Journal de l'Alliance libérale cTYpres et de l'Arrondissement
BATAILLE DE COURTRAI
Chambre
des Représentants.
Dimanche, 18 Août
61e année.A° 55.
l'union fait ta force. facttissant le Dimanche. Vires acqcirit eundo.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs.
pr la province Par an 4 fr. oO
Listes Electorales.
Abus de Majorité.
Le projet de loi sur les pensions des
instituteurs que la Chambre a vote
contenait, comme on sait, des disposi
tions en faveur des instituteurs adop
tés et des instituteurs déserteurs de
1879.
M. Feron a demandé la disjonction,
en donnant de bonnes raisons l ap-
pui de sa proposition.
Comme il l'a dit, la pension des in
stituteurs adoptes est le complément
de la mesure prise antérieurement au
sujet de leurs traitements et la ques
tion des traitements accorder aux
instituteurs des écoles adoptées con
stitue en ce moment la plus grave des
questions sur lesquelles il y a dissen
timent entre la politique scolaire de
la droite et celle de la gauche. C'est
donc une mesure politique au plus
haut degré.
Il en est de môme de la question de
Ja pension oes instituteurs de 1879.
Personne ne conteste que ces institu
teurs aient, par le fait môme de Idur
démission et par les lois existantes,
perdu tout droit la pension. La
droite veut leur reconstituer des pen-
sions. Cest une mesure politique que
la gauche doit combattre.
La droite représente les instituteurs
démissionnaires de 1879 comme des
héros gauche on les considéré
comme des déserteurs de renseigne
ment public, comme des hommes qui
ont trahi leurs devoirs. Eh bien
a dit M. Feron, ce serait abuser de
votre majorité numérique dans cette
assemblée que de lier ces deux ques
tions politiques une question qui n'a
rien de politique et qui ne vise qu une
mesure de réparation et de justice sur
laquelle nous pensons tous de même.
Cet abus de majorité, la droite l'a
commis. Elle a reluse de disjoindre de
la loi les deux dispositions politiques
sur lesquelles les partis notaient pas
daccord.
Le motit, c'est que les cléricaux ai -
maient faire passer leurs disposi
tions injustifiables avec celle qui se
justifiait, ils comprenaient tellement
bien fenormite de la faveur accordée
aux instituteurs déserteurs de 1879
et aux instituteurs adoptes qu'ils n'o
saient pas la faire voler séparément.
Cette faveur, accordée dans une loi
séparée, aurait donné son caractère
la loi. On aurait classe celte loi au
nombre des monstruosités. Les cléri
caux lont compris, et cest pourquoi
ils ont voulu faire bénéficier ces mon
struosités de la justice des autres dis
positions. En faisant cela, en refusant
la disjonction, ils ont abuse une fois
de plus de leur majorité.
1901.
On s'abonne au bureau du journal, eue de Dixmude, 58, Ypkes. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAIT.
r
Du 1er Juillet au 31 Août, les admi
nistrations communales doivent procé
der la révision des listes électorales.
Ces listes serviront aux élections qui
auront lieu en 1902.
Nous prions instamment les libéraux
de veiller leur inscription et celle
de leurs amis sur les dites listes, et ce
avec le nombre de voix auquel ils ont
droit.
On peut s'adresser pour tous rensei
gnements au secrétariat de VAssociation
Libérale, rue du Séminaire, Ypres.
1) Feuilleton du Pkogrès.
LA SIGNIFICATION HISTORIQUE
de la
(11 Juillet 1302)
par G. DES MAREZ.
Extrait de la Revue de Belgique.
Le 11 juillet 1302, un drame sanglant se
déroula s„us les murs de Courtrai. Deux
armées y avaient pris position l'une bril
lante, fastueuse, composée des plus nobles
lignées de France l'autre humble, obscu
re, une troupe d'artisans flamands, armés
la hâte, mais animés de cette énergie
qu'inspire le danger. Vers l'heure de midi,
la lutte suprême s'engagea. Après plu
sieurs heures de combat incertain, l'armee
française semblait enfin devoir l'emporter,
lorsque soudain un commandement mala
droit de Robert d'Artois provoqua un revi
rement, mit le désordre dans les rangs de
l'ennemi et permit aux Flamands de repren
dre l'offensive Nos communiers chargè
rent alors avec tant d'impétuosité qu'ils cul
butèrent la chevalerie dans le ruisseau qui
traversait la plaine, et ce ne fut plus dès
lors qu'une horrible mêlée. Dans ce sol ma
récageux, transformé en une fange de sang
et de boue, les chevaux restèrent emplàtrés.
Incapables de fuir, les cavaliers furent abat
tus sans pitié et lorsque le soir tomba, il ne
couvrit plus de ses ombres qu'une plaine,
où gisait, détruite, cette armée française,
qui le matin encore était descendue, pré
somptueuse et méprisante, des hauteurs du
Séance du Jeudi 8 Août 1901
Budget de la guerre. Notre École
d''Équitalion. A l'art. 42 (amélioration
du casernement), 31. IVolfsignale
—M— MB—a
Pottelberg, pour venir écraser ces manants
des Flandres. Elle ne s'était pas doutée
que la plaine, où elle comptait remporter
un immortel triomphe, n'allait être pour
elle qu'uu vaste et lugubre tombeau.
Depuis, des générations ont redit la con
fusion des uns et la gloire des autres. L'é
cho de ce brillant fait d'armes s'est répété
de siècle en siècle, et aujourd'hui encore le
souvenir en est resté si vivace que les Fla
mands s'apprêtent en fêter dignemenc le
600e anniversaire.
C'est l'approche de ces solennités qui
nous engage parler de cette glorieuse jour
née des Eperons d'Or, la décrire avec
toute la aincérite qui s'impose l'historien.
Car déjà cette bataille, perdue au loin dans
la brume des siècles, n'apparaît plus aux
yeux de nos contemporains dans toute sa
vérité historique. La legende usurpe la pla
ce de l'histoire aux idees des combattants
de 1302, on substitue des idées modernes,
et oubliant les mobiles qui ont amené les
guerriers en presence les uns des autres, on
envisage la plaine de Groeninghe comme
une arène où deux races se sont données
rendez-vous pour assouvir dans le sang une
haine séculaire.
La rencontre du 11 juillet ne fut pas pro
voquée par une lutte de race ou de nationa
lité Les Flamands, en courant sus aux
Français, ne défendaient pas leur patrie
car l'idée de patrie n'était pas encore née
mais ils défendaient leurs intérêts matériels.
Ce furent des démêlés d'ordre social et éco
nomique qui armèrent la Flandre contre la
France. Nous le démontrerons, et c'est cet
te démonstration qui fera l'objet principal
du présent article.
que le gouvernement n'a rien tait pour
l'entretien de nos bâtiments militaires.
Sur un budget de 3 millions pour con
structions aux casernes, 26,000 fr. seu
lement sont affectés cette année pour
Ypres. Un rapport du général Wyker-
slooth.en date du 7 Septembre 1897,et
signé du colonel Jacquet de Perrigny,
constate que les locaux de l'Ecole
d Equitation réclament de sérieuses ré
parations.
3JL. IVolf demande s'il doit con
clure de l'attitude du gouvernement
que la question du départ de l'Ecole
d'Equitation pour Tervueren est déci
dée. Dans l'affirmative, il interpellera
ie gouvernement.
M. Colaert reconnaît que les obser
vations présentées par M. Nolf sont
fondées.
M. le général-major Cousebant d'Alke-
madeministre de la guerre, déclare
que si l'on n'a pas fait les travaux d'a
ménagement l'Ecole d'Equitation,
c'est qu'il a fallu d'abord procéder
des travaux plus urgents. 11 faut main
tenant achever les nombreux travaux
entamés. Le ministre mettra la main
l'œuvre dès qu'il aura des fonds sa
disposition, mais le budget actuel ne
porte rien cet égard. Quant au dé
placement de l'Ecole d'Equitation,
rien n'est décidé ni dans un sens ni dans
l'autre.
Convention conclue avec la compagnie des
wagons-lits. Cette convention, désa
vantageuse pour les finances de l'Etat,
est adoptée par 70 voix contre 43 et 2
abstentions M .Colaert a voté en faveur
de la convention, VI. IVolf a voté
contre, M. Van Merris était absent.
Budget de VintérieurA l'art. 18,
M. Bertrand a proposé de majorer de
39,800 fr. le crédit inscrit pour amélio
rer la position des commis de 2e- et 3e
classes et des expéditionnaires des ad
ministrations provinciales du pays.
Rejeté par 52 voix contre 48 et 4 ab
stentions. VI. IVolf" a voté en fa
veur de la proposition, M. Colaert s'est
abstenu, M. Van Merris était absent.
Mais pour le démontrer avec toute vérité,
nous nous voyons forcé d'entrer dans l'exa
men des événements qui précédèrent la vie-
toit e de Courtrai, de rappeler ces luttes so
ciales, qui troublèrent le repos de nos villes
pendant tout le cours du XIII0 siècle et dont
la bataille des Eperons d'Or ne fut que l'a
boutissement fatal et inévitable.
La ville flamande avait eu des débuts mo
destes un noyau mtirchand s'était établi
dans les territoires de Garni, Bruges et
Ypres. Cette colonie mercantile avait pros
péré, grandi, jusqu'au jour où elle s'était,
révélée comme une puissance politique et
économique formidable aux yeux de la so
ciété féodale. Mais de ce jour aussi, l'iné
galité s'était glissée au sein de la population
urbaine deux classes sociales opposées s'é
taient insensiblement dessinées, d'un côté les
riches ou les patriciens, de l'autre l'armée
des travailleurs.
Comme c'était prévoir, ces deux classes
finirent par ne plus s'entendre. C'est le mé
contentement d'abord, la haine ensuite, la
guerre ouverte enfin.
C'est cette lutte-entre deux éléments so
ciaux opposés qu'il importe du caractériser,
si l'on veut saisir la véritable portée de cet
te bataille de Courtrai, qui ne fut au fond
rien d'autre qu'un épisode, qu'un accident
de cette longue discorde entre riches et pau
vres, patriciens et démocrates.
Dans la longue lutte que la ville avait en
treprise pour conquérir la liberté foncière,
commerciale et judiciaire, c'étaient les plus
riches, les hommes les plus en vue, qui diri
geaient les destinées de la communauté, et
c'était là un fait fort naturel. Ils étaient les
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Un amendement proposé par MM.
Carton de Wiart, Hymansde Lantsheere.
Denis et Vandervelde majorant de 10,000
fr. le crédit inscrit en faveur de l'office
international de bibliographie est a-
dopté, malgré l'opposition du gouver
nement, par 59 voix contre 48 et 1 ab
stention. MM. IVolf et Colaert ont
voté en faveur de l'amendement, M.
Van Merris était absent.
Le budget de l'intérieur et de l'ins
truction publique est adopté par 68
voix contre 48. 31. IVolf a voté
contre, M. Colaert a voté nécessairement
pour, M. Van Merris était absent.
Le budget de la guerre est adopté
par 67 voix contre 46 et 5 abstentions.
M IVolf a voté contre, M. Colaert a
voté pour, M. Van Merris était absent.
Le projet de loi sur la pension des
officiers et des fonctionnaires de l'ar
mée revêtus du grade de capitaine-
commandant est adopté par 78 voix
contre 19 et 3 abstentions. MM.IVolf
et Colaert ont voté pour, M. Van Merris
était absent.
Budget extraordinaire pour! 901- MM.
IVolf, lîiiyl, rJ llei-moto et
V'an <lo Venue proposent
d'inscrire dans ce budget un art. 21bls,
libellé comme suit
Canal de la Lys V Y perlée expro
priations et travaux, 280,000fr.n
M. IVolf espère que le gouverne
ment se ralliera son amendement
puisqu'il ne fait que demander le re
nouvellement d'un crédit qui figurait
au budget de 1899, qui n'a été entamé
que jusqu'à concurrence de 100 francs
et qui sera périmé le 31 Décembre de
cette année.
M de Smet de Naeyer répond que
l'inscritition de ce crédit est inutile,
mais il promet M. Nolf d'essayer de
faire sortir le canal de la période d'ob
servation dans laquelle il est demeuré
si longtemps.
L'amendement de M. Nolf et consorts
est rejeté par assis et levé.
MM. Nolf. Buyl et Termote proposent
d'allouer 500,000 fr. pour travaux au
plus capables, les plus inttlligenfs, et com
me leurs intérêts personnels s'harmonisaient
avec ceux de la ville même, ils adminisr
traient avec tact et sagesse. C'est eux qui
firent la grandeur de la cité, et cette gran
deur fut leur œuvre presque exclusive.
Cependant, cette administration si heu
reuse au début ne put se maintenir. D'un
côté, elle perdit son caractère patriarcal et
devint entre les mains des privilégiés un in
strument d'oppression de l'autre, le peuple
devenu plus conscient de lui-même, com
mença s'inquiéter de ses droits, et pour
mieux les sauvegarder crut utile de récla
mer aussitôt une part active dans la direc
tion des affaires.
Obtenir cette part -n'était guère facile,
d'autant plus que la constitution de la cité
consacrait elle-même le privilège des riches
en matière d'administraiion. Seront ja
mais repoussés de la dignité échevinale, pro
clament les chartes municipales de Bruges
et de Damme de 1241, les voleurs, les faux-
monnayeurs et les artisans qui ne se sont
pas abstenus de tout travail manuel pendant
un an et n'auront pas acquis la hanse de
Londres.
Au sein de la classe aristocratique elle-
même s'était opérée une sélection. Une infi
me minorité concentrait l'échevinage entre
ses mains et se le transmettait de père en
fils. Parcourez les listes échevinales du
XIIIe siècle, et les mêmes noms reviennent
sans cesse. C'est que quelques familles con
sidèrent la dignité d'échevin comme un apa
nage qui leur était, exclusif, comme un pa
trimoine héréditaire.
A suivre.