique, présidée
par le bouillant M Sobry. avait toute
la peine du monde marcher derrière
la musique d'Henritje compa^
comme nous i avons vu, de vieiliarjj
et d'éclopés. il lui faudrait, pour <W
ner la cadence, la musique des Orph^
lins.
Celle ci était suivie par la société d
gymnastique S'* Michielsgilde b0cs
ne allure et beaucoup d'ordre
costumes sont-ils déjà payés
Nous avons remarqué une société
horticole, qui participa au cortège
plutôt par force que par amour 1^
crainte d'avoir le subside suppritjj^
été d'un grand poids dans la décisioa
prise.
Puis nous avons vu deux sociétés
d'archers, celles de Brielen et de Via-
mertinghe, subsidiées par la ville ies
sociétés yproises ont brillé par leur ab-
sence, ne voulant pas rehausser de
leur présence, l'entrée officielle d'un
bourgmestre, qui combat, ce qui a fait
la gloire et l'honneur de la ville d'Y-
près, l'instruction publique tous 1^
degrés.
Nous avons, comme toujours, vQ
avec plaisir le corps des pompiers, pré-
cédé de sa musique elle a la spécialité
de pas redoublés entraînants, qu'elle
joue avec un brio sans égal.
Quelques cavaliers de la ville sui
vaient notre corps d'élite, ils avaient
l'air penaud.
N'insistons pas longuement sur les
faits et gestes de notre premier magis-
trat, rouge comme un coquelicot. L'at
titude indifférente du public lui a fait
comprendre immédiatement qu'il n'é
tait pas le premier magistrat libre
ment choisi par les Yprois c'est un
clérical imposé par la volonté du cler
gé, élu grâce l'argent.
Il est arrivé l'apogée de son ambi
tion, son étoile pâlit gare les prochai
nes élections.
Sous ce titre La Chronique donne un
long article sur l'état déplorable dans
lequel se trouvent nos Halles, et dont
nous découpons les passages suivants
M. Alexandre Hannotiau a rapporté
9 des Halles d'Ypres une impression qu'il
i> consigne en ces termes dans le dernier n®
de la Ligue artistique
9 La grande salle du premier étage de
9 l'aile droite, celle que Delbeke orna na-
guère de peintures remarquables pein-
tures qu'une commission d'artistes émi-
nents dut faire accepter la municipalité
et aux bonnes gens d'Ypres, qui ne
voyaient dans le choix des sujets que
d'insolubles rébus et dans l'archaïsme
voulu du dessin que de caricaturales com-
binaisons de lignes cette salle, super-
9 be, est dédallée Nous nous sommes
enquis du but de cette démolition et il
nous fut répondu, le croira-t-on que
c'était pour favoriser le copieux arrosage
des spécimens exposés lors des exposi
tions horticoles locales (1) Il est de
toute évidence que, dans un bref délai,
les voûtes supportant l'étage auront
souffrir de ces arrosages et s'endommage
ront au point de compromettre cette par
tie du monument.
9 Les dalles ont été vendues l'encan (2)!
De qui se moque-t-on. Comment la com
mission des monuments tolère-t elle pareil-
le dégradation Nous supposons que l'ad-
ministration ne s'arrêtera pas en aussi
beau chemin elle pourra continuer ce
joli travail de destruction en enlevant la
toiture des Halles, ce qui permettra d'aérer
9 de se servir de la pluie pour mouiller les
9 produits exposés ce sera plus rationnel)
9 plus commode et plus économique.
9 II est inutile d'insister sur le pitoyable
9 effet que font dans ce milieu les peintures
9 aux tonalités délicates et harmonieuses du
9 pauvre Delbeke l'eau suinte, le salpêtre
9 dévore, en marchant, on soulève des fleh
de poussière, et, sur le sol l'aspect de
champ fraîchement labouré, l'abandon, h
ruine on sent qu'on désire la perte total®
de ces travaux remarquables et qu'on ®D
hâte la fin.
9 M. Hannotiau sera peut-être étonn®
9 d'apprendre que ce joli travail de décarr®"
9 lage, dont il vient de reconnaître et df
noter la monstrueuse imbécilité remoDte»
une dizaine d'annees, et que, dans l'intef"
valle, il n'a pas laissé de provoquer d®
nombreuses plaintes et protestations, re**
9 tées sans effet.
Il y a trois ans, (3) M. Arthur Mergbf
lynck le signalait encore dans une série
plaintes dirigées contre l'impéritie et*
(ij 9 Août 1891 (2j elles ont été vendue-'
i
vil prix de la maiD la main, des amis P0'1
tiques.
(3) Juillet 1897.