AVIS.
m. Noir
la Chambre.
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement
Chambre.
Dimanche, 25 Décembre 1900.
l'union fait la force.
Vires acqiirit eundo
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs.
pr la province Par an 4 fr. 50
On s'abonne au bureau du journal, bue de Dixmude, 51, Ypres. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAIT.
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Voici le discours prononcé par M.
Nolf, notre représentant, dans la séan
ce du 12 Décembre dernier
Le manifeste-programme
des gauches
Les gauches du Sénat et de la Cham
bre se sont réunies Jeudi matin en une
nouvelle assemblée plénière, sous la
présidence de M. le sénateur Dupont.
Cinquante-six membres étaient pré
sents sur les 72, 39 sénateurs et 33
députés, qui composent les grou
pes.
M. Delvaux a donné lecture du ma
nifeste-programme rédigé par la com
mission des VIII. Après une très cour
te discussion, qui a amené de légères
modifications au manifeste, celui-ci
a été adopté dans les termes suivants.
Considérant qu'il est conforme au
vœu manifeste de tous les libéraux du
pays et favorable la reconstitution de
l'unité du libéralisme, que les gauches
libérales du Sénat et de la Chambre
s'entendent sur un programme parle
mentaire d'action et d'opposition, en
vue de délivrer le pays de la domina
tion cléricale, funeste tous les peu
ples qui l'ont subie, les sénateurs et re
présentants libéraux ont arrêté le pro
gramme suivant
1. Réorganisation de
l'enseignement.
L'instruction obligatoire est une
nécessité politique et sociale d'ailleurs
indispensable au développement de la
production et de la richesse nationale
tous les citoyens doivent acquérir une
certaine somme de connaissances, que
l'enseignement des adultes a pour
mission de conserver et d'accroître.
L'enseignement public tous les
degrés doit être affranchi de toute in
fluence confessionnelle.
Il doit relever exclusivement de
l'autorité civile.
Il y a lieu de supprimer toutes me
sures tendantes favoriser les écoles
confessionnelles.
II. Réorganisation de la défense
nationale
Nul ne peut s'affranchir prix
d argent du devoir civique de conqué
rir la-défense nationale
Ce devoir ne doit incomber aux ci
toyens que dans la mesure strictement
nécessaire.
Le remplacement, supprimé dans
tous les autres pays, doit disparaître
de nos lois.
La réforme de nos institutions mi
litaires doit tendre l'organisation
d'une armée apte assurer la défense
du pays et recrutée d'après un principe
de justice dans toutes les classes de la
société.
III. Réforme électorale.
Les gauches libérales estiment qu'il
y a lieu de poursuivre simultanément
la réalisation du principe de l'égalité
politique par la suppression du vote
plural et la réalisation du principe de
la R. P. tous les degrés de l'électorat
dans la Constitution et les lois électo
rales.
Le privilège plural est une source
de fraudes sans nombre qu'il est im
possible de déjouer et qui assurent au
parti clérical une prépondérance illé
gitime.
s Pour affermir le lien étroit entre le
S. U. et la R. P., et pour assurer la
liberté des votes des membres qui en
tendent subordonner le S. U. la R.
P., le groupe demandera, le cas
échéant, que, lors de la discussion des
réformes électorales, le premier scru
tin porte sur la question de la R. P.
Les gauches, poursuivant un but
d'union et d'action commune, et dési
rant respecter des divergences de vues
que l'avenir pourra dissiper, réservent
la liberté de ceux de leurs membres
qui, ne partageant pas l'avis de la ma
jorité, ne croient pas pouvoir se rallier
un système électoral uniquement
basé sur le S. U. pur et simple.
En cas de révision constitutionnel
le, il y a lieu de poursuivre la réorga
nisation du Sénat, de manière forti
fier l'autorité des délibérations et des
décisions de cette assemblée.
IV. - Lutte contre la mainmorte.
i L'accroissement considérable des
richesses immobilières et mobilières
des corporations religieuses nécessite
des mesures législatives destinées ar
rêter l'extension de la maiumorte clé
ricale.
V. Mesures en vue de l'améliora
tion du sort des classes laborieuses.
n L'amélioration matérielle et mo
rale du sort des travailleurs a toujours
été un des buts essentiels de la politi
que libérale et doit être plus que ja
mais aujourd'hui' l'objet de ses efforts.
Le libéralisme poursuit, par le dé
veloppement de l'instruction et l'édu
cation sous toutes leurs formes, et par
la législation sociale la plus propre
relever la condition économique des
travailleurs, l'union des classes et l'or
ganisation d'une démocratie pacifique,
progressive et éclairée.
Jeudi, 62 députés et sénateurs, dont
les noms suivent, avaient signé la dé
claration
F. Delvaux. P. Janson, G Lorand, P.
Hymans, S. Wiener, Houzeau de Le-
haye, Goblet d'Alviella. Neujean,
Huet, d'Andnmont, de Séjournet,
Henncot, De Mot, Tournay, Dupont,
Huysmans, Montefiore, Hanrez, De-
iannoy. Sainctelette, Giroul, Bau-
duin, A. Fléchet, Buyl, Braun, A.
Février, de Lannier, Vandewalle,
Bergmann, Verspreeuwen, Steurs, F.
Février, Trasenster, Devigne, Lepa-
ge, Féron. Bertaux, François, Van-
demest, andevenne. Hambursin,
Liefmans, de Kerchove, Clément, De
Coster, Mullendorf, Crombez, Ver-
brugghen, Audent, Jourez, Lippens,
Van Ryswyck, Tonnelier, Nolf, F.
Cambier, Ouverlaux, de Gorge, Th.
Finet, Piret-Goblet, Vanderkelen,
Termote.
Les 12 autres membres absents se
ront appelés signer la déclaration
avant le lr Janvier.
Sont prises en considération les pro
positions de loi 1° réglant la position
Paraissant le Ditntmche.
ANNONCES
Les personnes qui
prendront uii abonne
ment au PROGRÈS
pour 1901 recevront le
journal gratuitement
partir du jour de leur
inscription.
M. NOLF. La discussion
du budget des voies et moyens me fournit l'oc
casion d'appeler l'attention de la Chambre sur
la situatioo de notre culture houblonnière,
frappée, comme vous le savez, d'un droit de
1 franc le mètre cube sur les perches hou
blon.
Déjà en 1898 notre honorable collègue M.
Vander Linden faisait valoir rencontre de ce
droit des critiques très judicieuses.
Il établissait que le droit sur les perches
houblon constituerait pour la culture houblon
nière une charge lourde et inopportune et il
invoquait entre autres considérations pour s'op-
çoser a leiaoïisa^mcnt du droit
1° Que le houblon est un des rares produits
agricoles qui soient encore rémunérateurs
2° Que l'Etat perçoit sur cette culture des
droits énormes, rien qu'en frais de transport.
L'honorable membre établissait qu'en 1898
les frais de transport, rien que pour les per
ches, entraînaient pour le cultivateur une dé
pense qui pouvait être évaluée annuellement
la somme de 91 francs par hectare.
Il émettait la crainte que l'établissement du
droit aggraverait encore les charges imposées
aux cultivateurs, en faisant remarquer qu'une
grande partie des perches destinées la cul
ture houblonnière nous proviennent de l'étran
ger.
L'honorable membre donnait comme exem
ple la situation qui existait Assche en 1894,
année durant laquelle il est entré en gare
d'Assche, centre de la production du houblon
en Brabant, 398 wagons chargés de perches
houblon, dont 17 p. c. provenaient de la Hol
lande et de l'Allemagne.
Les raisons qui, en 1898, militaient contre
l'établissement du droit en question, peuvent
encore êtie utilement invoquées aujourd'hui
pour demander son abolition.
La culture houblonnière traverse une crise
intense elle est en décroissance dans le pays.
La partie analytique de la statistique de la
Belgique, recensement de 1895, nous rensei
gne. en effet, qu'en 1880 nous avions dans le
royaume 4,188 hectares de terre consacrés la
culture du houblon.
Ce chiffre a dû être plus élevé encore en
1888 et 1887, années pendant lesquelles la
culture houblonnière a été son apogée.
Depuis cette époque, la culture houblonnière
a décliné elle se trouve réduite en 1895
3,705 hectares.
Sans être en mesure de citer des chiffres
pour ces dernières années, je crois pouvoir
*ous affirmer, d'après les renseignements que
Vai uns diverses sources, que la culture du
houblon a encore diminué en ces dernières an
nées, tout au moins dans la région Ypres-
Popennghe.
M. Bethune. —C'est surtout l'effet du traité
avec l'Allemagne.
M Nolf. Il n'eu est pas moios vrai que
la culture est en décroissance c'est ce que
établis pour le moment.
Le rapport sur l'état de l'agriculture dans la
Province de Hainaut, pendant l'année 1899,
constate que la culture du houblon dimioue
o itnporiance chaque année
Je présume que la situation doit être la
®ênie en Brabant et dans l'arrondissement
d Alost
Certes, celte diminution de la culture hou-
lonnière peut être attribuée différents fac-
curs, mais parmi ceux-c le droit sur les per-
oes entre certainement pour une part.
Le moment semble donc indiqué pour venir
en aide la culture houblonnière en la dégre
vant des charges qui pèsent sur elle, notam
ment en abolissant le droit sur les perches.
Cette nécessité se fait d'autant plus sentir
que le prix des perches a considérablement
augmenté en ces dernières années.
La grande prospérité de notre industrie
charbonnière n'est pas étrangère cette aug
mentation.
Les bois destinés aux charbonnages ont aug
menté de prix et les fournisseurs de perches
houblon en font, m'a-t-on dit, de préférence
des bois pour houillères, qu'ils vendent ac
tuellement, parait-il, aussi cher que des per
ches houblon.
C* Iles-ci sont presque introuvables.
D'un autre côté le droit d'entrée aggrave en
core la situation.
Ce droit est de 1 franc au mètre cube et
l'administration des douanes a pris comme
base pour la perception du droit le poids de
650 kilogrammes par mètre cube.
Cette base peut être exacte lorsqu'il s'agit
de bois secs, livrés en été, tels que ceux desti
nés aux houillères.
Quand il s'agit au contraire de perches
houblon, qui s'expédient fraîchement abattues,
le poids de 650 kilogrammes ne représente pas
le poids réel, qui est de 900 1,000 kilo
grammes au mètre cube.
Or, il paraît que la perception des droits,
même pour les perches houblon, se fait sur
la base de 650 kilogrammes le mètre cube.
C'est ainsi qu'il m'a été affirmé ceci soit
dit en passant et soumis contrôle que des
envois de. perches, venant 8e. Hollande en des
tination de Doperingbè, ont été soumis, pen
dant la saison dernière, un droit calculé sur
un poids de 650 kilogrammes et non pas de
900 1,000 kilogrammes par mètre cube, ce
qui constitue le poids réel. De telle façon que,
pour ces perches-là, le droit aurait été perçu
non pas raison de 1 franc le mètre cube,
mais raison del fr. 38 c., voire même 1 fr.
53 c. le mètre cube.
Si telle est la règle admise par l'adminis
tration des douanes, elle constitue un véritable
abus.
Quoiqu'il en soit, le droit existant, fût-il
même calculé sur la base d'un poids de 900
1,000 kilogrammes au mètre cube, constitue
une charge lourde pour le cultivateur.
En effet, pour un hectare de houblon il faut,
paraît-il, environ 3,000 perches.
En admettant que le cultivateur achète des
perches de première qualité, qui pèsent, m'a-
t-on dit, 40 kilogrammes la pièce, ce qui re
présente 120,000 kilogrammes, il payera
raison de 1 franc le mètre cube calculé sur la
base de 900 kilogrammes, la somme de 133 fr.
33 c. par hectare, et celle de 154 fr. 62 c. par
hectare en prenant la base de 650 kilogrammes
par mètre cube.
L'impôt est donc énorme, sans compter que
le cultivateur subit encore le tarif des taxes
pour les formalités en douane et les frais de
transport, qui, comme le démontrait M. Vander
Linden en 1895, sont considérables.
Depuis 1895, le prix des perches a augmenté
de 20 francs le cent.
Les perches, que l'on vendait il y a cinq ans
raison de 65 et 70 francs le cent, se payent
aujourd'hui 80 90 francs, et encore les ob
tient-on difficilement.
Durant cette année, cette élévation des prix
a oblige des fermiers de nos environs réduire
leur culture.
D'autres ont employé de petites perches, qui
offrent moins de résistance et nuisent la cul
ture en empêchant le développement normal
de la plante.
Notre honorable collègue, M. Vander Lin
den, avait donc parfaitement raison des'oppo-
sèr en 1895 l'établissement du droit visé,
non pas qu'il faille voir en lui, je le répète,
l'unique cause de la cherté des bois destinés
aux houblonnières, mais il en est, n'en pas
douter, UDe des causes importantes.
Car, aujourd'hui comme en 1895, une
grande parue de nos perches houblon nous
proviennent de la Hollande et de la Prusse.
C'est le cas dans noire contrée.
La Campine qui, jadis, était un de nos
grands fournisseurs, ne nous livre presque plus
rien. Nos perches houblon nous viennent de
l'étranger le pays ne peut nous suffire.
Ces considérations suffiront, j'espère, pour
démontrer l'honorable ministre qu'il est
grand temps de venir au secours de notre cul
ture houblonnière, qui est en état de décaden
ce dans le pays.
Qffé l'administration des douanes fasse pour
nos cultivateurs ce qu'elle a cru devoir faire
pour certaines industries
Le bulletin mensuel du commerce spécial
de la Helgique avec les pays étrangers, publié
par le ministère des finances, nous renseigne
que sont libres l'entrée les pièces de bois
en grume ou non, scié, ayant moins de lm90
de longueur et moins de 75 centimètres de
circonférence au gros bout, la condition qu'il
soit justifié, la satisfaction de l'administra
tion, de l'arrivée et de la mise en œuvre dans
les fabriques de pâtes papier et de fibres de
bois sur lesquelles elles sont dirigées.
Nous demandons la même dispense pour les
perches destinées aux houblonnières qu'on
les laisse entrer en franchise de droit et on
rendra, par ce fait même, un grand service la
culture que j'ai eu l'honneur de défendre de
vant la Chambre. (Très bien sur plusieurs
bancs).
j> La R. P., la plus exacte possible,
doit être considérée, surtout sous le
régime du S. U., comme une mesure
d'organisation équitable et juste du
régime électoral.
i
Séance du Mardi 18 Décembre 1900.