Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement Chapeaux bas Dimanche, 2 Novembre 1902. 62e année. X° 44, l'union fait la force. l'a raissa nt le ilimanelte. Vires acqcirit ei.ndo. Lue nouvelle loi scolaire. La nouvelle loi militaire. PKIX DE L'ABONNEMENT pour la ville Par an -4 francs. pr la province Par an 4 fr. SO On s'abonne au bureau du journal, bue de Dixmude, 53, Ypres. Les an nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres, les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAIT ANNONCES Annonces 15 centimes la ligne. Réclames 25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne. Vive la Flandre catholique Chapeaux bas devant la Flandre orientale catholique Un nouveau meurtre a été commis cette semaine C'est le cinquantième depuis la nou vel-an, rien que dans notre chère Flan dre orientale. Quel honneur, quelle gloire pour nous, écrit dans sa Klokke Roeland l'a vocat Hector Pianquart, le démocrate- chrétien bien connu. Du monde entier nous sommes, avec les bons Espagnols, les gens les plus catholiques de l'Europe et les plus grands meurtriers. Que le bon Dieu doit être hère des merveilleux effets de son évangile au près de notre peuple catholique En somme, cette sage et pieuse po pulation rurale des Flandres, ne vote- t-ellepas presque unanimement pour des représentants et des sénate irs ca tholiques Et quel mal peut-il exister, en de hors du refus de voter pour des hom mes de la coterie Non, ceux qui considèrent avec hon te la brutalité, l'ignorance et la misère morale de leur peuple, ceux-là ne sont que d'ignobles calomniateurs, qui haïssent notre gouvernement catholi que. Cette intrépidité faire couler du sang, cette aptitude tailler et tuer, tout cela en somme, n'est-ce pas tru indice île force. Il est vrai que le vol n'est pas rare il ne se passe pas une semaine sans que l'uue ou l'autre fer me ne soit soulagée de sa volaille sans que l'un ou l'autre pauvre diable ne soit dérobé de ses lapins. Mais cela arrive ailleurs aussi Mais ce qui n'arriverait pas ailleurs, c'est qu'un Raamdonck ou un Van Merris seraient élus, même contre un Gladstone ou un Thiers, uniquement parce qu'il se disent catholiques. Ce qui n'arriverait pas, c'est qu'un De Bruyn ou un Desmet-De Naeyer seraient comme ici portés en triomphe etcelà encore par les cultivateurs et. les petits bourgeois, s'il vous plaît, après que l'un a si bien passé l'an neau au nez des paysans, et que l'autre a alloué des titres de noblesse deux anciens administrateurs de Quatrecht 0belle, morale, pieuse, charmante fiandre, avec vos superbes châteaux et vos misérables cabanes, avec vos mil lion u aires et vos esclaves 70 centi mes par jour; avec vos magnifiques collèges de jésuites pour les eufants des riche8,et vos écoles de campagne moitié désertes, avec vos beaux pres bytères et vos innombrables couvents, avec vos milliers d'ignorants et vos centaines de meurtriers Terre bénie ou des centaines de médecins, de notaires, d'instituteurs et d'intellectuels sont lâcbempnt com plices de ce qu'on maintient, systéma tiquement dans les ténèbresd'une igno rance complète, ou tout au moins d une demi-ignorance un peuple qui a encore la foi Terre débordée par la grâce divine. £ràce appelée lu ciel par des milliers de bigotes et d s piliers d'église, et où prospèrent richement la lâcheté, hypocrisie, la domination et la persé cution *03 hls resteront-ils éternellement Cupides, et les plus éclairés de vos hls, Cft|ix qui voient ie mal et se taisent par 'Çtérèt. seront-ils eteruellemeut lâ ches La honte De colorera-t-elie jamais les joues de nos nombreux prêtres, lorsqu'ils voient qu'après quatorze siè cles de leur règue, la Flandre est avec l'Espagne et la Sicile le coupe-gorge de l'Europe. Espérons-le, mais pour autant que je connais les Flamands catholiques, ce serait un grand miracle si cela arri vait Tuezgaîment, Flamands, volez gaî- meut, Flamands aus.-i longtemps que vous restez nos suppôts, tout cela n'est rien Est-ce que nous-mêmes nous ne pil lons pas le trésor du pays Est-ce que nous ne glorifions pas l'Inquisition espagnole qui fît brûler vifs des cen taines de mille hommes Tuez et volez toujours, mais mainte nez-nous au pouvoir. Nous devons jouir; nous devons régner, dominer; nous devoDS poursuivre nos ennemis. Celà est pour nous, Flamands catho liques, au besoin, que dis-je,une néces sité. C'est pourquoi volez et tuez, mais votez pour nous, et nous nous souvien drons de vous dans nos paroles et dans nos écrits et il vous sera crié du haut de la chaire de vérité comme du haut Je la tribune parlementaire que le peuple catholique, que les campa- gnards catholiques de Flandre sont si bous, si sages, si grands amis de l'ordre que c'est un peuple mo- dèle, l'ornement de notre pays et la gloire de la religion. H. Planquaert. En reproduisant cet article, éma nant d'un vrai croyant et d'un catho lique sincère, nous tenons y souli gner deux points. Le premier, c'est l'obscurantisme malgré tout qui reste le système d'é ducation de prédilection des catholi ques, obscurantisme qu'ils tâchent de déguiser dans les milieux de haute culture. Cet obscurantisme les mène a ouvrir Gand et Tournai des col lèges de jésuites avec des professeurs de marque, pour masquer l'insuffi sance de l'enseignement dans les collèges épiscopaux semés abondam ment par tout le pays. Il leur fait organiser Bruxelles un bon pen sionnat pour jeunes filles riches, afin qu'on oublie qu'il existe dans chaque ville et dans chaque gros bourg de Mandre une ou plusieurs écoles où des enfants de douze ans ne savent encore ni lire, ni écrire, ni même épe- ler, mais chantent par cœur le Kyrie eleison en latin. Il leur fait faire la propagande pour leurs écoles confes sionnelles, là où il y a une école offi cielle communale, et se désintéresser de leur propre enseignement une fois que le péril neutre a fui. Il les mène enfin ouvrir, aux frais du gouvernement, des écoles d'adultes le Dimanche, sous le prétexte d'ap prendre lire et dans le but d'ap prendre voter Et il leur fait enfin multiplier ces grotesques écoles nor males catholiques, ces temples de l'ignorance et de la suffisance, d'où sortent les carricatures que nous con naissons, la fournée d'imbéciles qui croiront leur vie entière que Monsieur le curé sait tout et qu'eux mêmes ignorent peu de chose. Le deuxième fait, dénoncé très courageusement par M. Planquaert. c'est la lâche complicité de ceux qui savent mieux, qui connaissent l'origine du mal. Si M. Planquaert avait quelque peu vfltdu^tayer de preuves ou simple ment d'exemples, l'accusation qu'il formule, il n'aurait eu, parmi les faits, que l'embarras du choix. Il aurait pu raconter l'histoire de ce professeur d'université proclamant le Samedi dans un cours de médecine que les dogmes sont des défis la logique et qui le Dimanche matin porte un cierge la procession. Il aurait pu citer ce médecin matérialiste, membre, l'Université, de toutes les sociétés libérales, et se faisant, son entrée dans le village où il s'établissait, escorter par deux ecclésiastiques. Ou bien encore, pour être plus général, il aurait pu parler de cette fournée d'avocats et surtout de médecins sor tant athées de l'Université catholique de Louvain ou de l'Université cléri- calisée de Gand, et qui, par une os tentation qui ne donne même pas le change aux imbéciles, étalent dans chaque pièce de leur maison, des sculptures ou des images religieuses et des objets de dévotion. Si M. Planquaert avait voulu, il aurait pu relater comment un insti tuteur athée suspendu, se racheta de toutes ses fautes et de toutes ses tares en se convertissant avec grand bruit la Veille de sa révocation. Il aurait pu citer encore le magistrat disgrâcié, favorisant la fuite d'un criminel bien pensant pour obtenir un déplacement, ou, enfin, s'il avait voulu donner la fois la dernière note de l'ignoble et du ridicule, il aurait parlé de cette immonde pratique vicieuse qui se répand de plus en plus parmi la jeu nesse catholique de nos grandes et même de nos petites villes, ou il au rait rapporté les paroles de ce riche paysan libertin qui se déclarait ca tholique et se faisait élire conseiller communal catholiquepour être plus son aise. Et M. Planquaert aurait pu multi plier bien longtemps encore les ex emples et les preuves, pour illustrer son dicton Soyez meurtriers bu voleurs, soyez athées, soyez libertins, soyez ignobles, tout cela n'est rien, condition que vous ne nous gêniez pas en politique Si nous en croyons la Meusedont les révélations sont du reste caractéristi ques. le cléricalisme pointu, conduit par M. Verhaegen qui a trouvé moyen de dépasser M. Woeste. prépare une troisième loi scolaire. Notre confrère se base notamment sur l'accueil favo rable que des journaux officieux, com me le Journal de Bruxelles. commencent faire au projet de M. Verhaegen dont le but est de supprimer l'enseignement officiel et de faire subsidier toutes les écoles congréganistes... au nom de la liberté. H y a quelques jours, le Journal de Bruxelles a publié un article significa tif où il s'occupe d'une étude publiée au commencement de ce mois, dans la Retue catholiquepar le dit M Verhae gen. Ecoutez le journal officieux a M. Verhaegen ne dit pas que la loi de 1895 soit dès présent frappée mort. mais il maintient que, comme transaction, la tentative de 1895 a avor té, que beaucoup de catholiques, sur tout dans les grandes villes, trouvent cette loi bien imparfaite, et qu'il fau drait donc trouver une solution plus parfaite de la loi Bcolaire. Voilà un préambule qui n'a rien de mystérieux. Ce ne sera pas tout de sui te, nous dit-on. pour ne pas intimider le public, mais cela se fera parce que c'est nécessaire. Et pourquoi est-ce né cessaire ?a Le grand grief que M. Ver haegen formule contre la loi de 1895, dit le Journal de Bruxellesc'est d'avoir ramené, au point de vue religieux, un régime assez semblable celui de 1879 La religion est au programme et le prêtre pénètre dans l'école, mais l'enseignement religieux ne se donne que dans la première et la dernière demi-heure de la classe, alors que la loi de 1879 autorisait les ministres du culteà donner l'enseignement religieux l'école une demi heure avant ou après la classe. La différence paraît mince. Ainsi donc ce qu'une des notabilités de la droite reproche la loi de 1895, c'est de trop ressembler la loi de Frère-Orban, mais en même temps cet te notabilité, oubliant l'injuste et men songère campagne cléricale de 1879, avoue que l'école du régime Frère Or- ban n'était nullement une école sans Dieu. Il nous plaît infiniment qu'un homme comme M. Verhaegen soit ame né cet aveu! Et quel hommage ne rend-il pas en même tempt la tolé rance de Frère-Orban Gomment, après seize ans de domination clérica le, après la première loi scolaire ca tholique qui fut faite en 1884, les aigles du cléricalisme sa mettent fai re une nouvelle loi, et, par la force des choses, par la vertu de la Constitution qui s'imposa eux dans les débats, par l'honnêteté des Beernaert, des De Lantsheere, des de Mérode qui refusè rent de s'associer l'œuvre audacieuse que M. Woestn avait préparée, ils fe ront la loi Frère-Orban Maintenant les cléricaux se trompent s'ils s'imaginent qu'on leur permettra de fabriquer une troisième loi scolaire, surtout au moment où ils sont forcés d'avouer quela loi Frère-Orban n'avait absolument rien d'antireligieux,c'est- à-dire qu'elle eût mérité d'être conser vée. Ils se préparent aller de l'avant, je le sais, mais le libéralisme veille et, en présence de véritables attentats comme le projet Verhaegen et la nou velle loi des couvents, le gouverne ment le retrouvera devant lui, nni dans la défense et mieux armé que jamais On sait qu'un sous-lieuteuant d'in fanterie a un traitement annuel de 2,300 francs. Veut-on savoir maintenant com bien s'élève, toute indemnité comprise, sous le régime de la nouvelle loi mili taire, le traitement d'uu premier ser gent-major d'infanterie marié, ce qui lui procure le maximun possible 2,319-20 francs, soit 19-20 francs de plus qu'un sous-lieutenant, sans avoir tous les frais de représentation, ni avoir dû subir des examens. Cette somme se décompose comme suit Solde journalièreet diverses indemni tés pour chevrons, décoration militai re, habillement, pain et viande fr. 3-56, soit fr. 1,299-40. Prime de rengagé 480 francs. Va leur del'habillement. réparations et en tretien 400 fr. Indemnité de magasin, 60 francs Indemnité de sois-officier au camp (en moyenne six semaines) fr. 79 80 Ajoutons cela une somme de 120 francs, montant d une prime men- 1 suelle de 10 francs, versée la Caisse

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Le Progrès (1841-1914) | 1902 | | pagina 1