issociation Libérale Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement. Dimanche, lr Mai 1904. 64* année. 1H. PRIX. DE L'ABONNEMENT pour la ville: Bar an 4 francs. p< la. province Par an 4 t'r. 50 Pour les annonces on traite forfait. POUR L'ÉLECTION SÉNATORIALE du -4f) Mai 1904 MM. Vital De Ridder, Notaire Kerkhove, Sénateur sor tant, lr candidat Raymond Vande Venue, Notaire Sweveghem, Membre de la Chambre des Représentants, 2e candidat et lr suppléant. L'Interpellation «le M. Hy mans. Nous avons lu aux Annales Parlemen taires le remarquable discours de M. Hymans. Les cléricaux s'attendaient ce que l'argumentation serrée du jeune et ta lentueux député libéral produise dans le pays une impression profonde et ils ■espéraient aa-duuinuor quelque peu l'effet en interrompant sans cesse l'ora teur. Malheureusement pour eux, le ré quisitoire en règle contre le gouverne ment des curés était appuyé d'un dos sier complet et amplement fourni. Et les documents étaient si concluants, qu'il devenait même impossible de fai re naître, une équivoque. Les cléricaux ont trouvé leur maître qui dès le début les a mis fort mai l'aise par ce simple souvenir. Voici eu quels termes excellents l'o rateur a défini la question cléricale Et comme on reprochait l'interpel- 1 a te or que tout cela était vieux, il a démontré qu'au contraire l'observation était des pl us opportunes. Il a fait cette démonstration de main de maître en "traçant simplement un tableau fidèle de la situation que la do mination cléricale fait actuellement notre pays Il est vrai, nous ne sommes plus au temps des Bastilles et des lettres de cachet on ne peut plus emprisonner les gens sans jugement nous ne sommes plus au temps où l'autorité civile recevait de l'autorité ecclésiastique les hérétiques pour les châtier. L'oppression, dans nos sociétés civilisées, se passe d'absolutisme monarchique ou de dictature militaire Elle est insinuante et occulte elle ménage les puis sants elle ne s'attaque qu'aux faibles elle spécule sur l'intérêt des familles, sur le souci de l'avenir des enfants, sur les appétits des in trigants, sur l'ignorance et la crédulité des fou les. Les opprimés, c'est le père de famille obli gé d'envoyer ses enfants au couvent c'est l'in stituteur.obligé d'enueignçr le catéchisme,alors que sa conscience se répudie c'est le cultiva teur forcé de faire partie du syndicat agricole c'est l'ouvrier forcé de s'embrigader dans le patronage c'est le fonctionnaire forcé de dis simuler ses convictions afin de ne pas compro mettre son avancement ce sont tous ceux qui dépendent de la sainte alliance du prêtre, du député et du châtelain ce n'est pas vous, ce n'est pas moi ce sont les faibles, les pauvres, les malheureux, abandonnés eux-mêmes, sans défense Ils sont légion dans le pays. Ce n'est certes pas en Flandre qu'il faut insister sur le rôle joué par le clergé dans les affaires politiques. C'est surtout chez nous que l'on peut dire La Patrie au lendemain des élections ne se gêne plus pour rendre hommage t l'admirable clergé qui a assure la victoire Et l'on s'étonne alors que ca clergé qui se jette aussi ré olument dans la bataille électorale reçoive sa part des horions. Nos adversaires hypocritement se lamentent et se plaignent de ce que la r égion,' exposée de gaîté de cœur, perd de plus en plus de son crédit. A qui la faute, sinon eux-mêmes Car, la religion, notons-le bien, est le moindre des soucis des curés politi ques. Certains mêmes désertent leur église pour courir les réunions et meetings électoraux. Et l'excuse d'avoir pour but de dé fendre la religion ne leur reste même pas, puisque, Liège par exemple, l'évêque intervient entre catholiques divisés et qu'eu Flandre, nous voyons les ecclésiastiques combattre les démo crates-chrétiens avec au moins autant d'acharnement que les libéraux. Qui osera prétendre que dans ces conflits entre chrétiens, la religion est enjeu C'est une vérité indéniable qup les ecclésiastiques se sont tous transfor més eu agents politiquesau service d'un Goavernem6nt qui livre le pays pieds et poings liés Rome, dont il reçoit des ordres. il importait que cela fut dit et dé montré la vejlle des élections et c'est pourquoi l'interpellation de M. Hy- inans mérite l'attention générale. Les catholiques sincères, les pre miers, ont intérêt ce que pareille si tuation intolérable prenne fm. Ils doivent nous aider sauver l'indé pendance civile du pays et les libertés constitutionnelles, en faisant réintégrer leurs églises aux curés qui eu sont sortis. En ce faisant, ils auront le droit d'exiger le respect de leurs croyances philosophiques et alors, comme M. Hyrnans l'a dit un jour, les libéraux se feront un point d'honneur de ne jamais attaquer une religion. Mais nous combattrons toujours avec la dernière énergie les émissaires d'une église quelconque qui aspirent nous enlever nos libertés les plus chères pour ne plus nous laisser que celle de la servir, en fils humble et soumis. t»=ï>s> L'œuvre du libéralisme. Les questions politiques reculent, les questions sociales avancent, s'en vont répétant i'envi cléricaux et socialis tes. Ceux ci croient ce qu'ils disent ceux-ià n'essaient de reléguer la politi que l'arrière-plau que pour pouvoir plus sûrement continuer d'en faire et de la plus détestable. Et bien, non, il n'est pas vrai que les questions politiques aient reculé. El les s'imposent, plus que jamais, l'at tention du pays et le devoir du libéra lisme est d'en faire comprendre toute l'importance. La violente domination cléricale que nous subissons depuis vingt ans a li vré le pouvoir aux ennemis avérés de nos libertés les plus chères. Nous avons vu sombrer notre ensei gnement primaire. Nous avons assisté la curée des pla ces et des prébendes par la horde alté rée des arrivistes cléricaux. Nous avons compris, en voyant sur gir l'horizon politique des projets de loi hypocritement réactionnaires, que la liberté de conscience elle-même était menacée. La question politique par excellen ce, la question cléricale, n'a donc pas reculé. ANNONCES: Annonces 15 centimes la ligne. Réclames 25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne. Mais le parti libéral a aussi pour de voir de comprendre la part de vérité que recèle l'affirmation clérico-socalia- te. Les questions sociales, derrière les questions politiques, ont surgi nom breuses et angoissantes. Et le parti libéral doit s'occuper de les résoudre, non par des lois de faça de ni par des solutions empiriques com- mecellesqu'ont imaginées les cléricaux pour donner le change l'opinion, mais par un ensemble de mesures ra tionnelles, qu'avouent la science éco nomique et les principes d'une sage dé mocratie. Le clérical ne sera jamais un démo crate. L'Eglise, ennemie du progrès moral, geôlière des pensées et des cou- sciences, s'est toujours fait de l'igno rance et de la misère du peuple un moyen d'universel asservissement. Le parti libéral se doit lui-même d'apporter, en même temps que la né gation du dogme et de la tyrannie, l'affirmation énergique d'une politique généreuse et largement secourable au monde du travail Placé entre la stupide încompréhen- siondeceux que Godefroid Kurth a ap pelés les coffres-fort en délire et l'exaltation aveuglée des collectivis tes, il doit faire entendre la voix de la raison et travailler l'instauration de la vraie justice sociale. Rappelons-nous que nos deux adver saires, le cléricalisme et le socialisme, s'attirent leurs partisans en faisant ap pel au sentiment bien plus qu'à la rai son. Le premier a pour appât le paradis religieux le second fait miroiter aux yeux des naïfs l'espérance du paradis collectiviste. Au libéralisme de s'adresser tous les hommes de bonne volonté, de les affranchir de la sujétion du dogme, de les guérir de l'illusion collectiviste et de prouver sans phrases que sa jus tice lui n'est pas dans les mots, mais dans les actes. Représentation proportionnelle. Elle est jolie, la représentation pro portionnelle dont le gouvernement clé rical a doté le pays. Les cléricaux disposent, la Cham bre, d'une majorité de 26 voix. On y compte, en effet. Et cependant, les élections combi nées de 1900 et de 1902 ne leur don nent, dans le pays entier, qu'une avan ce de 58271 voix sur un total de plus de denx millions de suffrages. Voici les chiffres. Il se fait donc, par suite des tripa touillages topographiques auxquels se sont livrés nos maîtres, qu'alors qu'il faut aux partis d'opposition 14563 suf frages pour avoir droit un député, l'union fait la force. 'arnisHtmi te Mitatmchc. Vires acquirit eindo. On s abonne au bureau du journal, hle de Dixmude, 53, Vphes. Les annonces, les fails divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres et les deux Flandres au bureau du Progrès Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au Comptoir de Publicité Vau Godtsenboven et Thibesard, 14, Place de Brouekère, Bruxelles, téléphone 5230 DE rArrondissement d'Ypres. Nous ne sommes plus au temps où l'honora ble M. de Smet de Naeyer, alois simple dépu té, dans une contestation avec M. Woeste, au sujet d'une disposition assez insignifiante de nos lois électorales, lui tenait ce crâne langa ge Je n'admets pas le monopole que pré tend s'attribuer en matière confessionnelle le pape laïc qui a nom Charles Woeste. (Rires gauche et l'extrême gauche Il ne lui appar tient pas d'en imposer ses collègues et de chercher taire peser sur la droite une sorte de terreur blanche. bans le domaine philosophique, c'est le con nu entre deux grandes forces contraires l'idée de liberté et l'idée d'autorité, entre le tradi tionalisme religieux et l'esprit de libre recher che et de libre discussion c'est le conflit en tre lu dogme et la raison. Qu'est-ce que c'est que la question cléricale au point de vue politique en Belgique C'est la Question de savoir si la liberté morale des consciences, si la liberté politique des citoyens, si I autonomie de l'Etat seront sacrifiées l'E glise. C'est la question de savoir si l'Eglise, dans ies affaires de laquelle l'Etat ne peut S|ramiscer, aura le pouvoir, elle, de s'immis cer dans les affaires de I Etat c'est la question de savoir si le clergé aura un contrôle sur la Pu|ssance publique, si les citoyens seront égaux devant la loi ou si l'on distinguera entre eux suivant les opinions et les cultes qu'ils profes- J'eii c'est la question de savoir si la Consti- •uhon sera respectée ou méconnue c'est-à-di- re> et en un mot, si la liberté sera ou ne sera Pas- (Très bien gauche.J Le parti qui occupe le pouvoir est par son esseuce, par sa doctrine et sa composition, un Wli clérical et confessionnel il est dans le dfaine politique l'expression d'une théologie sert une croyance et se sert d'elle pour rè- ^ner il n'affecte d'aimer la liberté que pour Pr°clamer la liberté de l'Eglise il y renonce P°ur lui-même, abandonne sa propre direction a "te magistrature ecclésiastique dont le siège suprême est l'étranger et que représentent les évêques, substituts de la papauté. Rien n'est plus moderne et c'est la question qui aujourd'hui ne préoccupe pas seulement la Belgique, mais tous les peuples oit règne l'E glise catholique. (Très bien h gauche Le parti clérical, ainsi constitué et dirigé, est un parti d'oppression. On se récrie Un parti d'oppression une époque, dans un pays où la liberté individuelle est garantie par la Constitution, où l'opinion publique exerce sur toutes choses un contrôle incessant. Quelle contradiction L'instrument le plus actif de cette oppres sion, c'est le clergé catholique. Il est partout il est dans l'école primaire, il est dans l'école normale, il est dans l'enseignement agricole, il est dans l'enseignement professionnel il est dans l'armée par les comités de raccolage, par les aumôniers et par les cercles militaires .il est dans les œuvres économiques, les mutuali tés, les sociétés coopératives, les sociétés de retraite, les sociétés (l'assurance contre la mor talité du bétail, les unions professionnelles de toute catégorie. Le clergé d'aujourd'hui intervient dans les luttes électorales directement, publiquement, officiellement. Autrefois, il s'efforçait de sauver les apparences il n'agissait, disait-on, que par voie de conseils, il n'usait que du droit in dividuel du citoyen. Aujourd'hui les prêtres sont la disposition des candidats, le clergé patronne les candidatures officiellement, il convoque les réunions, il les préside, il signe les circulaires. Celte intervention du clergé, salarié par l'E tat. au profit du parti qui détient la majorité parlementaire, au profit du parti qui exerce le pouvoir, vicie complètement la vie publique en Belgique et ne tend rien moins qu'à restau rer. chez nous, la candidature officielle Les agents de l'Etat ont reçu interdiction absolue de se jeter dans la mêlée des partis. On ne leur a permis de faire peser sur l'opinion publique le poids des influences que leur fonction leur piocure. Le clergé paroissial, lui, n'hésite pas user directement du prestige de son minis tère, de l'influence que lui donne la robe qu'il porte pour intimider ou séduire l'électeur. Cléricaux 96 Libéraux 34 Socialistes 34 Daensistes 2 70 70 26 Voix cléricales 1077729 Voix libérales 488001 socialistes 486757 indépendantes 9877 daensistes 34823 1019458 1019458 58271

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Le Progrès (1841-1914) | 1904 | | pagina 1