Ypriana.
La Vie et l'Alcool.
A la Chambre.
Au Sénat.
Fleurs de style.
Lue arrestation
arbitraire.
tenue officie:et ies conseillers com
munaux, entourés de nombreuses per
sonnalités civiles et militaires.
Le corps était accompagné de la fa
mille et de plusieurs autorités parmi
lesquelles MM. Graux. Goblet d'Al-
viella, Crombez. Ouverleaux. Simon,
bourgmestre de Péruwelz, une déléga
tion du conseil provincial du Hainaut.
A 4 h., au moment où le corps quitte
la gare, les troupes marées sur 1i place
Crombez présentent les armes et les
clairons sonnent aux champs
Lentement, au milieu d'une foule
excessivement nombreuse et respec
tueuse que la police a peine mainte
nir sur les trottoirs, le long cortège se
met en route au son de marches funè
bres.
11 est composé de la plupart des so
ciétés civiles de la ville, des Associa
tions libérales de Tournai, de Péru
welz, d'Ath, d'Antoing, etc. de toutes
les écoles de la ville de la garde civi
que et de la troupe.
A l'hôtel de ville, le cercueil, revêtu
de l'habit de sénateur et de la robe
d'avocat de M. Bara, est déposé sur un
cercueil placé dans le catafalque.
Sur le perron, prennent place les au
torités et des discours sont prononcés
par M. Carbonnelle, Huet et Crombez.
Dès que ies discours sont terminés, le
cercueil est replacé dans le corbillard
et le cortège part pour le cimetière,
où le corps est déposé dans le caveau
de la famille.
Les journaux cléricaux critiquent
l'attitude si correcte prise par M. Van
den Heuvel, ministre de la Justice, de
vant le cercueil de M Bara, mort fidèle
ses convictions philosophiques. Une
fois de plus ils montrent ce qu'ils com
prennent par le mot tolérance dont ils
se servent tout propos.
Voici ce qu'imprime le journal ca
tholique Le XXe Siècle n dans.son n°
de Dimanche dernier
Ce n'est pas sans tristesse, nous le disons
franchement, que nous avons vu M. le Mi
nistre de la justice prendre une aussi grande
part aux funérailles civiles do M. Jules
Bara. Ce matin, en lisant dans une feuille
libérale que M. Van den Heuvel tiendrait
l'un des cordons du poêle, nous n'imaginions
pas que l'événement confirmerait cette nou
velle. Mais le vrai peut quelquefois n'être
pas vraisemblable.
Les catholiques ont maintenant la douleur
de regretter qu'un ministre catholique ait
escorté publiquement, côte d'un dignitaire
de la Loge, le cercueil d'un homme aux ta
lents duquel nous avons rendu hommage,
mais qui n'en fut pas moins un de nos plus
furieux persécuteurs, d'un homme enfin qui
est mort sans demander l'assistance de
l'Eglise, qu'il avait tant combattue.
En outre. M Van den Heuvel a jugé bon
de faire l'éloge funèbre du défunt 11 a vanté
son œuvre juridique, son œuvre parlemen
taire, les qualités de son esprit et de son
cœur. Ici encore, nous ne pouvons que dé
plorer l'attitude de M. le ministre de la jus
tice. Relisez son discours, que nous publions
plus haut dans son texte intégral On dirait
le discours d'un homme étranger notre
religion, notre parti, toutes les grandes
causes pour la défense desquelles tant
d'humbles et généreux chrétiens ont lutté et
souffert, sous ia domination de M. Jules
Bara.
Sans doute. M Van den Heuvel ne pou
vait rappeler, même di'crètementl'œuvre
néfaste laquelle M. Bara attacha son nom
et dont les conséquences ont si bien préparé
les voies au parti révolutionnaire Mais si
les convenances lui interdisaient de faire
ces souvenirs la moindre allusion, la vérité,
qui a pour le moins anta. t de droit que les
convenances, lui défendait formellement
d'admirer sans réserves un homme qui nous
fit tant de mal, et de la misérable façon que
l'on sait.
L amour do rythme la pa-sion de l'hyper
bole entraînent souvent, nous le savons, les
orateurs au-delà de leur pensée, surtout
quand c'est devant un cercueil qu'ils parlent
Pourtant, même dans ces moments-là, il y
a des éloges qui passent trop la mesure.
Ainsi, M. le ministre de la justice a été
jusqu'à louerM. Bara d'avo-r aimé la liberté
M. Bara est mort nous ne nous sentons
son égard ni haine ni rancune avec tous
les catholiques qui lui eut souhait au der
nier moment. les consolations de la religion,
nous prions Dieu, du fond du œur, d'être
miséricordieux cet éminent épicurien
mais il ne nous est pas possible d'oublier que
M Bara pratiqua la liberté ci p-r-éeutaDt
l'immense majorité du peuple belge. Et il est
vraiment dommage que M. Van den Hcuv-l,
qui n'a pas son pareil pour trouv r élégam
ment une orais'n funèbre, ai- la mémoire
si courte et l'éloge si facile.
La Gazette dans son numéro du
2 Juillet, dit
M. Van den Heuvel, ministre catholique,
a eu le bon goût et le courage de rendre
hommage publiquement aux rares qualités
le son adversaire politique, M. Bara.
Sa conduite a été ceile d'un homme de
cœur elle pourrait lui coûter sa place de
ministre.
Les journaux cléricaux l'accablent d'in
jures. Il ne faut pas demander aux sectaires
de comprendre les sentiments généreux et
délicats.
Tontes les personnes que n'aveugle
pas une politique intransigeante et sec
taire blâmeront ouvertement des ad
versaires idées et vues étroites et mes
quines.
Qu'est-ce que vivre
C'est profiter de ses organes de vue,
d'ouïe, de toucher, pour emmagasiner
autant d'heureuses sensations, de spec
tacles de beauté, de sons mélodieux
qu'il est possible c'est exercer son
cerveau tirer de ces sensations, de ces
spectacles, des idées et des jugements,
des leçons qui guident, des joies qui
consolent ou qui soutiennent c'est in
struire son cœur s'élargir jusqu'à ce
qu'il embrasse tous les sentiments d'a
mour, de miséricorde, d'enthousiasme,
d'admiration qui peuvent le faire bat
tre, et qui donnent l'Homme, roi de
la Terre, le droit de jouir de ses privi
lèges parce qu'il cherche en faire
part aux autres.
La Vie Naissance, croissance, dé
veloppement merveilleux de l'Etre
épanouissement magnifique recom
mencement éternel, Cycle qui vient de
la poussière et ramène la poussière,
et n'a pas de fin
Hélas Une fonction vitale exagérée,
un besoin corporel transformé en pas
sion, et cette vie est annihilée, cet
Etre est arrêté dans son épanouisse
ment, ce cerveau s'injecte, ce cœur
dégénère, ces sens s'atrophient l'Al
cool a tué la Vie
Brisé, le lien qui fait de nous, fragi
les, un Tout avec l'immense Univers
éteinte,cette flamme subtile qui rayon
ne travers notre argile! L'homme a
bu pour sa soif puis il a bu,
n'ayant plus soif, parce qu'il s'ennuyait
qu'il n'avait rien de mieux faire ou
qu'il avait mai fait et souhaitait ou
blier un instant son erreuril veut
boire plus encore les boissons fades
et aqueuses comme la bière le fati
guent il lui faut, cet homme qui
se force avaler contre toute appé
tence, il lui faut le liquide qui brûle,
qui irrite, qui excite l'Alcool.
11 a bu cet alcool il rentre chez lui.
Est-ce un Etre pensant, un être doué
d'affectivités, de mémoire, de désirs
Est-ce un poète,est-ce un commerçant?
Songe-t-il aux siens, arrange-t-il des
plans pour le lendemain est-il sain de
corps, sain d'esprit
Il a bu cet alcool c'est une brute,
salie et abêtie par l'ivresse c'est un
animal fou de colère sans motif, de
féroce rage contre chacun c'est un
dément et c'est un imbécile il chan
celle, il butte il parle d'un ton inco
hérent il pleurniche il est lâche et
agressif tour tour. Il a bu de l'alcool.
Aveugle, sourd, incertain dans l'u
sage de ses membres, il a perdn les
privilèges que lui assure la délicatesse
exquise de ses sens. Il ne goûte plus
il ne sent plus. Il a le délire il est
malade de corps il est malade d'es
prit.
0 Vie, qn'a-t-il fait de sa vie
Egoïste, il détruit des facultés dont il
doit l'emploi la communauté self-
meurtrier, il brise de son propre mou
vement le divin fil d'or, il eteint la
pure flamme qui distinguent l'Homme
de la Brute, et l'uuissent l'Univers
tout entier.
Cependant, cette Vie qu'il jette au
néant, telle qu'un haillon qui vous
fatigue, rien ne pourra la lui rendre
telle qu'il la reçut et ses* regrets se
ront vains, et ses remords inutiles,
lorsqu'il répétera le mot terrible
prononcer Si j'avais su
Il tient son or il cachera même
le vice qui le mine pour garder la con
sidération publique; il s'attache ses
dignités, ses emplois il veille sur
ses honneurs il n'y a qu'un bien qu'il
dédaigne, et c'est celui >ans lequel tous
les autres périssent la Vie
Et pour cette volupté menteuse de
verger dans son gosier un liquide qui
corrode, qui bientôt empoisonne le
sang, détruit, la digestion, attaque les
sources de l'existence, il accepte la
mine, l'avilissement, le mépris des
siens, le uedain de tous, la chûte sans
remède, la mort sans répit il a échan
gé la Vie contre l'Alcool
Marguerite Coppin",
Secrétaire du Comité de Rédaction de
l'Union des Femmes Belge contre
l'Alcoolisme.
La session extraordinaire (le 1900
s'est ouverte Mardi 3 Juillet.
M. Braun a fait rapport sur Iélec
tion d'Ypres.
M. Nolf a prêté serment en fla
mand MM. Colaert et Van Merris, en
français.
Le Petit Bleu du 5 Juillet, parlant
de la composition du bureau de la
Chambre, dit
Quant la place de secrétaire ré
servée la gauche, plusieurs membres
songenL a en offrir la candidature
M. Nolf, le jeune et sympathique
député de larroDdissement d'Ypres.
La Chambre des Représentants s'est
ajournée jusqu'à convocation nouvelle
afin de permettre aux commissions
chargées de vérifier les élections de
Mons et de Verviers de terminer leur
besogne.
Ces élections ont donné lieu des
contestations sérieuses.
Notre sympathique député, M. Nolf,
a été désigné par le sort pour faire par
tie de la commission chargée de ia vali
dation des pouvoirs des élus de Ver
viers.
La séance d'ouverture de la session
extraordinaire a eu lieu Mardi 3
Juillet.
M. La Fontaine a déposé le rapport
concluant la validation des élections
de Courlrai- Ypres.
MM. De llidder, Surmont et Bélbu-
ne ont prèle serment.
U JUC-.. i. I: J -
Le Journal d'Ypres, faisant le récit
circonstancié de la mort tragique d'un
voyageur dans la station de Mônin, dit:
Nous venons d'apprendre que
l'occidé de Menin est un troupier fran-
7) çaisr)
N'est-ce pas que ia rédaction du
pieux organe a bonne grâce de rire du
style de M. Lefèvre et autres
Quelle plume oxydée que la sienne
Nous avons relate dans notre n" du
2i Juin l'abus de pouvoir commis par
M. Charles Baus en faisant arrêter par
3 pompiers et mettre sous les verrous,
son cousin Armand Mote 11 parait
que le lendemain Mote s'est rendu au
commissariat pour déposer plainte
contre M. Baus et que là on a refusé
d acier sa plainte: l'agent de service
devait au préalable en parler au cher
et sympathique commandant des pom
piers II!
Si le fait est vrai et nous avons
peine y croire c'est un scandale.
Et quelle idée les malheureux ouvriers
doivent-ils donc se faire de l'impar
tialité de la Justice et de légalité de
tous les Belges devant la loi
El l'on sétonne alors qu certains
moments le peuple, écœuré, se ré
volté
L'infatigable travailleur qu'est M.
Arthur Merghelynck. vient de lancer
dans le monde des archéologues et des
amateurs de belles choses une nouvelle
publication.
Il s'agit, cette fois, d'une Monogra
phie de l'hôtel-Musée qui porte son
nom, monographie consacrée par l'aQ
teur la mémoire de ses bisaïeul
Messire François-Ignace-Joseph Mm..'
ghelynck, écuyer, licencié en droit
n seigneur de Van der Oamere. Hej'
lackere. etc., conseiller-trésorier hé-
réiitaire de la ville d'Ypres, haut-
bailli des ville et comté de Messines
n et Madame Amélie-Anne-Louise Stra
7> bant, eu souvenir des goûts artiste
ques, dont ils donnèrent des preuve*
en faisant bâtir leur maison. Le
travail de M. Merghelynck est trè;
détaillé et très richement documenté
Il constitue, ainsi que l'auteur le fait
remarquer lui-même dans un épilogQe
(p. 128) une œuvre définitive et inca-
pable de recevoir désormais aucun
développement.
Il remplace l'album, totalement épui
sé aujourd'hui, grand in quarto, con
tenant une notice et trente planches en
phototypie publié en 1894.
L'ouvrage débute par un avant pro
pos des plus intéressant dans lequel
l'auteur raconte l'acquisition qu'il fit
de l'hôtel de ses ancêtres, sa résolution
de l'aménager en Musée du 18e siècle et
de le rendre accessible au public. Cette
conception est certes des plus heureu
se. Elle a de plus été heureusement
réalisée. Un rêve et mieux qu'un
rêve, la réalisation d'un rêve
Nombreux sont les témoignages qui
l'attestent, nous n'en citerons qu'un
seul c'est celui du savant sociologue
et historien, Funck-Brentano, Démi
nent bibliothécaire de l'arsenal, qui
consacre l'œuvre de notre concitoyen
un article très élogieux paru dans la
correspondance historique (année 1894
p. 364).
Mais hâtons-nous de dire quelques
mots de la monographie elle-même.
Celle-ci se compose de deux parties:
La première contient une notice his
torique sur les édifices s'élevant primi
tivement sur l'emplacement de l'hôtel-
musée actuel et leurs propriétaires
(1340-1774) ainsi que sur l'immeuble
actuel et ses possesseurs (1774-1900)
c'est le chapitre I.
Il y a là une étude très curieuse en
même temps que très complète de
topographie travers les âges. Cette
longue éuumération de propriétaires et
occupeurs des immeubles qui ont pré
cédé l'hôtel-Musée, pourra paraître
fastidieuse au public, d'aucuns la con
sidéreront peut-être comme un hors
d'œuvr'e. Mais elle n'en constitue pas
moins un travail qui sera vivement
apprécié par les érudits. Nos conci
toyens y trouveront quantité de rensei
gnements intéressants sur un grand
nombre de familles notables Yproiaes.
Le chapitre II est consacré la con
struction et la décoration de l'hôtel
(1774-1777). L'auteur y rend un pieux
hommage non seulement ses bisaïeux
qui firent construire l'hôtel, mais
l'architecte Gombert, qui en fût l'âme,
au sculpteur Deledicque qui le décora
si magnifiquement et tous les artisans
qui furent leurs collaborateurs intelli
gents et distingués. Ce chapitre con
tient de magnifiques planches en pho
totypie de tous les appartements et en
notes, les comptes aussi intéressants
que détaillés de la construction et des
décorations de l'immeuble.
Dans la seconde partie de son ouvra
ge M. Merghelynck est arrêté par un
scrupule que nous comprenons. Il hésite
faire lui-même la description de son
musée. 11 préfère laisser parler deux
jeunes littérateurs de marque que le
hasard amena Ypres et qui notèrent
en des pages émues et brillantes les
impressions que leur causa une visite
la vieille demeure patricienne de 1®
rue de Lille.
Il s'agit de MM. Daniel Coppieters et
Georges Moulaert dont les articles fu
rent très remarqués en leur temps et
qui méritent assurément d'être repro
duits.
La notice de M. Moulaert a été soi
gneusement annotée par M. Merghe
lynck qui l'accompagne d'un inven
taire quasi complet du mobilier et des
objets d'art garnissant chaque place de
l'habitation.
Elle n'est pas, le chapitre le moins
intéressant du livre. [1 s'en déga
ge un charme captivant, un je ne
sais quoi qui vous retient et vous ra
mène sans cesse sons le pur cristal
des lustres devant les fines gravures,
au milieu de l'adorable caprice des
n meubles et de la richesse vallée des
décorations, dans ce luxuenx grand
salon surtout, aux murs tendus d®
damas rouge où sur une chaise trai-
nent le tricorne plumes et la canne