(Euyre de la presse.
Journal de l'Alliance libérale d Ypres et de l'Arrondissement
Chambre
des Représentants.
Dr manche, 2 Mars 1902.
02e année. 9.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs.
p' la province Par an 4 fr. oO
E fi ni ta la commedia
Voies cyclables
Dix-huit ans de règne.
L'UNION FAIT LA FORCE.
l'ti raissanl te iÈimauchc.
VlHES ACQLIRIT EISDO.
On s'abonne au bureau du journal, bue de Dixmude, 53, Ypres. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAIT.
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Nous «MlîiJliiCOIlS ton* HO*
ami* dépo*er, après lec
ture. le* journaux libéraux
locaux «lans le* boîte* ail
hoc
«Au Petit Ypres»,
A la Tète île II rouie
A la Tète «l'Argent
A la Ville «le Thourout
rue «le Tliourout, chez Al.
Auiuml ll'liaeyer.
On peut aussi l«*s déposer
dans la l»oît«k aux lettres «lu
liureau «le l'Association lib«'*-
rale, rue «lu Séminaire,
S.e léminisme chrétien»
t
Si quelqu'un risque de revenir d une
campagne, bredouille et couvert de ri
dicule, c'est bien le Pierre 1 Ermite de
la croisade pour le féminisme chrétien,
le mayaur-député d'Ypres M. Colaert.
Et ce ridicule, il ne l'aura pas volé.
D abord, toute cette campagne est
uue comédie politique qui mérite d'ê
tre si filée
Le chevalier du féminisme ne met
tra 11 imberge au vent que si le Parle;-
mapt belge s'avise de diminuer le privi
lège dos électeurs mâles.
Si le privilège de 3 ou 4 votes est
maintenu au sexe fort, le croisé Co
laert ne bougera pas c'est seulement
dans le cas où le Parlement abolira le
privilège et rétablira l'égalité pour les
hommes que M. Colaert se réveillera
et témoignera sa sympathie pour le
droit électoral des feiprpeg.
En vérité, la malice est trop grossiè
re, trop cousue de fil blanc pour que le
plus myope s'y laisse preudre.
M. Woeste, lui, est plus logique il
a avoué sans vergogne la Chambre
3ue, opposé en principe au suffrage
es femmes, il le jettera entre les jam
bes des défenseurs du S. U. pur et sim
ple.
En faisant cette confessiou. le Pape
laïc est conséquent avec lui même
tons les moyens sont bons pour lui
pourvu qu'ils maintiennent sa majori
té au Parlement Omnia pro dmina-
lione.
K
Concluons dans cette question il ne
s'agit nullement de principes ni de jus
tice, mais d'un simple calcul électoral.
Quand les socialistes bataillent pour
1« suffrage des femmes, ils resteut dans
leur rôle et poursuivent leur idéal ou
leur chimère l'égalité absolue de
t0,18.
Entre l'homme et la femme, ils ne
veulent laisser subsister d'autre dis
tinction que celle du mâle et de la
femelle.
Pour tout le reste, la femmo doit
être ce qu'est l'homme: Avocate, mé
decin. professeur, ministre, électrice,
voire même garde civique.
Pour le catholique, l'égalité de
l'homme et de la femme est uue espèce
d hérésie.
Féminisme chrétien Voilà deux mots
qui hurlent d'être accouplés
Nulle part, ni dans la Bible ni dans
Kvangilp, nous ne voyons cette égali
té au contraire, nous y voyons par
tout l'infériorité, la subordination de
L femme l'homme.
L n féministe chrétien, dans son ar
deur de néophyte, est ailé jusqu'à la
pr niîère page de la Bible chercher un
"'gum-nt pour le droit de vote des
femmes.
Voyez, a-t-il dit la création de la
femme dans la Genèse eilee-t de mê
me nature que l'homme, étant formée
d'une côte d'Adam donc par nature
elle a les mêmes droits que l'homme,
en politique comuie dans tout le reste.
Mais ce lécit symbolique de la créa
tion de la femme (car le terme bibli
que est évidemment un symbole) dé
montre précisément la dépendance et
la subordination de la femme.
Et après la chute originelle, Eve
ayant séduit Adam, Dieu dit la fem
me Ton mari sera ton maître
Il ne faut avoir rien lu des épîtres
de saint. Paul pour ignorer que la fem
me est surbordonnée et inférieure au
mati. Taceat qu'e.le se taise l'Egli
se du l'Apôtre.
Bossuet, qui connaît la doctrine
chrétienne un peu mieux que MM. Col
iàert et Charles Woeste, est' tout catér
goriquesur ce "chapitre
On prouve par l'Ecriture, dit-il dans
Bon Histoire des Variations, que les fem'
mes, qui n'ont que le silence en parta
ge, ue doivent pas se mêler d'enseigner
Et dms ses Elévations sur les mystèj-
res, il engage les femmes ne pas ou
blier qn' elles viennent d'un os sur^
numéraire, qu' elles ne sont qu'une
portion d'Adam et une espèce de dimi
nutif.
C'est bien pis encore après la chute
la douce supériorité donnée d'abord
l'homme fut changée en une amèrè
domination
Qu'on ne parle donc plus de féminis
me chrétien. c'est là une absurdité; mais
qu'on dise avec M. Woeste que pour
ennuyer les défenseurs du S. U. et
pour maintenir la domination clérica
le, on a inventé le suffrage dos fem
mes, la bonne heure C'est de bonne
guerre et les socialistes seront bien
niais s'ils se laissent prendre cette
colle conservatrice.
Si le suffrage féminin était voté par
la Chambre, ce serait pour la religion
catholique la révolution la plus pro
fonde depuis que l'Eglise existe, ce se
rait le renversement du rôle et do la
mission de la femme-
Dans l'idée chrétienne, la femme
n'est pas faite pour le forum, ni pour
le barreau, ni pour la vie publique
sa mission est de gouverner sa maison,
d'élever ses enfants et d'être pour son
époux une aide et une consolation.
Que si MM. Colaert et Woeste réus
sissent dans leur campagne féministe,
si la femme est obligée dorénavant de
descendre dans l'arène politique, le vo
te étant obligatoire pour les deux
sexes, il faudra que l'Eglise catholique
modifie radicalement les règles des
couvents de religieuses qui presque
toutes sont cloîtrées: Carmélites, Cla-
risses. Bénédictines, Trappistines, etc
etc.. qui, comme le dit Bossuet, sont
mortes au monde et ne respirent
pins que du côté du ciel devront, par
la volonté de MM Colaert et Woeste,
sortir de leur solitude, se montrer au
grand jour et exercer leur droit de ci
toyennes.
Il est probable aussi que MM Co
laert et Charles Woeste iront donner
des meetings dans les cloîtres, afin que
les nonnes ne votent pas, par erreur,
pour les socialistes ou les démocrates
chrétiens ABBÉ Daens.
La Chambre a continué cette semai
ne la discussion sur la réforme électo
rale. M. Colaert a parle dans la séance
de Jeudi, il a montré ce qu'est un Iè-
miiiiste-iiuiiiste. Voici du reste
quoique» appréciations de journaux
sur M Colaert et sur la comedie qu'il
a jouée.
Le Petit Bleu du Vendredi 28 Fé
vrier 1902
L'événement de la séance de la Chambre
de Jeudi a été le discours de M. Colaert, dé
puté clérical et pseudo-féministe d'Ypres.
Evénement, non cause de la valeur de
i'oiateur, qui a montré encore une fois qu'il
n'est pas capable de s'élever au-dessus de la
polilicaïlle de. village. Mais événement par sui
te de l'écroulement définitif de la tentative de
chaînage clérical relatil au vote des femmes,
lactique qui avait alarmé un instant certains
libéraux.
M. Colaert, le chef des féministes cléri
caux, a donc solennellement déclaré qu'il vo
tera CONTIIE l'article 2 du projet en discus
sion, accordant leleclorat aux femmes.
Ce député féministe nouveau genre a ob
tenu, comme on pense, un réel succès d'hila
rité. Son attitude, en effet, a été d'un ridicule
énorme. Le brave homme ne votera l'électorat
des femmes qu'à la Constituante, pour embê
ter les socialistes...
Après la séance de la Chambre, les cléri
caux intelligents ne cachaient pas leur dépit.
.M. Colaert aurait dû, tout au moins, rester
conséquent avec ses prétendus principes. Cette
tactique avait cet avantage de FAIRE CROIRE
aux anticléricaux qu'il existe réellement
droite un noyau de féministes, dont, le contin
gent AURAIT PU s'augmenter éventuelle
ment. M. Colaert n'a pis môme eu cette habi
leté tout élémentaire. Il a consacré l'écroule
ment de la laciiqne cléricale et de sa propre
réputation d'homme politique. Personne ne
s'avisera encore de prendre cet homme au sé
rieux. Il est mort et enterré.
Nous connaissons quelqu'un qui aura ri
dans sa barbe C'est M Surmont. On sait
Ypies que le ministre du travail prise sa
juste valeur son ancien écheviu et successeur
comme bourgmestre,
Extrait de la Gazelle du 28 Février
1902
On avait ignoré pendant longtemps que
M. Colaert lût un si ardent zélateur du beau
sexe; il s'était surtout affirmé jusqu'en ces
derniers temps comme le chevalier du Canal
de la Lys. Mais depuis que M.Nolf a accaparé
son Canal, M. Colaerl a cherché aune chose.
Il a trouvé le droit des femmes il e'n a fait sa
question, son affaire. Ali ces surprises de
l'âge ingrat Elles sont quelquefois bien fou
droyantes. Surtout chez les chauves
Donc, M. Colaert, le champion des dames,
entre dans l'arène. C'est un féministe intégral.
L'électorat des femmes ne lui suffit pas II ré
clame aussi leur éligibilité. Il ne serait pas fâ
ché de voir la Chambre quelques femmes
éminentes Et puis, elles ne seraient pas
émiiieules, qu'on ne s'embêterait pas tout de
même...
i Pour M Colaert, il n'y a aucun argument
sérieux conire l'électoral des femmes .-Iles
sont aussi sensées, aussi lusirui'es que les
hommes. Elles oui tomes les qualités civiques
Les femmes, il n'y a que ça Les femmes
chrétiennes, h en entendu, car c'est elles
surtout que .M. Colaert attribue vous vous
en doutez un peu toutes les qualités du
parfait électeur.
Avec cela, et c'est le plus amusant, il e-l
tellement partisan du droit des femmes, il le
veut si absolu, qu'il euiend qu'on le leur ac
corde tout de suite pour les Chambres et en
attendant, il votera coulre les propositions qui
tendent le leur accorder pour la province ei
la commune 1 Avec lui, c'est tout ou rien.
Mie ès de douce gajté.
Extrait du li Chronique du 28 Février
1902
L'événement de la séance d'aujourd'hui a
été le lâchage du S. U. des femmes par M.
Colaert
M. Colaert qui, hier encore, donnait en
province des conférences en faveur du vote fé
ministe, a déclaré qu'il émettrait un vote hos
tile au S. L". provincial et communal des
femmes, s- réservant de i'accepier i»eut-ètre si
les socialistes se ralliaient au S. U. législatif
des femmes.
M Hymans a défi n cette altitude par cette
interrogation
Alors, c'est un lapin
M. Colaerl a fait celui qui ne comprend
pas Ypres le lapin se mauge et ne se pose
pas et il a appelé son secours les pères
de l'Eglise pour établir que celle-ci a toujours
travaillé au relèvement social de la femme.
Aussi reste-l-il partisan, EN PRINCIPE, de
l'électorat féminin; mais, par tactique, il en est
l'adversaire momentané.
La déclaration, inattentduc, a provoqué
les rires de la gauche socialise.
Vous êtes un fumiste, ont déclaré ces
messieurs,
Vous en êtes d'autres, a riposté M. Co
laert.
Une interruption de M. Colaert a provo
qué celle riposte de M. Vandervelde
>ous n'avez plus le droil, depuis votre
discours de tantôt, d'intervenir dans le débat.
La farce est jouée. Je retire tout ce que j'ai pu
dire l'autre jour de la sincérité de vos convic
tions féministes.
En cette inoubliable séance du Jeu
di 27 Février 1902, où, devant tout le
pays M. Colaert, bourgmestre d'Ypres,
s'est couvert de ridicule, notre repré
sentant Al. A'oli a posé au ministre
des travaux publics au sujet des
la question suivante
Le budget des travaux publics pour 1902
prévoit un crédii de 200,000 fr. pour con-
struciion ei aménagement de voies cyclables.
.M. le ministre ne pourrait-il nous dire quel-
le pari de ce crédit sera affectée aux routes
de la Flandre occidentale et, le cas échéant,
indiquer ces roules
Il sera répondu Mardi prochain.
n
Depuis 1884, la Belgique est livrée
au cléricalisme.
Audacieusementfanatique,avecMM.
Woeste et Vandenpeereboom, tombés
du pouvoir sous la pression populaire,
le cléricalisme s'est fait hypocrite et
sournois, avec MM. Beeruaert et De-
trooz.
Après les intransigeants et les casse-
cou, les diplomates et les rusés.
Ceux-ci sont plus dangereux que
ceux-là
lout a conspiré pour renforcer la
puissance politique du parti catholi
que.
La peur du socialisme grandissant a
rejeté dans les bras de l'Eglise une
traction notable d'électeurs apeurés,
pour qui ia liberté de conscience ne
vaut pas la perte d'un seul privilège
social.
La monarchie constitutionnelle qui,
dans son principe est un contre-poids
àl'infiiience prépondérante des partis, a
dû conseutir aux pires compromissions
pour obtenir l'adhésion de ses minis
tres ses plans coloniaux.
Le-parti socialiste.de son côté, a
manqué de sagesse, de mesure, d'esprit
parlementaire et gouvernemental. Il
s'est ouvertement réclamé du collecti
visme et de la révolution Ses revendi
cations violentes et outrarcières ont
rendu impossible l'uuion de tous les
partis d'opposition.
Lus réactionnaires ont profité de tous
ces éléments de succès
Malgré cela, la majorité parlemen
taire serait déplacée depuis longtemps,
sile régime électoral de la Belgique
était équitable et sincère.
L'iujustieF sociale du vote plural,
expédient imaginé, la dernière heu
re. par notre constituante acculée,
éclate aujourd'hui tous les yeux.
Ne donner une voix l'ouvrier père
de famille, tant qu'il n'aura pas 35 ans