Cercle d'Etudes
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
D'EXTENSION UNIVERSITAIRE
Dimanche, 20 \lars 1904.
46® année. A0 12.
l*arai**unt le Mïhmtuche.
Vires acqcirit ïukdo.
D'YPUES.
A LA CHAMBRE.
La Compagnie
de la Flandre Occidentale
sur la sellette.
La question du canal
de la Lys l'Yperlée
devant la Chambre
L'I'MOS fait la force.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an -4 francs.
pr la province Par an 4 fr. 50
et
Les membres du Cercle sont priés de
bien vouloir assister l'assemblée gé
nérale qui se tiendra Samedi 19
couru ut, 8 1/2 heures du soir, en
la salle du Lion Noir rue de Boe-
singhe.
M. le Président. La parole est M.
Nolf.
M. Nolf. Messieurs, je désire placer
ici les quelques observations que je comp
lais présenter au cours de la discussion gé
nérale, si j'avais pu être présent la séance
de Vendredi dernier.
J'ai tout d'abord signaler le mauvais
état des correspondances sur la ligne Ar-
mentières-Ostende exploitée par l'Etat. Au
cun train ne donne de correspondance di
recte vers Dunkerque les voyageurs per
dent un temps précieux Cortemarck. En
été, pendant la saison balnéaire surtout, les
correspondances sur cette ligne sont insuffi
santes. L'Etat pourrait en faire peu de.
frais une ligne internationale en reliant di
rectement le Nord français au littoral belge.
Il lui suffirait pour cela de dédoubler la voie.
Il n'y aurait pas d'expropriations faire
l'Etat possède les terrains suffisants.
Je soumets la question l'honorable mi
nistre.
Mais j'entends surtout entretenir la
Chambre de l'exploitation de nos chemins
de fer par la Compagnie de la Flandre occi
dentale.
La plupart des lignes dans notre province
ont été concédées cette société qui les ex
ploite pour le plus grand profit de ses ac
tionnaires. A maintes reprises des plaintes
ont été formulées ce sujet.
Au cours delà présente discussion, les
honorables MM. Vandenbogaerde et Gilles
de Peliehy ont apporté cette tribune les
doléances des populations au milieu desquel
les ils habitent.
Le 8 Avril 1891. l'honorable M. Lie-
baert. qui n'était alors que simple député de
Courtrai, prononçait contre la Société des
chemins de fer de la Flandre occidentale un
réquisitoire en règle.
«Je tiens en rappeler quelques passages
Dans le réseau de la Flandre occidenta
le. disait l'honorable membre, on relève jus
qu'à 162 kilomètres de chemins de fer con
cédés. La concession en est faite la Com
pagnie anglaise, qui s'appelle de nos jours
Société anonyme de la Flandre occidentale
et qui s'appelait autrefois avec beaucoup
plus de justesse Société d'exploitation...
C'est par une sorte de coquetterie qu'elle a
abandonné ce nom. Le nom a disparu mais
la chose est restée.
Cette société travaille d'ailleurs sur un
terrain extrêmement propice, car le public
croit en général, je l'ai constaté cent fois,
qu'il lui est livré sans défense.
Voyagez sur les lignes de la Flandre
occidentale, vous entendrez les voyageurs
murmurer et se plaindre, mais ils fiuissent
toujours par s'incliner comme devant une
espèce de fatalité. C'est une ligne de société,
disent-ils, il n'y a rien faire Et ils sont
persuadés que le gouvernement n'a rien
voir dans les affaires d'une société privée.
On s'abonne au bureau du journal, bue de Dixmude. 53, YpREt>. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAIT.
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 tr. la ligne.
C'est là une erreur fondamentale, contre la
quelle il importe de protester. Je crois que
la meilleure manière de le faire c'est de de
mander M. le ministre des chemins de fer
de vouloir bien user d'une façon plus ri
goureuse de son droit de surveillance.
Il y aura tantôt treize ans que ce discours
fut prononcé. Les plaintes du public ne
sont pas moins vives aujourd'hui qu'en
1891 la situation n'a guère changé de
puis. Seule celle de l'honorable M. Liebaert
s'est modifiée de simple députe de Cour
trai. il est devenu ministre. Il habite Bru
xelles et il semble que les plaintes n'arrivent
plus aussi directement ses oreilles. Souri
res).
Mais dans l'exploitation des chemins de
fer de la Flandre occidentale, qu'y a-t-il
d'amélioré depuis 1891
Le matériel roulant, dont se plaignait
l'honorable M. Liebaert en 1891, a-t-il été
remplacé Non, ce sont les mêmes voitures
préhistoriques qui véhiculent les voyageurs.
Elles ont vieilli depuis voilà le seul chan
gement qui s'est opéré. Elles sont incommo
des, malpropres, mal éclairées, mal chauf
fées l'hiver.
M. Liebaertministre dos chemins de
fer, postes et télégraphes. Je constate
avec plaisir que vous êtes en train de faire
l'éloge des voitures du chemin de fer de
l'Etat.
M. Nolf. Je suis en train surtout de
me plaindre des voitures de la compagnie
de la Flandre occidentale. Quand l'Etat a
quelque vieille locomotive vendre et dont
il veut se débarrasser tout prix, la com
pagnie de la Flandre ne rate pas l'occasion
de se l'approprier. Aussi voyons-nous se
produire sur nos lignes des accidents tels
que celui survenu Aerzeele, le 27 Novem
bre 1903. où la chaudière d'une locomotive
attelée un train do marchandises a fait ex
plosion, entraînant des blessures graves
pour le machiniste, le chauffeur et le chef-
garde se trouvant dans le fourgon.
Les correspondances sont-elles mieux
établies
MLiebaertministre des chemins de fer,
postes et télégraphes. Il y a progrès.
M. Nolf. Mais il suffit de consulter le
guide pour y constater le contraire Vous y
verrez notamment que les voyageurs qui *e
rendent d'Y'près Bruxe'les ou de Bruxelles
Ypres sont condamnés perdre une demi-
heure Courtrai
MLiebaert. ministre des chemins de fer,
postes et télégraphes. Parce que j'ai
amélioré les trains sur les grandes lignes.
M. Nolf. Je ne me plains pas du ser
vice de l'Etat, mais de celui de la Compa
gnie de la Flandre occidentale qui ne fait
correspondre aucun de ses trains avec ceux
de l'Etat.
Les communications sont-elles plus rapi
des
On nous avait fait entrevoir une amélio
ration sous ce rapport lors de l'application
du frein Westinghouse, que la compagnie
s'est enfin décidée adopter la suite des
accidents nombreux qui se produisaient sur
ses lignes et qui entraînaient chaque fois
pour elle une responsabilité d'autant plus
lourde qu on pouvait lui reprocher d'avoir
négligé de prendre la plus élémentaire des
mesures de précaution Notre espoir a été
déçu. On ne peut, paraît-il, faire fonction
ner les nouveaux freins qu'en usant de mille
précautions, de crainte de démantibuler le
matériel roulant qui est suranné et par suite
le temps gagné aux arrêts est insignifiant.
Avant l'application du frein on parcourait
le trajet d'Ypres Courtrai, soit 34 kilomè
tres, en une heure aujourd'hui on met le
même laps de temps.
La rapidité et la régularité des corres
pondances ne seront assurées que le jour où
la compagnie consentira dédoubler ses
principales lignes ou établir dans ses gares
des voies de garage suffisantes.
L'établissement de la double voie s'impose
notamment sur les sections de Poperinghe
Cyurtrai et do Courtrai Bruges. Le trafic
est trop grand pour continner l'exploitation
simple voie
Or, sans l'intervention de l'Etat, la com
pagnie n'établira jamais la double voie,
parce que la dépense qui en résulterait est
trop grande et qu'il y a d'autres travaux
exécuter un peu partout pour répondre
aux besoins du service.
Les installations de toutes les stations
d'une certaine importance sont insuffisantes.
Il y a de très grands travaux exécuter
dans les stations de Thourout, Roulera, Ise-
ghem, Ingelmunster, Menin, Wervicq, Co
nfines, Ypres, Pr.peringhe et Thielt le
service, en général, en souffre énormément.
La sécurité des voyageurs existe-t-elle
davantage Les gares restent dangereuses
comme par le passé. Leur accès est difficile,
surtout certaines époques de l'année, où
elles sont littéralement encombrées, telles
les gares entre Ypres et Courtrai, l'épo
que du rouissage du lin. Lundi dernier en
core un train de voyageurs est allé se heur
ter contre une rame de wagons de marchan
dises Poperinghe Les quais de débarque
ment font défaut presque partout.
La compagnie n'a qu'une préoccupation
assurer ses actionnaires de gros dividen
des. Les convenances du public l'inquiètent
très peu
Sommes-nous condamnés subir cette
situation jusqu'à l'expiration des conces
sions, c'est-a-dire j usqu'en 1945?
Ce n'est pas admissible. Le gouvernement
a le devoir de demander au parlement des
armes contre la Compagnie, s'il n'en a pas.
Et s'il en a, il doit en user.
En 1891, I honorable M. Liebaert esti
mait que le gouvernement était armé. Si tel
est encore son avis aujourd'hui, qu'il agisse.
Les plaintes de nos populations sont fon
dées elles doivent être accueillies.
Tous les journaux de notre province ont
annoncé l'an dernier que c'est par suite de
hautes interventions que la compagnie a
consenti modifier le trajet des express
Lille-Ostende et les faire passer par Mous-
cron, Ingelmunster, Roulers et Thourout,
abandonnant la voie Menin-Roulers, qu'ils
suivaient autrefois que c'est par suite des
mêmes interventions que la compagnie a ré
solu d'accélérer la marche des trains inter
nationaux et de la porter de 45 80 kilo
mètres l'heure que c'est pour satisfaire
aux mêmes injonctions qu'elle a décidé de
contracter un emprunt qui, paraît-il, est
destiné au dédoublement de la voie Courtrai-
Lichtervelde.
La Compagnie de la Flandre occidentale
est donc accessible aux influences venant
d'en haut.
Je vous demande, Monsieur le ministre,
d'intervenir nouveau et j'ai la conviction
que, si vous le voulez, vous obtiendrez pour
nos populations ce que la compagnie n'a pas
osé refuser lorsqu'il s'est agi des étrangers
venant visiter nos villes d'eau.
M Colaert. Messieurs, un de nos hono
rables collègues disait tout l'heure que les
questions d'intérêt local doivent se traiter
dans le cabinet du ministre. J'en tombe d'ac
cord avec lui.
Il est cependant des questions qui deman
dent un débat public parce que, défaut par
le gouvernement d'exercer son initiative, la
Chambre peut intervenir et forcer la main au
gouvernement.
M. Antoine Delporte. C'est ce que vous
ne faites jamais
M. Smeets. On renverse le ministre, voi
là tout.
M. Colaert. Une de ces questions est
l'achèvement du canal de la Lys l'Yperlée,
question presque jubilaire, puisqu'elle date a
peu près de l'entrée au parlement de l'hono
rable M. Tack. C'est vous dire, Messieurs, que
la question est fort aucienne.
L'honorable M. Tack l'a soulevée différen
tes reprises de nombreuses fois il a joint ses
efforts ceux de ses collègues d'Ypies pour
obtenir enfin l'achèvement de ce canal.
M. Tack. Qui est le complément du ca
nal de Bossuyt Courtrai.
M. Colaert. J'allais le dire, et j'ajoute
que c'est aussi le complément du canal de
l'Yser.
Comme je viens de le dire, cette question
est fort ancienne et il est plus que temps que
les travaux soient achevés, mems que M le
ministre ne prétende qu'il y a lieu de combler
le canal, ce qui serait une grande perte non
seulement pour l'arrondissement d'Ypres,
mais aussi pour les finances de l'Etat, car tel
qu'il est il a déjà coûté plusieurs millions. 11
ne manque qu'un demi-million de francs pour
achever les travaux.
M. Buyl. On a nommé une commission
pour examiner celte question, mais nous ne
connaissons pas encore la conclusion de son
travail.
M. Colaert Je pense que celle commis
sion n'a pas encore conclu. Cependant, si j'en
crois une déclaration faite par l'honorable M.
De Bruyn alors qu'il était ministre des travaux
publics, la commission était cette époque-là
sur le point de déposer son travail. Il me pa
rait que le rapport doit être déposé maintenant
et je demande M. le ministre s'il connaît les
conclusions de la commission ou si, défaut de
ces conclusions, il va lui-même «rendre une
décision. On dirait que oui, car j'ai vu au bud
get extraordinaire un crédit de. 250,000 francs
pour l'achèvement du canal de l'Yperlée.
M Buyl. Ce crédit est insuffisant.
M Colaert. Je serais déjà heureux,
je ne dirai pas si ce crédit était voté, car la
Chambre le votera certainement, mais si
je voyais employer ce crédit des travanx
quelconques au canal en question.
Ce n'est pas la première fois qu'un crédit de
ce genre ligure au budget, mais il tombe cha
que année en boni. Nous avons beau voter des
crédits pour l'achèvement du canal de la Lys
l'Yperlée, le gouvernement n'exécute pas les
travaux. Je voudrais bien savoir de l'honora
ble ministre quand il compte mettre la main
l'œuvre. S'il me répond que la commission
spéciale n'a pas encore conclu, je le prierai
d'exiger de celte commission qu'elle fasse con
naître le résultat de ses études. Il y a plus de
cinq ans qu'elle est saisie de la question c'est
plus qu'il n'en faut pour aboutir.
Je regrette infiniment que le gouvernement
ne mette pas plus d'activité résoudre cette
question. Il y a deux ans, au Sénat, répondant
au regretté M. iweins d'EeckhtJulte. l'honora
ble minisire promit que l'on mettrait sans re
tard la main l'œuvre.
Je puis, si vous le voulez, monsieur le mi
nistre, vous citer le passage de votre discours.
Donc, il y a deux ans, l'honorable ministre
était décidé. L'est-il encore actuellement
J attends sa réponse et, en tout cas, je me per
mets de faire valoir quelques considérations
en faveur de l'achèvement du canal que nous
réclamons.
Tout l'heure, je disais que ce canal avait
déjà englouti plusieurs millions.
M. Tack. On a déboursé déjà 8 raillions.
M. Colaert. Je ne pense pas qu'on doive
même disposer encore d'un million pour en
réaliser l'achèvement complet. D'aiileurs, le
canal est achevé, il n'y a plus que la question
du tunnel près de l'Afgebrande molen
J ignore quelle solution sera donné cette
question. Va-t-on refaire la partie éboulée
V'a-t-ou renoncer la restauration du tunnel
et construire le canal ciel ouvert? Nous n'en
savons rien. Voilà cependant la seule question
trancher. Je sais que l'ingénieur en chef, M.
Froidure, de résidence Ypres, a été chargé
depuis longtemps de l'étude de cette question
et que son remarquable travail est achevé
Les millions qui ont été consacrés par le
gouvernement la création de ce canal, res
tent donc absolument improductifs.
Si le canal était achevé, pour peu qu'il pro
duise, il donnerait un certain intérêt aux mil
lions qui ont été dépensés.
Mais dans cette affaire il y a aussi envisa
ger la question des intérêts privés. Notre com
merce et notre industrie ne peuvent pas pren
dre tout le développement dont ils sont sus
ceptibles si le canal n'est pas achevé