Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Dimanche, 28 Février 1904. 64® année. \°9.
l'union fait la force
Les prochaines batailles
électorales.
Le budget extraordinaire.
Leurs moyens.
Syndicat de Défense.
Vires acquirit eundo.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an -4L francs.
pr la province Par an 4 fr. 5>0
On s'abonne au bureau du journal, eue de Dixmude, 53, Ypbes. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAIT.
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
C'est donc entendu Les cléricaux
n'entendent pas se dépouiller de leur
mauvaise foi La défroque hypocrite
de sauveurs du trône et de l'autel leur
a souventes fois servi ils comptent
une fois de plus en voiler leurs abus
de pouvoir et leurs dénis de justice et
grâce ce travestissement, échapper
la débâcle finale des véritables doctri
nes ultramontaines.
Qu'ils sont loin derrière nous les
tempsoù le pape Pie IX ordonuait
ses tidèles de considérer comme une
peste et un délire les libertés de penser
et d'écrire
Qu'ils sont loin derrière nous les
temps où le Bien Public traitait la Con
stitution de charretée d'ordures
Qu'ils sont loin derrière nous les
temps où l'abbé Keesen dans le Consti
tutionnel d'ilasselt se iivrait contre le
Roi aux diatribes que l'on sait et pu
bliait notamment cette petite perle
Sire, vous n'êtes plus défendable et
nous vous lâchons
Les catholiques s'éloignent de vous
avec !e souvenir d'une dernière ingratitude
et vous abandonnent sur votre banc de sa
ble.
Vous commettez la lâcheté de jeter vos
plus fidèles sujets en pâture au libéralisme.
Le caractère distmctif de votre règne sera
l'ingratitude inspirée par la couardise
Demain, la révolution cassera votre
sceptre dans vos mains défaillantes et per-
sonn n'en ramassera les morceaux
t Lorsqu'une bande de voyous renversa
votre aïeul Louis-Philippe, les catholiques
haussaient les épaubs et regardaient fai
re, parce qu'ils en avaient assez de la mo
narchie... Que le radicalisme lève demain
son drapeau, nous hausserons les épaules et
nous regarderons faire, parce que nous en
avons assez
Que les temps sont changés
LeB cléricaux, les entendre, sont
devenus les fidèles gardiens de nos li
bertés constitutionnelles
Avec une désinvolture rareM.Woes-
te jette par dessus bord un pape in
faillible, les rédacteurs du Bien Public
offrent de verser leur sang pour la Cou
stitution jadis tant exécrée et M. Kee
sen, devenu sénateur, va dîner au pa
lais du Roi
Basile est content de ses élèves et
des petits profits.
Les cléricaux, il y a deux ans, l'oc
casion des élections législatives se pro
clamaient les véritables libéraux
Peu de partis peuvent se flatter d'a
voir reçu les hommagesde l'adversaire.
Car n'est-ce pas rendre hommage au
libéralisme que se réclamer desespnn-
cipes en même temp-< qu'on renie son
passé Les cléricaux n'osent plus se re
vendiquer de leurs prédécesseurs fana
tiques bien plus, les mêmes hommes
n'osent plus se réclamer des mêmes
principes, l'ultramontanisme a vécu,
au moins publiquement.
La politique ne consiste pas unique
ment assurer des victoires électora
les Elle est l'œuvre de tous les jours
et le libéralisme que tantôt on disait,
mort, qu'une autre fois on accusait de
rester inerte, voit et c'est ce qui fait
sa force actuelle au moment où son
infériorité numérique immoblise pour
un temps sa marche en avant, que ses
principes ont vaincu
Sous la poussée irrésistible de l'opi
nion publique, les cléricaux, descen
dants des Inquisiteurs et des persécu
teurs de tous temps, ont dù désarmer.
La liberté de croire ou de ne pas croire
a reçu une sanction légale et Ids cléri
caux qui proscrivirent toujours le
droit de l'erreur font comme s'ils se
soumettaient.
Ils semblent se soumettre M. Woeste
et Mgr Goossens dans les entrevues où
s'élaborent les lois du pays rêvent en
core de brûler les hérétiques, mais ils
n'oseraient l'avouer. Leur action est
occulte. Elle s'exerce encore sur les
petits et les humbles qui sont leur
merci. Gare ceux-là s'ils poussent la
témérité jusqu'à se croire libres, gare
ceux qui confient leurs enfants l'é-
coie nationale de préférence l'école
congréganiste Le bûcher n'existe plus,
mais le boycotage leur reste comme
moyen efficace. Et nos cléricaux sont
passés maîtres dans l'art de s'en servir.
C'est pas pas, en présence de la re
crudescence d'activité de la gent mo
nacale, que nous avons défendre les
conquêtes du passé. Heuruesement que
le chemin parcouru est immense
Nous y voyons la preuve que le libéra
lisme n'a pas failli dans le passé sa
mission glorieuse.
Il ne le fera pas davantage l'ave
nir.
Nos adversaires, pour masquer leurs
intentions, s'appliquent la vieille his
toire du voleur poursuivant les pas
sants en criant au voleur Ils ont
dit, écrit et répété depuis des mois que
nous en voulons la liberté de l'ensei
gnement, que nous sommes des Com-
bistes On a eu beau leur démontrer
les différences existant en Belgique et
en France dans les rapports de l'Etat
et de l'Eglise on a eu beau lèur don
ner les déclarations nettes et claires de
tous les chefs du parti libéral démen
tant de la façon la plus formelle cette
pure calomnie on a eu beau leur faire
toucher du doigt tonte la malhonnêteté
du procédé, rien n'y fait. Ce qui les
gêne n'exi3te pas pour eux C'est af
faire de mentalité.
La question se pose donc ainsi de
même qu'il y a d»ux ans, la calomnie
que les libéraux étaient responsables
des émeutes d'Avril 1902 a réussi
rendre le libéralisme suspect une
certaine partie de la bourgeoisie, la
nouvelle calomnie que les libéraux en
veulent la liberté d'enseignement va-
t-elle nous être préjudiciable
Nous savons que jusque et surtout
dans le moindre village, tous les Di
manches, un curé payé par le gouver
nement néglige l'enseignement de l'E
vangile ponr propager le saint men
songe.
Fît poutaut nous croyons pouvoir ré
poudre négativement la question
posée ci-dessus
C'est que cette fois, la calomnie ap
paraît trop clairement, raison même
des principes de liberté et de tolérance
que nous avons toujours défendus,
tel point que les cléricaux ont dû finir
par s'y rendre.
D'autre part, l'on sait notre respect
pour la Constitution trop sincère pour
croire l'indignation d'un Bien Public
quelconque qui nous accuse de vouloir
la violer.
Or. poui toucher la liberté de l'en
seignement eu Belgique, il faudrait
commencer par réviser la Constitution
Si len élections prochaines nous sont fa
vorables, peut on admettre un instant
que les Comblâtes belges en suppo
sant un instant qu'il y en ait dispo
seront jamais au parlement des deux
tiers des voix nécessaires pour faire
cette révision
Il n'y a donc pas péril en la demeu
re.
Voilà ce qui prouve péremptoire-
mea^que cette question de l'enseigne-..
ment libre en Belgique n'a été suscitée
par nos adversaires que pour faire di
version, parce qu'ils craignent l'é
chéance future et appréhendent la dis
cussion de lours actes.
Et c'est pourquoi, tout en démon
trant la mauvaise foi des cléricaux, il
ne faut pas négliger cette discussion. Il
faut au contraire qu'elle se fasse sur
une vaste échelle de façon que les
échos en arrivent j usqu'aux coins les
plus reculés du pays.
Nous pourrons facilement parer le
coup que nos adversaires essayent de
nous porter en ce moment, e i rame
nant au premier plan de nos discus
sions politiques les questions impor
tantes qui ont le droit de l'occuper et
qui constitueront la partie essentielle
de notre plate-forme électorale le
suffrage universel, l'instruction obliga
toire. le service personnel.
Mais pour cela, une campagne acti
ve de presse et de meetings s'impose si
on veut faire triompher la Vérité.
Le projet de budget des recettes et
des dépenses extraordinaires pour
1904, vient d'être distribué aux mem
bres de la Chambre.
Parmi les crédits demandés, figurent
200,000 fr pour les terrains incultes
ou biens domaniaux, crédit double de
celui qui a été voté pour l'exercice de
1903 afin de permettre l'administra
tion forestière de continuer les travaux
de boisement et d'assainissement, de
poursuivre la création de chemins de
vidange et de mettre en valeur les ter
rains incultes récemment acquis par
l'Etat.
G ii crédit de 115,000 fr. sera affecté
la marine, et concurrence de
90,000 fr. la construction d'un ba
teau-pilote, destiné augmenter la
flottille qui croise dans la mer du
Nord. Le surplus, soit 25,000 fr., sera
employé l'acquisition de deux bouées
lumineuses avec réservoirs qui doivent
servir parfaire le système d'éclairage
de la section belge de l'Escaut, en
aval d'Anvers.
Un crédit de 2 345,000 fr. permettra
d'achever les travaux de construction
de la nouvelle Ecole Militaire et, en
outre, de pourvoir son ameublement.
5,000,000 de fr seront ajoutés au re
liquat disponible au 1er Janvier 1905,
et seront consacrés la continuation
des acquisitions d'immeubles nécessai
res la création du Mont des Artset
permettront de pourvoir au commen
cement des travaux.
Un deuxième crédit de 2 millions de
francs est destiné l'achèvement des
façades du palais et l'aménagement
de la place des Palais.
Citons encore parmi les crédits solli
cités 2 millions de francs pour la con
tinuation des travaux d'extension des
installations maritimes d'Ostende, et
l'établissement de l'avenue vers ces in
stallations 600,000 francs pour l'amé-
lioratioD du port de Blankenberghe,
où l'on créera un bassin de carénage
avec dépendance sur la rive ouest du
chenal d'accès au port 7,250,000 tr.
destinés liquider les dépenses résul
tant des conventions relatives l'éta
blissement du port d'escale de Zee-
brugge ainsi que les dépenses de con
struction d'un bassin de pêche l'est
du port 1,200.000 francs pour la con
tinuation des travaux de défense du
littoral 4 millions de francs destinés
payer la somme de 330,000 francs,
montant de la 8" annuité due par l'Etat
la Société anonyme du canal et des
installations maritimes de Bruxelles
pour le canal de Bruxelles au Rupel.
Enfin, le gouvernement sollicite l'au
torisation de faire aux sociétés et aux
particuliers, qui ont toucher une
part de l'indemnité chinoise, l'avance
de leur créance. Mais au cas où la Chi
ne viendrait faillir se6 promesses,
les intéressés devraient tenir le trésor
indemne.
Depuis quelque temps, nous assis
tons dans la Presse un spectacle
étrange, inouï. Perdant tonte pudeur,
montrant un sens moral parfaitement
déséquilibré, les journalistes catholi
ques se ruent avec la férocité des bêtes
fauves sur leurs confrères anticléri
caux. Ils ont introduit dans leurs feuil
les des procédés inavouables, des
mœurs sociales dignes des barbares
africains. Pas un jour ne se passe sans
que l'on ait relever de leur part des
attaques d'une violence qui frise la dé
mence.
Oui, la presse épiscopale ne cesse
d'accuser sa consœur. Elle la rend res
ponsable de tout ce qui arrive de fâ
cheux au Gouvernement, des catas
trophes qui pleuvent sur le peuple, des
événements malheureux où sombre pe
tit petit le nom Belge, bref, de tous
les maux d'ici-bas Nous sommes pour
elle la mauvaise presse la chienne
d'enfer les suppôts du diable les ga
zettes de gueuxdes jouisseurs, des révolu
tionnaires etc., etc., (nous en pas
sons Si encore, elle cherchait atti
rer sur nous la vengeance de Jéhova,
elle resterait dans son saint rôle, mais
elle fait davantage elle excite la
haine, elle divise les citoyens, elle cré-
tinise les individus pour en produire,
des fauatiques prêts aux besognes les
plus louches.
Et voyez, avec quelle maëstra ses
tentacules s'étendent partout, scrutent
tous les coins, ponr découvrir des mil
liers de victimes qu'elle offre en pâtu
re ses écrivassiers sans vergogne
S'agit-il de nos hommes politiques
Tout de suite, on s'acharne sur eux, on
scalpe leurs actes, on les déshabille
nu, on découvre tôt ou tard une tare
ou un défaut de famille qu'on livre
la publicité, avec des commentaires
méchants.
S'agit-il de nos propagandistes? On
les attaque avec une fureur inconceva
ble, on les injurie, on éclabousse de
boue leurs noms, fussent-ils des plus
honorables, afiu de les rendre suspects
aux yeux du public.
S'agit-il de fonctionnaires professant
nos opinions? On les traque sans merci,
on les menace, on dresse mille embû
ches sur leurs pas.
S agit-il d'industriels, de négociants
libéraux On dénigre leurs produits,
on boycotte leurs maisons.
Quand nous nous réunissons pour
examiner nos programmes, pour étu
dier les problèmes que soulèvent les
luttes de l'esprit humain, pour exami
ner la situation économique et morale
du pays avachi par vingt années de do
mination et d'injustices cléricales im
médiatement, les articles de la presse
pieuse fulminent en diatribes passion
nées.
Quand nous engageons la jeunesse
s'initier l'exercice éclairé du libre-
examen qui, avant d'embrasser une
idée, veut avoir discuté scientifique
ment tous les aspects et toutes les mo
dalités de cette idée aussitôt, une le
vée de boucliers s'agite contre nous.