Le gouvernement
de l'ignorance.
Poudre aux veux
Les mensonges cléricaux.
La frousse.
Le programme agricole
des libéraux.
L'anarchie cléricale.
•»»*-•*>■•
Les fautes
du gouvernement.
Sombre avenir
L'Union catholique.
Le parti libéral u a cessé de lutter
pour le développement de 1 instruction
publique il a même, afin d'abaisser le
niveau de l'ignorance, risqué sa popu
larité de 1878 1884.
Le parti clérical, au contraire, n'a
firis aucune mesure capable d éclairer
e peuple, de répandre 1 instruction
partout.
En 1901, on a incorporé et examiné
12,280 hommes dans l'ariuée parmi
lesquels 7,446 Flamands et 4,834 al
lons Or, sur 7,440 Flamands, il y avait
1,110 hommes, qui n'avaient reçu
aucune instruction quelconque ou qui
n'en avaient rien gardé, ne sachant ni
lire, ni écrire, soit une proportion d'il
lettrés de près de 15 p c sur les
4,834 Wallons examinés en français, il
y en avait 500 qui ne savaient ni lire
ni écrire, soit 10 p. c. d'illettrés envi
ron. Cela fait ensemble 1,610 illettrés.
Voilà des chiffres que personne ne con
testera.
En 1901, les cléricaux étaient déjà
au pouvoir depuis dix-sept ans Et
l'ignorance s'affirmait dans des propor
tions aussi désastreuses.
Complétons cette statistique.
Nous n'avons pas parlé d'une autre
catégorie d'ignorants dont il faut tenir
compte aussi, la catégorie de ceux qui
ne savent pas écrire et qui ne savent
que lire Or, en 1901, sur ces 12,280
soldats, il y en avait 709 sachant lire
seulement, dont 454 Flamands et 225
Wallons.
Par conséquent, si nous ajoutons
ceux qui ne savent ni lire ni écrire,
ceux qui ne savent que lire, nous con
statons que sur 12,280 hommes incor
porés et examinés il y a 2,319 igno
rants, soit dix-huit pour cent.
Tels sont, sous une forme tangible,
les préteudus progrès réalisés par les
cléricaux dans le domaine scolaire Ils
sont jolis.
Ces chiffres fout comprendre la né
cessité absolue de l'instruction obliga
toire, cette grande réforme préconisée
par le parti libéral, d'arracher les en
fants l'oisiveté, au vagabondage, aux
promiscuités de la rue, de leur offrir
des maîtres et des écoles, d'eu faire
des hommes
Le gouvernement se vante de distribuer des
millions aux ouvriers, sous forme de pensions
de vieillesse, de rémunération des miliciens et
de subsides de toutes sortes
Les ouvriers n'auront pas la naïveté de s'y
laisser prendre.
Ils savent bien que ces millions sortent de
leurs propres poches.
Les impôts de consommation qui les four
nissent ne sont-ils pas, en effet, presque en
tièrement leur charge
En période électorale comme, d'ailleurs,
en tout temps la presse cléncale ment avec
une effrontei iesans pareille. C'est ainsi qu'elle
écrit
Que doit-on le plus admirer chez les libé
raux, l'impudence ou la niaiserie? On peut
hésiter vraiment.
La situation économique de notre Belgique
est des plus brillantes. Commerce, industrie,
navigation s'y développent en des pioportions
inespérées jadis.
Malgré cette prospérité qu'on célèbre si
pompeusement, tout le monde se plaint.
Est ce que l'industrie est satisfaite
Est-ce que le commerce est content
Est-ce que les classes moyennes ne se plai
gnent pas?
Est-ce que les ouvriers vivent comme des
coqs en pâle
Est-ce que les agriculteurs esquissent des
pas de danse
Les gros propriétaires eux-mêmes préten
dent qu'ils ne savent plus louer leurs terres.
Les ouvriers agricoles doivent quitter la
Belgique eu bandes pour aller chercher des
salaires rémuné:aleurs en France.
N'est-il pas outrecuidant de voit les cléri
caux prétendre notamment que la navigation
se développe en des proportions inespéiées
jadis
Tout le monde sait que la navigation était
bien plus prospère autrefois, qu el'e occupait
bien plus de bras qu'aujourd'hui Elle a péri
clité, et elle ne cesse de réclamer Elle deman
de une réduction de droits. M de Smet de
Naeyer s'était fait autoriser les diminuer.
Mais c'était une tromperie il refuse obstiné
ment une réduction.
Parce que les bouffe-galette du parti cléri
cal et les couvents sont satisfaits, cela ne veut
pas dire que tout uiarcbe bien, que tout le
moude est content.
Dans un numéro du Courrier de C Escaut ei
de sa doublure Le Belge adressé, la date du
13 Mai. tous les électeurs de l'arrondissement
d'Ath, nous lisons ces lîgaes significatives qui
suintent le découragement et la peur
Nous u'avons plus que 26 voix de majorité
la Chambre que quelques voix nous soient
enlevées cette année. C EST FINI DE NOUS
DANS DEUX ANS Une voix de plus ou de
moins, surtout avec la Keprésenlation propor
tionnelle, peut dans plusieurs arrondissements
flamands ou wallons faire élire un catholique
de plus ou de moins. Dans l'état actuel c'est
de ce catholique que dépend peut-être notre
majorité, par conséquent le maintien du gou
vernement...
Jamais depuis vingt ans que les cléricaux
sont au pouvoir, le sentiment de l'imminence
de leur chute ne s'est manifesté en termes plus
explicites.
Nos adversaires se proclament avec
jactance les défenseurs de l'agricultu
re, mais ainsi que nous l'avons déjà
établi, ils n'ont jamais rien fait d'autre
que de leurrer les campagnards leur
tactique consiste les éblouir par de
mirifiques boniments en période élec
torale, quittes ne rien tenir du tout
quand ils sont élus. A cet égard, ils ont
leur passif un joli lot de promesses
non réalisées et le cultivateur, tout
paysan qu'il est, commence a voir
clair dans leur jeu.
Au surplus, leur façon d'envisager
les intérêts agricoles est toute différen
te de la nôtre ils se préoccupent sur
tout de protéger ceux qui exploitent
l'agriculture, tandis que nous voulons
protéger les agriculteurs eux-mêmes.
A ce point de vue le Congrès progres
siste a élaboré un programme complet
de réformes, formulées en termes nets
et précis, sur lesquelles tous les libé
raux sont d'accord, et qui pourraieut
servir de base une législation rurale
répondant aux légitimes revendications
des agriculteurs.
La première chose faire, c'est d'or
ganiser la représentation de l'agricul
ture. De même qu'il y a des Conseils
de l'Industrie et du Travail élus par
les patrons et les ouvriers, il devrait y
avoir des Comices Agricoles, élus par
tous les agriculteurs ft où seraient re
présentés tous les intérêts enjeu pro
priétaires, fermiers, ouvriers. Les Co
mices électifs pourraient formuler les
vœux véritables des populations des
campagnes, bien mieux que les orga
nismes officiels formés d'autorité par
le gouvernement.
i\Iai8 il ne h'agit pas seulement de
fournir aux terrains le moyen de cher
cher des solutious, il faut aussi leur en
proposer de toutes faites qui, longue
ment étudiées et profondément mûries,
répondent des besoins réels.
Il s'agit d'abord d'exclure des baux,
de proscrire, de prohiber les clauses
draconiennes qui, livrant le fermier au
bon vouloir et l'arbitraire, du pro
priétaire, l'empêchent d'enrichir la
terre qu'il laboure par des améliora
tions dont il n'est pas sûr de pouvoir
profiter, et qui, daus tous les cas. ser
viront de prétexte au propriétaire pour
réclamer des augmentations de ferma
ge-
Il convient ensuite de régler équita-
blement les rapports entre le fermier
sortant, celui dont le bail n'est pas re
nouvelé et le fermier entrant qui re
prend la terre. Le premier, pendant sa
dernière aimée de culture, a incorporé
au sol des engrais, lui a fait subir un
travail de prépiratioi ou d'ensemen
cement dont il doit être indemnisé
peine de subir un dommage incontes
table
Il faut aussi d'une façon générale in
troduire plus do justice qu'à présent
dans les rapports entre fermier et pro
priétaire Ce qui rend la solution de
cette question particulièrement diffici
le, c'est la nécessité de tenir compte des
différences existant entre les mœurs
agricoles des différentes régions de la
Belgique et qui ne sont pas les mêmes
pour les exploitations morcelées du
pays flamand, que pour les grandes
cultures du pays wallon. C'est le cas
d'appliquer le système anglais de l'op
tion locale, système dont l'origine ga
rantit le fcaractère utile et pratique.
Au l'en d'édicter une loi générale
uniforme qui s'applique brutalement
partout et tous, sans tenir compte des
nuages locaux, on légifère sur tous les
cas possibles et on permet aux intéres
sés de chaque région de réclamer le
bénéfice des dispositions qui y sont
applicables La loi devient ainsi une
énumération. un catalogue de règles lé
gislatives qui remédient aux abus exis
tant dans toutes le6 provinces du pays,
et, daus ce catalogue mis ainsi leur
portée, ceux qui souffrent de pratiques
mauvaises pourront trouver le remède
qui leur convient.
Par ce procédé, le pouvoir central
garde un contrôle suffisant sur les légis
lations locales qu'il institue il ne per
met d'y inscrire que des mesures ne
blessant pas l'intérêt général, des me
sures qu'il aura approuvées d'avance,
et les intérêts spéciaux de chaque ré
gion agricole ont la liberté de se sou
mettre au régime qui leur convient le
mieux
Il y a lieu aussi d'organiser le crédit
agricole pour mettre bon marché,
la disposition des agriculteurs, des ca
pitaux remboursables long terme, et
les délivrer de l'avidité des prêteurs
qui, sous forme d'intérêts hypothécai
res, rongent le plus clair de leurs béné
fices.
Enfin, il importe de généraliser les
assurances pour achever de donner au
campagnard la sécurité dont il a besoin
pour que son exploitation soit ration
nelle et profitable
Ajoutez cela les dégrèvements que
l'on peut réaliser en réduisant les droits
immobiliers de toutes sortes et les ta-
rifs de transports, et vous conviendrez
que cet ensemble de réformes constitue
un programme de nature satisfaire
complètement l'Agriculture
L'autorité qui abuse du pouvoir,
c'est la tyrannie. La liberté sans le
respect des lois, c'est l'anarchie.
Le libéralisme veut faire du droit
individuel la limite naturelle de l'auto
rité. Il repousse l'abus du pouvoir il
veut l'action concordante des deux
principes de manière obtenir la jus
tice dansles rapports des citoyens entre
eux et avec le gouvernement.
La fiscalité de l'Etat ne doit pas en
traver la liberté de l'industrie et du
commerce. Les lois décrétées doivent
être appliquées. Or, depuis que les
cléricaux sont au pouvoir, ils ont voté
beaucoup de lois de façade pour don
ner satisfaction aux tendances collecti
vistes sans frapper, trop sérieusement
ceux qui soutiennent financièrement
leur parti.
L'encyclique u llerum novarum de
1891 n'a-t-elle pas consacré l'inviolabi
lité de la propriété privée, tout en se
prononçant en faveur du domaine col
lectif N'a-t-elle pas admis que les
pouvoirs publics fixent un maximum
d'heures de travail, un minimum de
salaire et fassent appliquer le repos do
minical En somme le Pape n'a cou-
damné le socialisme que pour autant
qu'il est irréligieux et il n'a pas osé se
prononcer franchement sur les attri
butions de l'Etat.
Aussi voyons-nous, en Belgique, le
parti clérical composé de protection
nistes qui visent spolier la nation au
profit des riches et de socialistes chré
tiens qui visent la spolier au profit
des humbles.
Pour se créer des ressources, le mi
nistère clérical a décrété des régle
menta frappant le commerce et l'indus
trie des tabacs et des sucres, mais cette
législation et cette réglementation sont
si extravagautes qu'on n'ose pas les
appliquer
On constate aussi que chez nous le
droit écrit n'est plus le principe sur
lequel la Nation devrait reposer.
Avec les cléricaux, l'Etat, est d»venu
intolérant, tyranuique. Il réduit les
droits des citoyens,augmente leurs de
voirs il exagère le principe d'autorité
et. dans l'application d"8 lois, ciéa
l'anarchie.
M Helleputte, l'un de9 chefs de la
droite, écrivait dans le rapport de la
section centrale du budget extraordi
naire de 1903, page 5 Les fautes de
ses amis mettent plus en péril le régi
me parlementaire que les attaques de
ses ennemis, r
Le député de Maeseyok constatait
alors avec beaucoup de clarté et de
fiauchise les fautes du gouvernement.
Il l'accusait de s'arrangor de telle façon
que le contrôle parlementaire des ac
tes du cabinet était devenu impossible
U lui reprochait de ne pas achever
assez rapidement les travaux entre
pris. en rappelant qu'aussi longtemps
qu'un travail n'est pas mis en service
il ne rapporte évidemment rien il en
résulte que les intérêts des capitaux
consacrés sont dépensés eu pure perte.
Il critiquait la situation financière II
faisait le procès de la jonction Nord-
Midi, il réclamait une modification ab
solue du projet. Il blâmait la mauvaise
répartition du crédit pour les routes
et présentait quantité d'observations
afin de montrer combien certains cré
dits étaient peu justifiés.
Bref. M Helleputte, dans un bel
élan de franchise, dénonçait les fautes
nombreuses du gouvernement. Depuis
1903 le ministère et son chef ont-ils
modifié leurs actes, leur ligne de con
duite
Nullement... Leurs fautes ont fait
boule de neige, se sont accumulées
Et il est temps que le corps électoral y
mette fin.
Il sauvera le régime parlementaire
et le pays, de l'avis même de M. Hel
leputte. du péril qui les menace, de
par les fautes du gouvernement.
Le joug clérical nous parait déjà
bien lourd. Ce n'est rien pourtant nn
comparaison de ce qu'il deviendra si
nous ne parvenons pas le secouer au
plus tôt. Les générations qui sont au
jourd'hui a l'âge d'homme sont enco
re, même dans le camp de nos adver
saires, plus ou moius imprégnées de
l'esprit libéral, qui régnait partout an
temps de leur jeunesse. Filles ont été
formées, pour la grosse part, dans les
écoles qui n'étaient pas encore clérica-
lisées.
C'est ce qui explique que nos maî
tres gardent encore certains ménage
ments et affectent parfois une modéra
tion relative, laquelle quelques-uns
d'entre nous se laissent prendre.
C'est ce qui explique aussi, pour le
dire en passant, le maintien de la pros
périté industrielle et commerciale du
pays, prospérité don1 le gouvernement
ose s'attribuer l'honneur, alors que
tout le mérite en revient ses prédé-*
cesseurs, pour une bonne part, sans
doute, mais surtout l'intelligence et
au caractère laborieux de nos popula
tions.
Mais, cette heure, les écoles cléri-
calisées nous préparent silencieuse
ment des générations de crétins (sui
vant le mot du ministre catholique
Pierre De Deckerj, élevées dans le plus
pur et le plus étroit esprit d'intoléran
ce et de fanatisme.
Si nous n'y mettons ordre, en ren
versant le gouvernement qui les favo
rise, mesure que ces générations nou
velles s'élèveront, le joug s'appesanti
ra, la modération disparaîtra, le pro
grès s'arrêtera, et le pays s'appauvri
ra.
Bientôt Ja Belgique sera ravalée au
niveau de l'Espagne et du Portugal...
A moins que nos voisins, craignant
la contagion d'un tal mal, n'en empê
chent le développement en s'emparant
de notre territoire. L'Europe, assuré
ment, ne se lèverait plus pour défen
dre l'indépendance d'un peuple qui
n'aurait pas su s'en montrer digne.
Elle est joliment compromise l'u
nion catholique Le gouvernement
après ses 20 ans de domination a causé
de tels mécontentements que de toute»
parts, même dans les arrondissements
les plus inféodés, des révoltes se pro
duisent, des dissidences se créent et
morcellent en de nombeuses fractions
le grrrand parti conservateur.
Si nous consultons le tableau des lis
tes de candidats déposées dans le pays
pour les élections sénatoriales et légis
latives du 29 Mai prochain, nous rele
vons des divisions
A Bruxellesoù il y a lutte entre clé
ricaux et indépendants.
A Oandoù cléricaux et démocrates
chrétiens 8e prennent aux cheveux.
A Alost, où cléricaux et démocrates
chrétiens se mangent le nez
A Audenarde, où un catholique dissi
dent livre bataille aux députés cléri
caux sortants.
A Termondeoù la lutte est acharnée
entre catholiques et démocrates-chré
tiens.
A Saint-.Yicolas, où il n'y a pas
moins de cinq listes catholiques.