DROIT DE VOTE.
mr^ Vous
se croient en droit
engageons vivement tous nos amis de l'arrondissement qui
roit d'être inscrits comme électeurs, s'adresser SANS
RETARD au bureau de l'Association Libérale, rue du Séminaire, Ypres.
lYous prions aussi nos amis de nous signaler les personnes qu ils croient
figurer indûment sur les listes électorales de leur commune et celles qui
y figurent avec un nombre de votes supérieur celui auquel elles ont droit,
Nous leur garantissons le secret le plus absolu.
LE COMITÉ DE L'ASSOCIATION LIBÉRALE.
60e année. ATo 27.
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement
Dimanche, 8 Juillet 1900.
Paraissant ie SBitnanche
PKIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Far an 4 francs.
V
On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmcde. 51, Ypres. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAIT.
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Les Funérailles
de M. J CLES BABA.
Elles out eu lieu Samedi, Bruxelles,
au milieu d'une foule immense recueil
lie qui avait tenu rendre un dernier
devoir au brave et honnête homme qui
s'en allait reposer de l'éternel sommeil
dans cette vieille cité de Tournai qui a
l'insigne honneur de le compter au
nombre de ses enfanta.
Ces funérailles ont été dignes du chef
que le parti libéral a perdu. Le Roi s'y
est fait représenter par le général Ni-
caise et le commandant Cumont.
Le corps avait été déposé la Maison
communale de S1 Josse-ten-Noode.
Des discours ont été prononcés par
M. Dupont, vice-président du Sénat,
au nom de l'ancien bureau du Sénat,
M Van den Heuvel, ministre de la
Justice, au nom du Gouvernement,
M. Graux, comme ancien collègue du
défunt dans le dernier ministère libé
ral,
M. Frick, bourgmestre de S' Josse,
au nom de ses concitoyens,
M. De Jongh, bâtounier, au nom du
barreau.
M. Goblet d'Alviella, au nom du Su
prême Conseil de Belgique,
M. Del vaux, au nom de la Fédération
libérale,
M. Levêque, au nom de la Loge
Les vrais amis de l'Union et de Pro
grès réunis
M Hul in, au nom des anciens sta
giaires du défunt,
M. De Ro, au nom des sauveteurs de
Belgique,
M Hespel, au nom de l'Union tour-
naisienne,
M. do Jamblines, au nom des anciens
élèves de l'Athénée Royal de Tournai.
Discours de M Dupont.
.Messieurs,
Discours de M. Van den Ileuvel.
u Messieurs,
En cette journée de deuil, le gou
vernement tient prendre, son tour,
la parole pour rendre un dernier hom
mage au grand citoyen que le pays
vient de perdre.
Ecrivain politique, avocat, orateur
parlementaire, membre du gouverne
ment, Jules Bara ne connut ni les es
sais timides, ni les longs tâtonnements;
partout et presque d'emblée, il con
quit les premières places.
Son talent charmait l'auditoire dès
le premier instant, et la bonhomie
achevait la séduction.
Par le timbre de la voix, par l'al
lure primesautière, par une facilité
narquoise, sa parole rappelait la patrie
du Tournaisis. Sans apprêts, l'élo
quence courait droit au but. Rencon
trait-elle un obstacle, elle éclatait, pé
tillante, en un bouquet d'étincelles.
Mélange de verve et de bon sens, elle
était redoutable dans l'agression et
elle savait, lorsqu'il fallait battre en
retraite, profiter des moindres inci
dents de la discussion pour faire de
ces retours subits et mordants qui
changeaient presque une défaite en
victoire.
Si piquant que fût son verbe, il ne
fit cependant pas de méchante blessure,
L'aménité du caractère privé ramenait
ceux dont l'amour-propre avait souf
fert et le cœur faisait pardonner l'es
prit.
L'autorité de l'homme s'affirma
sur les foules, en un temps de luttes
ardentes et presque passionnées, par
des triomphes oratoires. Elle gagna le
monde parlementaire, par les rares
qualités qu'il manifesta au cours d'une
collaboration ininterrompue de trente-
huit ans, par la sûreté du jugement,
la pénétration du coup d'œii et la sou
plesse de la dialectique.
Ses œuvres, comme homme politi
que, ce soot ses discours, et il ne les
ménageait pas il les 6emés, d'im
provisation, dans toutes les grandes
discussions qui occupèrent le Parle
ment et arrêtèrent l'attention nationa
le. Ses œuvres, comme minisire, ce
sont les lois qu'il a élaborées et défen
dues, auxquelles il a rallié par des ef
forts qui out dû parfois être bien per
sévérants, l'adhésion des pouvoirs pu
blics. Ces lois touchent presque tous
les chapitres de notre législation elles
concernent le Gode pénal, le Gode
pénal militaire et les prisons cellulai
res, les étrangers, les naturalisations
et les extraditions le concordat pré
ventif, les marques de fabrique, les
faux bilans et le commerce maritime,
la répression de la mendicité et du
vagabondage, les livrets d'ouvriers et
le temporel des cultes. Ses œuvres,
pendant la dernière période de son
mandat parlementaire, ce sont les
améliorations qu'il signalait au Sénat
dans la préparation des lois et qu'il
mettait en une lumineuse clarté avec
l'urbanité la plus enjouée.
Adversaires d'hier, anciens amis,
tous s'associent aujourd'hui pour ren
dre hommage au charme de ses rela
tions, aux vertus professionnelles de
1 avocat, la maîtrise qu'il déploya
dans la défense des affaires privées,
comme dans la conduite des affaires
publiques, cette absolue intégrité
que n'effleura même jamais la malveil
lance du soupçon, cette simplicité
familière qui lui fut si naturelle qu'il
sut la garder dans les plus hautes si
tuations.
11 aimait profondément la patrie,
ses institutions monarchiques, ses lar
ges libertés, son régime parlementaire.
Il leur a consacré le meilleur de sa
vie et de sou noble talent.
Quoique je suive le fanion d'une
autre politique, que je défeude un au
tre idéal social très éloigné de celui
qui a inspiré la plupart des actes de M.
Bara, je ne puis manquer d'apporter
mon tribut d'admiration au grand ora
teur et au jurisconsulte consommé, ni
d'exprimer mes sentiments de sincère
sympathie pour l'homme dont le ca
ractère était fait de bonté et de loyau
té.
Discours de M. Graux.
Les cordons du poêle ont été tenus
par MM. Van den Heuvel, ministre de
la Justice, représentant le Gouverne
ment Dupont, vice-président du Sé
nat Graux, représentant le cabinet
libéral de 1878 Frick, bourgmestre
de S* Josse Oarbonnelle, bourgmestre
de Tournai De Jongh, bâtonnier de
l'ordre des avocats Delvaux, prési
dent de la Fédération libérale Goblet
d'Alviella, délégué de la Loge.
La dépouille mortelle de M. Jules
Bara est arrivée Tournai 3 h. 47.
Elle a été reçue la gare, dans la salle
d'attente de lre classe,par M. le Bourg
mestre Oarbonnelle, les échevins en
l'union fait la force.
Vires acqiirit eindo
la province Par an 4 fr. 50
ANNONCES
L'absence de Al. le duc d'Ursel et de M le
baron Bélliune, lous deux retenus l'étranger,
appelle, connue membre de l'ancien bureau
au Sénat, a dire un dernier adieu, au nom de
|«us les anciens collègues, l'illustre homme
bEiat que la mort vient de foudroyer dans
#t l'épanouissement de sou merveilleux ta
lent
Malgré la divergence des opinions politiques.
^ra comptait, sur tous les bancs du Sénat, des
®lset des admirateurs.
h)us, droite comme gauche, rendaient
gommage a ses verlus privées, la franchise
e son caractère, l'affabilité de ses relations,
sa siucérité, son désintéressement, son
J gemeni droit et sur, empreint de tout le bon
dM ,pi|ali(Iue de uolre race tous étaient fiers
sén ®c al t'e sa parole jetait sur la tribune du
°al tous s'égayaient de sa verve, de ses
Oui '!jssP|r'lue"es» de ses répliques mordantes,
h clan-, les discussions les plus vives, ve-
nl dérider les fronts les plus sérieux tous
se rendaient bien compte du secours que la
Patrie pouvait encore attendre de ce parle
mentaire accompli dans les jours difficiles que
nous traversons.
La gauche, elle, voyait en lui le chef écouté,
le guide expérimenté et sympathique, qui
jouissait de toute sa confiance, le collègue
aimé dont, nous étions heureux de serrer
la main loyale lors de chacune de nos réu
nions.
Aussi, Messieurs, je crois pouvoir le dire au
nom de tous, lorsque la funèbre nouvelle s'est
répandue dans ie pays, un sentiment una
nime de regret et d'affliction a fait battre nos
cœurs.
Avec Bara disparaît le dernier des ministres
appelés par la sagesse du Roi Léo.told 1er,
qui se connaissait en hommes, prendre part
au gouvernement.
Il n'avait que trente ans alors, et il occupait
déjà au Parlement, où il était enlré
depuis trois ans peine, une place prépondé
rante.
La mort de ce grand citoyen est un deuil na
tional.
Par la puissance de sa parole, par l'intégrité
de sa vie, par le prestige de son passé et de
son nom il était appelé servir encore glo
rieusement sa patrie et son parti
Le voilà maintenant jamais perdu pour
nous Ce cœur vaillant a cessé de battre
mais il laisse après lui de grands exemples
soldat du droit, il est en quelque sorte tombé
sur le champ de bataille. Orateur incompara
ble, il a consacre sa vie la défense de ce
qu'il a cru sincèrement être la véritéet la justi
ce. Ministre et homme d'Etat, il n'a cherché
dans la politique m des satisfactions d'amour-
propre, ni des avantages personnels il n'a
jamais songé qu'à se rendre utile sod pays et
son parti avec un dévouement et un désinté
ressement qui ne peuvent être surpassés.
Puisse, Messieurs, l'exemple d'une telle vie
susciter des imitateurs Puissions-nous, sous
l'influence de.ee souvenir, voir se former des
hommes d'une âme aussi fière, d'un caractère
aussi droit et aussi ferme et d'une aussi admi
rable intelligence Adieu, cher ami et cher
collègue, aaieu!
Messieurs,
De 1878 1884, pendant six années rem
plies de débats passionnés et incessants, vi
vant dans son intimité quotidienne, parta
geant avec lui et avec d'autres disparus déjà
et dont je salua en passant la mémoire, le
fardeau de lourdes responsabilités et l'ac
complissement de grands et redoutables de
voirs, je fus le témoin constant de la part
principale qu'il prit l'œuvre difficile et aux
luttes ardentes de ce temps. Il avait la
claire vision des situations et des hom
mes. Son esprit était fertile en ressources
ses conseils avisés et sûrs sa bonne hu
meur inaltérable et dans les heures les plus
sévères, ses saillies déridèrent parfois le
front du plus grave.
Son éloquence était alerte et vivante, pui
sée aux sources mêmes de la nature, sans
apprêt et sans emphase. La santé morale et
le bon sens l'illuminaient. Le trait partait
imprévu et rapide et frappait toujours, pé
nétrant mais sans venin. Et si parfois dans
le courant de l'improvisation quelque incor
rection de langage apparaissait comme un
éeueil fleur d'eau, elle ne l'arrêtait point.
Nul ne s'en apercevait dans le mouvement
où l'orateur entraînait son auditoire.
Jules Bara a été libéral par instinct, par
éducation, par réflexion. Ses convictions,
mûrement méditées, étaient inébranlables
dans leur sincérité. Mais leur ardeur n'en
fit jamais un sectaire. Jamais l'intolérance
n'enlaidit sa pensée et ne souilla ses actes
il en ignora toute sa vie les malsaines sug
gestions. Son tempérament lui-même l'y
rendait rebelle. Ennemies de tout fanatisme,
sa constance et sa fermeté étaient celles de
la raison.